-M- Paris, France - [Mission de Maxence Roy et José Boogie] - Sur la piste des renseignements français

Amputé d'un de leurs membres d'équipe, Maxence et José avaient voyagé jusqu'à Paris. En effet, Sandji avait subi l'un des aléas de l'enfance avec une varicelle qui était tombée à point nommée pour l'empêcher de partir. Fraîchement installés dans leur nouvelle chambre, en face de celle de leur père de mission en la personne de Marc Laval, Les deux garçons avaient pu défaire leurs affaires rapidement. Pour la mission, José avait emprunté l'identité de son "père" en gardant son prénom, tandis que Maxence était le cousin de ce dernier et non plus un ami, fils de la soeur de Marc ayant épousé un Canadien et vivant actuellement au pays, en vacances en France. Son nom était Tremblay.

Aujourd'hui, le groupe de Daniel était sorti tôt dans la matinée et depuis, Marc ne les avait plus revu. Devant récupérer les agents de Cherub, celui-ci n'avait pas pu les suivre. Pour le moment, le contrôleur n'avait pas réussi à déterminer quelle était la raison précise de la présence des services français dans cet hôtel. Il imaginait davantage que l'action se passe à l'extérieur car la "famille" avait tendance à sortir assez souvent. Dans la chambre des jeunes, Marc expliquait la suite des événements :

" Pour le moment, il faudrait qu'on surveille leur retour à l'hôtel. Il y a l'entrée principale à l'avant par où nous sommes arrivés et une de service à l'arrière, même si je doute qu'ils passent par là. En général en soirée, les trois agents français sont au bar lounge au rez-de-chaussée. Je ne sais pas si vous préférez éviter le contact ou au contraire les approcher et se faire connaître d'eux sous notre couverture. Dans le second cas, nous pourrons aller au bar ce soir pour essayer d'établir un premier contact. Je suis un père divorcé. Suivant la situation que leur mère s'est choisie, je peux tenter une approche amoureuse dans ce cas, ou du moins un partage d'expérience de mono-parent. Mais dans l'immédiat, il faudrait pouvoir les localiser rapidement j'imagine. "

Marc observa les deux jeunes avant de demander :

" Alors, comment voulez-vous procéder ? Tentative d'approche directe ou plutôt observation silencieuse et discrète ? Je ne sais pas comment vous avez l'habitude d'agir dans vos opérations... " admit-il, visiblement peu habitué à travailler avec Cherub.

Marc Laval (36 ans)

Vautré sur le lit de sa chambre, les baskets sur le dessus de lit, Maxence testait le moelleux de la couette, les mains croisées derrière la nuque, tout en écoutant le petit laïus du contrôleur de mission qui leur avait été affecté. À cet instant précis, il ressemblait vraiment à un adolescent "tête à claques" de treize ans et non à l'agent hyper professionnel qu'il se plaisait à faire croire qu'il était. Étouffant un bâillement, il tourna la tête vers son camarade avant de lui renvoyer la question.

"Tu l'sens-tu comment ?", demanda-t-il à José. "Sûr qu'il faut les ouatcher mais si on taponne trop, on risque d'fucker le chien..."

Plissant comiquement le nez, il réfléchit un court instant avant d'arborer un sourire radieux. Visiblement, son choix était déjà fait et, quand on connaissait le caractère fougueux du jeune Québécois, on pouvait être certain qu'il n'allait pas choisir la discrétion.

"Y'a-tu des liqueurs sympas au bar ?", demanda-t-il à Marc. "On va y'aller c'soir pour voir leur bette et faire connaissance... Ils retondent à quelle heure, sinon, quand ils sortent ? Y'a-tu le temps d'aller voir leur chambre ?"

Sans faire mine de se lever, le gamin attendait la réaction de l'adulte.

"T'as-tu des micros qu'on pourrait ploguer chez eux-autres pour les écornifler ?", se renseigna-t-il. "José est un as pour ouvrir les portes..."

Marc observait Maxence d'un oeil ne semblant que moyennement apprécier le manque de professionnalisme dont il faisait preuve.

" Il y aura des jus de fruits et des sodas pour vous surtout. Je suis pas sûr qu'à votre âge on tienne bien l'alcool. Sinon ils rentrent en général d'ici une heure. " annonça-t-il en observant sa montre.

" Les chambres sont verrouillées avec un système à cartes pour lequel je n'ai pas de passe-partout. Pas eu le temps d'en créer un encore. " confirma-t-il aux deux jeunes.

" Pour les micros, j'en ai des classiques. Et non j'ai pas de machin pour les fenêtres. Si vous voulez que je sois directif, c'est vous qui voyez. Alors on va faire comme je dis et je vous demande pas votre avis. Vous allez à la réception sur les fauteuils et vous glandez comme des merdeux. "

Il observa Maxence et précisa :

" Toi t'auras pas trop à forcer au moins. Tripotez vos téléphones vautrés. Quand ils arrivent vous me prévenez avec un sms. Je vais essayer de récupérer le signal du lecteur carte pour créer un passe partout d'ici ce soir ou demain. Allez, magnez vous. "

Si les agents de Cherub voulaient être dirigés, ils le seraient assurément avec Marc Laval.

Quelques instants plus tard les jeunes étaient à la réception. C'était toujours le milieu d'après-midi, vers 17h. Il y avait assez peu de passage. Le réceptionniste pianotait de temps en temps sur ton ordinateur lorsqu'il ne répondait pas à quelques rares coups de fil. Une légère musique d'ambiance était diffusée et était à peine audible en fond sonore.

Devant l'entrée de l'hôtel, un jeune fumait et venait d'être rejoint par un adulte provenant du bar lounge, et se mirent à discuter. Difficile de dire quel lien les unissait, mais à voir leurs couleurs de peau, il était peu probable que ce soit un lien de sang.

Jeune	Adulte

L'instant suivant, une femme élégante entra. Ses cheveux étaient sombres et lisses, et son rouge à lèvre ressortait sur son visage pâle. Elle était assez fine et portait une robe noire. Elle portait sur un bras un manteau ainsi qu'un sac à main et tirait de l'autre une imposante valise à roues. Elle se dirigea directement vers la réception et les deux agents purent capter un accent allemand dans la discussion qui suivit.

Les deux fumeurs à l'extérieur n'avaient pas manqué de reluquer la femme d'un œil intéressé lorsque soudainement entra un adolescent que José et Maxence reconnurent immédiatement : Daniel. Il portait un sac à dos.

Femme allemande	Daniel

Immédiatement, alors que la femme semblait terminer de prendre sa réservation en récupérant une carte, le garçon français alla lui parler en souriant. L'Allemande sourit à son tour et lui lâcha la poignet de sa valise à roulette que Daniel récupéra. Puis l'instant suivant, ils se mirent en marche vers les deux ascenseurs à côté duquel se trouvait un escalier.

Toujours avachi sur le lit, Maxence accueillit placidement la série d'ordres lancée par Marc Laval. L'adolescent arbora un léger sourire ironique alors qu'il consentait à se lever enfin.

"Tiguidou, boss !", confirma-t-il d'une voix ironique. "Chacun sa job... Nous-autres, on va aller vedger dans le hall. Et toi, essaie d'pas faire patate pour copier un pass..."

Sautant lestement du lit, il apostropha José pour l'inviter à le suivre.

"Branle-toi ! On descend..."

Sur ses mots, le Québécois quitta rapidement la chambre pour rejoindre l'ascenseur et aller squatter un des fauteuils confortables de la réception. Personne ne faisait réellement attention aux gamins qui semblaient attendre quelqu'un tout en passant le temps en pianotant rapidement sur leur téléphones portables. Les deux agents s'étaient disposés de façon à ne pas perdre une miette à ce qu'il se passait dans le hall, contrôlant aussi bien les portes d'entrée que l'accès aux escaliers intérieurs et ascenseurs.

Les minutes passaient, sans apporter vraiment d'animation. Tout semblait calme, beaucoup trop calme en cette fin d'après-midi. Suivant d'un regard distrait la conversation des deux jeunes à l'extérieur, Maxence étouffa un bâillement. Pourvu que la situation ne s'éternise pas car le garçon était sur le point de s'endormir.

L'arrivée d'une cliente élégante et d'apparence plutôt soignée ne parvint même pas à le tirer de sa rêverie. Après tout, bien que très agréable à regarder, il ne s'agissait que d'une vieille peu susceptible d'intéresser un gamin de l'âge de Maxence. Par contre, un nouvel arrivant rompit brusquement la monotonie qui s'était installée.

Alors que le Québécois pianotait rapidement quelques mots à l'intention du contrôleur de mission pour lui signaler l'arrivée de Daniel, seul, le manège du jeune Français focalisa l'attention de l'agent de CHERUB, rendant la cliente précédente beaucoup plus digne d'intérêt. Pourquoi abordait-il ainsi la femme ? Et que lui voulait-il ?

Décidé à en savoir un peu plus, Maxence sauta sur ses pieds, marquant ainsi sa volonté de bouger.

"Chu tanné, c'est plate icitte ! J'm'en retourne..."

Feignant de trébucher, il se pencha vers José pour lui glisser rapidement quelques mots à voix basse.

"Ouatche icitte encore un peu, j'va les suivre."

Continuant à pianoter sur son téléphone, le jeune Québécois se dirigea vers l'ascenseur, comme s'il avait l'intention de regagner sa chambre. Paraissant absorbé par ce qu'il se passait sur l'écran, il faisait semblant de ne pas faire attention aux deux personnes devant lui, tout en essayant de prendre rapidement une photo de la femme avant de faire réapparaître aussi vite un jeu sur son smartphone.

Alors qu'il continuait à avancer sans regarder devant lui, il s'immobilisa soudain à quelques centimètres de la femme et parut seulement réaliser sa présence.

"Euh, pardon...", s'exclama-t-il sans chercher à masquer son accent canadien. "J'vous avais pas vu..."

Faisant rapidement un pas en arrière, il feignit la plus complète confusion tout en éteignant le téléphone pour le glisser dans sa poche, s'arrangeant pour que l'écran de jeu apparaisse brièvement. Tout en affichant un sourire contrit, il lança un coup d'oeil discret vers la valise, essayant de voir si l'étiquette mentionnant le nom et l'adresse du propriétaire était visible.

La femme sourit à Maxence qui ne vit aucune étiquette sur la valise que Daniel tirait. Heureusement, la photo avait été prise rapidement et était correctement centrée. Lorsque l'ascenseur arriva, tous les trois montèrent à l'intérieur et le second étage fut actionné par l'Allemande.  L'agent français semblait essayer de faire la conversation :

" Vous verrez Madame, Paris est une ville super à visiter, y'a plein de trucs à voir ! "

Arrivés à l'étage, Daniel sortit tout naturellement après avoir laissé passer la femme. Celle-ci indiqua une porte vers laquelle elle se dirigea et pénétra dans la chambre suivi par l'enfant. Quant à Maxence, il était toujours dans l'ascenseur, dont les portes n'allaient probablement pas tarder à se refermer.

De son côté, José était allé plus ou moins faussement flâner du côté de l'entrée du bâtiment, près des deux fumeurs. Le plus vieux des deux semblait raconter quelque chose :

" Tu vois de tout de toute façon. Entre les bourrés et les camés, les putes et les prédateurs qui viennent claquer des billets de cinquante euros tous les quarts d'heures pour essayer de se taper une meuf, tu te dis que y'en a certains qui méritent vraiment pas d'avoir autant de thunes. "

" Tu m'étonnes... " confirma le jeune avant d'inspirer une nouvelle bouffée de cigarette.

" Mais c'est cool un BTS Hôtellerie-Restauration. Tu pourras toujours bosser dans de meilleures conditions que dans une boite, je te le garantis... "

" J'ai encore un peu le temps de toute façon. "

" Ouai. Mais c'est déjà bien de savoir ce que tu veux faire après. "

L'homme prit une dernière inspiration pour terminer sa pause et jeta le mégot dans une plaque d'égout.

" Allez j'y retourne bonhomme. A ce soir surement. "

" Oui comme d'hab. A toute. "

Sur ce, l'homme pénétra dans l’hôtel et se dirigea en direction du bar lounge. Le jeune quant à lui se saisit de son portable et commença à pianoter dessus sans prêter attention à José.

Adossé négligemment à la paroi de l'ascenseur, Maxence vit Daniel et la femme entrer dans une chambre à proximité. Intrigué par l'empressement du jeune garçon à s'incruster, l'agent de CHERUB les suivit des yeux. Chacun sait que la galanterie gratuite n'est pas vraiment le fort d'un espion et si Daniel était vraiment un membre des services secrets français, il y avait fort à parier qu'il espérait un bénéfice de cette attitude. Lequel ? Le Québécois n'en savait rien encore mais il espérait bien en apprendre un peu plus.

Au moment où les portes de l'ascenseur allaient se refermer, Maxence mit la main pour les bloquer et sortir rapidement de la cabine. Sur le palier, il regarda de part et d'autre pour estimer la distance jusqu'à la cachette la plus proche (coude du couloir, porte renfoncée, pièce commune) avant de s'avancer furtivement vers la chambre de l'Allemande. Pour avoir pris la peine d'y entrer, il y avait peu de chance de voir Daniel en ressortir brusquement, du moins pas sans prendre congé poliment.

Plaqué contre le mur, il tendit l'oreille pour intercepter des brides de conversation (quelle dommage qu'il n'ait pas penser à prendre un petit micro avec lui), prêt à foncer vers un abri en cas de besoin. Ressortant son téléphone, il s'appliqua à transférer la photo de la suspecte vers Marc Laval, accompagnée d'une demande d'identification.

Pas facile de pianoter avec le pouce en ne jetant que de brefs coups d'oeil sur l'écran alors que toute votre attention est concentrée sur ce qu'il se passe dans une pièce à proximité. Heureusement que les agents de CHERUB étaient bien entraînés...

L'oreille tendue pour récupérer la moindre information, Maxence saisit la conversation qui se tenait. Daniel parlait des transports urbains avec la femme qui avait annoncé être contente d'être arrivée à bon port, puis le garçon s'était excusé d'avoir fait tomber quelque chose. Moins d'une dizaine de secondes plus tard, il annonça finalement qu'il allait laisser tranquille la dame pour qu'elle puisse se reposer.

Cette dernière lui demanda d'attendre une seconde et un petit clic se fit entendre. Daniel sembla refuser quelque chose mais la femme insista. Quelques remerciements plus tard, l'agent français sortait de la chambre en étirant un billet qu'il rangea rapidement dans sa poche, avant de retourner vers sa propre chambre. Heureusement, Maxence s'était caché dans le renfoncement d'une porte après être parvenu à envoyer la photo à Marc Laval.

De son côté, José avait rangé son téléphone tranquillement après quelques souvenirs. Lorsqu'il fut de retour à la chambre, il dut attendre quelques instants que Marc n'arrive avant de pouvoir pénétrer dans la pièce, bientôt rejoint par Maxence.

Une fois la petite troupe réunie, le contrôleur les informa :

" La femme, on n'a rien sur elle. Elle n'a pas l'air connue. Pourquoi elle te paraissait louche ? " interrogea-t-il le Canadien avant de se reporter sur José qui avait montré la photo de l'autre jeune.

" Le môme c'est l'autre agent. Le "grand frère" de Daniel. Il reste plus qu'à voir la soit disant mère et vous aurez le portrait des intervenants. Reste à savoir ce qu'ils foutent tous ici par contre. "

Pianotant sur son téléphone, Marc annonça :

" Je devrai être en mesure de créer un passe-partout rapidement. Je suis allé prendre des informations sur leur verrou de porte. On va pas tarder à pouvoir fouiller leur piaule. La suite des opérations, c'est le bar, ce soir. Des questions ? "

De retour dans la chambre, Maxence affichait une mine maussade. Les choses allaient bien trop lentement à son goût et l'absence de renseignements précis ne lui plaisait qu'à moitié. Certes, son "métier" était de trouver ces fameux renseignements mais, actuellement, il avait l'impression d'avancer complètement à l'aveuglette sans savoir réellement dans quelle direction chercher.

Un peu dubitatif, il écouta les explications de Marc Laval. Que l'agent en poste à paris ne connût pas la belle Allemande, cela n'était pas surprenant mais le Québécois espérait au moins que le contrôleur de mission avait faire suivre la photo vers le siège du MI 6.

"C'est pas elle qui me semblait croche.", expliqua-t-il toutefois en restant calme pour une fois. "C'est à cause que y'a l'Daniel qui s'est approché d'elle pour la suivre dans sa suite. Ils se connaissaient pas avant, c'est le frenchie qui l'a abordé quand elle est rendue à l'hôtel. Pourquoi il aurait fait ça s'il n'avait pas pour mission de prendre contact avec elle ? Y'a pas d'adon, il n'avait aucune raison d'accommoder la pitoune…"

Retrouvant un peu de sa gouaille, il poursuivit :

"Dis, mononcle, t'as-tu au moins follower la photo à Londres ?", demanda-t-il. "Ils devraient pouvoir savoir qui c'est avec tous leurs moyens..."

Bon, il y avait une bonne nouvelle finalement. Marc avait quand même fait le nécessaire pour obtenir les informations afin de créer un passe-partout. Il restait à espérer que la fouille de la chambre des espions français permette de récolter quelques indices.

Mais, ayant de la suite dans les idées (un brin obstiné peut-être également), le Québécois revint sur sa première idée :

"Tu peux-tu faire un pass pour la suite de l'Allemande ?", insista-t-il en donnant le numéro de la chambre. "J'voudrais bien savoir ce qu'elle brette icitte…"

À l'annonce de la suite du programme, Maxence s'étira.

"J'baque avec ça.", confirma-t-il. "Donc, si j'compte bien, j'ai l'temps d'écouter la télé avant qu'on bouge à nouveau ?"

Sans vraiment attendre de réponse, le gamin se vautra sur son lit, tendant déjà la main vers la télécommande afin d'allumer la boîte à images.

Le contrôleur acquiesça aux paroles de Maxence.

" Oui, si Daniel s'y intéresse, y'a une raison. Il faut la garder à l'oeil. Elle s'appelle Angela Fischer il semblerait. C'est une femme au foyer. Aucune activité enregistrée. C'est tout ce qu'on m'a donné comme info. "

Quant à la demande de passe, elle fut bien sûr confirmée et l'homme allait s'y atteler. Pour la suite, l'agent à l'accent chantant put regarder la télé comme il l'entendait et José put partir à la visite de la ville tranquillement, ne serait-ce que pour sa culture personnelle et sa curiosité.

Le rendez-vous du soir avait été donné et les agents se retrouvèrent tous à la chambre avant d'aller au bar de l'hôtel. Quelques personnes étaient déjà installées tranquillement et Daniel était assis avec sa mère à une table. Le "grand frère" quant à lui était sur une haute chaise et taillait la bavette au barman qui n'était autre que la personne avec qui il avait fumé une cigarette.



Une fois installé, le petit groupe masculin commença à discuter l'air de rien. Marc se permit même de faire quelques remarques quant à la mère, comme quoi la draguer ne serait pas forcément mentir pour le coup !

" Je vous laisse aller vous prendre ce que vous voulez au bar. " annonça finalement l'homme pour laisser les jeunes faire ce qu'ils jugeaient utiles.

Régulièrement, Daniel relevait les yeux pour les passer de sa mère au barman avec qui discutait son frère, tandis que la femme était tournée vers l'entrée et la surveillait.

Passer quelques temps vautré sur un lit à s'abrutir en regardant les émissions hautement culturelles de la télévision française n'était pas à déplaire à Maxence. Il était loin de partager les désirs de son camarade de mission en matière d'enrichissement personnel et ne voyait pas l'intérêt d'arpenter les rues de la ville lumière. De toute façon, les McDonald y étaient les mêmes qu'ailleurs, n'est-ce-pas ?

Le soir venu, les agents britanniques (ou assimilés) purent tranquillement se rendre au bar de l'hôtel. Leurs cibles étaient déjà sur place et donnaient également toute l'apparence de constituer une famille banale. Seuls, peut-être, les regards un peu vifs pouvaient attirer l'attention de personnes entraînées à remarquer ce genre de détails. Que pouvaient donc guetter ainsi Daniel and co ? Voir le "grand frère" tailler ainsi la bavette avec le barman, sous la surveillance de Daniel, avait de quoi intriguer, d'autant que d'après le rapport de José, les deux jeunes gens semblaient converser régulièrement. Il faudrait surement demander une identification pour l'employé de l'hôtel au même titre que pour l'Allemande.

En voyant que les trois espions français (espions supposés mais espions quand même aux yeux de Maxence) se trouvaient là, le gamin eut un petit soupir de regret.

"C'est quand même plate que t'as pas encore les pass.", murmura-t-il à Marc. "C'était pile poil l'moment d'faire un tour dans leur suite et d'ploguer un micro…"

Amusé, le Québécois fit écho aux remarques du contrôleur de mission sur la "mère".

"C'est correct.", approuva-t-il en ricanant. "Tu d'vrais p't-être la crouser un peu pour l'écorniffler… Attaque, man, c'est l'moment !"

Se levant, Maxence approuva la suggestion d'aller se chercher à boire et invita son camarade à le suivre. Avant de s'éloigner, il se tourna vers l'adulte pour s'enquérir de ses envies.

"Tu veux-tu quelque chose ?", demanda-t-il par simple politesse. "De toute façon, c'est toi qui paie…"

Riant encore sous cape, l'adolescent se porta au niveau du barman, se mettant par la même occasion juste à côté du "grand frère".

"Allo.", les salua-t-il avant de demander à celui qui se trouvait derrière le bar. "T'as-tu quoi comme liqueurs, icitte, astheure ?"

Forçant son accent québécois, le garçon espérait, par ce moyen, forcer la curiosité et pousser une de ses cibles à engager la conversation, à moins que José n'envisageât un autre angle d'approche…

Marc demanda simplement un cocktail quelconque lorsque Maxence lui demanda ce qu'il pouvait bien vouloir au bar. Et une fois sur place, le show organisé par José eut au moins le mérite de faire rire le barman ainsi que l'autre jeune. Prenant à son tour un ton hautain et noble, il répondit :

" Bien sûr monsieur. Voici pour vous ! "

Malheureusement pour les deux anglais, ce ne fut pas une boisson à base d'alcool qui fut sortie, mais un bidon de jus de fruit.

" Orange, pomme, mangue. Avez vous une préférence ?" interrogea alors le barman en regardant tour à tour Maxence et José et en présentant le bidon tel un vin de marque.

L'agent français quant à lui observait la scène, visiblement amusé et demanda :

" T'as toujours une moustache sur toi ? T'es un vrai détective. "

A ce moment là, l'agent le moins de dos remarqua l'arrivée de la femme Allemande dans la pièce. Cette dernière se dirigea droit vers le bar et alla s'asseoir sur l'une des grandes chaises étant le plus à l'écart du petit groupe de jeunes gens. Naturellement, le barman les quitta et alla la rejoindre pour s'enquérir d'une probable commande.

Au moins le petit show improvisé entre les deux agents avait eu le mérite d'attirer l'attention sur eux. Il fallait profiter de cet état d'esprit pour lier connaissance avec une de leurs cibles et tisser des liens. Maxence aurait préféré nouer un contact avec Daniel, dont l'âge correspondait davantage au sien, le grand "frère" ferait aussi bien l'affaire.

Souriant devant le manège du serveur jouant avec brio le rôle de sommelier, le Québécois simula une légère réflexion avant de se prononcer.

"Ma fois, monsieur, un grand verre de décapant s'impose.", déclara-t-il, retenant son sérieux à grand peine. "Y'as-tu moyen d'avoir une graisseuse avec ?"

Remarquant l'entrée de l'Allemande, Maxence lança un petit regard vers la table où se tenaient Daniel et sa "mère", essayant de déceler si cette arrivée suscitait la moindre réaction de la part d'un des deux Français. Alors que le barman allait s'occuper de cette nouvelle cliente, le garçon pivota pour les garder dans son champ de vision tout en s'adressant naturellement au grand frère.

"C'est correct ! José a toujours tout ce qu'il faut pour mener une enquête… Même si la composition du cocktail ne nécessite pas de grands talents d'investigation.", approuva-t-il avec un grand sourire. "Au fait, j'm'appelle Maxence et chû en vacances chez vous-autres, mes cousins du continent. Paris a belle allure et j'sens qu'j'va bien m'amuser. T'es-tu en vacances, toi aussi ?"