2015/06/22-L- 50 tours de piste pour une punition

James s'approcha à petits pas du terrain d'entrainement. Il avait lancé un juron en pleine cour d'Allemand car il avait oublié de réviser un test important.

50 tours de piste ce n'étaient pas horribles mais il attendait avec impatience de finir cette corvée. Il alluma le chronomètre de sa montre et parti à petites foulées pour ne pas s'épuiser trop vite. Tout en courant il prenait soin de bien respirer, il pensait surtout à son pour ne pas s'épuiser. Au 20ème tour impatient de finir il commença à courir plus vite. Mauvaise idée, il était épuisé et avait les poumons en feu au 35ème tour. Il se remit à trottiner lentement et recommença le même jeu: expirer, inspiré, expiré, inspiré ... 45ème tour il lui restait 5 tours à courir. Il les aurait bien parcouru en sprintant mais il était épuisé, il fit encore 2 tours en trottinant, puis fit les deux prochains en courant un peu. Et il finit le dernier en sprintant, la ligne d'arrivée n'était plus qu'ont une dizaine de mètres. Il bloqua sa respiration et courut comme si le diable le poursuivait et il passa la ligne avec un soupir de soulagement. Il s'arrêta, arrêta le chronomètre lui aussi et regarda 57 minutes.

Content d'avoir fini sa corvée en moins d'une heure, il alla s'asseoir sur un banc.

Leo allait partir le lendemain pour une mission en compagnie de Nigel avec qui il avait déjà fait équipe au Paintball. Toutefois, il ne connaissait la langue utilisée et pouvait pensait qu'il aurait pu être envoyé dans un endroit où il arriverait à comprendre ses cibles. Geppetto Del Capone, un de ses amis était dans le même cas que lui sauf qu'il devait apprendre quelques mots d'Allemande. Les deux garçons faisaient parti du même cours d'Italien alors forcément, ils se connaissaient quelque peu. Ils avaient fini par se retrouver. Quand à être dans une galère, autant s'entraider.

Cette fois-ci, ils étaient dans la chambre de l'italien à essayer de s'aider mutuellement. Au niveau des mots et des verbes être et avoir, chacun faisait réciter l'autre et pour la prononciation, les adolescents avaient décidé de se servir de Google Traduction. Comme quoi, ce genre d'outils numériques étaient utiles, même à CHERUB. Leo aurait bien aimé pouvoir profiter de ces journées sans cours mais pour pouvoir comprendre quelques paroles des adolescents et adultes qu'il allait pouvoir croiser et baratiner quelques mots, il lui fallait bosser à fond. Les allez-retours pour parler aux professeurs de langues pendant les rares heures où ils n'enseignaient pas pendant deux jours commençaient à le lasser.

Toutefois, ce n'était pas le moment de rechigner à la tâche. Tout de même, il avait envie de prendre l'air. Aussi, le russe étant venu à bout de sa concentration, il invita Geppetto à venir sur la piste pour prendre l'air et peut-être parler de certains sujets sensibles, autant sur les langues que leurs opinions sur Gavroche. Leo remarqua alors James Clusaz qu'il avait rencontré deux jours plutôt, à la piscine et pendant la fête d'anniversaire de Maxence. Remarquant que le gamin faisait des tours de pistes, il décida de ne pas le déranger tout de suite et lui alors un signe de main lorsqu'il s'arrêta.

Pendant que certains profitaient joyeusement du temps libre qui leur était donné pour regarder des dessins animés ou jouer les Don Juan, Gepetto travaillait comme un fou. Il était censé partir demain en mission en Allemagne et s'il ne doutait pas de ses compétences en matière d'infiltration il n'avait jamais pris de cours d'allemand. Alors il bossait plusieurs heures par jour depuis le briefing afin d'apprendre des phrases essentielles, des mots utiles et quelques conjugaisons. Il ne voulait surtout pas ne rien comprendre à la langue et il espérait bien atteindre un niveau correct dans cette langue qu'il continuerait de travailler de manière intensive durant la mission.

Heureusement l'albinos n'avait pas été seul dans la difficulté, Léo un de ses amis devait apprendre le russe pour une mission en Ukraine. Il n'avait pas de chance, en effet il parlait déjà un nombre important de langues et il partait dans un endroit ou il ne connaissait pas la langue. Donc, les deux garçons avaient décidé de travailler ensemble, s'interrogeant mutuellement et s'aidant de google traduction, notamment pour bien prononcer.

Toutefois, malgré toute la bonne volonté du monde Gepetto n'avait jamais vraiment apprécié les langues étrangères, sur le campus il avait commencé à apprendre l’Hindi et n'appréciait pas vraiment cette langue. Ce fut après plusieurs heures d'apprentissage intense que Léo lui proposa de sortir dehors. Victime d'un mal de crâne insupportable l'albinos accepta et ils quittèrent sa chambre pour aller sur la piste.

Là-bas ils virent James, l'un des partenaires de Gepetto un bleu dont il s'agissait de la première mission d'envergure. L'italien songea qu'il serait bon de voir comment le gamin se sentait à la veille de la mission et il fut content de voir que Léo lui faisait un signe de la main. Tranquillement le jeune attendit que son camarade arrive.

[Je relance ^^ ]

Apparemment, James ne venait pas. Peut-être n'avait t'il  pas vu le signe que Leo venait de lui faire. Après tout, ce n'était pas impossible. D'ailleurs, le bleu-marine se dit qu'il serait peut-être bien qu'il aille voir Nigel, par exemple faire un tour dans sa chambre pour voir si le garçon était prêt à partir et s'il ne se sentait pas anxieux. Gepetto devait également souhaiter voir son futur collègue de travail, et James aurait peut-être envie de voir les plus âgés pour leur demander des conseils. L'adolescent oublia quelques minutes de refaire un signe au blondinet.

Une idée venait de germer dans sa tête, plus ou moins en rapport avec le travail linguistique des deux bleu-marine. Leo soupira en pensant aux heures de travail qui allaient l'attendre. S'il travaillait, il ne le faisait pas par gaieté de coeur. De nombreuses autres choses plus passionnantes, mais n'étant pas jugées nécessaires attendaient. Evidemment qu'il aurait préféré lire des séries qu'il aimait ou des livres de son choix que les classiques littéraires obligatoire, bien que certains étaient bien fait. Il aurait également pu s'adonner à des activités de geek et ressortir ses Dragon Quest, Final Fantasy ou encore Kingdom Hearth, pour ne citer qu'eux.

Mais non, il avait fallu qu'il doive apprendre le Russe. Enfin... Il se plainait mais il était tout de même  content de participer à une mission. Sinon, il aurait été l'un des seuls à être resté au campus, et chaque mission pouvait le rapprocher de son t-shirt noir. Un léger sourire apparut sur son visage alors qu'il songeait à cette distinction. La dernière mission dans laquelle le britannique avait participé s'était déroulée au site de BAE Systems, et bien que les objectifs de la mission aient été atteints, Leo l'avait considéré comme un échec, à cause de la fuite qui y avait eu lieu. Il aimerait d'ailleurs bien parler de Gavroche avec l'italien...

La blague passa étrangement en priorité dans l'ordre des choses à dire de Leo, sûrement parce qu'après avoir parlé sérieusement pendant plusieurs heures, il avait particulièrement envie de se détendre.

-Tu sais ce que j'ai envie de faire lorsqu'on utilise Google Trad' comme ça? C'est de taper des phrases louches qui seraient dites sur la voix neutre...

L'idée lui semblait assez plaisante et un sourire d'amusement apparut sur les lèvres de l'espion junior qui semblait pouvoir s'amuser de pas grand chose ce jour-là, et parler de Gavroche monta au cran n°1. Il oublia à nouveau de faire un signe à James qui les avait peut-être remarqué maintenant.

James ne répondait pas au signe qui lui avait été adressé, peut-être n'avait-il pas envie de leur parler, ou peut-être ne les avait-il tout simplement pas vue. Gepetto aurait apprécié l'idée de s'entretenir avec James, histoire de voir dans quel état d'esprit le gamin se trouvait. Alors qu'il hésitait à aller le voir Léo commença à parler. Après la blague un sourire qui n'aurait pu appartenir à personne d'autre qu'à un adolescent en pleine puberté prit place sur son visage. Pas la peine de chercher loin pour savoir ce que Léo entendait par phrase louche, ce n'était surement pas "je m'appelle Eleutheria Moore et je ne suis qu'une vielle chouette", bien que le ton du logiciel colle parfaitement au ton qu'employait la femme. Bannissant toutefois l'image de la directrice de son esprit afin de ne pas vomir Gepetto déclara

-Pas vraiment besoin de trad pour ça...

Afin d'illustrer son propos ce fut d'un ton le plus neutre possible que notre jeune protagoniste déclarât

-Oh oui, la branlette espagnole continue.
C'était maintenant qu'il presque ne pas espérer que James n'arrive pas, l'idée d'un cours d'éducation sexuelle donné à un gamin avec qui il allait vivre pendant les prochaines semaines était déplaisante aux yeux de Gepetto. La phrase qu'il venait de sortir l'avait légèrement rire, quoi de plus simple pour provoquer l'hilarité chez des adolescents que de parler de sexe. Pourtant, il fallait bien l'avouer ce n'était pas la chose qui le tenterait le plus et ce constat lui déplaisait fort. Était-il normal ? Ou devait-il se remettre en question, tel était l’une des interrogations qui taraudaient le bleu marine actuellement.

Tel était l’une des interrogations qui taraudait le bleu marine actuellement. Aussi, ce moment ne provoquait pas autant de détente que prévu chez un italien qui après tant d’heures de travail en avait plus que besoin. D’un pas tranquille les deux adolescents se dirigeaient vers la piste. Gepetto avait envie de courir, bien que tout d’un coup l’idée de remonter dans sa chambre afin de discuter tranquillement avec Léo ne lui paraissait pas déplaisante du tout, tant qu’ils ne parlaient qu’en anglais évidemment. Il fallait dire qu’il y avait tant de possibilités sur internet pourquoi ne pas les exploiter ?

La première remarque de Gepetto arracha un sourire à Leo, qui attendait la démonstration. Celle du jeune albinos fut prononcée sur un ton parfaitement neutre, ce qui n’était pas sans rappeler les intonations de la voix du Google Traduction, l’outil par excellence lorsqu’il s’agissait de trouver des synonymes lors d’un devoir linguistique. Qui d’autre qu’Hazel Curtis utilisait encore un dictionnaire ? En tout cas, le ton employé n’allait évidemment pas avec les paroles et ce décalage était d’autant plus prononcé qu’on ne voyait pas de traces d’amusement évidente chez l’autre bleu-marine, à part peut-être dans ses yeux rouges. Le brun rit donc devant l’exemple de son cadet, et essaya à son tour… Bien qu’il craqua en riant au beau milieu de sa phrase.

-Je ne comprends pas comment tu arrives à garder ton sérieux. Enfin, j’y arriverais peut-être si on n’avait pas passé deux heures à « parler » Russe et Allemand…

En effet, dans cette situation, un rien pouvait détendre Leo et le faire partir dans un fou rire… Comme pour de nombreux autres adolescents d’ailleurs. James recommença à courir, semblant décidé à se débarrasser d’une corvée… En tous cas, cela permettait aux deux plus âgés de converser un peu pendant ce temps là. D’ailleurs, une nouvelle idée passa par le cerveau de Leo.

-Mais en fai, nous faisons cela dans l'intérêt de la mission C’est utile d’apprendre ce genre d’expression si on doit draguer notre cible, et plus si affinités, lança l’adolescent.

Avant qu’il ne se rendre compte qu’il avait indirectement fait remarquer son homosexualité à l’italien. A moins qu’il ne pense que ce ne soit une blague. Bien que Leo savait que des rumeurs circulaient à son sujet, il évitait de donner confirmation, car même si la majorité des agents étaient tolérants, ce n’était pas le cas de tous. Et le brun ne savait même pas ce que l’albinos pensait à ce sujet. Il verrait bien comment l’autre le prendrait de toute façon. Tout naturellement, le geek alla se dégourdir les jambes en courant à petite foulée, pour pouvoir continuer de parler en même temps.

Contrairement à lui, Léo partit dans un fou rire en pleine phrase, amusé Gepetto finit par craquer et suivit son ami dans l'hilarité, rire faisait du bien cela le détendait et il en avait bien besoin. Il restait après tout un adolescent ayant une activité hormonale normale. Puis, le geek continua de parler en déclarant qu'apprendre ce genre d'expression serait utile pour draguer. Le jeune homme comprit l'allusion, voulue ou pas de Léo sur son éventuelle homosexualité, peut-être que la phrase ne signifiait pas cela, que le brun avait une cible féminine ou autre.

Mais des rumeurs couraient sur le campus au sujet, certains disaient qu'il était gay, qu'il avait eu des aventures avec certains garçons, alors l'allusion était sans doute réelle . Comme tout le monde l'albinos était curieux à ce sujet, il pensait que Léo était en effet gay, surtout après cette phrase mais on n'était jamais à l'abri d'une surprise. Cette curiosité était malsaine, et dans certains cas mal placée, mais c'était un instinct humain de vouloir connaitre l'orientation sexuelle des autres.

En dépit de cette curiosité, Gepetto n'en serait pas moins ami avec Léo, si ses parents avaient toujours été méfiants envers les homosexuels, l'adolescent considérait qu'ils avaient le droit de faire ce qu'ils voulaient, il fallait dire aussi que le climat très ouvert d'esprit de l'Angleterre, et même du campus l'avaient influencé. Sur le campus, la plupart des agents étaient ouvert d'esprit, ce qui était sans doute lié à l'intelligence de tous les résidents. On pouvait en effet, difficilement faire preuve de fermeture d'esprit en étant supérieurement intelligent, bien qu'il y ait toujours des exceptions. Il y avait aussi ceux qui plaisantaient sans complexe à ce sujet comme Maxence et Zachary. L’italien trouvait leurs disputes drôles, mais cela était peut-être vexant pour certains.

-Ouais dans mon cas les Allemandes sont pas mal en général, et je suppose que toi ça devrait t'aider si tu as des affinités avec ta cible en effet, tu fais ce que tu veux d 'façon.

Notre jeune protagoniste ignorait s'il avait fait preuve de suffisamment de tact, mais au moins c'était dit, et il serait sans doute fixé bientôt sur l'orientation de son ami, et celui-ci n'aurait pas eu avoir peur d'etre rejeté. Comme son camarade Gepetto commença à courir à petites foulées, ce rythme lui convenait, il était capable de courir vite mais préférait les courses d'endurance à celle de vitesse, et dans le cas présent cela permettrait de continuer la discussion. Puis il pensa aux allemandes, en vérité l’idée de sortir avec une jolie fille ne l’inspirait pas vraiment, pour son grand déséspoir, si il était tolérant avec les autres, son propre étre faisait figure d’exception…

Courir était une activité quotidienne pour un agent de CHERUB. Il fallait toujours garder sa forme à l'oeil, si on ne voulait pas avoir droit une séance de remise en forme avec les chers instructeurs. Si avant le PEI, ce n'était pas simple de se plier à cette règle, après, c'était une autre affaire. A ce moment là, personne n'avait envie de revoir les adultes en charge du PEI. Si jamais Leo revenait à CHERUB après sa carrière d'agent, ce n'était sûrement pas ce poste là qu'il occuperait. Pour sa part, il s'imaginait mal faire souffrir des gamins de tout juste dix ans. Et d'ailleurs, ce ne devait pas être très agréable pour les conditions de vie de s'occuper du PEI...

En tous cas, le rythme adopté par Leo et que Gepetto avait ensuite repris était agréable, juste ce qu'il fallait de vitesse pour se dérouiller les jambes et assez lentement pour pouvoir parler. Les rangers n'étaient pas forcément les chaussures les plus adaptées à la course, de manière générale, mais celles du campus étaient particulièrement légères. Et on ne craignait pas de les rendre tout à fait boueuses à la fin de la journée. D'ailleurs, les deux bleu-marines avaient de la chance, car pour une fois, il ne pleuvait pas. Il aurait été dommage de ne pas pouvoir sortir et risquer l'intoxication dû aux langues étrangères...

Le brun se demandait se que Gepetto allait dire, s'il prenait la parole. Il apparut qu'il avait compris le sous-entendu. Leo n'était pas sûr d'avoir des affinités avec Andrei pour sa part... Et il se demandait si la dernière remarque de l'albinos était sincère ou non. A vrai dire, l'adolescent ne connaissait pas tant que ça l'italien, mais il savait à force que certaines personnes, bien qu'apparemment tolérantes étaient tout de même gênés. Il regarda brièvement son camarade, pour essayer de déterminer la nature de sa parole, mais avec une personne capable d'imiter Google Traduction, ce n'était pas réellement simple. Leo était également capable de servir des mensonges sur un plateau d'argent en mission, vu l'entraînement dispensé par CHERUB, mais il avait du mal à se servir de ses facultés au quotidien. Ce n'était pas réellement dans sa psychologie. Leo n'était pas particulièrement sûr, d'ailleurs, que l'utilisation du verbe vouloir était la plus appropriée...

Après avoir répondu, peut-être un peu froidement "ouais, de toute façon, je fais comme je le sens", Leo décida d'envoyer la balle du côté de l'albinos. En sous-entendu, bien qu'il ne doutait pas que l'autre agent le comprenne...

-Et toi, tout va comme tu veux de ce côté? Pour les allemandes, je suppose que ce sera si elles ne ressemblent pas à Oksana... J'ai l'impression que ce n'est pas trop ton style... Quoique les guerres d'ego, on ne sait jamais sur quoi ça peut aboutir...

Battant son record de nombre de point de suspensions dans la même prise de parole, Leo avait ajouté la dernière phrase pour brouiller les pistes...

À ce moment, elle avait compris qu'une pause s'imposait et après avoir rangé les feuilles éparpillées dans sur le sol, elle était sortie.

Le mois de juin était bien avancé et le soleil semblait au beau fixe. En franchissant la porte du bâtiment, la fillette avait inspiré avec bonheur une grande gorgée d'air avant de prendre la direction du terrain de sport.

Il était déjà occupé par trois sombres inconnus. Un gris très concentré sur sa course et deux bleu-marine qui papotaient en courant. Elle ne se souvenait pas avoir croisé l'un des 3 garçons avant. Cela étant, après son PEI elle était peu sortie surtout plongée dans ses cours. Bien sûr, elle avait fait du sport durant cette période, mais surtout en solitaire, ou pour seule compagnie un livre pour faire d'une pierre deux coups.

Motivée, elle décida de s'entraîner en vitesse et commença avec un rythme soutenu, enchaînant les foulées rapidement. Ses cheveux nattés rebondissaient dans son dos à chaque pas. Elle prenait bien soin de souffler pour ne pas trop se fatiguer. Les cinq premières minutes, elle tenta de battre son nombre de tours effectués la veille. 7 tours et demi. C'était moins que la veille. Déçue, elle ralentit légèrement pour se rapprocher lentement des deux bleu-marine. D'humeur curieuse, elle décida de les couper dans leur conversation qui devait être fort intéressante. Quoi de mieux pour glaner des informations que de discuter avec des "grands". Elle aurait pu se faire discrète et rester à courir derrière en tendant l'oreille, mais quitte à récupérer des infos autant faire connaissance. 

La discussion était feutrée, garnie de sous-entendu ce qui valait sans doute mieux, on imaginait toujours que les conversations des adolescents au sujet des filles, ou des garçons d'ailleurs étaient crues, sans limite. Or, ce n'était pas le cas, ou tout du moins pas toujours, dans le cas présent le tact était plus adapté. La première réponse de Léo fut affirmative et un peu froide, ce que l'albinos ne prit pas mal, il était souvent froid lui aussi. Puis, le brun renvoya la balle dans son camp. L'agent de CHERUB ne savait pas trop quoi répondre, d'un côté esquiver la question serait lâche dans la mesure où son camarade avait lui répondu, mais de l'autre notre jeune protagoniste devait admettre que lui-même ne sache pas vraiment ou il en était ce qui était assez perturbant.

Seulement, devait-il l'admettre devant Léo, en saisissant ainsi une chance d'avoir des conseils, ou bien ne pas lui faire confiance et garder une fois de plus de ce questionnement pour lui? Encore une fois, l'adolescent était face à une interrogation quasi insoluble, mais dans le cas présent il n'avait pas six mois devant lui pour y réfléchir. Les sous-entendu de Léo était toutefois un peu palpable, il avait l'impression que les Allemandes n'étaient pas son style. Faisait-il une allusion aux égocentriques, ou bien aux filles en règle générales ? Et si la deuxième option était la bonne, comment avait-il fait pour comprendre?

-Je ne sais si c'est vraiment mon style ou pas, à vrai dire... Mais je considère que les guerres d'ego c'est trop chiant, aux finales personnes ne gagne vraiment...

Encore une fois les sous-entendus étaient présents, et l'italien s'efforçait de brouiller les pistes, alors que Léo allait répondre, une gamine arriva. Elle était très jeune et devait avoir dix ou onze ans, encore une qui sortait tout juste du PEI, à voir son innocence, son t-shirt gris et la lueur de curiosité dans ses yeux à l'idée des missions. La petite devait sans doute attendre impatiemment dans sa chambre sa première mission, celle-ci serait sans doute peu risquée mais elle l'accepterait avec joie tout de même.

Si, à l'obtention de son t-shirt gris il n'était déjà plus tout à fait innocent, il se souvenait de l'attente anxieuse de sa première mission. Il avait dû passer deux semaines dans un collège italien à approcher le fils d'un homme suspecté de frauder aux frics depuis des années. Le tout n'avait pas été très palpitant mais s'était bien terminé pour CHERUB car l'homme avait fini par être mis en prison. La petite leur demanda s'ils s'entrainaient pour leurs prochaines missions, décidément ces genres d'informations n'étaient jamais bien gardées à CHERUB. Il y avait toujours un ou deux agents pour se raconter que plusieurs missions avaient été lancés, l'adolescent n'avait rien dit, mais il se souvenait d'avoir lui aussi été un peu bavard en début de carrière, même si au fond seul ce qui l'arrangeait sortait de sa bouche.

-Plus ou moins, et toi je suppose que tu attends avec impatience ta première mission.

Gepetto avait repris le flambeau des sous-entendus qui pouvait dire deux choses à la fois : Les égocentriques et les allemandes n'étaient pas forcément son style ou bien... Les filles tout court. Leo ne se souvenait plus tellement à quel âge il avait trouvé son orientation, mais il pensait être un peu plus âgé que l'italien à ce moment là. De toute manière, il s'était demandé si ce n'avait pas été une phase, à un moment donné. Toujours était-il qu'il se sentait mieux depuis qu'il était sûr de ses préférences.

Quant aux guerres d'ego, il était vrai que tout le monde essayait d'avoir le dernier mot. Une provocation partait donc immédiatement, comme le nom de cette expression l'indiquait, en guerre. Parfois amusant au départ, puis de plus en plus agaçant, et un peu lassant. Surtout lorsque la personne avec qui on se confrontait ne présentait pas d'arguments valables. Pour sa part, malgré le manque de dénouement, Leo pouvait se lancer dans ce genre de piques verbales avec des personnes qu'il n'appréciait pas... du tout. Avec ses amis, il préférait les débats plus calmes.

Lors d'un débat, écouter le point de vue de l'autre était important, mais sur certains sujets, il fallait pouvoir s'imposer. C'était un "jeu" presque théâtral et qui nécessitait un certain sens du timing. Quand fallait-il agir, quand fallait-il donner l'impression de réfléchir aux paroles de son interlocuteur? Ces questions là, on ne se les posait pas lors des guerres d'ego pendant lesquelles le but était en quelque sorte, d'écraser l'autre. Et elles se lançaient assez facilement au campus, ou la simple couleur du t-shirt de l'autre était un prétexte pour s'échanger des amabilités.

Le brun allait répondre à son ami une réplique dans le même genre que les deux précédentes, mais une petite vînt à leur rencontre. L'air malicieux avec un air ingénu, elle était l'archétype même de l'innocence. Vu son jeune âge, sûrement pas plus de dix ou onze ans, d'après Leo, elle attendait avec beaucoup d'impatience le jour où elle entrerait dans le centre de contrôle, à moins qu'elle n'ait déjà eu une mission de faible importance, comme une mission de casse ou de surveillance.

Sa question n'était pas tout à fait juste, ni tout à fait fausse. Les deux marines étaient ensemble pour s'entraîner à parler respectivement russe et allemand, mais la course ne faisait pas parti de leur entraînement. Leo savait que les jeunes agents aimaient bien pavaner devant leurs amis pour se vanter de leur futur départ en mission... Qui était coupable? Par curiosité, le brun tenta de le savoir :

-Dans l'immédiat? Pas tout à fait. Qu'est-ce qui te fait dire qu'on part en mission?

Le tout dit d'un ton amusé, Leo se demandait ce que la petite allait rétorquer. Connaître le divulgateur était la raison de la phrase dont le marine connaissait déjà la réponse, il ne faisait que de demander implicitement des précisions, à peu prêt certains que la blonde avait pris connaissance d'une rumeur.

L'arrivée de la petite brune avait empêché son ami de continuer sur le chemin des sous-entendus, c'était bien dommage, Gepetto aurait bien aimé entendre de suite ce qu'il pensait de sa dernière déclaration. La conversation reprendrait sans doute un peu plus tard, voir quand ils se retrouveraient tous les deux pour travailler encore et toujours l'allemand et le russe, langues que peu à peu les deux adolescents maudissaient. Il aurait tué pour partir dans un pays où l'on parlait anglais ou Italien, ou bien pour avoir commencé à bosser plus de langues plus tot. Léo lui au moins parlait Anglais, Polonais, Italien, Japonais, et Finlandais et à la fin de sa mission il maitriserait sans doute le Russe. Un des grands avantages d'avoir de l'ancienneté à CHERUB et d'etre relativement travailleur.

Son ami tenta de savoir d'où la gamine tenait ses informations, ce qui intéressait aussi l'autre bleu marine. Beaucoup d'agents étaient bavards, en déduire lesquelles avaient parlé était trop compliqué. Non contente d'avoir en plus stoppé une conversation, la gamine se faisait malicieuse, correspondait ainsi totalement au cliché de la petite espionne, caractère que beaucoup de filles avaient à CHERUB il fallait bien l'avouer.

-Je vois, tu appliques la loi du silence... Tout se sait sur le campus tu sais, et tu en es la preuve... Mais c'est vrai qu'il y a des sujets sur lesquelles on aime rester plus ou moins discret...

La dernière partie de la phrase avait été ponctuée d'un regard vers Léo, il comprendrait sans doute...

-Et que sais-tu de plus sur nos prétendues missions ? Relança Gepetto qui décidément aimait brouiller les pistes...

L'implicite était une façon de s'exprimer et d'écrire qui plaisait grandement à notre jeune protagoniste, certes il était parfois ardu de comprendre le sens réel et ne pas se tromper, mais c'était un bon moyen de communication et de dissimulation. Beaucoup des philosophes et d'écrivains avaient d'ailleurs été très connus et adulés pour leurs œuvres pleines de sous entendus. De plus, maitriser cette façon de s'exprimer pouvait être  plus qu'avantageux dans le cadre de l'espionnage.

La petite brune esquissa un sourire malicieux. La curieuse ne dévoilait pas ses sources. C'était amusant, car elle faisait un peu penser à la petite soeur pleine de joie et malicieuse et un peu agaçante sur les bords à qui on pouvait s'attacher facilement. Elle ressemblait un peu à Lindsay sur les bords. D'ailleurs, Leo avait remarqué que beaucoup de filles de son âge avait ce caractère en apparence. Enfin, des garçons aussi, d'ailleurs. Il était, somme toute, rare d'être vraiment réfléchi à environ onze ans. Généralement, les jeunes agents devenaient plus mature après le Programme d'Entraînement Initial et à leur première mission.

Le brun n'avait jamais réellement remarquer une évolution brutale chez lui, mais s'était trouvé mature avant son entrée à CHERUB. D'un autre côté, on remarquait rarement qu'on changeait soi-même. Les malheurs ou les situations difficiles forgeaient l'individu tout autant les moments heureux et l'encourageait à progresser plus rapidement d'une manière générale. Leo n'arrivait pas à se souvenir de son état d'esprit et de son caractère lorsqu'il avait l'âge de la petite fille. Ces moments là lui semblaient bien loin, d'autant plus que d'ici un an, il allait devoir penser à ce qu'il ferait à sa retraite.

L'idée le déprimait un peu mais il se ferait bien une raison. L'agent se tourna vers Gepetto qui avait du temps devant lui. Celui-ci parla à la nouvelle agent, bien que la dernière phrase de son ami lui semblait être adressée. Leo avait mis en pause les sous-entendus lorsque la petite espionne était intervenue mais allait glisser quelques mots dans sa phrase.

-Oui, c'est souvent mieux de ne pas aller le hurler sous les toits. Enfin, parfois parler des sujets qui méritent de rester discrets n'est pas toujours désagréable... Tant qu'on le dit aux bonnes personnes. Il serait dommage d'être mal vu parce que tu aurais dénoncé quelqu'un., lança Leo avec un sourire amusé.

Gepetto aimait bien jouer avec les sous-entendus également, apparemment. Pour sa part, Leo aimait bien glisser quelques phrases implicites lorsqu'il écrivait ou qu'il parlait, puisque cela permettait d'apprendre beaucoup de choses sur les personnes. Quelque chose de pratique, d'après le jeune homme. Il reporta son regard sur la jeune espionne.

Léo fut le premier à prendre la parole, parlant lui aussi des sujets sur lesquelles il fallait rester discret, l'albinos comprit qu'il s'adressait à lui, et il avait raison, parler de sujets sur lesquelles on devait rester discret pouvait ne pas être désagréable si l'on en parlait aux bonnes personnes. À celles qui savaient rester discrète, donc, pour sa part Gepetto pensait qu'il pourrait sérieusement avoir foi à Léo, et peut-être même lui parler de certains sujets à coeur ouvert, mais utiliser les sous-entendus lui plaisait pour l'instant. Et, dans le cas présent avec la gamine dans les pattes, c'était bien la seule forme de communication qui pouvait marcher. Celle-ci semblait d'ailleurs avoir du mal à suivre leur rythme, elle était sensiblement plus jeune il fallait l'avouer, et puis les agents plus âgés ne s'entrainaient pas avec les gris si jeunes.

Sa réponse, bien que hachée fût compréhensible, un gris s'était vanté de partir sur une mission classée très dangereuse. Le seul gris partant sur la mission la plus dangereuse de la "vague" était James, et il lui semblait assez jeune pour avoir raconté une telle chose. Seulement, les gamins partant sur des missions risque moyen pouvaient très bien se vanter aussi et mentir.

Sur le campus l'esprit de compétition était très présent à cause du système de t-shirts, le meilleur était celui qui montait en grade le plus vite, et donc qui avait les missions les plus risquées. Des formes de discrimination étaient même présentes, il y avait ceux qui méprisaient les gris en les traitant de débutants, les gris expérimentés qui au contraire méprisaient les hauts gradés. Au fond, peu importaient le grade et les ambitions qu'avaient les moqueurs et les méprisant, cela prouvait juste que ce système qui avait comme but principal de motiver les agents et de les valoriser, conduisait aussi à l'effet inverse. L'albinos se savait lui aussi "victime " du système aussi bien dans le bon et dans le mauvais sens.

Bryn et Niguel par exemple auraient pu se vanter... Les révélations de la gamine étaient trop floues pour identifier les coupables. Gepetto espérait juste que les gamins n'étaient pas allé trop loin dans leurs révélations. Les missions étaient quand même relativement confidentielles. Par jeu l'adolescent augmenta le rythme, les autres se calquèrent sur son allure.

-C'est tout à fait ça, une fois que tu as trouvé une personne de confiance tu n'as plus vraiment de problèmes... Et ta première information me semble véridique, quant à la seconde je ne peux pas trop le savoir, ne connaissant pas le gris dont tu parles.