C'était elle ou il le prenait vraiment à la légère? L'idée qu'il n'ait en vérité pas le moindre sentiment et ait joué le jeu pour gagner un pari idiot lui effleura l'esprit. C'était bien possible sur le campus, certains rivaisaient d'idées pour humilier/défier leurs camarades. L'écossaise plissa les yeux et croisa les bras, campant visiblement sur sa position et maîtrisant une colère sourde. De toute manière, sentiments ou pas, le résultat devait être le même: ça s'arrêterait là.
Mais mine de rien, elle s'en voulait. Elle qui avait voulu leur éviter de se faire remarquer à la bibliothèque aurait dû trouver un lieu plus neutre, histoire d'éviter les quiproquos. Surtout qu'elle n'avait pas pour vocation première de faire du mal aux autres, même avec les mots. Pourquoi les garçons agissaient toujours de manière aussi bizarre? Surtout Nigel. Lui faire une scène à la cafétériat, rougir à la bilbiothèque, l'embrasser, se prendre un râteau et agir comme si c'était qu'accessoire, comme si au final, ça n'avait pas d'importance. Ouais, être considérée comme un divertissement à la con, c'était aussi blessant pour Hazel, et ça faisait monter d'un cran sa colère qu'elle rérpima en restant silencieuse et affichant une expression simplement froide alors qu'il s'éloignait l'air de rien, en toute politesse, remerciant même pour le verre. La bonne blague.
L'écossaise failli rétorquer un dernier truc blessant, mais elle s'abstint de justesse. Bien sûr, les maths et l'obstacle. Après ce qu'elle venait de lui faire, hors de question de compter sur Nigel pour l'aider. Quant aux leçons, elle lui avait soufflé l'idée, elle ne doutait donc pas un seul instant que le garçon saurait former un bon groupe d'étude et remontrait sa moyenne comme un grand. Mâchoire crispée, elle le regarda sortir sans piper mot. Silencieuse et tendant l'oreille, elle ne perçut pas les bruits de pas s'éloignant. Soit il était très discret, soit elle lui avait fait du mal malgré son détachement. Secouant la tête, Hazel essaya sans succès de chasser les remords naissants. Tant pis. C'était vache, mais au moins ses mots auraient le mérite d'étouffer dans l'oeuf le moindre commencement d'espoir chez Nigel, à supposé qu'il y en avait eu au départ.
Rageusement, Hazel ramassa sa bouteille et alla s'installer à son bureau, ne jetant qu'un coup d'oeil en coin au verre utilisé par Nigel. Elle avait encore le cadeau de Max à terminer avant de suivre un cours supplémentaire d'informatique. Autant se plonger dans le boulot, ça l'aidera à penser à autre chose que le râteau qu'elle avait méchamment mis à l'acrobate.