-M – Odessa, Ukraine – [Mission de Leo Sparrow et Nigel Lackey] – Caviar, vodka et bazooka

C'est une équipe recomposée à la hâte qui était arrivée deux jours plus tôt à Odessa. Suite au désistement brutal d'Oksana, la directrice avait dû changer ses plans. Elle comptait initialement sur la jeune fille, parlant couramment le russe, pour séduire le jeune Andrei et ouvrir ainsi les portes de son domicile. Devant cette absence, elle s'était mise à la recherche d'un autre agent remplissant ces conditions mais malheureusement, personne ne correspondait à ce profil et, pourtant, il n'était pas question pour autant d'annuler cette mission. Aussi, après bien des hésitations, le choix d'Eleutheria Moore s'était porté sur Leo Sparrow dont l'expérience et les multiples compétences pourraient palier les lacunes linguistiques. Enthousiaste, le garçon avait aussitôt accepté et s'était activement plongé dans un glossaire recensant les principaux mots d'usage courant.

Les deux adolescents avaient attentivement potassé l'ordre de mission remanié et ils en connaissaient chaque terme par cœur.

Citation :

ORDRE DE MISSION DE LEO SPARROW ET NIGEL LACKEY

CE DOCUMENT EST ÉQUIPÉ D'UN SYSTÈME ANTIVOL INVISIBLE. TOUTE TENTATIVE DE SORTIE HORS DU CENTRE DE CONTRÔLE ALERTERA IMMÉDIATEMENT L'ÉQUIPE DE SÉCURITÉ.


NE PAS PHOTOCOPIER - NE PAS PRENDRE DE NOTES

Destination : Odessa (Ukraine)

Contexte :
Le SQUID
Cette organisation criminelle internationale possède de multiples activités (trafic de drogue, d'armes, prostitution, contrefaçon, sabotage, etc.). Son organisation détaillée est actuellement inconnue. Seul, Martin Langlois (supposé appartenir au secteur lié au trafic d'arme) a pu être identifié grâce à l'aide d'une équipe d'agent de CHERUB.

La famille Kremiski
Igor Kremiski est un parrain à l’ancienne mode : son père et son grand-père étaient des malfrats avant lui. Leur organisation s'est patiemment développée, génération après génération, jusqu'à contrôler la quasi-totalité des opérations illégales dans cette région du monde.
Après la chute de l’URSS, du fait de l’emplacement idéal d'Odessa, sur la Mer Noire et proche des grandes voies de commerce vers l’Occident ainsi que des plaques tournantes illégales de l’Asie
Centrale (Géorgie, Iran ou Azerbaïdjan), l’organisation de Kremiski a encore accru son influence.
Aujourd’hui, après une lutte incessante pour garder le contrôle de ses filières, Igor Kremiski est un "industriel" renommé et respecté, que peu de gens souhaitent se mettre à dos. Il passe le plus clair de son temps à Osessa, dans une datcha au bord de la Mer Noire qu’il a fait construire lui-même. Il s'agit en fait d'un véritable palais privé. En été, il n’est pas rare qu’il passe quelques temps dans des croisières en méditerranée ou sur la côte d’Azur, autant pour affaire que pour le plaisir.
Igor est un homme à la fois entier, colérique et débonnaire. La plupart du temps, il prend la vie comme elle vient et laisse ses lieutenants s’occuper des affaires courantes, pendant qu’il savoure la vie en compagnie de jolies femmes dans sa villa ou sur son yacht. Par contre, il ne supporte pas la moindre anicroche dans ses plans et est extrêmement rancunier.

Son fils unique Andrei, âgé de 13 ans, mène la vie facile des "fils à papa" à qui tout est dû. Tout porte à croire qu'il est déjà pressenti pour prendre la suite de son père et préparé par lui en conséquent. Orgueilleux et intelligent, le garçon règne comme un véritable tyran sur son cercle de courtisans. Malgré son jeune âge, il adore faire la fête, est souvent vu dans certains établissements "chauds" de la vie nocturne d'Odessa où l'accès est normalement interdit aux mineurs et organise des "réceptions" où l'alcool et la drogue font partie du décor.

Igor Kremiski	Andrei Kremiski (13 ans)

Vol d'armes dans une caserne
Le 25 avril 2015, le cambriolage de l'armurerie d'un escadron du Royal Wessex Yeomanry à Paignton aurait été effectué par le SQUID. Ces armes ont été partiellement retrouvées à Jersey quelques jours plus tard à l'exception de trois lance-missiles sol-air portatifs qui sont encore activement recherchés.

La police ukrainienne semblant désireuse de reprendre le contrôle d'Odessa, ses interventions gênent de plus en plus les intérêts de la famille Kremiski. Depuis peu, celle-ci est à la recherche d'armes de guerre pour contrer un gouvernement, désireux d'éviter qu'une simple lutte contre le banditisme ne dégénère en conflit armé.
La famille Kremiski est en contact avec le SQUID qui a déjà effectué une première livraison d'armes et s'apprêterait à en faire une seconde.

Mission :
Identifier la nature des armes livrées par le SQUID.

Rôle de CHERUB :
Nigel Lackey, rebaptisé Nikon Vostov pour l'occasion, sera le fils d'Ivan et Natasha Vostov, correspondant du MI 6 en Ukraine, qui joueront le rôle d'un couple de Russes, installés depuis peu à Odessa pour y monter un cabinet immobilier, et Leo Sparrow, alias Léon Sminski, sera leur neveu polonais qui vient de perdre ses parents dans un accidents et a été recueilli par Ivan et Natasha. Les agents devront se lier à Andrei Kremiski et trouver un moyen de s'introduire dans son domicile pour y trouver des informations sur les transactions ou, à minima, placer la maison sur écoute.

Ivan Voskov	Natasha Voskov

NOTE : CET ORDRE DE MISSION A ETE APROUVE A L’UNANIMITE PAR LE COMITE D'ETIQUE DE CHERUB. Cette mission est classée RISQUE MOYEN.
Le contrôleur de mission sera Ivan Vostov, agent du MI 6.
Il est rappelé aux agents qu’ils ont le droit de refuser de prendre part à cette mission et qu'ils peuvent l’interrompre à tout moment de son déroulement.

TOUT AGENT AYANT, EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE, CONSOMMÉ DE LA COCAÏNE OU TOUTE AUTRE DROGUE DE CATÉGORIE A SERA IMMÉDIATEMENT ET DÉFINITIVEMENT EXCLU DE CHERUB.

Après deux journées passées à observer discrètement Andrei Kremiski, les agents de CHERUB étaient arrivés à la conclusion que leur "cible" était un oiseau de nuit qui bénéficiait de beaucoup de liberté. Quelques informations soutirées à droite et à gauche avaient confirmé le caractère festif du jeune Ukrainien qui passait la plus grande partie de ses nuits à hanter les cabarets et la quasi-totalité de la journée à dormir chez lui.

Aussi, ce soir là, Nigel et Leo, ou plutôt Nikon et Léon, avait décidé de se trouver "par hasard" dans le quartier chaud d'Odessa, traînant à proximité d'une boîte de nuit assidument fréquentée par le fils Kremiski. Il n'était pas particulièrement tard, pourtant énormément de badauds circulaient déjà avec un taux d'alcoolémie largement supérieur à la moyenne admise, ce qui, la nature slave aidant, ne se remarquait pas spécialement.

Les deux garçons ne passaient évidemment pas inaperçus dans ce quartier et Nigel avait déjà dû décliner quelques propositions lubriques émanant d'hommes passablement éméchés. Malgré ces petits désagréments, l'attente ne se passait pas trop mal bien qu'aucun signe de la présence d'Andrei et de sa cour ne se fasse sentir.

Mais, la patience finit par payer et, vers 23h30, un brouhaha se fit entendre au bout de la rue. Accompagné par une dizaine de camarades âgés de 12 à 15 ans et suivi par trois gardes du corps à la mine aussi rébarbative que leur carrure était imposante, Andrei Kremiski apparut soudain, une jeune fille de son âge à chaque bras, marchant de façon hautaine, comme si la rue lui appartenait. Ce petit groupe se dirigeait droit sur la boîte de nuit surveillée par les agents de CHERUB.

Leo, alias Léon et son "cousin" Nigel qui portait actuellement le nom de Nikon étaient arrivé deux jours plus tôt à Odessa. L'adolescent avait presque immédiatement accepté la mission lorsque la directrice du Campus lui avait proposé de remplacer Oksana Droski. Certes, il ne pourrait pas la remplacer parfaitement mais il était certain de pouvoir avoir une certaine utilité dans cette mission, ne serait-ce que pour soutenir son camarade. Il lui semblait avoir parfaitement assimilé son identité d'emprunt et l'ordre de mission. Le grand problème restait qu'il ne parlait pas le Russe, et malgré son travail les jours d'avant le départ, l'agent n'était pas certain de prononcer correctement les quelques mots qu'il avait appris à la hâte.

Les deux jours qu'ils avaient passé à Odessa avait permis de confirmer leurs connaissances à propos de leur cible, Andrei Kremiski. Le gamin se comportait comme un roi, régnant sur une petite cour d'adolescents. Leo et Nigel avaient également eu la confirmation que le jeune garçon était plus que festif et se trouvait souvent dans les endroits chauds de la ville. D'ailleurs, l'Ukrainien n'avait pas besoin de se décarcasser pour obtenir ce qu'il souhaitait, il ne fallait pas oublier que son père, Igor Kremiski était actuellement respecté dans son milieu criminel... 

Quant à son personnage, Leo avait eu le temps de songer quelque peu à la personnalité de Léon Sminski, bien qu'elle se devait surtout d'être facilement adaptable. En tout cas, l'adolescent avait pensé que son personnage pourrait être un adolescent fêtard avant la mort de ses parents et qui chercherait à se "détendre"... En gros, un personnage qui pouvait facilement chercher à approcher le petit caïd.

Les deux espions junior s'étaient donc retrouvé dans le quartier ou leur cible se rendait assez régulièrement. Ils attendirent un petit moment, attendant l'arrivée d'Andrei Kremiski. Si certaines personnes "abordèrent" Nigel, l'anglais n'avait pas compris un traître mot de ce qu'ils disaient, même s'il en devinait plus ou moins la teneur... Finalement, le petit roi apparut dans la rue. Deux filles de son âge se tenaient à ses bras et Leo se dit que décidément, ce garçon et Oksana auraient pu bien s'entendre. Après tout, ils avaient bien les même "qualités". Apparemment, le garçon se dirigeait vers la boîte de nuit que les jeunes espions surveillaient. 

Un groupe d'une dizaine d'enfant qui paraissaient avoir entre 12 et 15 ans, les âges proches de celui du jeune Kremiski les suivaient, ainsi que trois gardes du corps. Leo les plaignait... Il était quasiment certain que le jeune garçon déciderait d'entrer dans le boîte. L'agent songea qu'ils pourraient essayer de s'incruster dans le groupe qui suivait, ou à quelque distance... Il fit part de sa pensée à son camarade.

-On devrait peut-être essayer d'entrer en même temps qu'eux. Au mieux, ça susciterais peut-être un regain d'intérêt de sa part pour nous.

La plèbe infiltrerait-elle la haute noblesse?

À l'arrivée d'Andrei Kremiski et de sa cour, la porte de la boîte de nuit s'était dans un premier temps seulement entrebâillée puis, alors que le jeune garçon se faisait reconnaître, s'ouvrit plus largement. Le videur sortit même dans la rue pour laisser le passage afin de laisser entrer ces joyeux drilles.

Tout ce petit monde s'engouffra dans le bâtiment, dans un joyeux vacarme. Visiblement, le garçon et ses comparses ne commençaient pas la soirée par cet établissement et avaient déjà descendu quelques bouteilles au gré de leur périple nocturne comme en témoignaient les éclats de voix hésitants et quelque peu avinés.

Les gardes du corps, qui d'ailleurs auraient pu passer pour des jumeaux du videur, tant la silhouette était semblable, pénétrèrent en dernier dans la boîte de nuit et le "portier" s'apprêtait à refermer derrière eux lorsqu'il remarqua "Léon et Nikon" qui s'avançaient dans sa direction.

Se redressant, il prit un air renfrogné pour accueillir les nouveaux venus.

"Vous voulez quoi, tous les deux ?", dit-il en russe, d'une voix qu'il voulait ferme mais où le doute perçait légèrement. Il n'avait jamais vu les deux garçons encore mais, avec le fils Kremiski, tout était possible et il ne s'agissait pas de commettre un impair en éconduisant des amis à lui.

Le petit groupe du "roi" Andrei arriva près de la boîte de nuit, dans un chahut semblable à ceux des étudiants anglais, lorsqu'ils avaient fini leurs petites fêtes quelque peu agités. Leo remarqua que la porte était quelque peu entrebâillée, avant que le videur sorte dans la rue, laissant passer la bande excitée. Sûrement parce qu'il avait reconnu le fils Kremiski. Après les enfants, ce furent les garde du corps du jeune "fifils à son papa" qui entrèrent.

Leo regarda du côté de Nigel, tout en arborant une impression de sûreté et d'assurance sur son propre visage, se tenant droit. Léon Sminski allait avoir une personnalité bien différente de la sienne pour approcher leur cible, alors autant qu'il entre un maximum dans l'attitude physique que son personnage pouvait avoir. Il ne lui serait pas simple d'affirmer la personnalité fêtarde d'un adolescent sans pouvoir réellement parler avec sa cible.

Ne pas parler la langue de sa cible n'était pas simple, de manière générale. Heureusement, Nigel parlait bien le Russe.

Le videur leur parla, avec un attitude renfrognée. Leo essaya d'abord d'analyser le ton avant de comprendre les mots. Une voix ferme, mais ou le doute se faisait quelque peu entendre,avec une interrogation à la fin, lui semblait-il. Il reconnut les mots "vous", "voulez" et "deux", quelques temps après. Il n'avait pas changé sa mine et emboîta le pas à Nigel qui avait répondu. Evidemment, le bleu-marine était assez frustré de ne rien comprendre, mais faisait confiance à son camarade pour appliquer leur plan.

Le geek reconnut le prénom Andrei au milieu de la phrase de "Nikon". Ce qui pouvait les envoyer dans de nombreuses suppositions. Mais est-ce que le videur aller les laisser passer, demander confirmation ou leur refuser tout simplement l'accès? Ils allaient le savoir dans les minutes qui suivraient...

Le doute qui se lisait dans le regard porcin du videur laissa bien vite place à un soupçon de panique lorsque Nigel suggéra d'appeler Andrei pour confirmer son intention. Le vigile avait reçu pour mission de ne laisser entrer que ceux qui étaient en âge de le faire, exception faite visiblement pour le gamin Kremiski et sa "cour". L'assurance affichée par les deux Anglais suffisait à le faire douter. Certes, il n'avait encore jamais vu les garçons mais ces derniers avaient l'air de savoir ce qu'il faisaient. L'homme connaissait le caractère colérique du fils de celui qui possédait officieusement au moins la moitié de la ville et ne voulait surtout pas prendre le risque de le déranger pour rien, pour un soupçon certainement infondé...

Ne lui laissant pas vraiment le temps de la réflexion, Nigel, suivi par Leo, l'air aussi décidé que celui de son "cousin", s'était avancé pour franchir la porte. Machinalement, le "gros bras" s'écarta pour les laisser passer et referma ensuite la porte sur les deux garçons.

Progressant dans un couloir sombre, les agents débouchèrent soudain dans une vaste pièce enfumée où ils se firent aussitôt agresser par une musique violente, accompagnée d'effets lumineux stroboscopiques des plus abrutissants. Visiblement, l'interdiction de fumer dans les lieux publics ne s'appliquait pas dans ce pays, ou alors elle était manifestement ignorée dans cette boîte de nuit.

Une trentaine de personnes, toutes plus âgées que Leo, étaient assises, par petits groupes à différentes tables. De nombreuses bouteilles, souvent bien entamées, en occupaient le tablier. Au centre de la pièce, une jeune femme d'une vingtaine d'années, en costume très "épuré", dansait lascivement sur la scène autour d'une barre verticale, adoptant des attitudes très suggestives et équivoques.

En dépit de ce spectacle qui avait tout pour retenir l'attention de deux garçons dont la volonté restait inversement proportionnelle à la production d'hormones, Nigel et Leo remarquèrent que le groupe, au sein duquel se trouvait le jeune Andrei, venait de prendre place dans ce qui ressemblait à une loge privée. Ils se trouvaient suffisamment en retrait pour ne pas être remarqués immédiatement par quelqu'un entrant dans le club mais assez bien installés pour ne rien perdre du spectacle se déroulant sur la scène.

Le plan des deux garçons avait donc parfaitement marché. Le videur les laissa passer, en s'écartant de quelque pas pour laisser les garçons entrer dans la boîte de nuit. Leo songea que n'importe quel garçon normal aurait pu songer à agir ainsi... Sauf qu'il n'aurait pas forcément eu le cran de mener à bien son entreprise. Le jeune espion eut un sourire en coin en songeant que les garçons ne son âge qui rêvaient d'entrer dans une boîte de nuit dans ce genre ne manquaient pas. Nigel et lui marchaient dans le couloir sombre. La transition entre obscurité qu'ils venaient de quitter et cette pièce sur-éclairée l'éblouit quelque secondes.

Il découvrit ensuite une trentaine de personnes, dispatchées en petit groupes, placé autour de tables qui croulaient sous les bouteilles plus ou moins entamées. Une forte odeur de fumée remonta jusqu'aux narines du garçon. Quant à la musique, qui avait un débit sonore très élevé, elle allait de pair avec la lumière agressive du lieu. Au milieu, une jeune femme dansait, en reproduisant bien l'atmosphère du lieu...

Leo, tout comme Nigel remarqua le groupe d'Andrei, s'installant dans une loge sûrement réservé à lui et sa petite cour. Ils avaient une vue imprenable sur la scène et la loge était placée de manière à ne pas être remarqué du premier coup d'oeil pour une personne entrant dans la pièce. Puisqu'ils étaient entrés en se disant être des amis d'Andrei, il serait mieux pour eux de ressortir seulement en même temps que le groupe du jeune Kremiski. Leo évalua le bruit des environs, avant de chuchoter à Nigel son avis sur la question.

-Faudrait peut-être qu'on se dirige vers eux, mais tout en regardant... la fille par exemple, si tu vois ce que je veux dire.

Ils n'allaient tout de même pas se pointer en lançant "yo, mon pote!" au jeune Andrei...

Nigel remarqua rapidement que le Nom d’Andrei était comme un mot de passe, il nota cette information dans le coin, cette famille semblait avoir beaucoup d’influence par ici. Il marcha alors le long du couloir sombre et entra alors dans un nouveau monde, un monde de fête, d’alcool et de fille.

Le jeune anglais se fit littéralement agresser par la musique, la fumé et les effets lumineux, il ne savait pas encore s’il aimait ou non ce genre d’endroit, c’était la première fois, qu’il entrait dans un club, et il sentait qu’il lui faudrait un moment avant de s’habituer. Son regard fut rapidement happé par une jeune femme dans la 20 aine dansant lascivement autour d’une barre de pool dance. Nigel était encore jeune, peut-être un peu trop pour pleinement profiter du spectacle qui se produisait devant lui. Bien que cette dernière adopta des postures lascives, ce qu’il en découlait faisait apparaitre une petite moue de beurk sur son visage. C’était quelque chose que d’embrasser une fille, mais une autre que d’imaginer faire autre chose avec elle….

Lâchant son regard de la jeune femme, il identifia rapidement l’endroit ou se trouvait Andrei et sa troupe, Nigel voyait mal comment entrer en contact avec Andrei… il tourna son regard vers Leo et écouta alors la proposition de ce dernier. S’approcher tout en regardant une des filles, oui il voyait ce que Leo voulait dire, mais c’était un coup à se faire casser la gueule.

« Jsuis pas sur qu’il apprécie vraiment que l’on matte ses copines, mais bon on peut toujours essayer de s’approcher un peu »

Nigel lança alors la marche, s’approcher tranquillement de la loge, tout en matant l’une des jeunes filles, Nigel bougea également son corps après tout il y avait de la musique, alors autant danser et mine de rien se rapprocher de la cible tout en matant une belle jeune fille…

Tout en se dirigeant, mine de rien, vers l'endroit où se trouvaient le jeune Andrei, entouré de sa cour, Nigel adopta une démarche chaloupée, ondulant au rythme de la musique. Les yeux fixés sur la jeune fille sur laquelle il avait jeté son dévolu, il essayé discrètement d'attirer son attention, sans se faire trop remarquer des autres membres de la bande.

Dans son sillage, Leo détourna le regard de la danseuse qui se déhanchait lascivement autour de la barre pour observer le petit groupe et son environnement. Autour du fils du parrain local, les adolescents avaient squatté les différents fauteuils, adoptant une attitude plus ou moins avachie. Certains garçons se tenaient très proche d'une de leur camarade, ayant négligemment passé une main autour de ses épaules.

Tel un petit roi, Andrei trônait au centre d'une banquette, une fille (Ellie et Isabella) assise de chaque côté. Tout en leur parlant dans le creux de l'oreille, il glissait alternativement un petit baiser dans le cou de chacune de ses voisines, ce qui avait le don de la faire glousser bêtement.

Appuyés contre le mur, les trois gardes du corps ne bronchaient pas, la tête droite, regardant fixement droit devant eux, indifférents à l'attitude des gamins qu'ils protégeaient. La mobilité des regards démentait cette impression d'indifférence. Rien de ce qui se passait dans la boîte de nuit n'échappait à leur attention.

Sur les tables basses devant les adolescents, de nombreux verres avaient déjà été apportés, comme si le personnel connaissait bien les goûts de ces clients particuliers. Pour le moment, les garçons se contentaient de vider lentement chacun sa bouteille de bière, buvant consciencieusement au goulot alors que les jeunes filles semblaient plutôt attachées à divers cocktails aux couleurs chamarrés et au contenu mystérieux. Mais déjà, trois bouteilles de vodka étaient là, prouvant que ce groupe n'avait pas l'intention d'en rester là.

Alors qu'il levait la tête pour regarder la danseuse, un des garçons (Joel) remarqua le manège de Nigel et le suivit des yeux, semblant se demander ce que ce gamin foutait là et s'il l'avait déjà vu quelque part ou pas...

Ellie (13 ans)	Isabella (13 ans)	Maya (15 ans)

Jake (13 ans)	Oscar (15 ans)	Joel (15 ans)

[HRP: Désolé du retard]

Leo s'efforçai de rester professionnel malgré l'ambiance du lieu. Il s'était maintenant habitué à la musique et à la lumière. Il regarda du côté du groupe, tout en dansant, espérant être en rythme. Les deux gardes du corps feignaient l'indifférence mais scrutaient constamment l'intérieur de la boîte de nuit. Il serait embêtant que Kreminski junior se blesse d'une quelconque manière, les représailles risqueraient d'être solides... Les adolescents du groupe étaient plutôt portés sur l'alcool, ce qui n'étaient pas étonnant. Andrei s'était installé tel un petit monarque sur la banquette, deux filles blondes  aux bras. Les garçons avaient entamés des bouteilles de bière et les filles avaient jeté leur dévolu sur des cocktails aux différentes couleurs.

Nigel lui demanda s'il pouvait commander une bouteille. Leo hocha la tête pour montrer son accord et regarda en direction des tables et décida d'intercepter une serveuse. Il constitua la phrase en Russe dans sa tête pour ne pas faire des erreurs simples et prit un ton assuré. Tout en disant cela, le garçon pivota légèrement en direction du groupe d'Andrei

-Il nous faut du champagne.

Il lui semblait avoir été compréhensible. Il posa ensuite son regard sur l'une des bouteilles posée sur une table du groupe quelque secondes avant de reporter son regard sur la serveuse.

La demande formulée par Leo dut être suffisamment compréhensible par la serveuse car cette dernière acquiesça aussitôt de façon servile et partit immédiatement, en faisant onduler de façon provocatrice sa croupe, vers le bar. Il faut dire que l'accent et les intonations du jeune Anglais, probablement confondu avec un des courtisans du jeune Andrei, étaient certainement beaucoup plus audible, et certainement aussi juste grammaticalement, que l'ordre aboyé par l'élocution hésitante d'un poivrot en fin de soirée…

Un plateau sur lequel était disposées une bouteille de champagne et six coupes en équilibre sur la main, la fille légèrement vêtue – la chaleur régnant dans la boite de nuit lui évitait certainement une angine de poitrine, poitrine qu'elle mettait en valeur par un décolleté plongeant quasiment jusqu'au nombril – s'avançait déjà vers eux de sa démarche chaloupée.

La précédant, Nigel et Leo se dirigèrent cette fois, droit vers la table où se trouvait leur cible sous le regard soupçonneux de Joel qui se pencha pour glisser quelques mots à l'oreille d'Andrei. Ce dernier, toujours coincé entre ses deux cavalières, consentit à interrompre quelques secondes ses activités manuelles pour lever les yeux. Une lueur d'intérêt et d'amusement lui parcourut le regard alors qu'il interpellait les agents.

"Avec un tel laissez-passer,", commença-t-il en montrant la bouteille de champagne qui suivait dans leur sillage. "vous devez avoir une bonne raison de venir me voir. J'aime les gens qui ont du cran ! Venez donc vous asseoir…"

Sur un geste du garçon, deux de ses proches se levèrent pour libérer la place et permettre aux Anglais de s'approcher, non sans lancer un regard noir aux deux intrus et un troisième s'empara de la bouteille pour remplir quelques coupes.

"À votre santé donc !", poursuivit le jeune Russe en levant son verre. "Je ne vous avais encore jamais vus dans les environs…"

Le ton était courtois et légèrement interrogatif. Andrei était plus intrigué que méfiant contrairement à son entourage qui manifestait une hostilité envers les nouveaux venus, sans pour autant oser exprimer ouvertement son mécontentement. Se tenant toujours en retrait, l'attitude des gardes du corps n'avait pas changé en apparence mais une certaine tension se faisait sentir.

Leo fut tout de même satisfait de voir qu'il s'était fait comprendre par la serveuse qui s'en alla d'une démarche correspondant tout à fait à l'ambiance du lieu. Sachant qu'il était peut-être vaguement observé par les garçons du groupe, le jeune anglais suivit des yeux les courbes de la fille. Elle revint, avec une tenue très découverte, toujours avec une démarche chaloupée, malgré le plateau en équilibre sur le plat de sa main. Six coupes de champagne -oui, il avait bien réussi à se faire comprendre- étaient posée dessus, avec la bouteille évidemment.

L'adolescent lui emboîta le pas, ainsi que "Nikon" jusqu'à la table du groupe d'Andrei, l'air assuré de quelqu'un sachant ce qu'il fait, son avoir l'air hostile. Si l'entourage du russe ne semblait pas être motivés par l'irruption d'étrangers dans leur groupuscule, le Kremiski ne paraissait pas trop dérangé, même plutôt arrivé. Les deux agents de CHERUB savaient que leur chance de s'intégrer dans le groupe de leur cible ne dépendait que du petit "roi". Le reste du groupe ne se gênerait pas pour leur témoigner de l'hostilité si leur chef ne voulait pas d'eux.

Dans l’instant, la méfiance des autres se faisait sentir, tout comme le regard foudroyant des deux enfants qui leur cédèrent la place. Les gardes du corps n'intervenaient pas pour l'instant, mais l'arrivée de deux jeunes pouvait faire augmenter la tension. Nigel et lui devaient à tout prix montrer qu'ils n'étaient pas dangereux sinon leurs chances de réussir la mission devenaient presque nulles. Andrei commença à parler en russe et Leo procéda par mots-clés pour essayer de comprendre. Ce n'était pas simple, mais il finit par saisir le sens général et répondit à la suite de la première prise de parole de Nigel :

-Faites vous plaisir, ce devrait pas être de la daube.

Il ne devait se la jouer "cool" sinon les autres ne se gêneraient pas pour l'évincer, puisqu'il risquerait autrement d'être une "proie facile". Un petit soulagement en entendant "Nikon" et "Léon". Il n'y avait pas de réelles raisons de s'inquiéter mais l'excitation provoquée par la mission et le lieu pouvait provoquer des erreurs... Il attendit la réaction du groupe et plus précisément celle d'Andrei et des gardes après que Nigel ait parlé.

Andrei s'étant déjà servis, il ne restait sur le plateau que cinq coupes remplies grâce à la bouteille de champagne commandée par Leo. Bien que le jeune caïd ne fît aucun geste pour saisir la main que lui tendait Nigel, son attitude restait relativement amicale, un léger sourire sur le visage.

"Je pense qu'il est inutile que je me présente.", commenta-t-il en s'enfonçant un peu plus confortablement dans la banquette. "Vous ne seriez pas venus directement vers moi si vous ignoriez mon identité."

Désignant les garçons qui se trouvaient juste à proximité, assis dans différents fauteuils, il poursuivit.

"Voila Jake, Oscar et Joel.", les présenta-t-il successivement en omettant de faire la même chose pour les filles blotties contre lui ou même pour ceux qui avaient dû céder leur place.

Joel reposa la bouteille avec laquelle il avait rempli les différentes coupes et, prenant un des verres, adressa un petit salut ironique aux agents. Ses deux camarades l'imitèrent à leur tour sans prendre la parole, attentant les consignes de leur chef.

"Je vous en prie, servez-vous...", dit alors Andrei en montrant les deux dernières coupes. "Et expliquez-moi la raison de votre présence ici et ce que vous attendez de moi."

Tournant la tête vers Leo, il lui demanda.

"Mais nous pouvons également poursuivre cette conversation en anglais si tu parles cette langue...", ajouta-t-il dans la langue de Shakespeare qu'il parlait avec un accent slave assez prononcée mais de façon tout à fait correcte.

Andrei invita deux autres à prendre les coupes restantes, ce que les adolescents firent. Leo remarqua que le jeune russe avaient omis de présenter les filles qui se trouvaient à côté de lui et les enfants qui leur avaient cédé la place. Sûrement que pour le Kremiski, ils n’avaient pas, ou très peu d’importance. Pour l’heure, lui et Nigel lui apportaient un divertissement, donc il s’intéressait à eux. Ou tout du moins, c’était ce que le bleu-marine supposait.

Le brun se disait aussi que le blond n’avait pas forcément beaucoup d’amis. Après tous, les adolescents pouvaient aussi être intéressés simplement par le pouvoir d’Andrei. Leo se demandait si sa cible n’avait pas une psychologie un peu plus profonde que ce qui paraissait dans les premiers abords. En tous cas, une bonne chose avait eu lieu : Son « cousin » et lui n’avaient pas été jetés dehors par les gardes, et Andrei ne les avait pas chassés.

Le Russe lança également une autre phrase dans sa langue, que Leo comprit approximativement. Attendez. Vous. Moi. Cela lui suffisait pour comprendre le sens général de la phrase du slave qui, au bonheur du bleu-marine, commença à parler anglais. Il allait enfin pouvoir s’exprimer pour nouer le contact. Pour une fois, Leo n’avait pas à chercher le sens de la phrase, vu qu’il la comprenait, évidemment. Si l’accent d’Andrei était perceptible, sa phrase était tout à fait correcte grammaticalement parlant. Pour Leo, c’était parfaitement bénéfique. Le jeune fit glisser son regard rapidement sur sa coupe de champagne avant de la remonter pour en avaler une gorgée, tout en croisant brièvement le regard de Nigel. Le plus âgé prit ensuite la parole :

-Je parle anglais. Nous, on a pas envie de se faire chier, ici. On a envie de s’amuser, et c’est grâce à vous qu’on a réussi à rentrer dans la boîte. Et si je pouvais entrer dans une boîte chaque soir, je m’en porterais tout aussi bien. Nikon et moi, on veut être avec des gens cool.

Il attendit une réaction d’Andrei et de son partenaire.

Alors que Leo expliquait les raisons de leur présence dans ce lieu, Andrei lança un regard amusé en direction de Nigel dont le jeune âge et l'allure générale cadrait assez mal avec l'ambiance plus "adulte" de cette boîte de nuit. Il fallait bien avouer qu'un club de striptease n'était pas le premier endroit où chercher des jeunes garçons à peine sortis de l'enfance. Le cas du fils Kremiski était plutôt particulier. Profitant de la notoriété de son père, il pouvait s'encanailler un peu, mais certainement dans des limites assez strictes. Les gardes du corps devaient certainement y veiller et leur rôle ne devait pas se limiter à assurer la sécurité physique du rejeton de la mafia mais également à éviter que celui-ci ne sombre dans certains excès. La consommation d'alcool n'était certainement pas un problème pour un jeune Slave sevré à la vodka mais cela devait être son seul vice visible.

Andrei (de même que ses "amis") ne présentait aucun des symptômes habituellement constatés chez les drogués. De la même manière, s'il s'affichait sans vergogne en compagnie de jolies filles, il ne se permettait aucun geste déplacé et son regard ne se tournait que rarement vers la scène de danse centrale.

"Santé !", répondit-il à l'invitation de Nigel en vidant tranquillement son verre.

Puis, d'un geste naturel, Oscar fit apparaître, comme par magie, une bouteille de vodka glacée et remplit  six verres minuscules dans un même mouvement.

Prenant le shooter, le jeune russe le leva en signe de salut avant de clamer "Na zdarovié" et de le vider d'un trait, sans sourciller, dans un cul-sec typiquement slave, imité aussitôt par ses trois "lieutenants".

Puis, dans un même geste, les quatre garçons lancèrent leur coupe contre le mur derrière eux sous l'œil impassible des gorilles, achevant ainsi le cérémonial. Andrei esquissa ensuite un léger sourire en guettant la réaction des Anglais.

"Et comment envisagez-vous cette soirée alors ?", demanda-t-il. "Salle de jeux ? Alcool ? Drogue ? Filles ? Profitez-en, cette nuit, vous êtes mes invités…"

Joel intervint alors, s'adressant directement à Leo.

"Cousin toi vouloirrr devenirrr homme ce soirrr ?", demanda-t-il dans un anglais approximatif avant de revenir au russe en parlant à Nigel. "Demande et ta nuit peut être inoubliable…"

Par rapport à ce qu'on pourrait penser, Andreï ne paraissait pas trop sanguin dans l'immédiat, et n'avait pas l'air particulièrement drogué. D'un autre côté, ce n'était que le "début" de soirée non? L'ukrainien se servit et avala également du champagne. Leo voulait éviter d'en ingurgiter trop pour ne pas commettre des erreurs stupides et se contenta de soulever légèrement son verre et essaya de ne prendre qu'une gorgée, tout en le gardant un peu plus longtemps à la bouche qu'il n'en avait besoin, pour tromper sur les quantités qu'il était en train de boire. Après tout, l'anglais n'égalait pas -même s'il l'aurait voulu- sa cible sur la matière. Il n'était pas très permis de boire au campus, bien que le brun avait déjà fait quelques écarts, tout récemment à la fête d'anniversaire de Maxence.

Puis, dans une manœuvre sûrement répété et très synchronisée, Andreï et les trois garçons qui étaient les plus proches de lui de manière presque hiérarchique s'emparèrent de minuscules verres de vodka et après une formule que Leo supposait comme étant un équivalent de "santé" en russe, les slaves vidèrent le verre et les jetèrent contre le mur. Impressionné malgré son entraînement, Leo montra de la surprise un instant avant de remarquer l'espèce de sourire du jeune russe. Sa cible avait sûrement remarqué la première réaction de l'agent de CHERUB mais l'espion tenta de changer le plus vite possible son expression par un sourire en coin, dans le même genre que celui du russe.

-C'était bien joué.

Après ce laconique commentaire, Leo prit son verre comme pour signifier que c'était à lui et le fit tourner sans en changer l'inclinaison dans sa main et sans le regarder, d'une manière légèrement désintéressée. Ensuite, Andreï Kemiski demanda aux "intrus" ce qu'ils souhaitaient faire. Après la réponse de Nigel qui avait répondu avec une autre question et heureusement, en Anglais, Leo continua dans cette ligne :

-On veut voir ce qui fait le mieux. Et le plus intéressant aussi.

En espérant que cela ne retombe pas sur la drogue, dont la consommation n’était pas acceptée par CHERUB. Puis, Joël s’adressa à lui. Et la question le déconcerta. Et était-ce demandé à Nigel ou à lui ? Le lieutenant d’Andrei parla ensuite en russe à Nigel, ou Leo ne put comprendre que le mot « nuit ». Dans la langue locale, son co-équipier répondit, et l’anglais ne compris pas tant de choses non plus. « Être » et « soir ». Ayant peu d’informations pour s’en mêler, Leo répondit comme si la première question lui était adressée, bien que le « cousin toi » sans ponctuation apparente pouvait créer aisément un quiproquo.

-Tout dépend avec qui. Les professionnelles, très peu pour moi.


Quelle allait être la réaction et les paroles de Joël et Nigel que Leo n’avait pas eu le temps de deviner ? Car il valait mieux ne pas attendre des heures avant de répondre à une question…

La réaction gênée de Nigel amena un large sourire moqueur sur le visage de Joel qui tourna la tête vers ses complices.

"Notre petit invité semble encore hésitant.", déclara, en russe, le jeune Slave, parlant d'une voix rapide. "Il faut l'aider à vaincre sa timidité et lui faire découvrir tous les plaisirs de la vie…"

À ces paroles, prononcées bien trop rapidement pour que Leo ne puisse en saisir le sens, Oscar et Maya éclatèrent de rire, tandis qu'Andrei restait impassible, une lueur amusée naissant cependant dans son regard.

"Pas prrrofessionnelles !", reprit le garçon dans son anglais approximatif, s'adressant cette fois à Leo. "Elles, êtrrre femmes pas… euh… pas corrrrectes. Non… Toi et cousin toi pouvoirrr fairrrre avec jeunes filles. Mais avant, boirrre !"

Joignant le geste à la parole, Joel remplit quatre nouveaux shooters que les jeunes Ukrainiens saisirent d'un même mouvement. Invitant les deux Anglais à faire de même avec leur verre encore plein, ils le vidèrent d'un trait, s'abstenant cette fois de fracasser les verres contre le mur.

Si les jeunes Slaves paraissaient toujours en pleine possession de leurs moyens, les regards un peu plus brillants d'Andrei et de Jake semblaient indiquer que l'alcool commençait à faire son travail. Se redressant, Joel adressa une tape amicale sur l'épaule de Nigel en l'invitant à venir avec lui.

"Allez, vide ton verre et suis-moi.", le commanda-t-il, parlant russe de nouveau. "Tu ne le regretteras pas, je te le garantis…"

Riant sous cape, Oscar, Maya et deux autres filles de la bande s'avancèrent à leur tour pour escorter le jeune agent vers un endroit inconnu.

Toujours affalé dans son fauteuil, Andrei laissait faire, paraissant même trouver un certain amusement devant l'embarra grandissant de Nigel. Observant du coin de l'œil Leo, il surveillait la réaction de l'aîné des deux garçons face à son verre de vodka. Profitant des départs de Joel et d'Oskar, Ellie et Isabella s'assirent aussitôt, encadrant de façon très proche le chef de leur petite bande.

Ce dernier s'était contenté d'écarter les bras pour leur permettre de retrouver leurs place puis, d'un petit signe de la main, il stoppa net Jake qui, croyant surement bien faire, s'apprêtait, d'un geste un peu moins assuré toutefois, à remplir de nouveau les shooters.

"Laissons ton cousin s'amuser un peu.", dit-il à Leo, dans son anglais teinté d'accent slave. "Mes amis vont s'occuper de lui."

À ce moment, Ellie adressa quelques mots dans l'oreille d'Andrei qui opina légèrement de la tête avant de reprendre.

"Mon amie me dit qu'on s'ennuie ici et propose qu'on poursuive ailleurs.", expliqua-t'il, toujours en anglais. "Tu restes avec nous ? On va aller chez moi et ton cousin nous rejoindra plus tard…"

Joël commença une phrase trop vite pour que Leo puisse comprendre ne serait-ce qu'un seul mot. Le jeune russe semblait être amusant dans ses propos puisque le regard d'Andrei fut un peu amusé et que de de ses comparses esclaffèrent. Aux dépends de qui? Sûrement de l'un des deux agents de CHERUB. La plupart des adolescents se moquaient de leur camarades, ou membres de leur entourage, et il devenait rare de voir quelqu'un rire tout simplement d'une bonne blague. Ou en tout cas, pas, dans un groupe tel que celui du jeune Kremiski.

Ensuite, Leo appris que "cousin toi" désignait Nigel. L'idée de passer la nuit avec une fille ne le tentait pas pour sa part, ce qui faisait qu'il ferait mieux de terminer la mission avant que cela ne le lui soit proposé... Lorsque le jeune russe proposa de boire à nouveau, Leo porta son verre à ses lèvres et avala la moitié du liquide. Et se dit que tout de même, CHERUB pourrait entraîner ses agents à ce genre de situation. Il interrompit sa descente pour s'adresser à Joël :

-Et toi, tu es un homme?

La tape amicale de Joël sur l'épaule de Nigel, alias Nikon était rassurante pour la suite de la mission, ou en tout cas, n'était pas hostile contrairement à la situation de départ. Oscar, Maya et deux filles parurent se prêter au jeu, et à la phrase de Nigel, Leo comprit que son camarade de mission serait emmené quelque part, et la phrase d'Andrei permis au jeune anglais de confirmer son intuition.

Ellie glissa quelques mots à Andrei, qui opina du chef. A sa phrase, Leo savait évidemment ce qu'il allait répondre. Il termina son verre, en sentant une certaine brûlure descendre le long de son œsophage avant de lui répondre d'un ton enthousiaste et assuré :

-Je viens avec vous. Tu as prévu de retrouver d'autres personnes en route?demanda l'anglais directement à Andrei. Il se leva ensuite.

Bien entouré, le jeune Nigel se laissa entraîné par le petit groupe qui venait de le prendre en charge. Sa démarche semblait exagérée, fruit de sa volonté de faire le clown pour masquer sa gêne mais également de contrer les effets de l'alcool qui embrumaient quelque peu sa capacité de réflexion. Maya s'était rapprochée du jeune acrobate et, mine de rien, s'était collé contre lui. Les deux garçons, Joël et Oscar échangeaient des regards amusés devant l'attitude bravache du gamin et marchaient devant, ayant négligemment passé le bras autour de la taille des deux autres filles qui avaient sensiblement leur âge.

Empruntant un couloir sombre, la bande parvint devant une porte fermée. Se détachant de Nigel, Maya lui fit un baiser léger dans le cou.

"Laisse-moi cinq minutes et rejoins-moi, mon lapin...", murmura-t-elle à l'oreille du Casanova malgré lui, en ponctuant sa phrase par une petite caresse sur la fesse du garçon.

Alors que la jeune fille entrait dans la pièce, Joel fit un clin d'oeil à l'agent.

"Tu as de la chance...", commenta-t-il en russe, jouant à l'habitué. "Maya n'est pas aussi entreprenante d'habitude. Tu lui plais vraiment..."

Rougissant, Nigel, alias Nikon pour ses nouveaux "amis", entra à son tour, une fois le délai écoulé. Il pénétra dans une grande pièce plongée dans l'obscurité. Contre le mur opposé, à quatre ou cinq mètres de lui, il pouvait distinguer la forme d'un vaste lit, sur lequel une silhouette indistincte était allongée.

"Allons, ne sois pas timide.", chuchota la voix provenant du lit. "Déshabille-toi et viens me rejoindre..."

Pendant ce temps, Leo était resté en compagnie d'Andrei. Devant l'acceptation de l'Anglais à continuer la soirée en leur compagnie, le garçon se leva aussitôt, désireux apparemment de plaire à Ellie qui s'ennuyait dans la boite de nuit.

"Rien n'est vraiment prévu.", répondit-il en se dirigeant vers la sortie. "Mais les choses, ici, peuvent laisser une part de surprise. Prenons la vie comme elle vient..."

Avec cette part de fatalisme tout slave, le fils d'un des hommes les plus influents d'Odessa entraîna le reste de son groupe. Il ne semblait pas se ressentir des effets de l'alcool à l'inverse du jeune Jake qui devait visiblement faire de gros efforts de concentration pour rester à leur niveau. Les rues étaient quasiment désertes à cette heure de la nuit et les rares noctambules s'écartaient rapidement sur leur passage. Progressivement, les membres du groupe s'éclipsaient les uns après les autres et il ne resta bientôt, entourant Andrei et Leo que Jake, Ellie et Isabella, toujours escortés par les indispensables gardes du corps.

Après une vingtaine de minutes de marche qui eut le mérite de dissiper partiellement l'alcool qui embrumait encore les cerveaux des adolescents, ceux-ci parvinrent devant une vaste maison à 2 étages. Des caméras de surveillance étaient nettement visibles, ne laissant que peu d'angles morts dans l'approche de l'hôtel particulier. Le service de sécurité devait être particulièrement vigilant car la porte s'ouvrit aussitôt à l'arrivée de la bande sans qu'Andrei n'ait besoin de signaler sa présence.

Entrant dans le hall, les jeunes envahirent la pièce et, dédaignant l'escalier menant aux étages, s'engouffrèrent dans un passage les conduisant au sous-sol. Suivant le mouvement, Leo remarqua que les hommes de main avaient disparu, leur travail s'achevant dès lors que le fils Kremiski était chez lui.

"Évite de trop faire de bruit.", conseilla le jeune Russe, parlant anglais par égard envers son invité. "Mon père travaille tard généralement et il n'aime pas être dérangé..."

La pièce paraissait avoir été aménagée comme un refuge pour le garçon. Plusieurs coussins confortables jonchaient le sol. Un gigantesque écran de télévision (encore plus grand que ceux équipant les chambres du Campus) occupait un mur, une console de jeu posée dessous. Sortant des verres d'un placard, Jake les posa devant eux, tandis qu'Andrei attrapaient quelques bières dans le frigo. À croire que la consommation d'alcool était le soucis principal de ces jeunes Slaves...

Les adolescents s'affalèrent dans les cousins et Andrei attaqua aussitôt.

"On peut passer la nuit à se saouler.", commenta-t-il. "Ou alors, tu me dis la vraie raison de ta présence, ici... Agis-tu pour ton compte ou es-tu envoyé par quelqu'un qui veut approcher le paternel ?"

Le regard du garçon était un peu triste et désabusé. Visiblement, ce n'était pas la première fois qu'il pensait faire face à une manoeuvre ne visant qu'à l'utiliser pour contacter le tout puissant Igor Kremiski.