2015/0/09-IM – Rochester, Grande Bretagne - [Mission d'introduction de Leo Sparrow] - Intrusion chez BAE Systems

Se trouvant au milieu d'un groupe d'écoliers de tous âges, Leo écoutait avec une feinte attention les explications de la femme qui les guidait dans leur visite. Leur délégation était composée d'un véritable patchwork d'uniformes divers, représentant un échantillon remarquable des différents collèges de Londres. Chez les garçons, les pantalons ou les shorts gris étaient majoritaires, bien que quelques bleus marine soient visibles, mais les vestes offraient un panel plus coloré, bleu marine, vert foncé ou même bordeaux. Chez les filles, les jupes écossaises côtoyaient les jupes unies, grise ou bleues marine, alors que les vestes déclinaient un choix de couleurs encore plus important que pour les garçons.

Leo, quant à lui, se sentait parfaitement ridicule avec son short beige et sa veste prune. Cette tenue lui paraissait vraiment grotesque surtout pour un garçon qui avait soufflé, depuis peu, les quinze bougies de son gâteau d'anniversaire. Quelle pouvait donc être l'école qui avait gravé l'humilité au premier rang des vertus à acquérir quand on passait entre ses murs ? Le garçon se fit intérieurement le serment de ne jamais inscrire ses enfants dans un tel établissement ou, tout du moins, de vérifier la nature de l'uniforme avant de les y mettre.

Leur guide continuait ses explications, tout en les guidant à l'intérieur du site de Rochester, site appartenant au groupe industriel BAE Systems, dont la visite devait constituer un coup de pub pour cette société. En accueillant des écoliers sélectionnés parmi différents établissements scolaires, elle montrait ainsi toute l'importance qu'elle accordait à la jeunesse. D'un autre côté, firme travaillant au profit des forces armées britanniques, elle participait également à l'éducation de ces jeunes en tentant de leur inculquer un certain patriotisme.

Suivant machinalement le groupe, Leo se remémorait son entretien récent avec Eric Taylor qui lui avait remis le petit dossier habituel, prélude à chaque mission.

Citation :

** CONFIDENTIEL **


ORDRE DE MISSION DE LEO SPARROW

CE DOCUMENT EST ÉQUIPÉ D'UN SYSTÈME ANTIVOL INVISIBLE. TOUTE TENTATIVE DE SORTIE HORS DU CENTRE DE CONTRÔLE ALERTERA IMMÉDIATEMENT L'ÉQUIPE DE SÉCURITÉ.


NE PAS PHOTOCOPIER - NE PAS PRENDRE DE NOTES

Destination : Rochester (Grande-Bretagne)

Contexte : BAE Systems est une entreprise britannique travaillant dans les secteurs de la défense et de l'aérospatiale, dont le siège social se trouve à Farnborough (Hampshire). L'entreprise a également des intérêts en Amérique du Nord via sa filiale BAE Systems Inc. Dans le secteur de la défense, elle est la première entreprise mondiale. L'entreprise est née le 30 novembre 1999 par le rapprochement de l'ancienne British Aerospace (BAE) et de Marconi Electronic Systems (MES).
British Aerospace était un fabricant d'avions civils et militaires, mais il produisait également des systèmes d'armes terrestres.
Marconi Electronic Systems était la filiale britannique de The General Electric Company (GEC), opérant essentiellement dans le domaine de la défense (intégration de systèmes d'armes tant navales que terrestres).
Le groupe n’en reste pas moins le principal fournisseur de matériels de défense aux Forces armées britanniques. Présente dans le secteur de l’aéronautique, de la construction navale, de l’électronique, de l’artillerie et des véhicules blindés, BAE Systems intervient, le plus souvent en qualité de maître d’œuvre, dans 80 % environ des contrats d’armement passés par le ministère de la Défense britannique.
Le site de Rochester, dans le Kent, à une cinquantaine de kilomètres de Londres, est spécialisé dans la production de systèmes électroniques et abrite en particulier le centre de tests des différents équipements.
Récemment, des études y ont commencé, visant à développer un nouveau dispositif de télécommunications sécurisées destiné à équiper aussi bien les forces spéciales que les ambassades disséminées à travers le monde.

Rôle de CHERUB : Le gouvernement britannique a mandaté les services de renseignements pour évaluer les règles de sécurité en vigueur sur les emprises des groupes industriels travaillant au profit de la Défense et y détecter les failles éventuelles. Dans ce cadre, le MI 5 a sollicité Cherub pour tester le site de Rochester.

Mission : Dans le cadre de cette opération, l'agent s'intégrera à une visite organisée au profit des élèves les plus méritants des écoles londoniennes et tâchera de s'introduire à l'intérieur du centre de tests. Une fois à l'intérieur du centre, il devra essayer de trouver des documents relatifs au nouveau dispositif de télécommunications. S'il se fait appréhender, l'agent ne devra pas résister et demander à parler au responsable de la sécurité à qui il produira un document le désignant comme élève d'une école militaire et l'accréditant pour cette mission. En aucun cas, il ne devra faire mention de son appartenance à Cherub.
Le contrôleur de mission sera Eric Taylor, professeur de réseau et de hackage. En raison de la simplicité et de l'absence de risque de la mission, ce dernier restera au Campus mais pourra être joint à tout moment en utilisant les moyens habituels.


NOTE : CET ORDRE DE MISSION A ETE APROUVE A L’UNANIMITE PAR LE COMITE D'ETIQUE DE CHERUB. Cette mission est classée RISQUE FAIBLE.

Cette mission semblait facile à première vue mais Leo avait trop d'expérience pour en sous-estimer les risques. De toute façon, Eric lui avait expliqué que la demande, bien qu'arrivée tardivement, revêtait un caractère d'urgence et que l'agent était le seul disponible en ce moment. En plus, cela lui ferait du bien de se reposer avec une mission de routine.

"Eh ! Tu m'écoutes au moins quand je te parle ?"

La voix moqueuse mais légèrement irritée de sa voisine le tira de ses rêveries. Effectivement, il n'avait absolument rien écouté de ce que la jeune fille lui avait dit. Celle-ci faisait parti d'une petite bande qui paraissait bien dissipée, bavardant entre eux sans s'intéresser plus que ça aux explications de leur guide.

Leo avait enfilé avec résignation un uniforme parfaitement ridicule. Une veste prune et un short beige... Ça allait bien pour les sixièmes et cinquièmes mais quand même! Il avait quinze ans! D'un autre côté, la mission était intéressante, malgré le fait que le risque soit infime, et l'idée d'avoir Eric Taylor comme contrôleur ne lui déplaisait pas. D'autant plus que l'idée d'être le seul agent disponible pour une mission d'urgence était alléchante et lui permettait de s'échapper du quotidien éreintant d'un agent.

Le jeune homme avait le sentiment -malgré une tenue voyante- de se fondre dans la masse. Chose certaine, l'agent n'allait pas courir pour poser des questions à leur guide. D'ailleurs, Leo avait examiné les plans des lieux et ne voyait pas trop ce que les explication de la femme pourrait bien lui apporter. Il repensa à son ordre de mission, pour avoir tout en tête. Depuis le début de cette visite, l'adolescent suivait docilement le groupe, sans vraiment paraître très attentionné, ni vraiment indiscipliné. Il trouverait le moment pour disparaître dans le centre des tests en temps voulu.

Plutôt confiant dans ses capacités, Leo ne se faisait pas trop de souci pour le déroulement de cette mission de routine, quoi qu'il se promit de rester vigilant tout au long de cette journée. Soudain, la voix plutôt moqueuse d'une fille le ramena à la réalité. Oui de quoi parlait-elle déjà? L'espion infiltré soupira. La brune faisait partie d'un groupe dissipé, comme tant d'autres. Bien qu'il ne savait pas comment la jeune femme s'appelait, Leo décida de ne pas l'ignorer et de sortir plutôt une réponse banale qui le ferait passer pour un garçon plutôt effacé, timide et ennuyeux.

-Désolé, je voulais pas te vexer. Mais c'est pas tous les jours que je viens ici, j'écoutais un peu le guide.

Leo fit regarda un peu à droite et à gauche, comme s'il jaugeait le type de gens qui entouraient la brune. Il remarqua qu'elle était plutôt mignonne, malgré un visage qu'il jugeait un peu sévère et anguleux, et les sourcils de la jeune femme un peu trop épilés et peu naturels. Mais de toute façon, il n'était pas attiré par le sexe opposé.

-Je suppose que tu trouves ça ringard.

Leo avait ajouté cette phrase accompagnée d'un léger haussement d'épaules et se préparait à tourner les épaules et prendre congé de l'écolière, signe qu'il ne voulait pas poursuivre la conversation.

Le sourire de la jeune fille s'élargit alors qu'elle prenait ses camarades à témoins.

"Ah la la, ces garçons...", gémit-elle en levant les yeux au ciel. "Toujours incapables de suivre deux conversations en même temps..."

Un tel exploit semblait, en effet, être un privilège exclusif de la gent féminine.

"Enfin, je ne dis pas forcément ça pour vous.", se hâta-t-elle de préciser aux représentants du sexe masculins qui étaient avec elle.

Minaudant, elle amorça les présentations.

"Je m'appelle Ruth.", commença-t-elle. "Le blondinet, c'est Dylan. L'autre garçon, c'est Nasser. Et voici Olivia et Éloïse. Enfin, c'est comme ça qu'ils m'ont dit qu'ils s'appelaient."

Dylan	Nasser
Olivia	Éloïse

Le petit groupe d'élèves offrait un véritable patchwork d'uniforme dissemblable, preuve de leur provenance d'horizons divers. Seul le hasard (et leurs résultats scolaires) les avait réunis en ce lieu mais, s'ils ne se connaissaient pas avant de franchir les portes du site de Rochester, ils avaient déjà brisé la glace entre eux et paraissaient bien s'entendre.

Devant sans doute être la solitaire dans les couples qui s'étaient formés au sein de la petite bande, Ruth ne se laissait pas décourager par l'apparente froideur de Leo. Elle semblait résolue à accaparer l'attention du garçon qu'elle trouvait visiblement à son goût pour passer l'après-midi en sa compagnie, et plus si affinité...

"Et toi ? Tu t'appelles comment ? Je te faisais juste remarquer que cette visite était vraiment passionnante et que nous avions bien de la chance de pouvoir en bénéficier."

"Allons pressons les enfants."

La voix criarde de leur guide se fit entendre pour les pousser à presser le pas. Les écoliers venaient de quitter le bâtiment administratif (après une visite passionnante de bureaux et de photocopieuses ou imprimantes en tous genres) pour traverser la cour en direction d'un grand hangar blanc. Sur leur droite, une sorte de cube de métal géant attirait les regards, en raison essentiellement des inscriptions "Zone réservée. Accès interdit sans autorisation." qui apparaissaient sur ses portes. Un peu plus loin, le service restauration était facilement reconnaissable à la pancarte "Cafétéria" apposée sur son fronton.

"Nous allons maintenant faire un tour dans une chaîne de montage des postes radios LINK 16. N'hésitez pas à poser toutes les questions que vous voudrez."

À l'arrivée du groupe, un gardien glissa un badge magnétique dans un lecteur, déverrouillant l'accès aux ateliers.

Apparemment, la fille prénommée Ruth était plus tenace qu'elle en avait l'air et Leo subit les présentations de chaque enfant. Il nota donc le nom de chacun de ces représentants dans un coin de sa tête ainsi que leur visage : Dylan était le petit blond frisé et légèrement bronzé. Nasser avait l'air plus jeune que les autres membres du petit groupe et avait une peau noire. Quand à Olivia et Éloïse, l'une était blonde et l'autre brune. Ruth avait l'air la plus âgé mais l'agent n'avait aucun moyen d'en être sûr. Leo ne releva pas la pique gentillette sur l'inaptitude du sexe masculin à faire plusieurs choses à la fois, d'autant plus qu'elle possédait un soupçon de vérité. En revanche il tiqua un peu lorsque la célibataire -ou du moins, elle semblait l'être- prétendit que la visite lui plaisait. D'après l'agent, c'était une tentative de drague qui restera vaine...

Leo se dit que s'il se liait beaucoup au petit groupe, il risquerai d'avoir des difficultés pour filer à l'anglaise au moment venu. Il pensa que si la stratégie d'indifférence que Ruth pourrait prendre pour une preuve intérêt échouait, il avait tout intérêt à provoquer un désaccord et s'en aller, vexé. Mais pour l'instant il allait répondre.

-Salut. Je m'appelle Leo.

L'agent continuait encore un peu dans sa stratégie de pas intéressé, mais il réfléchissait à d'autres moyens d'échapper au groupuscule. C'était dans ses cordes de semer un groupe d'adolescent, après tout, c'était un agent de CHERUB expérimenté. Leo regarda avec intérêt la cafétéria qui pourrait lui fournir une issue en cas d'urgence. La guide avait une voix horripilante et criarde qui déplaisait au jeune homme. Leo manifesta de la satisfaction à l'idée de changer de secteur. Comme si un quart d'heure à se répandre sur les imprimantes pouvaient plaire à qui que ce soit! Il partagea son opinion au groupe, histoire de passer pour un looser pur et dur.

-Le montage de poste de radio m'a l'air bien plus original et intéressant que la visite du bâtiment administratif. En effet, nous avons tous vu au moins une fois une imprimante et une photocopieuse, bien que nous ne savions pas tout ce que cette dame nous a gentiment expliqué, mais je pense que personne n'est allé dans une chaîne de montage de radios LINK 16. J'ai hâte d'être à l'intérieur.

Leo vanta encore un peu les mérites de cette visite et suivit le mouvement du garde qui introduisit la clé magnétique. Pour l'agent "Link" évoquait plutôt un personnage d'un célèbre jeu vidéo. Mais à sa connaissance, il n'y avait pas seize jeux dans cette saga. Il termina son monologue.

-Je vais avancer un peu, histoire de rien manquer de la visite. Vous voulez venir? Je pense que ça pourrait vous aider, surtout si vous devez rédiger un compte-rendu à la suite de cette journée exceptionnelle.

Leo ne sembla pas attendre de réponse et commença à se frayer un chemin, tout en se disant qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il déblatérait depuis quelques minutes. Il avait malgré tout proposé aux écoliers de le suivre pour voir si sa stratégie avait marché ou s'il lui faudrait être purement désagréable pour dissuader les jeunes "élus" de s'approcher de lui.

Un sourire benêt sur le visage, Ruth faisait fi des tentatives de Leo pour passer pour un looser. Elle suivait le garçon comme son ombre, acquiesçant benoîtement à chacune de ses phrases. À côté d'eux, Olivia, et Éloïse avaient entamé une discussion passionnante sur la dernière chanson de Matthew Grimland, diffusée la veille sur YouTube. Ce jeune chanteur connaissait un succès toujours croissant chez les jeunes adolescents (adolescentes surtout) et était présenté comme le digne successeur de Justin Bieber. Dylan et Nasser, quant à eux avaient vraiment l'air de s'enquiquiner comme des rats morts et suivaient le mouvement, feignant de s'intéresser à ce qui se passait autour d'eux, soucieux avant tout à ne pas perdre de vue les demoiselles avec qui ils se trouvaient.

Derrière la guide, surnommée de façon péremptoire "miss Concée" par le blondinet, les premiers élèves éteignaient leurs téléphones portables devant le gardien qui leur maintenait fort obligeamment la porte ouverte, avant d'entrer les uns après les autres dans le hangar blanc. Le reste de la bande s'était engouffré dans le sillage de Leo en bousculant quelques élèves (ce qui leur valut quelques remarques acerbes) pour se porter en tête du groupe.

Alors qu'ils atteignaient l'entrée du hangar, la porte du cube métallique s'ouvrit et un homme visiblement pressé en sortit, avançant à grande enjambées vers la chaîne de montage.

"Bonjour, monsieur Dashon.", le salua le gardien, tout en essayant de bloquer les élèves en visite pour lui permettre de passer.

Sans même répondre aux salutations, l'homme se glissa au milieu des enfants, bousculant au passage le pauvre Dylan qui ne s'était pas écarté à temps et, sans un mot d'excuse, entra dans l'atelier.

"Ah, ces savants. Ils ont toujours dans la lune…", commenta le garde avec un soupir indulgent.

"Dire que si je fais pareil en classe, je finis chez le proviseur…", rigola Nasser en s'effaçant pour laisser Olivia entrer devant lui dans l'atelier.

Les collégiens venaient de pénétrer dans le hangar abritant les chaînes de montage du poste radio et regardaient autour d'eux, légèrement écrasés par la taille des machines-outils. Soudain, poussant un juron étouffé, Dylan se mit à fouiller frénétiquement ses poches.

"Merde ! Mon portable ! J'ai dû le faire tomber quand l'autre fou m'est rentré dedans… Je reviens."

Abandonnant ses amis, le jeune garçon fit marche arrière pour ressortir du bâtiment, comptant retrouver rapidement son téléphone.

Indifférente, "miss Coincée" continuait la visite d'une voix monocorde, vantant tous les mérites de l'industrie britannique qui produisait un équipement d'une telle qualité technique, selon des normes éprouvée, garantissant la fourniture d'un produit de haute-technologie.

Semblant se désintéresser de ce qu'il se passait chez BAE Systems, Nasser se rapprocha de Leo pour entamer la discussion, s'attirant un regard noir de la part de Ruth qui supportait mal voir quelqu'un se mettre à tenir la bougie entre l'agent de CHERUB et elle.

"Tu fréquentes quel bahut, toi ? T'as un chouette uniforme... C'est quand même un crime de vous obliger à porter un truc comme ça…", dit le garçon d'un ton légèrement railleur.

Sa tenue était, quant à elle, plus classique - pantalon bleu marine, blazer de même couleur et cravate "Adidas", bleu roi à deux bandes rouges - et était bien loin de l'uniforme bigarré qui pouvait apparenter Leo à un membre de la famille des psittaciformes.

Leo finit par penser qu'il ressemblait à Matthew Grimland, cet imbécile de chanteur. Toutes ces minis-stars l'exaspéraient et l'agent était certains que personne ne se souviendrai de son nom dans moins d'une année. Le pire était que la célébrité était très jeune... Et que Leo était sûr qu'elle n'avait pas muée. Haha! Il se demanda à quoi ressemblerait les chansons de ce type une fois que sa voix déraillerait. D'ailleurs la conversation des deux filles qui accompagnaient Dylan et Nasser volait très haut... L'agent finit par se dire que Ruth était encore plus intéressante, mais mieux valait se concentrer sur sa mission.

C'est alors que un homme sortit du cube métallique à grandes enjambées. D'après le vigile, son nom de famille était Dashon... Cela ne disait rien à Leo. En tous cas, il devait avoir un badge qui lui permettait d'entrer de la mystérieuse forme géométrique. Et de devoir faire quelque chose dans le hangar blanc. Il bouscula alors Dylan, un blondinet qui avait l'air plutôt drôle et qui avait baptisé "Miss Coincé" leur guide. D'ailleurs, Leo trouvait le surnom plutôt adapté. Le sans-gêne n'avait répondu à aucune des salutations et devait trouver que parlait à des adolescents était indigne de son rang.

Leo n'aimait pas ce genre de personnage qui se pensaient au dessus de tout, bien qu'il jouait aux faux-culs avec le groupe de collégiens. La moquerie de Nasser était empreinte de vérité et tira un léger sourire à Leo, bien qu'il ne répondit pas. Après avoir dû éteindre son téléphone, ce qui l'embêtait car il aurait voulu demander des informations à son contrôler sur ce Dashon puis il pénétra dans la construction et la coincée continua, comme si elle récitait un exposé sans y mettre le ton. Ruth avait toujours son sourire exprimant un état de béatitude et sans doute en train de rêver à autre choses que le formidable équipement de BAE Systems...

Dylan se rendit alors compte qu'il avait perdu son téléphone portable lorsque l'autre l'avait écarté de son passage. Le blondinet rebroussa alors le chemin pour récupérer son trésor. De leur côté, Leo, Ruth et Nasser était compressé parmi la masse d'écoliers de tout âge. L'agent pensa que c'était une bonne opportunité pour laisser le groupe en prétextant aider Dylan à retrouver son mobile pour pouvoir accomplir sa mission. L'agent ne savait pas pourquoi, mais il avait l'impression que ce ne serait pas aussi simple qu'il le pensait, d'entrer dans le centre des tests et de prendre ce dossier... La mission paraissait être sans risque mais Leo avait un mauvais pressentiment. Mais bon, mieux valait ne pas trop se formaliser là-dessus.

Nasser fit alors entendre le son de sa voix en se moquant de l'uniforme bariolé que Leo espérait ne plus jamais avoir à porter. D'ailleurs, l'étudiant avait un uniforme que l'espion aurait pu trouver classe s'il n'avait jamais testé les plaisirs d'une tenue constituée d'un tee-shirt, un treillis et des rangers... Si le jeune garçon s'était présenté ainsi dans l'organisation, il aurait eu l'air parfaitement ridicule, bien qu'on aurait dû ajuster la célèbre réplique : "je ne parle pas aux Oranges".

Leo trouva que c'était une bonne opportunité pour se braquer et quitter la charmante compagnie de Ruth et Nasser qui étaient les seuls à l'avoir véritablement abordé. Dylan fouillait les environ pour retrouver son précieux outil de télécommunication tandis qu'Olivia et Eloïse étaient perdues dans un débat passionné sur Matthew Grimland, le chanteur qui méritait des tomates bien pourries...

-Et toi on peut dire que tu fais dans l'original! Tiens, je ne vais pas te dire où je suis inscrit, comme ça tu pourras tester le plaisir d'avoir un uniforme aussi génial que le mien! Tu pourras même avoir du rose fuschia avec du bleu marine, vu que tu a l'air d'aimer beaucoup cette couleur... Si t'as rien d'autres à dire, tu peux aller retourner parler de ce foutu Matthew Grimland!

Sur cette phrase dite avec agressivité, l'agent repoussa Ruth et Nasser pour prendre furieusement le flux d'élèves à contre-sens, direction la sortie...

Du moins, si tout se passait bien.

Après avoir déchaîné sa ire sur Nasser qui resta interloqué quelques secondes, Leo bouscula les deux enfants qui le collaient d'un peu trop près pour revenir sur ses pas. Heureusement pour lui, le garçon brun ne fit pas même de le suivre, haussant même les épaules avec dédain tout en l'invectivant.

"C'est ça, casse-toi ! Va rejoindre les autres perroquets...", lança-t-il avant de se détourner et d'essayer d'engager la conversation avec une autre fille du groupe.

Freiné par le flux des collégiens qui se tenaient en arrière du groupe, Leo cherchait du regard Dylan qui devait lui servir d'alibi pour s'éloigner de ses "camarades" mais il avait beau tourner la tête de tout côté, il n'y avait plus la moindre trace du petit blondinet.

Regagnant à la porte d'accès aux ateliers, l'agent de CHERUB y vit le gardien en grande conversation avec le savant un peu rustre qu'ils avaient déjà croisé en entrant. Ce dernier paraissait nerveux en cherchant quelque chose. En s'approchant, le jeune garçon put entendre quelques mots.

"Je l'avais forcément en entrant.", affirmait-il en palpant frénétiquement ses vêtements. "Il a dû tomber quand j'ai badgé pour débloquer la porte."

Patiemment, le gardien attendait que l'homme retrouve son laissez-passer pour l'autoriser à ressortir des hangars. Le contrôle d'accès dans ce genre de bâtiments se faisait, via une carte magnétique, aussi bien à l'entrée qu'à la sortie.

"Vous l'avez peut-être rangé machinalement dans une poche ?", suggéra-t-il avant de se souvenir. "Mais, vous ne l'avez pas utilisé pour entrer, ici. Rappelez-vous, c'est moi qui vous ai tenu la porte ouverte."

Agacé en réalisant qu'il avait commis une erreur en ne faisant pas badger monsieur Dashon à l'entrée, il apostropha sèchement Leo qui venait vers lui.

"Que veux-tu ? Tu dois rester avec le groupe et ne pas t'éloigner du guide qui vous a été assigné. Rejoins donc tes camarades…"

Leo fut soulagé lorsqu'il vit que ni Nasser ni Ruth n'étaient partis à sa suite. Pour l'instant tout se déroulait comme il l'avait pensé, et c'était bien comme ça. Il ne lui restait plus qu'à trouver Dylan. Étrangement, lorsqu'il arriva vers l'endroit où le gamin les avait laissés, il n'y avait aucune trace de l'écolier. Peut-être qu'il avait voulu s'en aller lui aussi, pour une mystérieuse raison, ou bien qu'il était revenu vers le groupe... Leo se demanda s'il arriverait à suivre son plan sans Dylan, mais il repéra le-dit savant qui avait fait une entrée spectaculaire ainsi que le garde.

Le dernier semblait contrarié pour une raison obscure et la conversation avait l'air d'être plutôt animée... L'agent décida de se rapprocher doucement. S'il se faisait interpeller, il pourrait prétendre chercher Dylan, et d'ailleurs cette raison n'était pas tout à fait fausse... Sans être tout à fait vraie non plus.

Leo comprit que le garde aurait dû badger celui qui semblait être son supérieur mais au lieu de cela, il ne lui avait que tenu la porte, sûrement distrait par les élèves de nombreux collèges londoniens. Le savant Dashon, semblait fouiller ses vêtements avant que le vigile ne lui fasse remarquer qu'il n'était pas fautif dans cette affaire.

Vu son air, il était énervé de ce qui pourrait être appelé une erreur de débutant... C'est alors qu'il signal à Leo ce qu'il savait déjà -soit qu'il devait rester avec Miss Coincée jusqu'à ce que la visite soit terminée et d'être avec les autres enfants. Bien évidemment, l'agent n'avait pas l'intention de respecter ces consignes, car sa mission personnelle était bien plus importante. Bien que ce soit gênant pour lui que Dylan ce soit volatilisé.

Leo sortit alors son excuse tout faite, et d'ailleurs, même s'il se doutait que le vigile n'avait pas la tête à ça, il aurait peut-être une explication, bien que ce soit improbable. Leo commençait à penser que le blondinet n'avait jamais cherché son téléphone...

-Bonjour. Je suis désolé de vous déranger et de passer outre les consignes mais je cherche un de mes amis pour l'aider à retrouver son téléphone portable. J'ai pensé que je pourrais l'aider si je l'appelais et qu'il pourrait profiter de la visite. Est-ce que vous l'auriez vu?

Ce n'était pas véritablement la meilleure méthode mais Leo pensait que le garde pourrait peut-être tenter de se débarrasser de lui rapidement en lui donnant un renseignement - ou bien en l'envoyant voir ailleurs si il y était. L'agent ajouta, avec l'air le plus innocent du monde.

-Vous avez besoin d'aide? J'ai quelques talents en informatique...

Le gardien fixait Leo d'un regard peu amène et s'apprêta à l'envoyer paître sèchement lorsqu'il se souvint des consignes d'amabilité qu'il avait reçues pour cette visite. Il devait présenter un visage agréable et se montrer courtois (mais ferme) envers les élèves pour leur donner la meilleure image du groupe industriel.

"Non, non, je n'ai vu personne.", répondit-il d'une voix un peu plus affable. "Ton camarade ne s'est pas présenté devant moi. Il a perdu son téléphone, tu disais ? Tu peux essayer de l'appeler d'ici si tu veux pour l'aider mais je n'ai pas le droit de te laisser sortir seul."

Amusé, il repoussa la proposition d'aide du jeune agent.

"Non, non, ça ira... On pourra survivre sans toi. Nous avons un protocole pour ce genre d'incident."

Revenant vers le savant, le gardien poussa un soupir résigné avant de poursuivre.

"Monsieur Dashon, je vais vous laisser sortir.", proposa-t-il. "Mais vous devrez passer tout de suite au poste de sécurité pour signaler la perte de votre badge pour qu'il soit immédiatement désactiv..."

"Je sais, je sais.", le coupa l'homme d'une voix distraite. "Dépêchez-vous, j'ai énormément de travail !"

Une fois que le gardien eut déverrouillé la porte à l'aide de son propre badge, le dénommé Dashon se précipita à l'extérieur pour filer à grandes enjambées vers le bâtiment cubique où devait se situer son bureau. Leo put profiter de l'ouverture de la porte pour jeter un coup d'oeil à l'extérieur mais il n'aperçut nul part le petit blond. Dylan avait certainement dû retrouver son téléphone au fond d'une poche et rejoindre le groupe ou alors, il n'avait pas osé aborder le gardien pour ressortir, à moins qu'il ne se soit perdu en revenant sur ses pas...

"Monsieur Dashon, le poste de sécurité...", essaya de rappeler le gardien alors que le savant s'éloignait. Haussant les épaules, il poursuivit à mi-voix, se parlant à lui-même. "De toute façon, il ne pourra pas rentrer sans son badge... Il sera bien obligé d'appliquer les consignes."

Réalisant la présence de Leo qui se tenait toujours à côté de lui, il s'apostropha.

"T'es encore là, toi ? T'as réussi à appeler ton copain ? Bon, allez, rejoins le groupe rapidement avant qu'il ne ressorte du hangar. Votre circuit passe par la porte D5"

Tout en parlant, l'homme montra un plan du bâtiment sur le mur. Le hangar y était schématiquement dessiné et ses différents accès étaient visibles. La porte principale, celle où ils se trouvaient actuellement, était numérotée D1. La D5 se trouvait pratiquement à l'opposé. Quatre autres issues permettaient également de sortir.

"Dépêche-toi.", lui conseilla le gardien. "Sinon tu ne pourras pas quitter le hangar. Dans ce cas, reviens me voir, je verrais ce que je peux faire pour toi."

Leo regarda l'expression qui se trouvait sur le visage du gardien changer et se faire aimable... Evidemment, il ne pouvait pas hurler aux oreilles d'un collégien de lui foutre la paix et de suivre les rangs! Surtout qu'un petit malin aurait pu en glisser un mot à la presse en enjolivant les faits et les réputation de BAE Sytems en aurait pris un coup... Heureusement pour la société que l'agent n'était pas du genre à laisser des traces de son passage. Mais tout cela n'était qu'une imagination sortie d'un esprit évolué, tel que celui de l'espion.

La figure mécanique avec un air poli-mais-ferme-car-je-suis-les-consignes se transforma en air amusé, comme si Leo le distrayait. La réponse amusa aussi le jeune garçon qui s'autorisa un sourire. Survivre sans lui... Un petit trait d'humour serait-il sorti des lèvres de l'employé?

Le garde soupira alors, pour évacuer sûrement son embarras et son exaspération envers Dashon. Il lui rappela d'aller au poste de sécurité pour désactiver son badge. Leo pensa que vu la réponse distraite de l'esprit supérieur, il allait retourner à son travail sans suivre le conseil du pauvre vigile... Quoi qu'il ne pourrait peut-être pas entrer.

Leo se dit que s'il tombait sur le badge du distrait, ce serait une aubaine pour lui. Mais ce n'était pas possible s'il était autant coincé que leur guide dans ce hangar... Il faudrait qu'il scrute avec attention les environs pour repérer l'objet qui lui permettrait sûrement de mener sa mission à bien. D'ailleurs le présumé savant partit en courant presque en direction de la mystérieuse forme géométrique dont l'accès était réservé.

Ah! Leo venait d'entendre la confirmation de ce qu'il pensait : un badge basique permettrait d'entrer dans le cube métallique. Dans ce cas-là, il ferait bien de se diriger vers la cafétéria où il trouverait forcément des employés accrédités et s'il y en n'avait qu'un seul, l'agent soigneusement entraîné par CHERUB pourrait neutraliser l'un d'entre eux. Il ralluma alors son téléphone alors que le garde avait le dos tourné.

Enfin, le vigile se retourna vers lui et indiqua le chemin. Leo se maudit intérieurement de n'avoir pas regardé le nombre de portes. Le garde lui montra la porte D5 qui était sur leur circuit et qui était à l'opposé de sa position. Idéal pour prétendre ne pas être arrivé à temps et sortir par une autre issue. Ensuite, il pourrait s'écarter de la trajectoire prévues par l'entreprise et les différents établissements.

Il remercia alors le gardien.

-Merci beaucoup de votre aide! Et bonne chance avec ce Dashon, il a l'air distrait! D'ailleurs est-ce que vous savez ce qu'il fait dans l'entreprise?

Tout en disant cela, l'agent marchait à un rythme tranquille en direction de la sortie, en s'éloignant peu à peu, mais en restant assez proche pour que le vigile puisse répondre, dans ce hangar qui résonnait beaucoup.

Le gardien eut un petit sourire pour remercier Leo de sa sollicitude. Ce n'était pas tous les jours qu'il avait affaire à un garçon de cet âge qui savait faire preuve d'une certaine politesse. Il ne pouvait qu'approuver la dernière remarque quant à la distraction de Dashon. Les savants les plus géniaux sont ceux qui ont le moins les pieds sur terre et qu'il faut toujours materner même pour les choses les plus triviale. Dashon était bien du style à oublier de mettre des chaussettes le matin en se levant ou à ne se raser que la moitié du visage mais ses compétences techniques étaient telles que ces petits travers étaient aisément pardonnés.

"Il travaille au centre de tests, sur un truc relatif aux transmissions.", essaya d'expliquer le vigile. "Enfin, je crois. Il paraît en tout cas que c'est un système vraiment performant qui va révolutionner ce que l'on connait actuellement."

Réalisant que l'heure filait et que le collégien risquait de ne pas arriver à temps pour rattraper son groupe, l'homme le chassa avec un sourire qui démentait la rudesse de ses propos.

"Allez, file, mon gars !", commanda-t-il. "Sinon, tu vas finir la visite au poste de sécurité et ce serait dommage de manquer la visite."

Après de nouveaux remerciements, Leo s'éloigna du gardien, ralentissant le pas dès qu'il se trouva hors de vue de celui-ci. Il ne fallait surtout pas aller trop vite et prendre le risque de se trouver de nouveau intégré au groupe de ses camarades. Cela impliquerait de devoir supporter à nouveau les avances, de moins en moins discrètes de Ruth, ce dont l'agent n'avait aucune envie.

La délégation des écoles londoniennes semblait avoir bien avancé dans sa visite de l'atelier car Leo traversa une bonne partie des postes de montage sans les voir. Quelques ouvriers, portant une blouse blanche assez uniforme censée protéger leur travail, tournèrent bien leur regard vers lui mais reprirent bien vite le travail, ne voyant rien à redire à la présence de l'adolescent. Après tout, ils venaient d'en voir passer une bonne trentaine. Le retardataire devait faire partie du même groupe.

En se dirigeant vers la porte D5, Leo s'était arrangé pour passer à proximité d'autres issues du hangar. Celles-ci étaient toutes sur le même modèle, un petit boitier, situé sur le mur de droite, permettait de badger pour déverrouiller l'ouverture. Mine de rien, l'agent avait essayé de pousser sur un des panneau, espérant le faire bouger, mais ce fut en pure perte. L'utilisation du badge d'accès, ou d'un système équivalent, était vraiment nécessaire.

À quelques mètres de là, Leo aperçut le groupe qu'il était censé rejoindre en train de franchir la porte D5. Il reconnut parfaitement les enfants qui l'avaient abordé en début de visite. Olivia et Éloïse était encore en train de papoter, certainement toujours plongées dans leur discussion sur Matthew Grimland, alors que Nasser avait passé une main autour des épaules de Ruth. Dylan, quant à lui, n'était pas visible, devant certainement être en tête du groupe, suivant de près "miss Coincée".

La porte se referma sur le dernier collégien du groupe, laissant Leo enfermé dans le hangar. La première partie de son plan s'était déroulé sans encombre. Rebroussant lentement chemin, l'agent posa la main sur son téléphone portable. Initialement, il avait bien pensé appeler son contrôleur de mission pour obtenir des informations sur Dashon mais ce que le gardien lui avait dit semblait largement suffisant.

Alors qu'il passait à proximité d'un poste de travail, Leo vit une blouse blanche abandonnée sur la table. Malheureusement, son propriétaire n'avait pas poussé l'amabilité jusqu'à oublier son badge accroché dessus. À quelques pas de là, un homme et une femme discutaient à proximité d'une fontaine à eau. Accroché à la poche de poitrine de leur vêtement de travail, le laissez-passer magnétique, portant la photo de l'employé, attira, tel un aimant, le regard de l'agent.

Leo remarqua le léger sourire du gardien et en déduit que son ton lui plaisait. C'était bon à savoir, mais une fois que la réponse du garde aurait été donnée, l'agent n'était pas sûr qu'il puisse encore lui servir. Après tout, il faut veiller à ne pas abuser des gens... Mais abuser les gens, c'était une autre histoire.

La réponse du garde ne tarda pas à venir aux oreilles du-dit collégien en visite et lui confirma son soupçon. Le cube métallique était le centre des tests. Quand à Dashon, il "travaillait à un truc relatif à la transmission" d'après le vigile. Leo pensa qu'il n'aurait pas trop de mal à l'éviter.

Ces informations mises en mémoires, l'agent re-remercia le gardien, quoi que cette fois, il le pensait vraiment. Après tout, cet employé était très coopérateur. Un peut trop peut-être? En tous cas, ça faisait bien l'affaire du jeune garçon.

Partant d'abord au pas de course pour montrer au gardien qu'il était déterminer à ne pas être en retard, il ralenti considérablement l'allure dès qu'il n'était plus visible par son informateur inconscient. Leo remarqua quelques travailleurs, et certains semblaient prendre du bon temps.

Il vit alors le groupe, et remarqua qu'Olivia et Eloïse devait encore être dans leur conversation d'une importance capitale au sujet de messire Matthew Grimland... Un gamin de douze ans quoi! Bientôt il y aura le bébé chanteur, un gamin de 3 ans pop star... Où va le monde, on se le demande!

Leo remarqua Ruth, bien entourée par Nasser. L'agent eut un sourire amusé en voyant cette scène. Ruth ne serait plus seule désormais. Et tant mieux si elle avait trouvé un nouveau héros à coller... D'autant plus que Nasser avait l'air de l'apprécier. Leo trouvait qu'il avait bien réussi à se faire oublier... Quand à Dylan, il ne le remarqua pas.

Finalement, la porte se referma sur lui et l'agent rebroussa le chemin. Son plan se passait exactement comme il l'avait prévu. Il n'avait pas eu besoin de contacter Eric Taylor pour le moment. C'était bien comme ça, de cette manière, l'agent prouvait qu'il savait se débrouiller.

Leo repéra alors une blouse blanche dépourvue de badge. Tant pis, il trouverait autre chose. Un peu plus loin, l'espion vit deux travailleurs vers une fontaine d'eau. Ils étaient dans une conversation et n'avaient pas l'air d'avoir remarqué la présence de l'adolescent.

Leo savait qu'il ne pourrait pas empêcher une des deux personnes d'hurler s'il terrassait l'autre. Alors, il décida de tenter de les écarter l'un de l'autre, histoire qu'une personne procède à une vérification et pendant ce temps là, subtiliser le badge de l'autre, au risque de le frapper.

-Excusez moi, mais je rebroussais le chemin pour qu'on m'aide à sortir quand j'ai vu une machine qui ne fonctionnait pas bien.Je suis désolé, je ne sais pas à quoi elle servait, mais elle était par-là.

Leo désigna vaguement un endroit, en espérant qu'ils allaient le croire, sinon, il devrait passer à la méthode dure.

S'approchant des deux employés, Leo interrompit leur discussion. Nullement surpris de voir l'adolescent en ces lieux (il faut dire que la visite du groupe de collégiens était loin d'être passée inaperçue), ils écoutèrent ce qu'il avait à leur dire. La nouvelle d'une panne possible sur une des machines d'assemblage accapara leur attention, faisant passer au second plan le souci du visiteur cherchant, soi-disant, de l'aide pour sortir.

"C'était quoi comme machine ?", demanda la femme alors que l'homme se précipitait dans la direction indiquée.

Sans même attendre de réponse, elle partit à son tour, pressée d'intervenir avant qu'une défaillance de la chaîne de production ne cause des dégâts au système entier. Sur son chemin, elle passa tout à côté de l'agent qui, dans son empressement à lui céder le passage, fit au contraire le nécessaire pour la gêner légèrement, espérant lui substituer discrètement son badge.

Saisissant l'objet de sa convoitise entre deux doigts, Leo tenta de le décrocher de la poche, tout en s'écartant pour ne pas bousculer la femme. Une légère résistance se fit alors sentir, faisant naître un début de panique chez l'adolescent qui faillit renoncer pour ne pas se faire repérer.

Dans une ultime tentative, il parvint in extremis à détacher le badge de son support et à le dissimuler au creux de sa main. Un léger sourire aux lèvres, l'agent regarda la femme s'éloigner sans n'avoir rien remarqué. Rapidement, Leo se faufila jusqu'à la porte la plus proche qu'il déverrouilla facilement.

Il était sur la bonne voie. Non seulement, il avait réussi à s'éclipser du groupe de collégien, mais il se trouvait libre d'aller et venir dans l'enceinte du site de BAES. Avant de sortir complètement du hangar, le garçon jeta un coup d'oeil vers l'extérieur. La voie semblait libre et le bâtiment cubique ne se trouvait qu'à une trentaine de mètres de là.

Leo était satisfait : tout d'abord, son bluff avait marché. Ensuite, l'homme était parti en courant, et si jamais il n'arrivait pas à voler le badge, il pourrait toujours neutraliser calmement son adversaire, bien que ce n'était pas la solution idéale, notamment pour sa réputation auprès de la direction de CHERUB. D'ailleurs, Leo n'avait pas envie de devoir faire des tours de piste à cause d'un "léger débordement" envers un employé de l'entreprise dont il devait tester la sécurité...

L'agent se mit sur le chemin de la femme pour lui prendre son badge, surtout que dans son empressement, il n'était pas sûr qu'elle ne s'en rende compte avant de devoir sortir. Prenant l'objet comme si c'était l'anneau de Gollum que Bilbo avait subtilisé à la créature, Leo faillit laisser tomber en rencontrant une résistance avant de réussir à se saisir du badge. L'autre n'avait rien remarqué.

C'était juste. Leo était conscient de la chance qu'il avait eu. Relâchant sa respiration, l'espion prit la porte la plus proche et jeta un oeil à l'extérieur. Personne à l'horizon. Il se glissa hors du hangar et repéra le centre des tests. Il était dans une bonne situation pour rentrer, mais il n'était pas sûr que le badge puisse ouvrir la porte, et qui sait, déclencherait-elle une alarme.

Leo ne connaissait qu'une seule personne pouvant entrer à coup sûr, c'était un certain Dashon. Mais il n'était pas sûr de pouvoir renouveler l'expérience de pickpocket. Peut-être qu'il ferait bien de faire un détour par le poste de sécurité, pour voir quelles portes le badge pouvaient ouvrir et qui-sait, configurer cet objet d'ouverture. C'était peu probable, mais pour l'instant, il avait réussi à être discret et la chance semblait être de son côté.

Soudain une idée germa dans son esprit et il sortit son téléphone et envoya un texto à son contrôleur.

Citation :

il faut que je sache si (nom de l'employee) peut entrer dans le centre des tests tu peux savoir ça?

Il se mit dans un coin reculé pour attendre une réponse.

Son texto envoyé, Leo n'avait plus grand chose à faire tant que la réponse n'arrivait pas. Il lui fallait quand même éviter de se faire voir à traîner, seul, dans l'enceinte du site. La présence d'un collégien, vêtu d'un uniforme aussi "discret", ne passerait certainement pas inaperçue, c'est pourquoi l'adolescent fit quelques pas en arrière pour aller se réfugier dans un recoin.

Impatient, il consultait toutes les cinq secondes l'écran de son téléphone, espérant que celui-ci s'éclairerait vite, apportant la réponse de son contrôleur de mission. Mais, comme un fait exprès, rien ne venait. Le geek du Campus devait encore être occupé à pourfendre des monstres dans un donjon obscur et avait oublié qu'il était censé suivre la mission de l'agent sur le terrain.

Enfin, après un temps que Leo avait jugé disproportionné, le smartphone se mit à vibrer alors qu'un message laconique apparaissait.

The Dark Knight a écrit:

"T'es en mission d'infiltration. Aucune aide extérieure !"

L'adolescent resta un moment sans voix devant cette fin de non recevoir. Il allait lui falloir se débrouiller par ses propres moyens pour entrer dans le bâtiment cubique. Tout en maugréant contre ce foutu prof qui ne comprenait rien aux besoins réels des agents sur le terrain, Leo se rapprocha de son objectif, hésitant encore à utiliser le badge qu'il avait subtilisé plus tôt.

À distance raisonnable, il faisait discrètement le tour du bâtiment, cherchant un point faible dans le système de sécurité lorsqu'il s'immobilisa en restant à couvert. Contre un des murs du cube, à proximité d'une porte ouverte, deux scientifiques discutaient, tout en fumant une cigarette. Les deux hommes écrasèrent leur mégot avant de rentrer à nouveau, certainement pour rejoindre leur poste de travail.

Leo écarquilla les yeux de surprise. Aucun des deux hommes n'avait pris la précaution de refermer la porte, la laissant bloquée, en position ouverte, par un cendrier sur pied. Décidément, les points faibles étaient les mêmes partout et toujours provoqués par la paresse humaine. Dans le cas présents, les fumeurs invétérés sortaient régulièrement par une des issues de secours et, pour ne pas avoir à effectuer les opérations d'ouverture lors de chaque pause, ils en avaient coincé la porte.

Leo s'agaçait en remarquant qu'Eric avait l'air de l'avoir mis de côté et ne répondait pas à son sms. Un de ces jours, il pourrait sortir un jeu en attendant que son contrôleur daigne de répondre. Sauf que lorsque la réponse arriva, ce n'était pas du tout celle qu'il pensait et il ressentit aussitôt l'envie de lui renvoyer un texte assassin. Vraiment, il l'aidait beaucoup! Il ne pouvait pas quitter ses hobbits et ogres trois minutes? Ça ne lui aurait pas pris longtemps, et l'agent s'en voulait d'avoir été poli. Après tout, sa question n'avait rien eu de si désagréable... On voyait bien que c'était un prof!

Soupirant, il se mit en route pour faire le tour du bâtiment. Peut-être qu'il y aurait un moyen d'entrer ailleurs... Et de toute façon, ça ne lui ferait pas perdre plus de temps que d'avoir attendu une réponse parfaitement inutile. Leo vit deux scientifiques qui fumaient une cigarette tout en parlant. L'espion était plutôt satisfait de ne pas avoir utilisé ce badge finalement.

Puis lorsqu'ils rentrèrent, l'agent resta estomaqué. Ils n'avaient pas refermés la porte... C'était.... affligeant. A quoi cela servait-il alors, de faire badger les gens? Et ce n'était sûrement pas parce qu'ils étaient distraits qu'ils avaient fait cette erreur. Leo attendit un peu, pour que les scientifiques négligents n'aient pas l'impression d'être suivis pour se faufiler à l'intérieur du cube, après avoir vérifié que personne n'allait le voir. Normalement, ça devrait être bon.

Maintenant, il fallait qu'il trouve les documents relatifs à leur dispositifs de télécommunications. Tiens, par transmission, le vigile des hangars, en parlant du travail de Dashon, n'avait-il pas voulu parler des télécommunications. Maintenant, il fallait qu'il un lieu où il pourrait trouver ça. Il se disait qu'il pourrait éventuellement trouver un plan. De toute façon, il n'allait sûrement pas renvoyer un texte à son contrôleur, et n'avait pas d'autres idées...

Leo se dit que s'il y en avait un, il serait sûrement vers la porte principale... Tout en pensant au dangers qui étaient possibles s'il faisait ça, il se dirigea à pas de loups vers l'endroit où il y aurait peut-être un plan...

Discrètement, profitant de la négligence coupable (ou l'immense paresse) de ceux qui travaillaient dans ce bâtiment, Leo put se faufiler à l'intérieur, attentif au moindre bruit pour pouvoir se cacher rapidement s'il entendait quelqu'un venir dans sa direction. Le couloir semblait désert pour le moment et le jeune agent mit à profit ce répit pour consulter un plan, affiché à proximité d'un extincteur.

Il put ainsi voir que le cube était en fait divisé en 5 secteurs, indépendant les uns des autres. Chacun de ces secteurs se composait de quelques petits bureaux et d'une ou deux pièces plus grandes devant certainement servir de banc de test. Dans un angle du bâtiment, se trouvait également une grande salle dont l'accès se faisait par ce qui ressemblait à un tout petit débarras. Leo crut reconnaître dans cet agencement celui d'une cage de Faraday, endroit parfaitement isolé du point de vue électromagnétique et idéal pour pouvoir faire des expérience sans être troublé par des signaux parasites.

Avançant en silence, l'adolescent jetait des coups d'oeil rapide dans les pièces devant lesquelles il passait et dont les portes étaient ouvertes. Sur un établi se trouvait un caisson métallique ouvert, laissant apparaître des cartes électroniques. Lui tournant le dos, une femme était penchée sur ces équipements, un fer à souder à la main. Dans un autre bureau, un homme pianotait rapidement sur son ordinateur, saisissant des données en vu d'effectuer une simulation.

Soudain, une porte s'ouvrit à quelque mètres de Leo, laissant à peine le temps à l'agent de se plaquer contre la paroi, étant partiellement dissimulé par une bibliothèque. L'air songeur, Dashon sortit rapidement pour se diriger d'un bon pas vers la cage de Faradey, s'éloignant ainsi de l'adolescent.

Leo trouva alors un plan et l'étudia avec attention. Il y avait donc 5 secteurs divisés par des bureau et des salles dont la surface était plus grande où il était probable que des tests soient effectués Autrement, l'agent pensa voir une cage de Faraday. Il se rappela que c'était une enceinte sensée être protégée des nuisances électromagnétique. Leo pensait que c'était un bon endroit pour tester les télécommunications. Il ferait bien d'y jeter un oeil. Il se disait que si cette mission lui permettait d'entrer dans une cage de Faraday, véritable coffre-fort, elle n'était pas si inintéressante que ça.

Soudainement, la porte s'ouvrit. Leo se planqua alors contre un mur, caché à moitié par une bibliothèque. C'était Dashon, avec cet air distrait peint sur son visage, qui venait d'entrer. Peut-être qu'il n'avait pas oublié la consigne du garde après tout...Son quartier était la transmission, alors l'agent décida de le suivre à pas de loup. Il attendit un peu et se se souvint de ce qu'il avait vu :

Une femme ne lui offrait pas la contemplation de son visage, tournée sur des cartes magnétiques tandis qu'un homme avait appuyé furieusement sur son clavier d'ordinateur, très concentré sur son écran, comme Leo le faisait lui-même quand il tentait un piratage ou bien lorsqu'il faisait tout simplement une recherche... Ou quand il jouait à un jeu vidéo. Bref, vous voyez le genre. Pas la peine de s'éterniser là dessus. Si?

Pendant sa discrète filature, Leo vit que le scientifique allait visiblement dans la cage de Faraday. Transmissions... Télécommunications... Mieux valait continuer à le suivre discrètement, et au moins voir s'il était facile d'entrer dans la cage ou s'il fallait un badge particulier à nouveau.

Veillant à ne pas se faire remarquer de l'homme qu'il suivait, Leo observait les faits et gestes de Dashon alors que le scientifique accédait à la cage de Faradey. Aucun badge ne semblait nécessaire pour entrer dans le sas, l'homme s'étant contenté d'appuyer sur un bouton situé à droite le la porte, laquelle s'était ouverte, après un certain temps, dans un chuintement pneumatique peu discret.

Laissant le temps à l'ingénieur de pénétrer dans la pièce, le jeune agent s'avança alors que la porte se refermait, venant d'en condamner hermétiquement l'accès. Par l'étroite vitre de la porte métallique, Leo put discerner, au-delà du sas d'entrée, une petite salle encombrée d'établis divers sur lesquels se trouvaient, outre de nombreux appareils de mesures (voltmètres, oscilloscopes, etc.), des composants électroniques et quelques ordinateurs. Dashon venait d'y rejoindre un de ses collègues et les deux hommes étaient affairés à mettre sur pied une nouvelle expérience.

Revenant un peu en arrière, l'adolescent remonta silencieusement le couloir, poursuivant sa reconnaissance du bâtiment cubique, identifiant les différents occupants ainsi que leur position. Il avançait prudemment, se mettant à couvert au moindre mouvement suspect, comme celui d'un cadre désireux de rejoindre l'extérieur pour fumer sa cigarette. Heureusement, l'activité semblait surtout concentrée dans les différents bureaux et rares étaient les personnes passant dans le couloir. Tout en se déplaçant, Leo prêtait attention aux noms figurant sur des étiquettes à droite des portes jusqu'à atteindre une pièce identifiée comme étant le bureau de Dashon.

Profitant de la présence du scientifique dans la cage de Faradey, il se glissa à l'intérieur. Un désordre incroyable régnait dans la pièce. Des feuilles et des dossiers ouverts occupaient la quasi-totalité des tables de décharge. L'ordinateur, allumé, était posé sur le bureau et affichait un écran de veille. À côté du clavier, se trouvaient une tasse à moitié remplie d'un café froid ainsi que le badge d'accès de l'homme.

Leo observa alors qu'il suffisait d'appuyer sur un bouton pour ouvrir la cage Faradey. L'agent remarqua des établis où se trouvaient des appareils de mesures, de rares ordinateurs et des composants électronique. Tout le matériel du bon petit testeur, en somme. Le hacker en herbe vit que Dashon et son collègue étaient absorbé dans une expérience. Bien, ça allait leur prendre un petit bout de temps, tout ça. C'était parfait pour perquisitionner le bureau du premier scientifique en transmission qu'il avait vu.

En revenant sur ses pas Leo, pris son temps pour ne pas se faire repérer et observa attentivement les lieux, à l'affût. Ce serait bête de se faire repérer une fois arrivé là. Surtout que donner des documents à un responsable de la sécurité ne l'inspirait pas vraiment... Ce serait échouer. Ce n'était sûrement pas le but de l'agent.

Finalement, le jeune espion entra dans le bureau et jeta un premier regard au lieux. C'était un incroyable bazar, aussi grand que celui qui régnait dans la chambre de Leo. Voir même un peu plus. L'agent se dit qu'une fouille prendrait beaucoup, beaucoup de temps... Mais il y avait mieux à faire. Regardant l'ordinateur qui était en veille, au milieu d'une tasse de café qui ne fumait plus depuis sûrement longtemps et du badge de Dahson, -sûrement un oubli du scientifique... -.

Se plaçant devant l'outil haute technologie susceptible de contenir des outils important, il sortit une clé USB contenant des logiciels de piratage informatique de sa poche. Leo se souvint à quel point il aimait ça, et rien que pour utiliser ses talents, il ne regrettait pas d'être à CHERUB. L'agent vit la demande du mot de passe arriver alors qu'il inséra son outil dans l'ordinateur.

Leo pensait que c'était une bonne piste, et se mit au travail.

S'assurant une dernière fois que le secteur était bien calme, Leo se glissa derrière le bureau en sortant la clé USB de sa poche. Ce petit outil, réalisé par le génial Eric Taylor, renfermait divers logiciels de cracks, permettant non seulement de passer outre le mot de passe d'un ordinateur, mais également de briser la sécurité des dossiers protégés, d'accéder facilement à la base de registre et de lister rapidement différents fichiers suivant des critères à définir à chaque fois (nom, mots clés dans le texte, modifications récentes, etc.).

Insérant son équipement dans la fente prévue à cet effet, l'agent retint un instant son souffle dans l'attente des premiers résultats. Immédiatement, la LED située à l'arrière de la clé se mit à clignoter alors que divers symboles s'affichaient à l'écran. Au bout de quelques secondes, l'apparition du fond d'écran signifia l'accès à l'ordinateur.

Avec un petit sourire de satisfaction, Leo pianota rapidement sur le clavier pour accéder aux différents dossiers l'intéressant. Dans l'arborescence du répertoire, il visualisa assez vite, grâce à son nom assez explicite, celui regroupant les informations sur le système de télécommunication assez révolutionnaire qui était en cours de développement dans ce centre de recherche. Dire que s'il s'était agi d'une véritable opération d'espionnage et non d'un simple test de sécurité, l'adolescent aurait sans doute rapporté des renseignements vitaux pour son pays.

Mais aujourd'hui, il n'était là que pour vérifier justement que toutes les mesures étaient mises en oeuvre pour éviter ce qu'il était justement en train de réaliser. Il y aurait certainement plusieurs responsables de la sécurité du site qui se feraient tirer les oreilles après la lecture du rapport de l'agent. Ils ne seraient pas les seuls car la négligence des scientifiques avait également facilité l'accès au bâtiment. Une remise en ordre du système de sécurité ne serait certainement pas du luxe...

Pour prouver qu'il avait eu accès aux documents, Leo les enregistra sur sa clé USB. Ensuite, pour effacer toute trace de son passage sur l'ordinateur, il accéda au registre journal et lista les dernières opérations enregistrées pour les supprimer. Au moment où il allait effectuer cette opération, il s'arrêta, intrigué par un détail surprenant. Quelques minutes avant son piratage, le registre journal avait enregistré un autre accès à l'ordinateur ainsi que l'ouverture et la copie sur un support externe des mêmes dossiers que ceux que l'agents avait enregistrés.

Leo considéra l'écran avec attention et une légère excitation. Il allait pouvoir dire à Eric Taylor s'il méritait son titre de crack de l'informatique ou non. Puis après, un clignotement attira son oeil et l'agent vit avec satisfaction que la clé marchait. Enfin, le fond d'écran apparut. Pour l'instant, ce n'était pas bien compliqué, mais il pensait toujours à ce pressentiment et ne se relâchait pas. L'espion continua alors son travail.

Souriant tout de même, Leo remarqua le dossier contenant sûrement des informations sur le nouveau système de télécommunication. Le nom était très facilement reconnaissable, alors ce n'était pas vraiment sorcier. Il faudrait être assez sévère avec BAE, tout semblait être trop facile pour s'introduire dans le bâtiment et voler des renseignements, qui étaient très important.

Il fallait imaginer le cas où ils seraient en guerre et où des ennemis auraient infiltré l'entreprise. Cela aurait de fâcheuses conséquences pour l'Angleterre, si les espions qui seraient cette fois adultes, faisaient main basse sur les dossiers. BAE System allait devoir forcer sur leur système de sécurité et rappeler les scientifiques à l'ordre. En tous cas, Leo savait comment il allait sortir.

Enregistrant les documents sur la clé USB et la récupérant, l'agent pris la précaution de supprimer ses agissements. Pourtant, sidéré, il vit que quelqu'un avait exécuté la même manœuvre que lui. Seul différence, celui ci n'avait pas effacé toutes traces de ses actes. Effaçant le siens, Leo vit que cela c'était passé quelques minutes avant ses actes.

Cette personne devait se diriger vers la sortie, contenant des informations confidentielles! Ce n'était pas bon du tout ça. Leo se dit qu'il pourrait peut-être encore le coincer s'il se dépêchait et sortit à nouveau par les issues de secours après avoir précautionneusement vérifié que personne ne s'y rendait et fumait.

Direction la porte du site.

Prenant bien soin à ne laisser aucune trace de son passage, Leo ressortit du bureau de Dashon. Le scientifique devait encore se trouver dans la cage de Faradey, ce qui laissait tout le loisir à l'adolescent de se faufiler vers l'issue de secours qu'il avait précédemment emprunter pour se glisser dans le bâtiment.

La chance semblait être avec l'agent qui ne rencontra personne sur son chemin, lui évitant ainsi de devoir se cacher dans l'urgence ou essayer de justifier sa présence à un endroit supposé être d'accès réglementé.

Une fois à l'extérieur du cube, Leo se dirigea vers la sortie du site, cherchant désespérément à retrouver l'auteur de l'intrusion précédent la sienne dans l'ordinateur de Dashon. Il aperçut bien plusieurs personnes allant et venant mais leur attitude n'avait rien de vraiment suspect et, de toute façon, le garçon ne connaissait pas la liste exhaustive de tous les employés de BAES Rochester pour pouvoir déterminer si un étranger au site se trouvait là.

Sortant d'un bâtiment sur sa droite, il vit réapparaître le groupe d'élèves au sein duquel il était entré dans la place. Toujours menés par "miss coincée" et sa voix criarde, les enfants suivaient le mouvement et discutaient entre eux, semblait se désintéresser de plus en plus de ce que racontait leur guide. En queue de peloton, Leo put remarquer la petite bande qui l'avait abordé au tout début de la visite. Nasser se tenait tout près de Ruth et semblait abrutir la jeune fille par son bavardage incessant. Olivia et Eloïse papotaient toujours entre elles. À se demander ce qu'elle pouvait bien se raconter de si intéressant. Disserter sur la vie et 'œuvre de Matthew Grimland ne devait quand même pas prendre autant de temps. Dylan, quant à lui, avait le regard fixé sur son smartphone, finalement retrouvé, semblant nettement plus intéressé par le jeu auquel il devait certainement jouer que par les commentaires du guide. Levant la tête, il aperçut d'ailleurs Leo à qui il fit un signe de la main.

"Ben, t'étais passé où ? T'avais une envie pressante ou quoi ?", lui demanda-t-il en rigolant. "T'as raté un exposé passionnant sur l'assemblage des composants de la carte XTR 325 qui fait partie de l'ensemble AKT 232, à moins que ça ne soit l'inverse, j'ai pas tout suivi…"

Leo fut s'en doutait, il ne trouva personne à l'air suspect à la sortie. Agacé, il vérifia que la clé USB était toujours dans sa poche et vérifia qu'aucun renflement n’apparaissait. Ça avait l'air d'être bon. L'agent doutait aussi que l'un des employés était un traître. Et puis, comment pourrait il le vérifier? Soupirant, l'adolescent vit un le groupe sortir d'un bâtiment. Toujours les mêmes, Olivia et Eloïse blablataient sûrement sur cet imbécile de Matthew Grimland. Leo pensa à son meilleur ami, Raven qui avait exactement la même opinion que lui sur le chanteur qui n'était âgé que de douze ans.

Ruth avait l'air d'être assommée par les paroles de Nasser qui lui avait offert une opportunité de s'en aller. Et Dylan... Il s'était éclipsé également à un moment donné... Et le voilà maintenant. Leo se demanda depuis quand le gamin était là, et d'ailleurs il semblait avoir récupéré son téléphone. L'agent le trouvait légèrement louche mais bon. Il doutait que Dylan puisse s'infiltrer dans un réseau informatique. Celui ci lui adressa la parole,en agitant la main. Leo répondit en s'approchant. Après tout, ça ne lui coûtait rien de voir si un terroriste n'aurait pas glissé une clé USB dans la poche de Dylan, quoi que ce serait aussi improbable que si le gamin était un agent de CHERUB oublié et briefé pour cette mission. Mais au point où il en était, il n'y avait que Dylan qui pouvait avoir 0,00001% de chance de posséder la clé USB contre son gré...

Leo ne répondit que lorsque le blondinet était à quelques mètres de lui, et il jeta un oeil au smartphone du garçon, pour voir ce qui l'absorbait tant. De toute façon, autant lever un voile sur sa disparition, ce serait déjà ça de fait... L'agent parcouru également les poches de Dylan du regard, pour vérifier les reliefs. Leo se trouvait presque parano de faire ça mais bon...

-Salut! T'as réussi à retenir tout ça? Tu m'impressionnes! Tiens, t'as retrouvé ton smartphone? Je t'avais cherché pour t'aider ça aurait été plus rapide si je t'avais appelé, tu aurais pu entendre ta sonnerie.T'as vu quelqu'un qui t'as aidé? Il était où? Le gardien du hangar ne t'as pas vu sortir. Et ces deux là parlent toujours de Matthew Grimland?

Leo avait prononcé le nom de la mini-star sur le ton de "oh, y'a une pourriture qui s'est infiltré dans le système informatique"! Attendant une réponse du collégien, l'agent repensa à la blouse abandonnée sur le sol, et qui n'avait pas de badge. Quelqu'un l'avait déjà subtilisé à son propriétaire?

À proximité de Dylan, Leo essaya de regarder l'écran du smartphone du garçon. Juste avant que ce denier n'éteigne son appareil, l'agent eut juste le temps d'apercevoir un fond assez coloré, similaire à celui d'un jeu vidéo en ligne mais sans qu'il fusse en mesure d'identifier le jeu en question. L'inspection rapide du pantalon du blondinet ne fit apparaître aucun relief anormal ou suspect.

"Bah...", répliqua Dylan en riant toujours. "Je suis pas sûr des sigles employés mais on s'en fout au fond. Dans mon rapport pour le bahut, je mettrai des trucs au hasard. De toute façon, personne n'ira vérifier. T'as pas un rapport à faire, toi aussi en rentrant ?"

Machinalement, le regard du blondinet se porta son smartphone qu'il tenait encore à la main.

"Ouai, ouai, il était juste devant la porte. C'était trop con de l'avoir lâché à cet endroit. J'ai vu personne à la porte quand j'y suis arrivé et elle était ouverte. J'ai ramassé mon téléphone et j'ai rejoint le groupe vite fait. J'avais pas envie de me retrouver coincé dans l'atelier. Mais t'étais passé où, toi ? J'pensais que t'allais essayé d'assurer avec Ruth, mais j'vois que Nasser est en train de te griller..."

À la mention de Matthew Grimland, un bref éclair de surprise se forma dans les yeux de Dylan, comme si ce nom ne lui était pas vraiment familier.

"Bof, ouai, je crois. Elles parlent de trucs trop zarb. D'un chanteur trop trop mignon d'après elles... Alors que j'suis là et surement bien plus mignon..."

Éclatant de rire, Dylan poursuivait sa marche en compagnie du groupe. Bientôt, l'ensemble des collégiens se retrouva au niveau de la porte d'accès au site, près des locaux de la sécurité. Par les grandes baies vitrées de ce bureau, Leo put voir un homme assis face à la porte et un de ses collègues tourné face à une batterie de téléviseurs retransmettant les images des caméras de surveillance disposées à certains endroits du site.

"Les enfants, la visite est bientôt terminée", intervint "miss coincée" de sa voix criarde. "J'espère que tout vous a intéressé. BAE Systems est heureux de vous avoir accueilli sur son site de Rochester. Vous pouvez maintenant rejoindre le bus qui vous ramènera vers Londres."