Chambre de Zachary

Ce matin là, la luminosité était faible dans la chambre. Les volets entrouverts laissaient passer un rayon de soleil étouffé qui parvenait néanmoins à rendre visible l'ensemble de formes et couleurs qui composaient la décoration de la pièce. Quelques petits flashs provenaient de l'écran plat attaché au mur et éclairaient à intervalles irréguliers la pièce, agrémentés parfois de quelques bruits d'arme à feu. Quelques habits de la veille traînaient en boule dans un coin de la pièce et une serviette avait séché durant la nuit sur la chaise de son bureau.

La fenêtre grande ouverte, Zachary était en position mi-allongée mi-couchée, appuyé contre ses oreillers. Seulement vêtu d'un caleçon, la couette remontait jusqu'à son nombril. Le regard bien réveillé, l'adolescent suivait avec attention l'action qui se déroulait à l'écran. C'était dans ce genre de moment qu'il vénérait les manettes sans fil qui permettaient d'allumer à distance la console en jouant le rôle de télécommande, puis de jouer dans la position décidée par le joueur sans aucune gêne de distance ou de cable dans lequel se prendre les pieds.

Le requin devait déjà être réveillé depuis une bonne heure et demie. Et comme après tout, c'était dimanche, autant profiter d'une journée libre pour se réveiller en douceur. Il aurait tout le temps nécessaire plus tard pour aller faire quelques brasses et courir un peu, voire étudier s'il trouvait le courage nécessaire pour. Mais pour ce dernier, ce serait vraiment s'il avait le temps. Beaucoup de temps.

Son ventre gargouillait à peine depuis quelques minutes, mais la sensation de faim ne le gênait pas vraiment pour le moment. Du moins pas au point de lâcher sa partie en cours pour filer droit sur le réfectoire.

Tranquillement à sa partie, Zachary faillit sursauter lorsqu'on tambourina comme un possédé à sa porte. Evidemment, il pensa à ce faux frère de Maxence qui n'aurait eut aucun soucis à le réveiller d'une façon violente, juste pour rire, de bon matin (passé de quelques heures). Mais la voix qui accompagna la destruction progressive de la porte à coups de poing laissait entendre que c'était plutôt Lindsey. Il ignorait qu'elle était rentrée de sa mission.

" Bordel... " marmonna-t-il entre ses dents alors qu'il se faisait dégommer dans son jeu.

" Ouai, attends deux secondes, je finis ma partie là, mais rentre ! "

Il était bien content de la savoir revenue en un seul morceau. Lindsey était le genre de fille sympa. Pas forcément garçon manqué, mais le genre avec qui on se marrait bien, avec qui on pouvait se chambrer sans avoir d'arrière pensée, ou passer simplement des moments plus calmes à papoter devant un jeu. Une sorte de Maxence au féminin en fait. Sauf qu'elle, on comprenait ce qu'elle racontait. Et c'était pas toujours pour le meilleur vu comme elle savait parfois se montrer agaçante.

Mais ce qu'elle était devenue, il était sûr que c'était en partie à cause de lui. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble et elle l'avait probablement un peu copié. Il ne savait pas trop pourquoi il avait flashé sur elle la première fois. Elle avait l'air super paumée. Mais pas forcément plus que d'autres nouveaux. Peut être l'envie de partager les connaissances qu'il venait d'acquérir ou plus probablement celle d'avoir une petite soeur...

A l'époque il était tout jeune t-shirt gris. Il venait de passer son PEI. Il ne savait pas vraiment si c'était plus pour elle ou pour lui au tout début qu'il était venu la voir et qu'il l'avait soutenue pour qu'elle réussisse le sien.

" Putain mais rentre ! " relança-t-il la fille qui tambourinait encore comme une furie. Rien n'était plus dangereux qu'un demi-bout de fille excité et le ventre vide, paroles de connaisseur !

" Casse-couilles... " marmonna-t-il en souriant un peu. A taper si fort à la porte, elle n'avait même pas dû entendre sa première réponse. Bécasse !

A peine rentrée et elle trouvait déjà une façon de l'enquiquiner. Il était en train de faire une super série de kills qui lui rapportaient un max d'XPs, et c'était le moment qu'elle choisissait de toute la journée pour débarquer ! C'était pas une fille pour rien.

Les yeux étaient toujours rivés sur l'écran. Le requin ne voulait pas se faire tuer en plein jeu. Le problème des parties en ligne, c'est qu'on ne pouvait pas mettre en pause...

Style il l'avait pas entendu ? Parce que c'était possible ça, de pas l'entendre ? La moitié du bâtiment devait l'avoir en plein dans les oreilles, et pour peu que certains aient voulu profiter de leur dimanche pour ronfler jusqu'à pas d'heures, elle venait de se faire un sacré lot groupé d'ennemis en quelques minutes !

Sans regarder la porte, il entendit Lindsey tenter de l'ouvrir, d'après le bruit de la poignet. Sauf qu'évidemment, quelque chose n'allait pas, pour bien continuer à l'énerver ! Le verrou avait été mis. Il avait l'habitude de le retirer dès qu'il se levait le matin. Mais encore fallait-il justement se lever. Poussant un soupir excédé par la situation, Zachary entendit la jeune fille le supplier de venir lui ouvrir.

Un large sourire lui étira les lèvres, passant de l'énervement à l'amusement en songeant à la jeune fille désespérée qui était devant sa porte. Et en plus elle en rajoutait en se moquant de lui. Comme si elle avait pas entendu sa dernière insulte, qui lui était destinée d'ailleurs. En mode campeur dans son jeu car un peu trop en stress pour jouer normalement, l'agent répéta :

" Je te traitais de casse-couilles. Mais je t'aime hein. " précisa-t-il un peu narquois pour ennuyer Lindsey.

Un nouveau sourire plus tard, il fit relever son bonhomme de sa cachette et soudainement :

BAM. HEADSHOOOOT.

" NaoOoOooOOn. AHaaaaarg. " lança-t-il désespéré en laissant tomber sa tête en arrière, tel un loup hurlant à la lune.

Saleté ! Son échec, il ne le devait qu'à Lindsey, c'était évident ! Un peu plus et il aurait versé une larme en imaginant la quantité d'XPs qui venaient de s'envoler. Certes, il ne les avait pas encore gagné, et il en avait acquis déjà pas mal, mais l'obsession d'en vouloir toujours plus était bien tenace.

A présent, c'était probablement le meilleur moment pour ouvrir la porte à l'agaçante gamine. Elle allait juste l'égorger s'il prenait le temps (juste quelques petites minutes) de terminer sa partie. Le pire c'est qu'elle le menaçait ! Si elle éteignait la console, ça annulerait même les XPs gagnés durant la partie ! Hors de question !

" Si tu fais ça, je coupe les cheveux de tes barbies. " n'hésita pas à répondre le garçon qui n'avait aucune idée d'ailleurs si elle en avait encore.

Posant rapidement la manette, Zack poussa le drap et fonça sur la porte pour la déverrouiller et ouvrit, toujours en caleçon. Un sourire au visage en la voyant avec une seule petite égratignure, il lui ébouriffa les cheveux et lui lança, faussement en colère :

" T'es vraiment qu'une chieuse, doublée d'une emmerdeuse, triplée d'une casse-couilles pète-burnes ! "

Zachary l'imaginait avoir passé quelques longues minutes à se coiffer avant de venir, le tout réduit à néant. Satisfait de la voir ne plus ressembler à rien, il retourna rapidement sur son lit sur lequel il s'assit en tailleur pour terminer les dernières minutes de jeu. Son équipe menait de peu, elle avait besoin de lui !

Zachary venait de réussir à blaser Lindsey en la décoiffant. Elle avait évidemment fait un peu la moue en subissant l'assaut de la main dans sa chevelure soignée, mais c'était une bien petite vengeance en comparaison de ce qu'elle venait de lui faire perdre en terme d'Xps !

Alors qu'il retournait à sa partie, la jeune fille se décida à rentrer et s'assit à côté de lui. Pendant un instant, il pensa qu'elle allait l'admirer gagner la partie (presque comme d'habitude), mais en réalité, elle semblait avoir bien d'autres plans en tête. Etait-ce de la rancune ? Elle essayait d'appuyer n'importe où sur sa manette avec une voix faussement innocente. C'était tellement flagrant que la volonté de continuer à le taquiner était bien palpable.

" Ta ta ta, laisse ça aux grands, petite fille. " répondit Zack en éloignant la manette de l'insupportable créature à ses côtés.

Il ne restait plus que quelques secondes à jouer. Il allait bien finir avec panache quand même ! Jetant un coup d'oeil rapide à Lindsey, le garçon remarqua qu'elle se retenait de rire au point d'en rougir. Son regard joueur ne laissait aucun doute quant aux prochaines minutes avec lui : elle voulait tout faire pour l'enquiquiner.

" Ha tu veux rire ? " menaça soudainement Zachary en jetant sa manette sur son oreiller.

" Tu vas voir ! " annonça-t-il comme une mise en garde alors qu'il se jetait sur elle pour commencer à la chatouiller.

Avec quelques précautions, il la saisit aux aisselles et l'allongea sur le lit avant de s'attaquer à ses côtes en riant. Chahuter un peu de bon matin était agréable. Il ne comptait pas utiliser sa force pour la bloquer mais au contraire la laisser l'arrêter rapidement.

Se laissant maîtriser, il calma les pressions de ses bras en souriant et l'observa sans dire un mot.

" Qu'est-ce que tu t'es fait à la joue ? Ca te fait mal ? "

A croire que le jeu vidéo terminé, Zachary devenait un grand frère exemplaire et attentif. Ou au moins attentif.

" Je suis content que t'aies rien. " lui avoua-t-il.

Pas qu'il se soit fait un sang d'encre, sa mission n'avait rien de très compliqué pour ce qu'il en savait, mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait se passer.

Un accident de voiture. Rien que ça. Reprenant le ton de la plaisanterie, il indiqua :

" Tes pieds touchent pas les pédales, tu sais bien... "

Cet accident l'intriguait quand même. Il ne doutait pas qu'il aurait de nouvelles informations dans les secondes à venir, et pourtant Lindsey commençait à prendre une série de moues gênées, comme si elle comptait lâcher un bon morceau. Est-ce qu'elle avait fait une grosse bêtise ? Est-ce qu'il s'était passé quelque chose pendant sa mission ? Une vague lueur inquiète traversa le visage du requin.

Les premières paroles arrivèrent. Quelque chose de non prévu. Est-ce que leurs retrouvailles et la tranquillité de la chambre était plus propice à certaines confidences ? Lindsey s'était trouvée un copain ? Quoiqu'en mission aussi rapide que la sienne, elle aurait dû faire vite. Mais il ne doutait pas qu'elle devait avoir son petit succès auprès des garçons de son âge.

La seconde phrase fut prononcée. Se trouver un copine ?! Un peu plus, et le joli coeur se serait retrouvé outré. Comment ça, il devrait se trouver une copine ? C'était déjà son but de presque tous les jours. Il n'allait pas draguer la minette à longueur de journée non plus, mais il jouait (quand il le pouvait) de son charisme auprès de certaines filles. Et pourquoi c'était elle qui lui disait ça ? Qu'est-ce qu'elle y connaissait du haut de ses 11 ans ?

Il eut à peine le temps d'être surpris par ces mots qu'elle enchaîna tout de suite, le coupant dans ses pensées. L'allonger sur le lit alors qu'il était en caleçon ? Elle le voyait qu'en grand frère ? C'était une évidence. Pourquoi le préciser ? La dernière phrase ne fut pas saisie comme une touche d'humour, mais comme une réelle précision de sa pensée.

" ... "

Sur le coup, ça traduisait le mélange dans la tête du garçon. Tentant encore de remettre les choses en ordre, il demanda :

" Tu... crois que je te drague là ? C'est toi qu'est venue. Et c'est toi qui me tient là. " fit-il remarquer d'un ton calme, comme si ça pouvait renverser le situation sur qui draguait qui.

" Puis tu crois quoi ? Que tout ce que je fais avec toi, c'est pour sortir avec toi ? " demanda-t-il pour essayer d'évaluer jusqu'où pouvait aller la soudaine paranoïa amoureuse de la jeune fille.

La phrase avait peut être était dite avec une pointe d'énervement, mais elle traduisait bien toute la peine qu'il éprouvait à recevoir de telles accusations. Est-ce qu'il était un tombeur au point qu'on puisse penser que tout ce qu'il entreprenait n'avait constamment qu'un pur but séducteur ?

Zachary se défit doucement des bras de Lindsey et se releva.

" Je comptais pas te violer. " jugea-t-il utile de préciser face aux accusations dont il avait la sensation d'être la cible.

" J'ai jamais rien fait avec toi avec des arrières pensées. Et c'est pas parce qu'aujourd'hui exceptionnellement on fait les cons sur mon lit et que ça s'est passé sans que je me sois fringué que ça change quoique ce soit. "

Il ramassa un treillis de la veille et l'enfila. Si de le voir en caleçon la gênait tant que ça, y'avait qu'à le dire. Mais de là à croire qu'il était assez perfide pour essayer de profiter de la situation l'air de rien était assez insultant. Surtout de sa part à elle.

" Je te vois aussi comme une petite soeur. Et je te ferai remarquer qu'on s'est déjà vu en maillot de bain." rajouta-t-il en bouclant sa ceinture afin de mettre en évidence qu'ils avaient tous les deux étaient bien plus dénudés que ça dans d'autres circonstances.

Le garçon sentait la colère monter en lui. Pas nécessairement contre Lindsey, et c'était bien là le pire. Zachary cherchait dans ses actions, hormis celle des chatouilles sur le lit qui était fortuite, ce qui pouvait faire croire qu'il cherchait à aller plus loin avec elle. Mais c'était aussi un peu de tristesse qui se mêlait davantage à la colère, bien qu'il tentait de la cacher.

Lui qui se disait que tout était toujours simple avec Maxence et Lindsey, c'était pour l'occasion un contre-exemple. Avec le premier, ils n'auraient au moins pas cette ambiguité à se retrouver à moitié à poils ensemble. Ca ne serait venu à l'esprit ni de l'un, ni de l'autre. Une partie des gays du Campus étaient d'ailleurs assez connus et dans certains cas évités lorsqu'il fallait se retrouver nu. Question de principe clairement machiste auquel l'adolescent adhérait.

Jusque là, Zachary s'était amusé avec Lindsey sans jamais avoir à songer à ce genre de relation avec elle. Mais le fait que les deux grandissent était évidemment contre eux et qu'ils en soient à se poser ce genre de question prouvait que l'époque des jeux innocents était finie. Tout compte fait, c'était peut être bien cela, le plus triste...

La jeune sentait parfaitement qu’elle l’avait vexé au plus haut point… On pouvait constater sans peine une certaine tristesse transparaître derrière l’énervement soudain qu’il voulait bien lui montrer.
Lindsey eut peur d’avoir brisé le lien fraternel qui les reliait tous deux, et pensa sincèrement qu’elle venait sans aucun doute de commettre l’une des gourdes les plus phénoménales de sa jeune existence.
Certes, elle avait clairement exprimé sans détour le fond de sa pensée, mais désormais, elle s’en voulait de l’avoir fait aussi crûment.
De peur de le perdre ainsi, elle décida d’expliquer ce qui motivait ses paroles, avant d’essayer d’arranger les choses.
Elle s’en voudrait toute sa vie si tel n’était plus le cas…

Tu sais, j’ai dit ça parce qu’imagine… Quelqu’un rentre et nous voit comme ça, toi en caleçon et tout, sur un lit… J’ai pas envi que de fausses rumeurs se répandent sur le Campus…
Jsuis vraiment désolée, et je veux plus qu’on reparle hein? T’es d’accord?

La jeune irlandaise était chagrinée, presque au bord des larmes même. Pour qu’un peu Zachary l’envoya balader pour lui signaler que tout était fini entre eux… Qu’elle avait douté de lui et qu’il ne la pardonnerait jamais…
Rien qu’à cette pensée, un nœud dût au stress se forma au niveau de son estomac.

Se forçant à sourire, elle lui prit le bras avec douceur, l’entraînant en direction du couloir.

N’en parlons plus et allons manger… Je suis affamée, pas toi? J’ai rien mangé depuis que je suis rentrée de mission hier soir. En plus je suis sûre de t’avoir entendu gargouiller tout à l’heure!!

C’était la première fois depuis quatre ans qu’ils se disputaient de la sorte et remettaient leur amitié en question… Lindsey espérait franchement que le garçon ne lui en tiendrait pas rigueur et qu’à l’avenir, ce genre de conflit n’arriverait plus jamais…
Il était son grand frère après tout, il devait lui pardonner… Par fraternité, par amour pour elle...

[HRP Désolé de la longueur du post, mais c'est les vacances, je n'ai pas trop de temps pour répondre en ce moment! ]

Finissant d'avoir enfilé son pantalon, Zachary jeta un regard sur Lindsey pour voir à quel point ses paroles pouvaient la toucher. Purement par rancune, il espérait que ce serait aussi fortement que les siennes l'avaient touché lui. Immédiatement, elle tenta de se justifier en parlant des rumeurs, si quelqu'un rentrait comme par hasard d'un coup dans sa chambre, là, maintenant, tout de suite.

Le seul capable de faire ça, c'était Maxence. Et encore, son camarade bien que parfois tête en l'air, respectait tout de même un minimum son intimité pour frapper avant d'entrer pour s'annoncer.

" T'as 11 ans Lindsey... " tenta-t-il de lui faire remarquer à demie-voix en continuant à l'écouter.

Etait-il tellement un prédateur aux yeux de certains qu'il serait capable de leur faire croire qu'il tapait de plus en plus jeune pour se laisser une chance de quoique ce soit ? En général, le sexe intéressait davantage les filles un peu plus âgées que les hormones n'épargnaient pas plus que celles des garçons. Si Zachary avait voulu s'attirer les faveurs sexuelles d'une autre adolescente, il ne serait pas allé voir du côté de Lindsey qui commençait tout juste à prendre un semblant de forme et devait être bien loin des préoccupations reproductives de ses ainés.

Il essaya de se convaincre ensuite qu'il se foutait des rumeurs, ce qui était en réalité faux. Sa construction identitaire se bâtissait au fil du temps, mais les rumeurs avaient surtout tendance à détruire ou au moins à fragiliser. Il imagina une seconde que Lindsey puisse souffrir à ce point si on racontait des choses sur eux. Le garçon n'avait pas pensé que ça la chagrinerait autant. Mais avec lui, c'était quand même moins pire qu'avec un autre. Etant donnée la fréquence avec laquelle ils traînaient ensembles, des rumeurs devaient peut être déjà circuler. Il n'en savait rien du tout. En tout cas, rien qui ne les fit souffrir à l'heue actuelle.

La petite soeur tentait de balayer ce début de discussion houleux, espérant tout effacer et faire comme si rien ne s'était passé. Mais tout ignorer serait au contraire hypocrite et rien ne serait réellement réglé, sans parler du fait qu'il ne saurait plus comment se comporter envers elle à présent, sans se demander si ses gestes ou paroles étaient ambigües.

Zachary eut à peine le temps d'enfiler un t-shirt bleu marine que Lindsey l'entraînait doucement en tentant de changer de sujet de façon assez peu discrète. Mais le garçon ne pouvait pas s'arrêter avec autant de doutes en têtes. Deux éléments ne collaient pas dans sa justification. Retenant à son tour délicatement la fille, l'agent demanda d'une voix à présent uniquement triste :

" Mais pourquoi tu as dit que je devais me trouver une copine alors ? Et pourquoi tu parlais de tomber enceinte ? C'est pas qu'une histoire de rumeur... Tu pensais vraiment que je voulais te faire des trucs... " fit-il remarquer, conscient qu'il y avait un autre soucis.

Lindsey avait beau avoir expliqué que c'était un problème de rumeurs, elle semblait en réalité largement plus orientée vers l'idée qu'il essayait de la draguer pour faire des trucs avec elle. Dans le fond, elle devait penser que se trouver une copine lui permettrait d'orienter ses "pulsions sexuelles" sur quelqu'un d'autre qu'elle-même, qui ne voulait pas tomber enceinte. Comme si ce n'était pas de le faire qui la gênait, mais juste de tomber enceinte... Tout était tellement flou soudainement.

Les sourcils légèrement froncés, il la regarda dans les yeux et rajouta :

" Je veux juste comprendre... "

Le ton était peut être plus implorant qu'il n'aurait voulu le laisser paraître.

Il aurait aimé pouvoir oublier comme elle venait de le lui demander, et juste la serrer dans ses bras quelque secondes pour se rassurer, sans avoir à se demander ce que cacherait cette étreinte d'autre que de la simple affection, dont chaque agent du Campus devait malgré tout manquer davantage qu'ils ne l'avouaient. Dans le fond, l'histoire de chacun démarrait par une série de drames les arrachant à leurs deux parents. Les plus jeunes avaient au moins l'avantage de ne pas se poser de questions lors d'un câlin. En grandissant, tout devenait plus compliqué et plus ambigu.

Zachary ne s'était pas attendu à ce que Lindsey hausse soudainement le ton. La conversation semblait l'agacer au plus haut point. C'était un peu gonflé. Elle lançait un pavé dans la marre et se plaignait des vagues créées. A quoi elle s'attendait au juste ?

" Ca fait que t'es un peu jeune pour que je veuille faire des trucs avec toi. " et qu'il ne savait pas si on pouvait vraiment tomber enceinte à cet âge là, aussi. Mais il s'abstint d'en faire part à la petite furie.

Ensuite, elle annonça que l'histoire tomber enceinte, c'était pour plaisanter. Du coup, il était difficile de déterminer qu'est-ce qui était sérieux dans le reste de la conversation ou non. Ce que c'était compliqué les filles, à toujours parler à demi-mot en laissant deviner aux autres ce qu'elles avaient en tête. Sauf qu'évidemment, personne ne comprenait jamais et que ça créait les pires incompréhensions et enguelades. Pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué ? Au moins, entre garçons, ça se crachait au visage et tout le monde était fixé !

L'instant suivant, Lindsey se dirigea vers la fenêtre et s'y accouda, dos à lui. Elle regardait au loin en éludant la question comme un écho aux pensées précédentes du garçon. "Tu sais comment sont les filles". Comme si ça répondait à tout... C'était une excuse facile pour justifier tout et n'importe quoi ça. Zachary soupira. Il comprenait pas mieux pourquoi elle avait ce sentiment ambigu entre eux. L'espace d'une seconde, il se demanda si c'était pas plutôt elle qui l'aimait lui, d'où la volonté de vouloir qu'il se trouve une copine pour qu'elle n'ait plus à se dire que c'était possible. Evidemment, cette idée lui trottait en tête, mais il préférait éviter que ça soit le cas. Il ne saurait pour le coup pas quoi faire sans lui donner de faux espoirs. A moins que ça n'ait rien à voir et qu'il se fourvoie sur toute la ligne.

Le garçon s'assit à son lit après voir pris des chaussettes et ramassa ses rangers qui trainaient pour enfiler le tout. S'ils comptaient allaient manger ensuite, il valait peut être mieux avoir quelque chose aux pieds... Zack entendait à peine Lindsey marmonner quelque chose. Le léger rythme qu'il parvenait à percevoir le laissait penser qu'elle chantonnait quelque chose. Il ne savait pas trop, et préféra terminer de lasser ses chaussures pour fuir le problème immédiat pendant quelques secondes.

Finalement chaussé, il se releva, tourné vers la petite soeur. Il attendait la suite. Il ne savait plus quoi dire, de peur de l'énerver davantage sans comprendre quoique ce soit. La séparation totale ne lui traversait pas l'esprit pour l'instant. Dans le fond, ils n'avaient rien fait qui justifierait qu'ils ne veuillent plus du tout se voir.

Et puis elle se retourna. Le portrait qu'il vit d'elle lui fendit le coeur. Elle semblait presque effondrée. Les jeunes avaient tendance à pleurer pour n'importe quoi, mais son visage était différent. Elle avait les yeux brillants de larmes sans qu'aucune ne coule. Le coeur serré, il hésita à la façon d'agir. Il l'aurait bien prise contre lui pour lui montrer que rien ne changeait si elle ne voulait pas que ça change. Mais il ne voulait pas faire encore une bêtise qui ferait qu'elle le repousserait. Le rejet l'effrayait assez dans cette situation pleine d'incompréhension. Zachary se sentit presque les larmes monter également devant la tristesse affichée. Il se retint néanmoins par pudeur de quoique ce soit qui puisse trop le faire voir, d'autant qu'elle l'observait.

Puis sans crier gare, elle s'avança vers lui et l'enlaça. Une vague de soulagement traversa l'agent, comprenant qu'elle ne le rejetait pas pour une raison ou une autre. Sans se faire prier longtemps, il lui rendit son étreinte sans aucune gêne. Il se confia d'un murmure en espérant qu'il ne dirait pas un mot de travers :

" Je veux juste te protéger et que tu ailles bien. "

Il profitait de l'étreinte sans relâcher sa prise. Le garçon n'avait pas spécialement envie de se détacher d'elle pour l'instant. Il craignait de ne plus avoir d'autres occasions d'effectuer ce genre de gestes envers elle à l'avenir. Alors il fallait profiter de chaque seconde.

Réfectoire

Sans vraiment se soucier de savoir si on l'avait suivi, Maxence était parti avec la certitude qu'il allait trouver Zachary encore au lit et avec la volonté très forte de lui signifier tout le "bien" qu'il pensait d'une telle attitude à une heure aussi avancée de la matinée. Dédaignant l’ascenseur, il s'était précipité par les escaliers pour atteindre rapidement l'étage où se trouvait la chambre du jeune Anglais.

Après avoir marqué une courte hésitation à la porte (après tout, si elle était verrouillée, la crocheter ne prendrait que quelques secondes), le gamin l'avait ouverte doucement, sans frapper pour une fois, histoire de surprendre son ami et de le réveiller avec une charge aussi soudaine que sonore.

Mais là, oh surprise, voila que le t-shirt bleu marine n'était pas seul. Lindsey était déjà dans la place et en profitait pour se faire câliner un peu dans les bras de son "grand frère". La fillette était donc déjà rentrée de sa mission ? À moins que Maxence ne se soit trompé en pensant qu'elle venait de s'absenter. En tout cas, il était très agréable de trouver ses deux complices habituels de mauvais coups rassemblés en même temps au même endroit. Riant sous cape, le Québécois profita de "l'occupation" des deux "tourtereaux" pour entrer silencieusement dans la chambre. Il s'avança doucement dans leur dos avant de s'exclamer d'un ton faussement indigné.

"Envoye donc, c'est du propre, les amoureux...", cria-t-il avec sa discrétion habituelle. "Z'allez pas jouer aux fesses quand même ? J'aurais su, j'aurais porté des rubbers..."

Un grand éclat de rire vint interrompre sa tirade alors qu'il s'avancer pour envoyer une bourrade amicale aux deux agents.

"Allo Lindsey, allo Zach.", les salua-t-il enfin. "Vous zigonnez quoi, astheure ? Alors qu'Galarneau attend qu'vous pour s'lever."

La tenue encore humide du jeune sportif et ses cheveux plaqués témoignaient en effet que la météo n'était pas au beau fixe à l'extérieur. Enfin, il fallait encore déterminer la part qui incombait à la pluie et celle due à la transpiration dans l'état de "chien mouillé" de Maxence mais cela était le cadet des soucis du gamin.

"T'étais-tu pas en mission, Lindsey ?", demanda-t-il brusquement, passant, comme à son habitude du coq à l'âne sans transition. "T'as pas bizouné pour retondir si vite..."

James était parti à la suite de Maxence. Il le suivait, mais il avait préféré l'ascenseur au escalier. Espérant arriver plus vite en haut, mais l'ascenseur prenant du temps à arriver, il choisit les escaliers. Arriver en haut tout essoufflé après avoir couru dans les escaliers, il vit la porte de Zachary ouverte. Il espérait que Maxence l'avait attendu.

Mais quand il arriva devant la porte, il vit Maxence avec une grande discrétion s'approcher de Zach et Lindsey. Il suivait tous ce qui se passer depuis la porte. Et à côté, il y avait Zachary et Lindsey surpris pas l'arrivé de Maxence. Quand il vit la tête des amoureux, il ne put s'empêcher de lui aussi éclater de rire. Il rentra dans la chambre pour se placer à côté de Maxence et salua Zachary et Lindsey

"Salut Lindsey, salut Zach", les salua-t-il entre deux éclats de rire.

Il sorti un moment de la chambre pour se calmer et revient. Maxence changer de sujet pour parler de la mission de Lindsey. En observant Lindsey de plus près, elle avait une petite entaille sur la joue droite. Surement en rapport avec la mission se dit-il.

Tout occupé à chérir Lindsey, Zachary n'avait pas prêté attention à ce traître de Maxence qui avait décidé que c'était le meilleur moment de la journée pour venir les interrompre, et surtout de cette façon. L'agent sursauta devant le braillard qui jouait les indignés juste pour qu'ils se détachent l'un de l'autre. Jaloux ! Voilà ce que songea le requin qui lui en voulait de les avoir interrompus. Ce n'était vraiment pas le jour !

Pourtant, le facétieux camarade les saluait comme si de rien n'était après son entrée fracassante.

" C'est à toi que je vais faire les fesses si tu abuses ! " le rabroua le garçon en lui donnant un petit coup de poing dans l'épaule en réponse à sa tape.

Le pire, c'était bien que Zack n'arrivait pas à en vouloir à son ami rien qu'en voyant la mine réjouie qu'il arborait, sans aucune raison apparente, après s'être moqué d'eux gentiment. En parlant de rire, James semblait être parti dans une crise et dû même sortir pour parvenir à se calmer. Est-ce que c'était si drôle de se prendre dans les bras ? Ou humiliant ? Ou c'était Maxence qui le faisait rire avec les mots fesses et rubber ?

" Salut James... " le salua-t-il tout de même lorsque celui-ci revint en ayant maitrisé son hilarité.

Zachary le connaissait par l'intermédiaire de Lindsey avec qui elle avait passé son PEI. Il leur était donc arrivé de les voir ensemble, et comme ce n'était pas un mauvais bougre, ils s'étaient entendus de façon au moins cordiale.

Mais le plus drôle fut la façon dont Lindsey ignora totalement Maxence. Passant son regard de l'un à l'autre, le requin esquissa un petit sourire, amusé qu'elle lui fasse la tête. Elle n'avait peut être pas apprécié non plus qu'il les interrompe, ou alors les "blagues" étaient responsables.

Laissant mariner le Québécois, Zack lui répondit tout de même.

" Bha on allait manger un bout et Lindsey allait me raconter sa mission. Et toi ? T'allais prendre une douche non ? Tu contamines ma chambre là ! " lui lança sans détour l'Anglais en se pinçant le nez pour illustrer ses paroles.

" Et Lindsey est revenue vite en réussissant superbement sa mission parce que c'est la meilleure. C'est tout. "

En fait il ne savait même pas si l'avait si bien réussie. Mais il n'en doutait pas, et c'était juste pour taquiner Maxence. De toute façon, il y avait au moins un fond de vérité dans ce qu'il disait, il en était sûr !

Interloqué, Maxence vit la jeune fille l'ignorer superbement pour aller saluer James qui, bien sûr, s'était empressé de le suivre dans l'espoir, très certainement, d'un mauvais coup à faire. Ben, il avait dit quoi pour que Lindsey prenne la mouche de la sorte ? Allez donc comprendre quelque chose avec les filles ! Fort de cette certitude, le Québécois haussa les épaules d'une façon désabusée.

"Michel est en ville ou quoi ?", murmura-t-il, pensif, avant de poursuivre à l'intention de Zachary. "Elle est dans ses SPM ? C'est pour ça qu'on l'a pas vu depuis deux jours ?"

Non, ce n'était certainement pas ça, car la réponse du t-shirt bleu marine venait conforter l'hypothèse de la mission. Et si cette mission avait réellement été un succès, il n'y avait rien qui pouvait expliquer le caractère maussade de la fillette et surtout, crime impardonnable, le dédain dont elle faisait preuve envers Maxence.

Décidé à ne pas se fâcher pour si peu (de toute façon, avec les filles, s'il fallait faire attention et se vexer de toutes leurs sautes d'humeur...), le gamin rit aux propos du requin.

"Tu trouves-tu qu'je sens l'esprit d'équipe, là ?", demanda-t-il naïvement. "M'a prendre une douche, oui. J'ai clairé le footing et j'ai déjà déjeuné."

Souriant de façon désarmante, il insista alors auprès de Lindsey.

"Fais pas la Baboune. C'tait juste une joke... T'as-tu fait quoi en mission ?"

Les autres avaient l'air de n'avoir rien compris à son hilarité, n'avait-il donc pas vu leurs têtes en voyant Maxence arriver dans la chambre. En plus avec l'accent de Maxence, c'était à mourir de rire. Le jeune Québécois arriverait-il un jour à faire disparaitre cet horrible accent? En plus, James n'arriver pas à comprendre la moitié de ce que Maxence disait. Après être revenu dans la chambre, il vit Lindsey ignorer Maxence. Et ce dernier n'y compris rien. Il ne put s'empêcher de sourire la scène qui était en train de se passer était tellement drôle. Comment les autres arrive-t-il à ne pas mourir de rire?

Lindsey ne l'avait pas ignoré lui. Quand elle parla à James, Maxence fit une de ses têtes. Il ne comprenait absolument rien au comportement de la jeune fille.

- Moi je viens de rentrer de mission. Et toi, quoi de neuf?

Tout en attendant la réponse de Lindsey il se tourna vers Zachary. Il ne le connaissait pas très bien, mais il, c'était déjà vu rarement il fallait bien le dire et en plus. Ils ne c'était jamais parlé.

- Vous allez manger maintenant! Oh, je viens de remonter et j'ai déjà mangé.

dit-il à l'intention de Zachary. Puis il se tourna vers Lindsey.

- Tu es sûr que tu ne peux pas nous raconter ta mission maintenant?

Il était impatient de l'entendre. Zach changea alors de sujet. Et James ne pût nier que ce qu'il dise soit faux. Maxence ne sentait pas bon du tout. Mais en restant longtemps à côté de lui, il avait complètement oublié son odeur.

- C'est vrai que tu ne sens pas la rose.

Dis à l'intention de Maxence et il recula de quelques pas loin de cette horrible puanteur.

" L'esprit d'équipe ? D'un régiment ouai... " confirma le requin à son ami odorant.

Visiblement, ils avaient déjà déjeuné avec James. Du coup ce dernier voulait connaître le détail de la mission de Lindsey maintenant, et ne pas avoir à la suivre au réfectoire.

" Max doit aller prendre une douche de toute façon. Je laisse pas Lindsey raconter tant qu'il sent pas le frais ! On peut se retrouver là dans une demie heure si vous voulez. Le temps qu'on mange et que Max se fasse belle. "

D'ailleurs, ce dernier essayait de se rabibocher avec Lindsey qui le poussa. Surpris, Zack observa son ami se faire malmener par ce petit bout de fille, qui était d'ailleurs toujours affamé comme elle l'expliqua à James.

" Je suis pour descendre aussi. Max arrivera aux rattrapages alors ! "

L'agent alla éteindre sa console qui tournait toujours depuis l'arrivée de la petite furie, puis ouvrit en plus grand les volets et la fenêtre en commentant :

" Sinon quand je vais revenir, ça va puer la mort avec Maxence... "

Il jeta un regard circulaire pour vérifier qu'il n'oubliait rien, attrapa ses clés et lança :

" Bon allez, à la bouffe ! J'ai la dalle. "

Loin de lui l'intention de les mettre dehors, mais Zachary n'avait aucune envie qu'on tombe sur un truc qui traînerait qu'il ne voulait pas qu'on voit, ou que la chambre s'imbibe d'une odeur de transpiration d'outre-Atlantique.

réfectoire

Affamée, la jeune fille n'attendit pas la moindre réponse de la part de ses camarades pour sortir de la chambre avant de dévaler les escaliers telle une furie.
Zachary arriverait lui aussi bien assez tôt au réfectoire. Quant aux deux autres, ils les rejoindraient s'ils le souhaitaient. Si leur curiosité était piquée au point de pallier la flemme dont ils semblaient disposer.

Les escaliers étaient déserts à cette heure là; cela ne l'empêcha toutefois pas de trébucher dans sa précipitation. Elle se rattrapa de justesse à la rambarde et décida par prudence, de ralentir légèrement la cadence.
Il aurait été vraiment sot de revenir de mission pour tomber bêtement dans les escaliers du Campus et se retrouver clouée à l'infirmerie pendant deux semaines à cause d'une vilaine entorse.

Réfectoire

Surpris, Maxence se laissa repousser avec une facilité déconcertante par la fillette, haute comme trois pommes, qui semblait toujours lui en vouloir pour son arrivée intempestive et peut-être prématurée. Sans méfiance, le garçon s'était laissé surprendre et se retrouvait assis sur les fesses à regarder, avec un air certainement très bête, celle qui venait de le malmener de la sorte.

Apparemment, le Québécois avait vexé Lindsey avec des propos d'un humour douteux. À moins que la jeune fille ne lui en veuille d'avoir interrompu sa tentative de flirt. De toute façon, Zachary lui raconterait certainement tout par la suite. Généralement, le requin était assez prolixe lorsqu'il s'agissait de se mettre en valeur en exposant ses conquêtes réelles ou supposées. En fait, le seul blanc qu'il y avait dans sa vie concernait la mission au Japon. À croire que son charme n'avait pas été aussi irrésistible qu'à l'ordinaire ou qu'au contraire, son ami soit réellement parvenu à conclure et qu'il n'ait maintenant intégré une certaine notion de pudeur.

Quoiqu'il en soit, après avoir rabroué Maxence, la petite Irlandaise aida le garçon à se relever avant de le planter là pour foncer au réfectoire.

Encore interloqué, ce dernier lui suivit des yeux, ne s'indignant même pas à l'attaque sournoise de Zachary qui relevait une odeur imaginaire qui planerait dans sa chambre du fait de la présence du Québécois. Chassé de la chambre au prétexte que son propriétaire avait trop faim pour attendre, Maxence se retrouva dans le couloir à regarder filer ses camarades vers le réfectoire.

"J'vas m'doucher.", indiqua-t-il aux dos qui s'éloignaient rapidement. "J'vous rejoint au plus sacrant."

Fonçant vers sa chambre pour ne pas perdre de temps, le garçon était résolu à activer la phase "lavage" pour retrouver rapidement ses camarades et ne pas perdre une miette du récit de la belliqueuse rouquine.

Chambre de Maxence Roy