Chambre d'Hazel

Sur le petit comptoir réunissant l'équipement ménager, entre la bouilloire et le micro-onde, une bouteille ouverte à moitié vide côtoyait un verre à moitié plein d'où s'échappait le crépitement caractéristique d'une pastille effervescente. La porte de la salle de bain était laissée grande ouverte afin d'en éliminer la buée et autres résidus de vapeur qui s'y étaient installés. Penchée sur le bureau, une main posée à côté d'une souris, avec une serviette autour du corps et l'autre en vrac sur la tête, Hazel se frictionnait le crâne pour essorer du mieux ses cheveux. Sur l'écran, trois fenêtre étaient ouvertes, réduite pour donner une vue d'ensemble. Celle de gauche représentait le scanner d'un schéma archaïque représentant selon toute vraisemblance le dernier cours de crochetage auquel l'écossaise avait assisté. La seconde fenêtre était un simple traitement de texte, visiblement déjà bien rempli et la dernière n'était qu'un navigateur internet ouvert sur de multiples onglets affichants tous des résultats de recherche sur les colonies britanniques. Tirant sue la serviette de ses cheveux pour la poser sur une épaule, Hazel effectua une rapide manipulation sur le clavier pour afficher le navigateur internet. Sautant dun onglet à l'autre, elle parcouru rapidement les lignes, pour revenir au traitement de texte et rajouter une ligne, ses doigts courants rapidement sur le clavier. Satisfaite, elle sauvegarda par précaution et se détourna du bureau pour se diriger vers sa comode.

Elle tira du premier tiroir un panty rapidement enfilé sous la serviette, puis une brassière et une paire de chaussette qu'elle glissa sous le bras. Les autres rangements renfermaient évidemment treillis et t-shirts impeccablement repassés et pliés avec une précision qui frôlait méchamment la maniaquerie. Elle embarqua un exemplaire de chaque et alla les jeter sur son lit lui aussi parfaitement fait Faisant un détour par le coin électro-ménager, elle saisit son verre au vol et renifla avec un air dégoûté le parfum chimique citronné du contenu. Réprimant un "beurk" éloquent, Hazel bu une gorgée en revenant vers son lit. A l'ère d'internet, aucun chimiste n'avait encore trouvé un parfum potable pour les pastilles effervescentes de magnésium. Déprimant. le verre sur la table de nuit, l'écossaise enfila brassière et t-shirt gris avant de sauter dans son treillis. C'est pieds nus qu'elle alla placer ses serviettes à sécher dans la salle de bain, profitant d'un court passage devant le miroir pour démêler ses cheveux toujours humides. De retour dans la chambre, elle s'assit sur le lit pour mieux enfiler ses chaussettes et, afin de s'épargner de trop longues tortures gustatives, avala cul sec le reste du contenu de son verre qu'elle embarqua avec elle au moment de se rediriger vers le bureau. Sa main se referma au passage sur la bouteille d'eau qu'elle vida définitivement dans le récipient. S'installant cette fois sur sa chaise, et après avoir déposé verre et bouteille à côté du clavier, elle reconsidéra son devoir.

Le résumé historique du développement des colonies britanniques à travers le monde, de leur création à leur retrait, avait été soigneusement établi en différents points majeurs retraçants les intérêts stratégiques et économiques principaux qui ont conduits le Royaume-Unis à sélectionner certains pays. Hazel avait compté large sur ce devoir. Le rendu n'était prévu que dans un bon mois, et d'ici-là il allait y avoir des cours sur le sujets. Ces derniers lui serviront principalement à ajusté son travail afin qu'il soit juste parfait au moment de la remise. Et au pire, elle pourrait même le rendre en l'état si d'aventure une mission l'empêchait d'être présente. Combien allaient anticiper aussi bien qu'elle? Trop peu sans doute. Elle était prête à parier qu'il y aurait bien quelqu'un pour lui demander de lire son devoir quand le délai serait atteint. Ses coudes posés de part et d'autre de son clavier, Hazel croisa les mains et réfléchit quelques instants. Un sourire franchement malsain apparu sur ses lèvres et, se redressant, elle ferma le navigateur internet et ouvrit un second traitement de texte, vierge celui-ci. Elle copia-colla sans scrupule aucun le titre de son devoir et, son texte d'origine visible sur le côté, elle commença à rédiger sans scrupules aucun un second devoir à l'identique... En prenant un soin tout particulier à mélanger dates et lieux. Mieux valait avoir un second texte attrape-couillons, juste au cas où...

Deux coups secs frappèrent la porte d'Hazel. Attendant patiemment une réponse de l'autre côté, Flynn était un habitué de la tenue règlementaire. Le choix ne lui incombait de toute façon pas de faire preuve de la moindre fantaisie. Treillis et T-shirt noir étaient donc son accoutrement quotidien. Il portait sous le bras un classeur et un cahier auquel quelques stylos de couleurs variées étaient accrochés.

Lorsqu'Hazel ouvrit la porte, un grand sourire sincère illumina le visage du garçon. Il semblait ravi de voir que la jeune fille avait rejoint sa chambre.

" Ha cool t'es là ! Salut Hazel ! Je te dérange pas ? " s'enquit-il tout de suite.

" Je suis passé tout à l'heure mais tu devais être dehors ! Tu faisais un footing ? "

La question avait été lancée spontanément, sans réelle intention d'être indiscret.

" T'as deux minutes à m'accorder ? "

Flynn prit ses affaires des deux bras en souriant à Hazel.

Les doigts courant sur le clavier, Hazel s'arrêta au bout de quelques lignes et considéra d'un regard très attentifs les premières bourdes soigneusement bien planquées. A qui pourrait être destiné un tel devoir? Elle hésitait. Ses cheveux humides séchaient peu à peu à l'air libre, commençant à boucler. D'un geste distrait, elle enroulait l'une de ses mèches du bout d'un doigt en considérant pensivement les élèves qui avaient tendances à demander des services pour les devoirs. Il y avait deux catégories de feignasses: les volontaires et les involontaires. Entraient dans la première catégorie ceux qui préféraient faire des choses plus agréables, sachant pertinemment qu'il faudrait bosser, mais à défaut d'être travailleurs, développaient un don certain pour trouver, consciemment ou pas, un moyen de s'épargner le boulot tout en récoltant les lauriers immérités. Entraient dans la seconde catégorie ceux qui malheureusement pour eux s'étaient pris un contre-temps inattendu dans les gencives et n'avaient pas encore appris à anticiper les mille et unes petites surprises régulières dans ce goût-là sur le campus. Elle réservait donc plutôt la vacherie aux éventuels élèves entrants dans la première catégorie. Les autres... Bah, c'était une autre histoire. Le manque de temps non anticipé et la bonne foi étaient tolérables. Tout n'était qu'une question d'attitudes.

L'écossaise relâcha sa mèche de cheveux et allait recommencer à taper quand deux coups secs retentirent à la porte de sa chambre. Assez sceptique, elle tourna vers celle-ci un regard scrutateur, comme si elle aurait pu voir à travers le battant qui s'était planté de porte pour venir jusqu'ici. Finalement, elle sauvegarda le fichier bidon et le ferma dans un sous-dossier avant de se lever et, toujours en chaussette, aller ouvrir tout simplement la porte.

Ah ben ça, c'était une surprise! Balancer les mots "cool" et "Hazel" dans une même tirade tenait d'un miracle plutôt conséquent. L'intéressée plissa les yeux en considérant Flynn. Le héros par excellence. Un t-shirt noir. Triple yeurk. Et sa belle gueule n'y changeait rien. Le seul problème majeur, c'était qu'il était... Gentil. Quelle horreur. Le mépris d'Hazel était purement basé sur de la mauvaise foi pour ce type. Mais bon, elle pouvait être distance sans être pétasse pour autant. Elle répondit le plus honnêtement du monde.

"Non... Tu déranges pas."

Bah non, elle ne faisait rien d'indispensable à vrai dire. Fallait quand même mettre les priorités où elles étaient. Il la cherchait vraiment et ça c'était étonnant. Surtout venant d'un type à la réputation de travailleur, avec plus d'avance qu'elle, une réputation qui n'était plus à faire, et assez de charisme pour pouvoir aller taper à la porte de n'importe quelle bonasse de sa tranche d'âge en s'assurant d'être accueilli à bras ouverts. Elle pinça sensiblement les lèvres quand il émis l'hypothèse très "hasardeuse", du footing. Certes. En même temps, en plein air, il aurait eu tout le loisir de voir où elle avait pu traîner.

"Ouais, voilà. Un footing."

Elle baissa les yeux sur ce que le t-shirt noir avait sous le bras. Classeur et stylos. Ça, par contre, c'était intrigant. Elle haussa un sourcil de curiosité en revenant fixer Flynn.

"Ça dépend pour quoi, et si ça peut te servir."

Ce serait vraiment dégueulasse de dire non et de juste lui claquer la porte au nez. Et puis c'est pas comme si elle avait une bonne excuse basé sur des faits objectifs et indiscutables. Elle recula d'un pas en écartant un peu plus sa porte.

"Tu veux entrer et t'asseoir pour ces deux minutes?"

A moins qu'il ne préfère le pas de la porte.

Flynn avait vu juste. Un footing. C'était la première chose qui lui était passée par la tête. Les gens qui n'appréciaient que moyennement le sport faisaient en général au moins en sorte d'avoir une endurance qui tienne la route malgré tout. Ramper au sol à la moindre activité physique multipliait par dix la pénibilité de celle-ci au moins ! Et c'était dans le fond la plus simple activité à mettre en place. Aucun matériel, faisable seul, au rythme seulement imposé par soi et sur une durée de son choix. L'idéal dès qu'on avait un peu de temps, même si courir n'était pas toujours passionnant.

" Tu m'étonnes que ça me servirait ouai ! " confirma le garçon avant qu'Hazel ne lui propose d'entrer.

Il sembla hésiter une courte seconde avant d'accepter.

" Ca sera un peu plus simple oui. Merci ! "

L'agent entra dans la pièce d'un pas presque timide et précisa, après avoir remarqué qu'Hazel était en chaussette :

" J'ai les rangers propres. Je les ai nettoyées avant de passer. Mais je peux les enlever si tu veux ? " demanda-t-il en se plaçant sur le côté de l'entrée pour ne pas salir hypothétiquement le centre de la pièce.

Décidant de rentrer dans le vif du sujet pour ne pas faire perdre de temps à son hôte, Flynn expliqua sa présence :

" En fait j'ai eu un pépin ce matin. Y'avait un cours d'électronique et je l'ai loupé. Je me suis pas réveillé... "

Flynn afficha une moue réprobatrice à son encontre. Il n'en avait pas l'air fier.

" Je sais pas ce que j'ai foutu avec mon réveil mais il a pas sonné. Je crois qu'en fait j'ai carrément oublié de le mettre. " réalisa-t-il soudainement en se grattant l'arrière du crâne, le classeur et le cahier de retour sous un de ses bras.

" Enfin bref. Du coup j'ai loupé le cours et le soucis c'est que j'ai vraiment beaucoup de retard dans cette matière comparé à ce que je devrai savoir faire à mon âge. On peut pas être bon partout de toute façon... " essaya-t-il de temporiser tout de même.

" C'est pas une raison pour baisser les bras mais du coup je voulais savoir si tu l'aurais pris par hasard ? Et si tu pourrais me le prêter le temps que je le recopie rapidement ? Je sais qu'on est du même niveau à peu près. Enfin je crois. Au pire je verrai dans tes notes où on en est, si ça me dit quelque chose. "

S'il se laissait aller à perdre des cours dans cette matière, Flynn finirait par se sentir définitivement largué. Et se faire plomber la moyenne à cause d'une matière, c'était dommage. Le cercle était d'autant plus vicieux qu'une matière où les notes étaient basses pouvait décourager, donc on l'aimait moins, et donc on révisait moins ce qui entraînait de mauvaises notes. Et le pire, c'était bien qu'on pouvait rentrer dans ce cercle par chacune des entrées ! Commencer à se décourager à cause d'une mauvaise note, ou diminuer les révisions parce qu'une matière ne nous intéressait pas.

Et même si c'était probablement par ce dernier aspect que le garçon avait commencé à flancher, il ne comptait pas boire la tasse pour autant et s'était fait une priorité d'essayer d'améliorer ses notes d'électronique !

Flynn lui parut bien enthousiaste. Qu'une môme de treize ans puisse aider un ado de seize lui parut un peu exagéré. Elle resta néanmoins à l'écoute. Qui savait, peut-être que ce dont il avait besoin serait effectivement dans ses cordes. Son hésitation ne l'étonna pas vraiment. Elle-même aurait hésité avant d'entrer dans la chambre d'un garçon, surtout sans qu'il n'y ait personne d'autre à l'intérieur et qu'en prime le dit garçon jouissait d'une réputation peu flatteuse.

"Si tu reste que deux minutes, c'est pas la peine d'enlever tes rangers."

Autant ne pas lui faire perdre de temps. Hazel repoussa la porte et glissa une mains dans ses cheveux pour les secouer avant de se diriger à nouveau vers son bureau pour récupérer son verre d'eau. Quelque chose lui disait que si demande il allait y avoir, ça commencerait forcément avec une explication. Se retournant pour faire face à Flynn, elle appuya ses fesses contre le bord du meuble et prit une gorgée, patiente. Tout commençait nécessairement avec un "pépin". Par contre, celui-ci semblait assez loin de ceux que pouvait commettre un agent comme Flynn. Le cours d'électronique aurait pu être utile, effectivement... Pour apprendre à régler son réveil de manière à ce qu'il sonne systématiquement à la même heure, quitte à se réveiller trop tôt avant le commencement des cours. L'écossaise chassa cette pensée purement méchante et subjective aussi rapidement qu'elle l'avait eue. Reposant le verre, elle croisa les bras, l'air un peu sceptique. A vrai dire, elle n'avait pas la moindre idée du niveau exacte du t-shirt noir en matière d'électronique. Elle préférait se concentrer sur ses propres révisions plutôt que de juger le niveau de celles des autres. Question de principe et d'égard à l'intention des autres agents. Si si, Hazel pouvait respecter les autres... Dans une certaine mesure. En tous les cas, Flynn avait raison: on ne pouvait décemment pas être bons partout. Quant au cours du matin, forcément elle ne l'avait pas loupé, avait pris des notes très complètes, et avait déjà pris soin de les relire et les recopier dans son ordinateur avant son footing. Elle considéra l'agent d'un regard hésitant, comme si elle réfléchissait. Prenant quelques secondes pour se décider. Rendra services, rendra pas service...

Finalement, elle décroisa les bras et se dirigea vers une petite bibliothèque sur laquelle trônaient différents classeurs, tous comportant en titre les cours principaux. Elle sorti naturellement celui sur lequel était inscrit "électronique" et l'ouvrit entre ses bras pour le feuilleter, allant aux dernières pages.

"Je peux te prêter mes notes manuscrites. Il y a quelques ratures mais c'est lisible. A moins que tu veuilles que je t'imprime plutôt la remise au propre directement?"

D'un geste sec, elle releva la pièce métallique qui ouvrait les anneaux, et glissa ses doigts sous les pages concernées comme pour les retirer de son classeur, ce qu'elle ne fit pas encore. Au lieu de ça, elle se contenta de relever sur Flynn un regard interrogatif allant de paire avec sa question.

Sous le regard d'Hazel, Flynn ne se sentit pas très à l'aise, même s'il ne le montra pas. Il connaissait bien sûr la réputation d'Hazel qui n'était plus à faire, mais le garçon se faisait toujours ses idées par lui-même. Mais pour le coup, l'agent comprenait parfois ce qu'on voulait dire en parlant de la froideur de la fille. Elle n'avait pas l'air particulièrement chaleureuse. Très carrée. Surement un peu trop. Elle ne lui avait pas décoché un seul sourire depuis le début, à croire qu'il l'emmerdait profondément malgré toute sa bonne volonté pour être poli et avenant.

Malgré tout, Hazel alla récupérer un des classeurs soigneusement rangés. Elle devait avoir fini de le jauger pour savoir s'il valait le coup. Il l'observa sans rien dire chercher dans son classeur le dernier cours puis sembla hésiter une seconde à la question.

" Je vais le recopier depuis tes notes manuscrites. J'assimilerai mieux. Puis je pourrai faire les fiches de révisions dans la foulée. " indiqua-t-il en levant le classeur.

Hazel put au passage remarquer tout un tas de feuilles bristoles aux couleurs variées, dans la tranche du rangement.

" Et puis t'es une fille de toute façon, donc t'écris forcément mieux qu'un garçon. J'aurai pas de mal à te lire. "

L'agent sourit en s'approchant pour récupérer soigneusement les feuilles.

" Tu préfères que je les recopie ici ou je peux les emmener dans ma chambre ? " interrogea le garçon, conscient que soit Hazel serait tellement pointilleuse qu'elle préfèrerait vérifier que les feuilles n'étaient pas maltraitées, ou qu'au contraire, elle ferait le maximum pour faire déguerpir l'intrus et retrouver sa tranquillité féminine..

A la première réponse de Flynn, Hazel sorti simplement les feuilles manuscrites de son classeur pour refermer ensuite les anneaux. Mettre ou non le t-shirt noir mal à l'aise lui passait totalement au-dessus de la tête. Il était venu pour un service, pas pour faire ami-ami. Pas plus qu'elle n'avait l'intention de sympathiser. Ce qui ne l'empêchait pas de se montrer serviable. Flynn y avait mis les forme, s'était montré poli, était connu pour sa gentillesse et son application, bref, il n'avait rien fait, directement ou non, qui puisse inciter Hazel à lui chercher des noises. Du moins pour le moment. Sans compter qu'à en juger les différentes couleurs sur la tranche de son classeur, et les différent stylos, ce garçon avait l'air si ce n'est soigneux, en tout cas assez bien organisé. L'écossaise se détourna un court instant, pour reposer le classeur allégé de son dernier chapitre. Elle ne savait même pas vraiment si l'agent trouverait dedans quelque chose d'utile. Vu son sens du travail, elle doutait d'avoir des informations relatives au cours qui pourrait réellement l'aider. Mais savait-on jamais.

Et il se lançait même dans un préjugé en faveur des filles pour pousser la sympathie? C'était une tentative intéressante. En fait, il faisait même des efforts pour tenter de la dérider. Quoi? Elle avait l'air si glauque que ça? Se retenant de lever les yeux vers le plafond, Hazel choisit de saluer l'amabilité de Flynn en répondant à son sourire à l'identique, quoique le sien fut plus retenu. Peut-être un peu timide? Difficile à dire.

"C'est comme tu le sens. Tu peux les prendre si tu veux. Techniquement, je n'en ai plus besoin pour le moment."

Toute à son amabilité, elle tendit simplement les feuilles dans la direction de l'agent... Pour les retirer alors qu'il allait les prendre avec soin.

"Mais avant ça..."

Cette fois-ci elle eut un réel sourire, ne cachant en rien une petite expression un rien espiègle, voire peut-être même vicelarde. Elle tapota les contre le coin de son bureau, comme pour les aligner mieux les unes avec les autres.

"Je pense que tu me comprendras si je te dis que je ne peux décemment pas te donner mes notes sans rien te demander en retour. Donnant-donnant, comme on dit."

S'appuyant à nouveau contre son bureau, elle croisa les bras et se servit de ses feuilles comme d'un éventail. Peut-être que Flynn l'enverrai balader en préférant trouver quelqu'un de moins pénible qu'elle et de plus prompt à tout prêter sans se poser de questions. Hazel préférait que les choses soient... Equilibrée. Un minimum tout du moins. Et puis ce serait bête de se priver des compétences d'un agent aussi visiblement récompenser.

"Voilà le deal: il te faudrait mes notes d'électronique, et je suis une quiche pour tout ce qui est combat. Je te propose donc l'heure de ce cours soigneusement noté et résumé, contre une heure de conseil en maniement d'armes blanche. Enfin... Pour autant que ces feuilles te servent, évidemment. Tu en penses quoi?"

Cap ou pas cap? Hazel pourrait tout aussi bien lui donner les notes sans rechigner, à vrai dire ça ne la dérangerait même pas. Mais se serait bête de se priver des talents d'un t-shirt noir quand il se plaçait de lui-même dans le rôle de celui qui allait être redevable. L'écossaise n'aimait pas être redevable, alors autant ne pas infliger ce sentiment à quelqu'un d'autre, surtout à une personne aussi droite et bienveillante que Flynn.

La réponse d'Hazel laissa Flynn pensif un instant. Il n'était pas très sûr de comment interpréter un "comme tu le sens" de la part de la fille. Ca pouvait autant être un "comme tu le sens, tant que tu me lâches" ou " comme tu le sens, ça serait cool que tu restes", à moins que ça soit "comme tu le sens, je m'en tape totalement". Les filles, qu'est-ce que c'était compliqué !

" Heu. Bha si ça te gêne pas que je reste, je vais les recopier là, ça sera plus sympa. Enfin sauf si tu veux être tranquille. J'veux pas t'ennuyer. "

Flynn tendit le bras pour récupérer les feuilles, et observa le petit manège d'Hazel. Le sourire espiègle contrastait largement avec ses attitudes quotidiennes et le garçon s'inquiéta un instant du deal qu'elle allait vouloir mettre en place. Il la suivit patiemment du regard aligner les notes et écouta ce qu'elle avait à dire.

Pour être tout à fait honnête, Flynn ne comprenait pas vraiment le principe de demander quelque chose en échange. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait y avoir d'indécent à donner sans attendre nécessairement quelque chose en retour, surtout dans l'immédiat. Plutôt que de mentir et d'acquiescer, il ne sourcilla pas et attendit les termes du marché que la fille voulait mettre en place.

Le garçon rabattit son bras le long de ses hanches, comprenant qu'il n'aurait pas les feuilles avant que toutes les clauses soient acceptées par les deux partis. L'ensemble lui donnait l'impression d'un échange de prisonniers entre deux factions ennemies, mêlant méfiance et belligérance. Hors, Flynn lui semblait être tout sauf quelqu'un de malhonnête. Il avait donc un peu de mal à comprendre la réaction d'Hazel, d'autant qu'il aurait bien songé naturellement à la dédommagé pendant qu'il recopierait ses notes, comme son classeur en témoignait.

Il écouta religieusement le "deal" et finit par sourire. Elle voulait juste qu'il l'aide pendant une heure à manier les armes blanches.

" C'est tout ? " s'étonna Flynn, soulagé.

" Bha si c'est que ça, suffisait de me demander, je t'aurai aidé autant d'heures que tu voulais. "

Tout ça pour ça. Le garçon s'était attendu à des termes plus compliqués que simplement s'entraider.

" Du coup, je peux m'asseoir au bord de ton lit pour recopier ? "

Quelle idée de toujours chercher à interpréter. Certes, les filles étaient tordues, et Hazel étant une fille (quoique puisse en dire son décolleté) elle était nécessairement tordue, mais de là à voir forcément un sens caché à presque chacune de ses réponses... Par contre c'était vrai qu'elle ne s'attendait pas à ce que Flynn fasse le choix de rester sur place. Elle l'aurait plutôt vu prendre les feuilles, et prendre ses jambes à son cou. Question d'habitude, sûrement. Et si elle avait pu percevoir les pensées de son vis-à-vis, sans doute l'aurait-elle trouvé aussi mignon que Bryn. Seulement elle n'était pas dupe. Pour porter un t-shirt noir, Flynn devait, si ce n'est être un sacré veinard malhabile, au moins un très bon agent. Un très bon agent ne l'était pas s'il ne débordait que d'altruisme. Fallait pas pousser mémé dans les orties.

"Ouais, c'est tout. Chuis pas un monstre, tu vois."

Elle lui fit un petit sourire amusé.

"Mais j'aime pas être redevable. Une heure pour une heure, ça ira. On verra si tu me donnes d'autres opportunités d'exploiter tes talents."

Il n'y avait rien de pire que d'être redevable auprès de quelqu'un qu'on ne pouvait décemment pas apprécier. Mais il y aurait eu pire... Être redevable à Zack. Heureusement que la directrice avait été magnanime et n'avait pas réfuté les exigences d'Hazel pour le parcours aquatique! Devoir quelque chose au t-short bleu marine, le frimeur par excellence, lui aurait vraiment fait mal au... Bref, ça l'aurait emmerdé grave. Pour en revenir au lit de l'écossaise...

"Ouais, bien sûr. Installe-toi seulement."

Elle lui tendit ses feuilles, de bonne foi cette fois-ci, lui laissant tout le loisir de les prendre pour ensuite aller reposer son verre vide sur le petit frigo devant lequel elle s'accroupit.

"Tu veux boire quelque chose? J'ai des jus de fruits. Orange, pomme, ananas..."

Ou peut-être qu0il ne voulait rien, mais puisqu'il restait, autant se montrer une hôte un minimum convenable.

Un peu gêné, Flynn réagit tout de suite à l'appellation de monstre.

" C'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que d'habitude, quand on veut de l'aide on me demande. Donc je m'attendais à autre chose. Mais ça m'étonnait de toi. Je crois pas que tu sois quelqu'un de... "

Le mot ne semblait pas lui venir en tête.

" Quelqu'un qui abuse des situations. " finit-il par dire en reprenant sa phrase autrement.

" Désolé. " préféra-t-il rajouter pour ne pas vexer la jeune fille.

Lorsqu'elle lui expliqua qu'elle n'aimait pas être redevable, il lui sourit.

" Je comprends. Va pour une heure alors. Ca roule. "

Si ça évitait à la fille de se sentir redevable d'une façon ou d'une autre, et que sa conscience s'en trouvait allégée, le t-shirt noir était dans le fond prêt à faire ce qu'il fallait. Ce n'était pas comme s'il y perdait puisqu'il aurait accepté d'en faire plus pour elle sans rechigner à la tâche une seule seconde.

L'affaire semblait donc conclue cette fois, et Flynn s'installa aux pieds du lit d'Hazel en déposant à côté de lui le classeur et les notes dessus. Sans perdre de temps, le garçon commença à recopier les notes d'une écriture presque féminine avec de nombreux arrondis. Relevant le regard vers Hazel qui lui proposait à boire, il sourit :

" Heu. Jus de pomme s'il te plait ! Merci ! "

Retournant à ses notes, il marqua quelques mots avant de s'arrêter et de demander, avec un sourire espiègle et un regard mutin :

" Le verre est taxé à combien de minutes d'entraînement actuellement ? J'ai pas regardé le cours ce matin... "

C'était assez amusant de voir Flynn chercher à se justifier d'un propos qu'il n'avait même pas prononcé. Elle n'avait pas sous-entendu qu'il avait pensé à mal. Enfin tout du moins elle n'avait pas voulu lui laisser entendre qu'elle l'accusait de quoi que ce soit. Mais sans doute manquait-elle encore bien trop de sens social pour réussir à partager son ironie ou son humour. Ou peut-être juste qu'elle manquait tellement d'humour en tant normal que le concept semblait juste inimaginable venant d'elle. Ce devait très certaine être ça.

"Je t'en voudrais pourtant pas de le penser. Et puis c'était pas un reproche."

Après tout, s'il avait la plus petite idée de ce qu'elle pensait des t-shirts noirs et bleu marine, sans doute réviserait-il sérieusement sa manière de l'aborder. Elle ouvrit le frigo et sorti une bouteille d'un litre de jus de pomme déjà ouverte pour l'ouvrir, et remplir un verre. Allons donc, son concept d'un prêté pour un rendu était donc tellement inhabituel qu'il en faisait une blague? Pourquoi pas. Se rapprochant de l'agent, elle tira la table de nuit pour y déposer le verre à l'intention de Flynn tout en répondant.

"Tenant compte du cours du jour il ne s'agit pas de temps mais de terme. Ça va te coûter un "merci", et avec la TVA, il te faudra rajouter un sourire. Je pense que ça devrait suffire."

Le verre déposé, elle considéra d'un regard curieux les premiers mots recopiés par Flynn. Vraiment il était très appliqué. Rien à voir avec une bonne partie des autres agents, préférant l'essentiel au forme et au style.

"C'est marrant, si je m'en réfère à tes propres sous-entendus un tantinet sexistes d'un peu plus tôt, je dirais que tu écris... Comme une fille. C'est tout à ton honneur. T'es vraiment aussi appliqué qu'on le dit..."

Faut croire que certaines rumeurs sont vraies... Comme quoi!

Hazel semblait trouver normal qu'on puisse penser d'elle que c'était un monstre. Flynn n'avait pas la même échelle de relativité.

" Bha non je vois de raison de penser ce genre de trucs... " corrigea-t-il pour ne laisser aucune ambiguité.

Le garçon observa Hazel préparer une petite table pour poser le verre et l'écouta répondre à sa taquinerie avec le même ton. Flynn souriait déjà, amusé de la réponse de son interlocutrice. Un " Merci. " sortit naturellement pour "payer" son hôte. Il semblait presque charmé l'espace d'une seconde.

Puis il se reconcentra sur sa feuille en continuant à écrire quelques mots lorsqu'Hazel lui faisait une remarque sur son écriture. En général, les filles parlaient de sexisme lorsqu'il était à leur désavantage. Aussi, le terme surprit le garçon. Mais à nouveau, Flynn ne put retenir un sourire un peu timide au compliment.

" On me l'avait jamais dit. Merci. Je me suis habitué à écrire bien parce qu'il y a quelques années, c'était pas gagné je t'assure. C'est surement à ce moment là que j'ai changé de sexe ! "

L'idée lui parut amusante un instant.

" Ce serait un joli bordel si les humains étaient hermaphrodites. Mais au moins p'tête que les garçons et les filles auraient moins de mal à se comprendre. " pensa-t-il à voix haute avant de prendre une gorgée de jus de fruit et de continuer à écrire quelques mots.

Mais l'idée semblait avoir fait un petit chemin dans la tête du garçon malgré elle.

" Enfin de l'hermaphrodisme cyclique j'entendais. Sinon y'aurait plus de notion de garçon ou de fille. Mais si y'a que des garçons jeunes et des filles vieilles... Ou l'inverse pour les ovules plutôt... la reproduction serait un peu moins agréable pour l'un des deux sexes à devoir faire des trucs qu'avec des vieux. Ou qu'avec des jeunes. "

Flynn s'arrêta soudainement d'écrire et releva la tête vers Hazel, un sourcil légèrement plus haut que l'autre, et nota :

" La conversation devient bizarre. Pardon. "

Un sourire mutin apparut soudainement puis il retourna dans ses papiers.

Pour commencer, Hazel fut quelque peu dubitative. Soit Flynn venait d'échouer sur terre en arrivant d'une toute autre planète, soit il était juste totalement déconnecté de la réalité. Les rumeurs, les histoires, les "on dit", toutes ces petites choses réglaient le quotidien de presque tout le monde. Après tout, beaucoup d'informations étaient basées là-dessus. C'était typiquement sur des détails semblables qu'un espion démarrait ses enquêtes, par exemple. Un peu sceptique sur la bonne foi du t-shirt noir - qui n'était certainement pas devenu un exemple de réussite en promouvant la gentillesse à travers le monde civilisé. Au moins il jouait le jeu et la remercia. Pour un verre. Comme quoi il suffisait de pas grand chose pour avoir un minimum d'échange avec les autres. Même si pour la peine, Flynn avait eu le genre d'expression qu'Hazel n'était pas franchement habituée à voir sur le visage de quelqu'un s'adressant à elle.

Le verre ayant été servit, elle revint à son tour sur ses pas, histoire d'aller elle aussi se resservir quelque chose. Elle récupéra son propre verre vide pour y remettre un fond d'eau, alors que Flynn partait sur... Son changement de sexe. Les services secrets regorgeaient de surprises, décidément. Elle eut un léger sourire en coin en se retournant vers l'agent. Il avait raison sur un point, si les genres se mêlaient, pour sûr, il y aurait moins de prises de chou. Les mecs comprendraient l'émotivité typiquement féminines et les filles percevraient plus simplement la barbarie masculine. Vive la testostérone! Et encore. Quoiqu'à leurs âges, avec les changements hormonaux, pour sûr, garçon ou fille, tout le monde trinquait.

Pour le reste, ça commençait à partir en couille. Hazel eut un léger air d'incompréhension en inclinant la tête sur le côté. Il partait dans un sacré tripe d'hermaphrodisme sur plusieurs générations tout de même. Comment pouvait-il en arriver à un tel raisonnement tout en recopiant des notes? C'était pas comme ça qu'il allait intégrer le cours en question. A moins qu'il ne soit assez talentueux pour séparer ses pensées et partir sur un rappel biologique et anatomique en même temps. Mais là, c'était franchement abstrait. Pour ne pas partir dans un fou rire incongru, l'écossaise s'empressa de prendre une goutte d'eau avant d'acquiescer.

"Ouais, bizarre. Pour rester soft."

Ou même carrément flippant? Un peu aussi. Heureusement que le flippant ne lui faisait pas peur.

"Je vais arrêter de te faire des remarques sinon t'arriveras pas à recopier convenablement. C'est pas sérieux pour du rattrapage."

Surtout qu'il était venu pour ça, pas pour partir dans des trips d'hermaphrodisme. Hazel retourna simplement s'asseoir à son bureau pour ne plus le déranger. Sans compter qu'il lui restait encore un schéma de crochetage à annoter pour que sa sauvegarde de notes informatiques soit complète.

Flynn confirma :

" J'ai toujours plein d'idées qui me traversent la tête des fois. Ca aide pas toujours la concentration ! En cours j'essaye de pas le faire, mais je relâche la pression en dehors. C'est p'tête pas une bonne idée ! " déduisit-il sur le ton de la plaisanterie.

Peut être était-ce une protection de son esprit contre les terribles cours d'électronique ? Toujours était-il que la recopie avança de bon train pendant qu'Hazel se concentrait sur son ordinateur. Flynn finit par se redresser et s'étira en poussant un petit gémissement.

" Bon bha c'est bon je crois ! Je recopierai les fiches de résumés plus tard... " jugea-t-il en feuilletant rapidement le contenu de son classeur.

La majorité des cours y étaient surement à en juger par le volume, peut être même une couleur par matière en remarquant les petits groupes de fiches formant un damier rectangulaire, vu de côté.

" Faut que je commence à jeter un oeil sur internet pour un devoir sur les colonies britanniques. "

Flynn referma son classeur en laissant les feuilles de notes sur le lit et reprit ses affaires sous le bras, prêt à se retirer. Il jaugea sa montre rapidement :

" Demain après les cours, à cette heure là alors. Sois pas en retard ! " déclara-t-il pour taquiner la jeune fille.

" Et merci encore ! "

[Fin ou un dernier tour, au choix ]

Relâcher la pression, ça, c'était pas vraiment le genre d'Hazel. Ou alors elle avait sa manière de le faire et mieux valait ne pas en parler. Flynn, lui, c'était les réflexions trippantes. Chacun son genre. Elle eut un vague sourire amusé en revenant fixer son écran. Mieux valait qu'elle ne relance pas sinon il allait mettre des plombes et risquait de ne pas mémoriser ce qu'il recopiait. Concentrée à son tour sur son schéma, Hazel nota deux ou trois termes manquant avant de le sauvegarder et le fermer. Elle poursuivit ensuite le devoir sur les colonies. La version bidon, évidemment. Régulièrement, elle jetait des coups d'oeils en direction du t-shirt noir, pour vérifier qu'il avait bien le nez dans les copies et qu'il ne venait pas voir par-dessus son épaule ce qu'elle était en train d'écrire. Lui il était du genre à percuter rapidement qu'elle écrivait des bêtises et ferait rapidement le lien entre une suite d'erreurs trop énormes pour ne pas être volontaire et une intello qui pourrait potentiellement agir comme une pétasse. Quand il recommença à parler, avant même de le regarder, elle dissimula la fenêtre du devoir numéro deux derrière la version d'origine correcte.

Tournant la tête vers Flynn, elle ne pu que constater à travers son classeur visible à quel point le garçon était studieux. Quand c'était un t-shirt noir, c'était merveilleux. Quand c'était elle, c'était une tare. Le monde était mal fait. Elle repoussa son clavier du bout des doigts et se releva. Et en plus il se mettait à anticiper les leçons. Quel exemple quand même! Pourquoi d'autres agents ne faisaient pas comme lui? Genre Zack, par exemple. Ça lui éviterait de se taper des nuits blanches à devoir écrire un devoir illusoire après un parcours aquatique, pour ne citer qu'un exemple. Exemple valable pour Max, soit dit en passant. D'un ton distrait, elle lança à l'intention de Flynn.

"Oxford... Leur bibliothèque en ligne est une vraie mine d'or pour des exemples manuscrits d'époque sur le sujet."

C'était un petit plus, pas nécessairement utile, mais qui pouvait apporter la petite touche qui permettait à un prof de passer du jugement d'un travail bon, à un travail excellent.

"Je serai pas en retard, c'est pas mon genre."

Ou alors c'est qu'elle pose purement et simplement un lapin. Ou qu'elle prépare une magouille. Ici il n'y avait aucune raison, n'est-ce pas?

"J't'en prie. A demain!"

Par politesse, elle raccompagna Flynn jusqu'à la porte. Demain, elle allait se rétamer devant Flynn. Ce qui ne la dérangeait pas le moins du monde, tant qu'elle aurait quelque chose à en tirer.



[Fin! ^^]

Sauts temporels Parcours d'obstacles.


Le sport, c'était l'enfer. Non pas qu'Hazel détestait ça, à vrai dire, fut un temps, elle y consacrait beaucoup de son temps libre. Mais sur le campus, la danse classique avait très peu sa place. Et l'absence de chevaux rendait la voltige impraticable. Quant au volley... Bien qu'elle ait aimé ça dans une école d'Ecosse, ici elle s'avérait plutôt médiocre pour ce qui était de l'esprit d'équipe. Peut-être que le PEI y était un peu pour quelque chose mais ce n'était clairement pas la raison principale. Pour le moment, ce qui lui faisait détester le sport version agent, c'était le bon quart d'heure qu'elle avait perdu à grand renfort d'après-shampoing et de peigne pour démêler ses cheveux et en extraire consciencieusement brindilles, herbes, et restes divers et variés de terre. Un botaniste aurait certainement pu y trouver son compte! Mais Hazel, elle, pas du tout. Note pour plus tard: la simple queue de cheval pour se rouler dans la boue, ça craignait grave quand la longueur avait bien dépassé la moitié du dos. En plus en y associant des mains encore tremblantes et écorchées par les exercices, la douche était devenue un calvaire au lieu d'un moment de détente. Mais heureusement, c'était finit.

Pieds nus, en treillis et t-shirt gris, Hazel pestait intérieurement, un élastique coincé entre les dents, alors qu'elle tâchait de tresser convenablement ses cheveux encore mouillés. Passant devant son ordinateur, elle l'alluma par réflexe et alla s'asseoir sur son lit pour terminer son oeuvre et nouer l'élastique au bout de sa coiffure. Epreuve du jour terminée. Poussant un soupire de soulagement, elle laissa retomber ses mains encore douloureuses sur ses genoux et considéra sa chambre. Niveau sport, c'était bon pour la journée. Elle avait donné là! Pour le reste... Elle jeta un coup d'oeil au livre en hindi qui reposait sur sa table de chevet. Il ne restait qu'un chapitre avant la fin et, bien qu'elle fut tentée de s'atteler à la fin du roman, elle préféra y renoncer. Qu'allait-elle lire ce soir avant de se coucher sinon? Quant au reste... Ses classeurs étaient soigneusement rangés, mis à jour et ne nécessitaient aucune attention particulière, si ce n'était une révision. Mais là encore, on allait la traiter de malade si elle se replongeait pour la énième fois sur ses schémas de serrures. Finalement, ne restait que l'ordinateur.

Retournant pour prendre place face à son écran, elle se lança comme fond sonore à bas volume un petit morceau de musique traditionnelle indienne et attrapa la souris. Sur le bureau se trouvait bien en évidence le fichier contenant la première mouture de l'exposé qu'elle avait encore plusieurs jours pour peaufiner. Les grandes lignes étaient rédigées, les images ajouter, les références scrupuleusement classées, et le squelette du texte déjà formé. A dire vrai, la rédaction en elle-même ne lui prendrait que très peu de temps en comparaison du boulot qu'elle avait fait en amont. Autant s'y mettre, non? Sauf que son curseur glissa plutôt sur le logo de son navigateur web. Voilà qui n'était pas très studieux comme attitude.

La page ouverte sur un moteur de recherche, l'écossaise posa ses coudes sur la table et croisa ses doigts pour y déposer son menton. Depuis le retour de mission, elle n'avait pas retrouvé son calme. Du moins pas son calme intérieur, parce qu'extérieurement, elle affichait toujours ce qu'elle estimait être sa zen attitude, mais qui pour les autres s'apparentait à un air de sale petite intello. En tous les cas, Jersey lui laissait un sale arrière-goût d'inachevé doublé du sentiment d'avoir commis la plus grosse bourde de toute l'histoire de l'espionnage britannique. Les informations reçues après coup, si elles avaient au moins allégé sa conscience quant à leur responsabilité dans la mort de l'agent Bornson. Seulement le fait était là: Daniel, ou quel que soit son nom réel, possédait des compétences semblables, si ce n'était meilleures que les leurs. La question suivante se posait donc tout naturellement: si les informations qu'il avait collectées sur eux n'avaient pas servies à renseigner les terroristes sur la taupe chez eux, par qui les enregistrements avaient été écoutés? Pour Hazel, si le terrorisme ne formait pas des agents, il fallait se tourner du côté d'un gouvernement. Elle était prête à parier que les français avaient visiblement plus d'avance que soupçonner dans ce domaine. Mais là encore, la perspective de se voir confronter à d'autres agents n'était pas ce qui rendait le sommeil plus compliqué. Ce qui la gênait concrètement, c'était qu'une saleté de fanatique se promenait en ce moment même Dieu savait où avec de quoi tuer des civils à grande échelle.

Décroisant les mains, elle saisit la souris et ouvrit plusieurs onglets. Dans chacun d'eux, elle tapa les liens de son top ten perso des journaux britanniques les plus sensés. La question n'était pas ce qu'elle espérait trouver, mais plutôt ce qu'elle n'espérait pas trouver. Un attentat, des gens abattus dans la rue, un lieu touristique visé, une revendication politique quelconque... A première vue rien de ce genre de venait entacher le sol britannique dans les premières grandes lignes des médias qu'elle consultait. Un peu apaisée, elle se laissa aller en arrière contre le dossier et se surprit à remercier le ciel. Renversant la tête en arrière, l'écossaise contempla le plafond de sa chambre. Mine de rien, elle voudrait bien se lancer à la chasse au Langlois. Mais après ce qu'elle estimait être un fiasco à Jersey, elle doutait sérieusement qu'on la remette sur la piste du terroriste. Quant à Daniel, bien que son cas soit plus qu'intrigant, niveau priorité, aux yeux d'Hazel il passait clairement au second plan, surtout après un terroriste possédant trois lance-missiles. La fillette se tortilla sur sa chaise et choisit d'aller fouiner sur autre chose. Repassant à l'onglet du moteur de recherche, elle tapa "SQUID" et attendit de voir ce qu'il en sortait, en écartant les calamars et les serveurs.

Connecté à Internet, Hazel attendait que le moteur de recherche lui communiquât les informations relatives à sa demande de renseignements. Hélas, la Toile ne lui renvoya que des sites sans intérêts, dessins divers et parfois naïfs de calamars. La presse ne s'était jamais fait écho d'activités subversives, fruits d'une organisation baptisée SQUID.

Après quelques essais toujours aussi infructueux, Hazel en venait à se demander si les premières conclusions qui avaient été retirées de leur mission à Jersey étaient bien pertinentes. Comment l'existence d'une organisation citée dans un rapport du MI 5 pouvait, à se point, être ignorée du grand public.

Ne trouvant pas son bonheur sur les réseaux accessibles à tous, l’Écossaise se connecta ensuite sur le réseau interne du Campus, espérant trouver quelques informations dans les bases de données patiemment alimentées par des générations d'agents.

Elle esquissa un petit sourire lorsqu'une correspondance fut rapidement trouvée et, fébrilement, accéda au fichier convoité. Hélas, les renseignements notés dans le sommaire étaient plus succincts. Le SQUID y était mentionné comme étant une organisation criminelle possédant de nombreuses ramifications. À l'instar du calamar qui possédait dix tentacules, elle se diversifiait dans de multiples activités : trafic de drogue, d'armes, prostitution, chantage, meurtre, sabotage, etc.

Par contre, dès qu'Hazel essayait d'en savoir plus sur une des filières, une fenêtre apparaissait sur l'écran de son ordinateur mentionnant "Accès réservé. Niveau d'habilitation insuffisant."

Rien sur le net. C'était étrange tout de même. Pas mal de groupes terroristes étaient médiatisés. Après tout, ils fonctionnaient par la terreur, et la terreur était inutile si elle était ignorée. Perplexe, Hazel fronça les sourcils avant de passer sur les recherches internes à CHERUB. Là il y avait des informations! Mais quelle ne fut pas sa déception en constatant que les quelques phrases lâchées ne contenaient rien de concret. Il n'y avait que des détails superficiels, des choses qu'il ne devait pas être franchement difficile à supposer. Le moins qu'elle pouvait dire, c'était qu'au moins le SQUID possédait une palette d'activité tellement diverses que ça faisait froid dans le dos. Pour se diriger dans autant de voies différentes, ils devaient avoir un réseau tout à fait performant, et donc passablement dangereux. Pensive, elle voulut aller plus loin, et là, c'est le drame...

"Accès réservé. Niveau d'habilitation insuffisant."

"Sans déconner..."

Des agents se frittaient se groupe sur le terrain et on ne leur donnait pas libre accès aux informations? C'était n'importe quoi. Les coudes posés de part et d'autre de son clavier, Hazel posa son menton sur ses doigts croisés et coula un regard lent en direction des différents classeurs alignés recensants ses cours. Ses prunelles s'arrêtèrent notamment sur la tranche où était inscrit en gros le mot "informatique" avant de lever un regard désespéré vers le plafond. Elle était une quiche en piratage. S'y risquer serait du suicide. Dans le meilleur des cas, elle son égo se prendrait une branlée, dans le pire, c'était son dossier d'élève modèle qui allait méchamment en pâtir. Elle n'avait pas le niveau. Et que faisait-on quand on était un cancre dans un domaine? Simple! On trouvait une tierce personne qui elle possédait les compétences requises. Seul soucis, Hazel n'avait personne dans son entourage qui puisse la considérer assez comme une amie pour lui rendre ce service. En prime, faire confiance à un camarade serait peu malin. Etant donné le genre de certains *tousse*, il était clair qu'elle se ferait balancé juste pour avoir émis l'idée. Envoyer miss sage comme une image se prendre une punition pour mauvais comportement devait en démanger plus d'un. Ne restait plus que les adultes. Encore que...

Se relevant, elle alla dans sa salle de bain pour prendre un tube de crème cicatrisante et l'appliquer sur les écorchures qu'elle avait aux mains. de toutes les personnes référantes du campus, elle n'en voyait qu'un qui, au pire l'enverrait voir ailleurs si elle y était, et au mieux lui ferait payer son affront mais lui céderait les informations tant convoitées. Autant tenter le coup. Se massant les mains, elle revint dans sa chambre et enfila ses rangers nettoyées, rabattant sa tresse encore humide sur son épaule. Zou! Il était temps d'aller prendre quelques risques.


[Bureaux de l'encadrement.]

 Bibliothèque


Le long du chemin, Hazel n'avait quasiment rien dit. Par contre, elle avait relâché la main de Nigel. Si ce dernier lui demandait son sac, elle le lui refuserait bien entendu. Il allait falloir compter un petit moment avant que le mal d'épaule de son camarade ne passe. En attendant... Elle pénétra dans le bâtiment réservé aux agents et se faufila dans les différents couloirs le plus naturellement du monde, pour se rendre jusqu'à la porte de sa chambre, la dernière au fond du couloir. Elle s'immobilisa, fouillant dans une poche de son treillis pour en sortir la clé qu'elle glissa dans la serrure sans la moindre hésitation. Une fois la porte ouverte, elle entra et écarta en grand le battant pour laisser Nigel entrer à sa suite.

La chambre était identique à toutes les autres. Ecran LCD, bouilloire et micro-onde... Tellement identique qu'il aurait presque pu sembler qu'en faisant abstraction des classeurs qui remplissaient une bibliothèque, la pièce était inoccupée. Les preuves d'une vie traînant entre les murs étaient des feuilles empilées sur un coin du bureau côtoyant une bouteille d'eau à moitié remplie, l'écran de l'ordinateur affichant des volutes de fumée en animation de veille, et la porte entrouverte sur la salle de bain. Tout était rangé avec un ordre frôlant la maniaquerie. Le lit était parfaitement fait, aucun vêtement ne traînait, pas de poussière sur les meubles... La déco restait somme toute assez impersonnelle, comme une chambre d'hôtel. Les seules exceptions étaient un plaid à motifs écossais soigneusement pliés et posé au bas du lit et une petite sculpture de quelques centimètres en ambre représentant un éléphant posé sur la table de nuit. Il planait dans l'air comme une odeur de fleurs et d'épices un peu étrange mais pas désagréable.

"Je devrais pas en avoir pour long. Tu veux boire quelque chose? J'ai du jus de pomme, d'ananas, de l'eau..."

Elle alla poser le sac de Nigel par terre à côté du bureau et ouvrit le capot de son scanner pour y déposer le dictionnaire qu'elle avait récupéré à la bibliothèque.

 Bibliothèque

A la réponse de Nigel, Hazel abandonna le scanner qui faisait son oeuvre pour se diriger vers le petit frigo. Elle récupéra un verre au passage et se baissa pour prendre le carton neuf de jus d'ananas qu'elle ouvrit en répondant.

"Juste la couverture du bouquin."

Elle remplit le verre de jus d'ananas et rangea le carton, attrapant au passage une bouteille d'eau pour elle. L'écossaise revint sur ses pas, posant le verre et la bouteille sur son bureau pour aller retourner le livre sur le scanner et réitérer l'opération avant de récupérer les boissons et se diriges vers Nigel.

"Je fais une parodie de dictionnaire et il me fallait une couverture qui ressemble un peu à un vrai."

Elle tendit le verre de jus d'ananas à son camarade et s'assit simplement à côté de lui sur le lit sans gêne aucune pour dévisser le bouchon de sa bouteille.

"Ça va, ton épaule?"

Ce serait cool, de pousser de jeunes écoliers à créer un dictionnaire d'eux-mêmes, stimuler la curiosité, la recherche, l'imagination, toussa toussa... Mais ça ne faisait pas vraiment parti du cursus actuel au campus.

"C'est pas pour un prof, c'est pour Max. J'ai revu des traductions depuis le dialecte canadien vers l'anglais et vice-versa."

Il n'y avait pas que les devoirs dans la vie! On pouvait aussi s'imposer du travail linguistique pour le simple plaisir. Si si! Quand on se faisait appeler Hazel Curtis, c'était possible! L'écossaise bu une gorgée d'eau l'air de rien. Non vraiment, ça ne la gênait pas d'avoir quelqu'un dans sa chambre. Pas même un garçon. Elle n'avait pas été plus gênée quand Flynn était venu. En fait, c'était plutôt les autres qui devaient se sentir gêner en venant jusqu'à sa chambre. C'était pas bon pour leur karma, ni leur réputation, de traîner trop près de l'écossaise.

"C'est peu fréquent, en effet, mais pas vraiment rare."

Sauf qu'en général, c'était pas pour boire un verre de jus de fruit ou jouer à des jeux vidéos qu'on frappait à la porte d'Hazel. Mais l'absence de dérangements courants avait un énorme avantage. Personne ne l'avait surprise en train de se faire un bon vieux film bollywoodien entre deux devoirs. Sa réputations d'inflexible intello demeurait ainsi intacte. Elle suivit des yeux Nigel qui partait sur une vision décorative plus... Personnelle? Hazel haussa un sourcil, l'air dubitatif.

"Des bouquins et un siège dédié à la lecture... C'est personnel ça? De mon point de vue, ça fait juste gros cliché pour intello."

et puis à quoi bon s'embarrasser de bibelots? Les bouquins, il y en avait tant qu'elle voulait à la bibliothèque. Le confort, il y avait le lit. Le luxe était poussé jusqu'à une télé écran plat et un ordi dans sa propre chambre. Elle n'avait jamais eu tout ça à elle avant le campus.

"J'ai jamais vu l'utilité de personnaliser ma chambre pour m'y sentir bien. Toi t'as plein de trucs un peu partout pour te rappeler ce que tu aime? Ou pour montrer aux autres qui tu es?"

Une gorgée d'eau plus tard, Hazel referma sa bouteille, suivant des yeux le déplacement de Nigel à travers sa chambre. sa manière d'observer le décor lui fit penser à ces mômes dans les cirques, observant une bête curieuse et inhabituelle. Mais là c'était surtout ses propres appréhensions qui parlaient. Quel qu'ait été le style de sa chambre, de toute manière, il aurait servit à analyser la bestiole étrange qu'était l'écossaise. C'était pas comme si c'était la première fois que des enfants de son âge la considéraient comme autre chose qu'une enfant de leur âge. Elle haussa les épaules à la remarque faite sur Max. Ouais, des fois elle aussis e disait que le candien le faisait exprès. C'était malin d'avoir toujours sous le bras l'excuse de la langue pour esquiver des problèmes sous couverts d'une mauvaise compréhension. Quoiqu'avec son air innocent, il était difficile de savoir la vérité. Et puis bon, le dico qu'elle avait fait n'était pas écrit our être pris au sérieux. Même si certaines traductions partaient toutes d'un fond originellement vrai, elle se permettait pas mal de délires qui eux n'étaient clairmenent pas réalistes.

Quant à visiter la chambre de Nigel, mouais. Elle était surtout curieuse de voir ce que qulqu'un comme lui pouvait considérer comme "normal". Chacun avait sa propre définition du terme de toute manière.

"Faut voir..."

Peut-être qu'elle aurait une bonne excuse de venir toquer à sa porte un de ces quatre. En attendant, ce n'était pas à l'ordre du jour, contrairement au chapeau qui chuta non loin d'elle. Par un pur réflexe, Hazel se pencha pour le ramasser, bien que Nigel soit déjà en train de s'en occuper, approchant leurs visages sans doute un peu trop près. Rien qui ne dérange fondamentalement Hazel, jusqu'à-ce qu'il s'avance un peu trop. Quand elle en comprit le but, il était déjà trop tard et leurs lèvres s'étaient touchées.

La réaction ne fut pas violente, du moins pas dans les premiers instants. L'écossaise eut un brusque mouvement de recul, laissant tomber sa bouteille heureusement fermée. La surprise passée, elle fronça les sourcils, l'air plus en colère que gênée, bien qu'elle avait inévitablement viré au crâmoisi. La certitude qu'elle avait eu à la bibliothèque venait de gagner une confirmation supplémentaire. Ses doigts se crispèrent et elle dû lutter pour ne pas lui coller une baffe mémorable à travers la figure. les dents serrées, sur un ton agressif, elle lança.

"T'as du culot... Je dois au moins le reconnaître."

Elle prit une lente inspiration, pour ne pas s'emporter. Elle qui s'était dit qu'avec la gêne de Nigel, elle aurait bien le temps de trouver une manière pas trop désagréable de lui couper l'herbe sous le pied venait de voir tout ses prognostiques brusquement chamboulés. Elle fut sans doute un peu plus glaciale qu'elle ne l'aurait dû en poursuivant.

"Mais je suis pas intéressée."

Elle se releva et tendit un indexe autoritaire en direction de la porte, avant d'envoyer le coup de grâce.

"Sort de ma chambre."

L'écossaise avait bien sûr prit un soin tout particulier n détachant chaque syllabe, pour ne laisser planer aucun doute sur ce qu'elle exigeait.