2015/06/20-M- Lecture désespérante

Pourquoi rester à l’intérieur, alors qu’il faisait un si beau temps dehors. Nigel se le demandait vraiment. Cependant il n’avait pas eu d’autre choix que de venir trouver un peu de solitude et surtout de calme à la bibliothèque pour se mettre à travailler. Certaines matières lui donnaient du fil à retordre, en l’occurrence aujourd’hui il s’agissait de problème de mathématique. Il restait totalement imperméable à cette matière et se faisait plus que de raison punir en raison de ses difficultés. Le temps qu’il passait à essayer de faire ses exercices, à faire les devoirs supplémentaires et autres, était du temps libre en moins et cela ce n’était pas tolérable. Aussi le jeune anglais décida de consacrer du temps justement à ces problèmes dans l’espoir d’en gagner par la suite.
Il avait choisit la tactique de l’essai erreur, leçon, comprendre ou tout du moins essayer de comprendre ce qu’il lisait puis mise en application avec correction de l’exercice ensuite. Comme il ne comprenait pas la majorité des cas, il fallait passer rapidement à la phase de correction, pour comprendre la démarche, la façon d’obtenir le résultat, puis de refaire un exercice similaire en adoptant le bon raisonement et la bonne méthode.

C’est donc plongé dans ses calculs que le jeune homme se laissa soudainement aller sur le dossier de sa chaise, face une fois encore à un problème inextricable…

« pffffffffffffffffff, j’en peux plus… »


Il resta la alors quelques instant regardant autour de lui avant de tenter desespérement de replonger dans ses exercices…..

 Bureau d'Eric  Chambre d'Hazel


Et un petit tour par le temple numéro un de la connaissance - Internet passant en numéro deux. Devoirs, check. Entraînement individuel, check. Passage pour demande d'infos, check. Répertorier les textes et citations, check. Il ne lui manquait qu'un truc, même si c'était purement accessoire: un exemple de référence pour la mise en page de son mini-dictionnaire satyrique français-canadien. Et pour ça, elle voulait s'inspirer des plus anciens ouvrages en la matière, ce qui impliquait la police d'écriture, la structure visuel du texte, le placement des illustrations... Et plutôt que d'aller voir sur internet où parfois le visuel laissait à désirer, autant prendre la version véritable physique dont elle pourrait même scanner la couverture pour le modifier au gré du véritable titre qu'elle voulait y mettre. Ce ne serait que du bidouillage, mais quitte à s'impliquer pour un camarade, autant le faire de façon plus personnelle qu'en allant faire du shopping. De toute manière personne ne verrait son cadeau, elle n'avait pas été invitée de une, et de deux, elle n'avait pas l'intention de s'incruster.

Pénétrant donc silencieusement dans la bibliothéque, et ignorant superbement les quelques agents studieux - souvent malgré eux - présents, elle se dirigea tout naturellement vers le rayon des dictionnaires, en quête d'un vieil ouvrage de référence britannique. Respectant le calme des lieux, elle s'agenouilla sans un bruit devant l'imposant rayon et tira à elle quelques pavés ressemblant plus à des structure de base pour construction de bunker qu'à des livres pour les observer sous toutes les coutures, avant de les ouvrir, cherchant la date d'édition. Elle dû en manipuler une bonne quinzaine avant de trouver un minimum de satisfaction. Son dévolu jeté sur une réimpression d'une édition fin 1800 d'un OED, elle entendit quelqu'un râler dans la bibliothèque. Se relevant, elle fit quelques pas vers le bout du rayon pour repérer un Nigel apparemment en conflit avec un texte qu'elle n'arrivait pas à voir depuis sa position. Haussant les épaules, elle retourna à ses dictionnaires qu'elle rangea consciencieusement, exception faite de celui qui l'intéressait.

Finalement, elle revint une nouvelle fois sur ses pas et, le plus silencieusement du monde, son dictionnaire sous le bras, elle s'approcha dans le dos de Nigel pour regarder par-dessus son épaule ce qu'il était en train de fabriquer. Des maths. Pas de quoi fouetter un chat. Elle eut une simple pensée pour l'option "se tirer l'air de rien de toute manière ça me regarde pas", avant de se dire que bon, pour la peine, elle pouvait bien se permettre d'ouvrir sa grande bouche. Elle restait une intello et vu l'attitude qu'il avait eu avec elle au réfectoire la dernière fois, c'était pas comme si elle risquait de perdre la moindre amitié. Détaillant rapidement la donnée en dessous de laquelle Nigel avait noté différents calculs, elle tendit sa main libre et quelque peu esquintée par son entraînement du matin par-dessus l'épaule de se dernier et se pencha pour pointer la première ligne, murmurant pour ne pas déranger les autres agents en train de bosser.

"Tu es partit juste, mais tu as oublié de tenir compte du négatif du tout début. Le moins ici, deviendra donc un plus en dessous, restera plus au développement suivant ici, et redeviendra un moins à la fin. Et tu auras le bon résultat."

Quelle tête... Il ne devait pas s'attendre à croiser l'écossaise dans une bibliothèque. Sérieusement. Miss "jepréfèrefairemesdevoirsaulieudemefairedescopains" pourrait bien prétendre au titre d'impératrice des écritures tant elle privilégiait la lecture aux relations humaines. Mais il fallait dire que Nigel devait être tellement obnubilé par ses maths qu'il en avait oublié son environnement. Thèse nettement plus plausible dans la mesure où il avait râlé à haute voix dans le sacro-saint temple du silence. Il avait au moins la sympathie de ne pas prétendre très bien s'en sortir et ignorer son avis sur le problème inextricable dans lequel il s'était embourbé. Tout à coup, il résolu avec beaucoup plus de facilité le calcul. Comme quoi... La question n'était pas d'être bon ou mauvais en maths. Nigel n'était pas mauvais, sinon il n'aurait même pas pu résoudre le calcul. La faute paraissait plus tenir de l'inattention que de la lacune scolaire.

"De rien."

Les autres restaient tout de même vraiment bizarres. A moins que ce ne soit les garçons. Ou juste Nigel. Autant avec Zack elle savait à quoi s'en tenir qu'avec l'acrobate, c'était un peu la roulette russe de son point de vue. Elle avait même droit à la confidence sur le ressenti des cours. C'était Noël? Elle répondit, toujours sur on ton assez bas.

"Moi, j'essaie de voir les équations comme des histoires et pas comme des chiffres. C'est moins tordu quand on imagine à quoi ces calculs peuvent servir concrètement. Enfin je dis ça... J'dis rien."

Elle haussa négligemment les épaules. Chacun son truc. Tout le monde avait une bête noire. Pour elle c'était l'informatique. Heureusement il existait un contrôleur suffisamment passionné par son domaine pour spontanément proposer des cours particuliers. Hazel plissa sensiblement les yeux. Quoi, Nigel rougissait maintenant? Encore? Il fallait vraiment qu'elle se fasse un tableau de chasse avec les coches et tout et tout.

"Rien de spécial, j'étais juste venue chercher l'inspiration."

Ceci étant dit, elle tapota le dictionnaire aussi massif qu'un parpaing qu'elle tenait sous le bras avant de jeter un coup d'oeil alentour histoire de s'assurer qu'il n'y avait aucun regard désapprobateur tourné vers eux.

"Tu n'as jamais pensé à monter un groupe de travail pour les maths avec ceux de ta volée? Parfois on comprend mieux quand on se fait expliquer les choses par des gens de notre âge. Les adultes n'ont pas la même manière de voir les choses."

Ouais quoique pour ça, elle pouvait toujours causer, Hazel elle-même n'avait que très rarement la même manière de voir les choses que... Bah quasiment tout le monde.

Hazel afficha une mine quelque peu perplexe à la première affirmation de son camarade. Quand il s'agissait de remonter sa moyenne générale, c'était fou comme un élève pouvait faire fi d'une réputation pour tâcher d'exploiter au mieux une personne. L'écossaise n'avait pas encore vraiment fait parti d'un groupe de travail, pour la simple raison qu'elle préférait en règle générale bosser seule. Mais bizarrement, malgré son caractère jugé trop prétentieux par la grande majorité des autres agents, il y avait curieusement toujours quelqu'un pour venir frapper à sa porte et lui demander ses résumés, ou ses copies d'exercices annotées. Comme pour pas mal de chose, dès qu'il y avait du profit à tirer d'elle, on l'appréciait, et dès qu'on faisait un truc social, genre... Un anniversaire par exemple, sa présence n'était pas souhaitée. Mais elle ne visait personne en pensant à ce genre de chose, hein?

"T'en fais pas, la grande majorité des gens savent faire passer la superficialité au second plan quand leur réussite en dépend. Les agents de CHERUB ne font pas exception à la règle."

Les gosses et les ados sont de gros nombrilistes, tous autant qu'ils étaient. L'écossaise ne faisait pas exception à la règle. Et puis Nigel avait raison. Moins besoin de travailler signifiait aussi plus de temps pour faire ce qu'on voulait. Et si elle aimait passer son temps libre à bouquiner de la poésie en hindi ou revoir des schémas en serrurerie, ce n'était clairement pas le cas de tout le monde.

"Je suis pas douée. Je passe mon temps à bosser, c'est tout."

Elle se contenta de hausser les sourcils. Pour elle, les gens doués n'avaient pas à lire et relire. Certes à force elle emmagasinait rapidement les informations et pouvait les ressortir de manière claire et structurée, mais ça, c'était jamais que le résultat d'un travail acharné que tout le monde mettait aux oubliettes pour dire ensuite qu'elle était associale et lui emprunter ses cours en douce avec de merveilleux sourires aussi amicaux qu'hypocrites.

"Mais je veux bien aider. Dépendemment de ce que tu as à offrir en échange. Et je suis assez dure en affaire, il paraît. Tu propose quoi?"

Elle plissa les yeux et fixa Nigel comme pour le jauger avec comme un faux air suspicieux.

Là encore, à la première affirmation de Nigel, Hazel se contenta de hausser un sourcil. Elle n'avait comme point de référence que son propre vécu, donc évidemment, difficile de se faire une idée fixe au final. Elle avait toujours aimé lire et étudier, ou tout du moins côtoyer des gens qui avaient quelque chose à lui partager, qu'il s'agisse de connaissance ou de simple passion. C'était aussi sans doute pour ça qu'elle avait souvent préféré la compagnie des adultes à celle des enfants de son âge, au grand damne de ses parents. Pour elle donc, bosser était devenu naturel, et les résultats n'étaient qu'une suite logique. Après... Si d'autres tenaient le même rythme de travail qu'elle sans y arriver... Elle restait dubitative malgré tout. Nigel devait certainement prendre plus de bon temps qu'elle se le permettait, expliquant peut-être une facilité moins poussée dans certaines branches.

Enfin peu importait. S'il fallait monter un groupe de travail, Hazel était prête à donner un coup de main. Encore qu'il faudrait voir combien de camarades de classe de Nigel seraient prêts à participer, sachant qu'elle serait de la partie. Boarf, tant que l'écossaise en tirait un bénéfice, et qu'elle servait à quelque chose en retour, elle se fichait bien du nombre de participants et de leurs pensées à son encontre. Observant silencieusement son camarade, la fillette attendit une proposition intéressante, ou quelque chose de rentable afin de se lancer dans l'aventure. Le troc de compétences était une manière comme une autre d'éviter ces désagréables impressions de devoir quelque chose à quelqu'un.

Elle plissa les yeux pour les premières propositions. Bien qu'elle ne soit pas acrobate à proprement parlé, elle avait quelques années de voltige derrière elle. Faire des poiriers sur un cheval en mouvement ou sauter à terre avec un périlleux, elle savait faire. Dommage que les opportunité d'exploiter ce type de talent soit assez rare en mission. Associé à la danse, elle possédait une certaine agilité, et surtout une bonne souplesse. Certes, elle était une quiche pour tout ce qui était force et endurance, mais là encore, on ne pouvait assurer sur tous les plans. Le parcours d'obstacle pourrait être intéressant, mais elle s'était déjà penchée sur la question. Chaque jour elle s'imposait des tours, comme en témoignaient sans doute pas très clairement ses mains écorchées. Mais comme Flynn le lui avait si justement signifié, elle pouvait s'entraîner des heures et des heures, si elle faisait les choses faux, la perte de temps serait considérable.

"Va pour le parcours d'obstacles. Avec un peu de chance, ça me permettra rapidement d'éviter de me blesser."

Pour appuyer ses dires, elle leva en l'air l'une de ses mains malmenée en agitant ses doigts martyrisés.

"Il te faudrait combien de temps pour réunir quelques camarades pour travailler sur les math? A moins que tu veuilles commencer seul."

Il fallait aussi encore voir quel(s) jour(s) Nigel comptait mettre en place un groupe de travail, qu'Hazel puisse adapter son planning de révisions en conséquence.

Pauvre Nigel. Si ça continuait à le mettre dans tout ses états de discuter avec Hazel, il allait se voir proposer de devenir l'égérie d'une marque de fond de teint. C'était pas possible de rougir autant! Il faudra d'ailleurs qu'elle ajoute une coche à son tableau de chasse. La chute du stylo fut une diversion assez efficace qui évita à l'écossaise d'afficher une mine perplexe. Surprise par la soudaine maladresse de son camarade, elle s'écarta pour le laisser ramasser son stylo. Pour un peu, elle y aurait presque cru! Mais le commentaire surjoué de Nigel coupa court à toute tentative de jeu d'acteur. Un vague sourire amusé se dessina sur les lèvres alors qu'elle roulait des yeux. Décidément, elle devait avoir un don pour mettre les gens mal à l'aise. Même si c'était rare que la gêne soit assorti d'un rougissement aussi... Equivoque?

Avant qu'elle n'ait pu faire de commentaire, il reparti sur la discussion, cherchant très probablement à noyer le poisson. La volonté de Nigel de pourtant se lancer dans les mathématique, branche ô combien appréciée, avec l'insupportable intello du campus ne laissait à Hazel que trois possibilité, dont l'une franchit tout naturellement ses lèvres.

"Un peu masochiste peut-être? Il me faudra tes derniers tests corrigés, que je voie par quoi commencer. Inutile d'aller trop loin dans le travail si il y a quelques lacunes dans les bases."

Suite à la suggestion de changer de lieu, Hazel releva les yeux sur les différentes tables. Il n'y avait quasiment personne évidemment, mais il était certain qu'à se rythme, l'un comme l'autre allait se faire mettre à la porte de la bibliothèque.

"C'est clair qu'à force de papoter..."

Elle réfléchit un instant. Il lui restait encore quelques bricoles à faire avant d'aller embêter Eric pour sa leçon privée d'informatique. Hazel baissa les yeux sur le dictionnaire qu'elle avait sous le bras. Compte tenu de son avancée, elle n'en avait plus pour longtemps.

"J'ai encore un peu de boulot à faire..."

Et il serait très inconvenant d'inviter Nigel à la suivre dans sa chambre, n'est-ce pas? Quoique la réaction qu'il aurait lui indiquerait probablement laquelle des trois causes à sa gêne était la plus évidente.

"... Il faut que j'aille dans ma chambre. Tu veux venir?"

Cash, zéro complexe. Très attentive, elle dévisageait maintenant l'acrobate comme un scientifique un peu tordu observerait un cobaye après l'injection d'un produit douteux.

[N'étant pas particulièrement pressée, pour moi ça ne change rien. Contente que ça t'ait fait rire!]

Réaction intéressante. Par réflexe, Hazel avait reculé d'un pas, histoire d'éviter de se prendre la chaise et de se retrouver elle aussi par terre. Ah ouais, quand même. L'hypothèse numéro deux sembla trouver tout son sens dans l'esprit de l'écossaise. Nigel n'était pas masochiste, c'était même pire que ça. Elle le regarda se lever, lançant sur un ton légèrement soucieux.

"Ça va?"

Rien de cassé, mon oeil. Sa fierté venait d'en prendre un coup quand même. Par réflexe, Hazel jeta un regard circulaire. Evidemment, les quelques agents présents avaient tous relevé les yeux sur eux, mais ceux dont elle croisa le regard s'empressèrent de s'intéresser à leur bouquin avec une passion littéraire toute retrouvée. Quand elle eut terminé son tour d'horizon, son camarade avait collé sur la figure l'air le plus niais qu'il lui avait été donné de voir en vrai. Quelle poisse! Et comment elle allait faire, maintenant, hein? Déjà des bruits de pas un peu précipités se faisaient entendre. Le ou la pion de service à la bibliothèque venait certainement faire son job et virer les importuns.

Renonçant immédiatement à l'idée de tirer définitivement ses conclusions et ce qui allait en découlé dans la le temple du savoir, entourée de quelques très vagues camarades, et des remontrances inévitables d'un responsable venu leur rappeler à quoi servait cet endroit, elle prit d'autorité le sac de Nigel pour le jeter sur sa propre épaule. Vu qu'il venait de se faire mal, autant limiter sa casse. Son bouquin coincé sous le bras, elle attrapa le poignet de Nigel de sa main libre et l'entraîna avec elle vers la sortie, avant de répondre sur un ton très banal.

"Par là."




 Bâtiment des agents  Chambre des agents  Chambre d'Hazel

Avant que Nigel n’ai pu répondre quoi que ce soit, Nigel regarda impuissant Hazel lui prendre son sac. Puis de son autre main, il la regarda prestement lui prendre le poignet et l’entrainé de force en dehors de la bibliothèque.

Le jeune homme était tellement estomaqué par la réaction de la jeune fille, qu’il ne pensa même pas à renâcler ou à dire quelque chose. A vrai dire son cerveau était vide, vide de tous contenus

 Chambre d'Hazel...