2015/06/22 - L -Recueil de dernière minute

Hazel n'était pas particulièrement croyante. De fait, tout bien considéré, l'écossaise n'avait jamais vraiment eu envie de croire en qui que ce soit, ni en quoi que ce soit d'autre qu'elle-même. Question de logique un peu trop simpliste mais néanmoins conservateur sous certains aspects. Depuis son arrivée sur le campus, elle ne franchissait le seuil de la chapelle que deux fois par années, pour d'obscures raisons qu'elle n'avait partagées avec personnes. Sauf cette fois. Ce n'était ni les bonnes dates, ni les mêmes raisons. Assise sur un banc de bois dans un coin de la chapelle, Hazel fixait bêtement l'autel.

Dans son flot de pensées, plusieurs noms se répétaient sans cesse. Celui de Matthew Bornson, agent du MI5, et Brian Pierce, diplomate britannique, revenaient tout particulièrement. Leur seul réel lien était l'organisation à l'origine de leurs morts respectives. Depuis qu'elle avait grapillé grâce aux talents d'Eric des informations sur le SQUID, Hazel s'était plongée chaque jour dans ce qu'elle avait entendu, cherchant à travers le temps et le recul des perspectives qu'elle n'avait pas envisagé dans la conversation qu'elle avait eu avec le hacker. Une seule chose en ressortait: la diversité des activités de ce groupe était tout simplement affolante. Ils pouvaient jouer sur tous les terrains et hormis des suspicions, CHERUB n'avait concrètement rien d'exploitable contre eux. La traque aux missiles était un bond directe dans la cage aux fauves. Leur seul avantage était leur jeune âge. Qui irait penser que des gosses viendraient espionner? Enfin là ce n'était que de la théorie. Car si une organisation similaire à la leur avait connaissance de leur existence, combien de temps faudrait-il à des terroristes peu scrupuleux pour en apprendre tout autant?

Puis un peu moins professionnelles, ses pensées s'égarèrent vers le pauvre Nigel qu'elle avait royalement ignoré depuis qu'elle l'avait chassé hors de sa chambre, et ce même pour l'aide en mathématique, comme pour le parcours d'obstacle qu'elle s'échinait à pratiquer seule. Des remords? Oui, indiscutablement. Des regrets? Absolument pas. Hazel baissa les yeux sur ses genoux. Pour elle, elle avait fait ce qu'il y avait de mieux et pour elle et pour Nigel. Flirter avec un garçon? Quelle idée! Un agent en plus. Et puis il n'était pas sincère. Hazel n'avait pas de véritable ami ni confident. Alors un petit copain... N'importe quoi! Et puis les garçons de son âges sont tous soit des vantards, soit des obsédés. Pour ça aussi, l'écossaise avait une idée très arrêtée sur la question.

Réalisant que ses doigts s'étaient bêtement croisés sur ses genoux, Hazel les décrocha rapidement pour attraper le banc de part et d'autre de ses genoux. Son attention se portant à nouveau sur l'autel, elle regretta en un sens de ne pas être allées en cours malgré la dispense. Non pas par esprit studieux, mais juste pour penser à autre chose qu'à la perspective de risquer de faire tuer quelqu'un d'autre. Si elle n'avait pas foirer sa pose de micro, les Le Sueurs auraient été plus rapidement écartés et la cible réelle plus vite identifiée. Bornson aurait peut-être agit différemment et serait en vie. Sans compter qu'elle aurait dû être plus vigilante avec Bryn, et tenir à l'oeil Daniel, ce qui leur aurait évité peut-être une mise sur écoute. A quoi ça avait servit qu'elle s'en rende compte aussi tard? La suite n'était pas vraiment pour la rassurer. Bosser en équipe ne lui réussissait pas. La dernière fois, elle s'était coltiné ce vantard de Zack, et cette fois-ci, c'était sa groupie numéro un qu'on lui mettait dans les pattes, en supplément de Bryn. Elle espérait sincèrement que les opposés s'attiraient et que Lindsey s'avérerait très différente de son adoré de t-shirt bleu marine...





[A qui veut!! ^^]

Spoiler:

Un léger bruit se fit entendre au fond de la chapelle alors que la porte s'ouvrait pour laisser entrer un jeune garçon dont la présence en ces lieux auraient de quoi surprendre plus d'une personne. Souhaitant être au calme pour une fois, Maxence avait quitté sa chambre pour trouver un endroit tranquille et peu fréquenté.

Il avait bien un devoir en retard à terminer, un truc rébarbatif sur la montée du terrorisme écologique à rendre pour le lendemain et dont il avait à peine esquissé le plan, mais il avait ressenti le besoin de faire une pause. Savoir que ses amis les plus proches allaient bientôt partir en mission aux quatre coins de l'Europe pour déjouer une menace terroriste alors que lui devait encore rester au Campus avait suscité une pointe de jalousie qui empêchait le garçon de se concentrer sur sa feuille blanche. Pour chasser ces idées noires, il avait décidé d'aller faire un tour et, par hasard ou guidé par une inspiration divine, il s'était retrouvé dans la chapelle.

Maxence n'était pas spécialement porté sur les dévotions mais il devait bien s'avouer que la décoration dépouillée et sobre de la chapelle était idéale pour servir de support à une réflexion introspective. Enfin, à condition d'être seul... Esquissant une grimace de mécontentement, le Québécois aperçut une silhouette qui "squattait" déjà l'endroit.

Après quelques pas, il reconnut Hazel qui semblait plongée dans ses pensées et ne paraissait pas l'avoir remarqué. Gêné de se retrouver en présence de la jeune fille (après tout, elle n'avait pas été conviée à son anniversaire alors qu'il s'entendait bien avec elle), le garçon se glissa discrètement entre deux rangées de chaises et, restant près de l'allée centrale, il s'agenouilla pour une brève prière (difficile de se débarrasser des rudiments de l'éducation catholique qu'il avait reçu et qui restait en lui en dépit de l'environnement essentiellement anglican dans lequel il évoluait depuis son arrivée à CHERUB).

Pourquoi n'avait-il pas été lancé, lui aussi, aux trousses du SQUID ? Certes, il ne parlait ni allemand pour accompagner la mission à Munich (mais Gepetto non plus ne maîtrisait pas cette langue), ni russe pour partir en Ukraine mais il aurait pu aller en Irlande ou renvoyer à Jersey pour remonter la piste des terroristes.

À moins que la directrice n'ait d'autre plan pour lui. Après tout, il était un des rares agents à parler "parfaitement" français...

Spoiler:

Le son de la porte s'ouvrant ne fit pas broncher Hazel. En effet trop perdue dans ses pensées, à moins qu'elle ne se fiche tout simplement de qui pouvait bien entrer. La chapelle était ouverte à tous après tout! Et le respect que chacun devait à ce lieu lui assurait donc une certaine tranquillité qui lui convenait parfaitement. Elle resta donc à fixer bêtement l'autel alors que la silhouette du prochain client du bon Dieu passait dans son angle de vision. Par pure réflexe, elle finit par y prêter plus d'attention et reconnu sans mal le canadien.

Un peu étonnée, elle haussa les sourcils avant de réaliser qu'avec son degré de fréquentation de la chapelle, il était tout à fait normal qu'elle ignore qui parmi ses camarades étaient les plus pieux. Bizarrement, sans trop savoir pourquoi, elle n'aurait pas misé sur le canadien. La faute au langage imagé peut-être? Elle voyait plus des types genre Flynn venir se recueillir. Le genre un peu trop saint sur les bords pour ne pas cacher quelque chose de louche. Mais Max, lui, il rentrait pas vraiment dans cette catégorie-là, même s'il s'en approchait pas mal, contrairement à son meilleur pote.

Sa curiosité piquée au vif, elle l'observa se glisser entre deux rangées de chaises un peu plus loin devant pour s'agenouiller. Combien de gens s'agenouillaient encore pour prier, surtout ici? Et qu'est-ce qui passait par la tête de son camarade? Le "notre père" revu et corrigé selon le langage de Max? A moins que ce ne sois de respectueuses demandes au ciel pour décrocher une bonne note au prochain exposé? A moins que ce ne soit que des remerciement pour sa surprise party organisée en grandes pompes au bowling. Tien, d'ailleurs, avait-il aimé le cadeau qu'elle lui avait fait malgré le fait qu'elle n'ait pas été invitée et n'ai pas eu la motivation pour aller emmerder Zack en se pointant quand même? L'écossaise plissa les yeux, songeuse, mais ne bougea pas. Une prière, quelle qu'elle soit, ça se respectait. Simplement en retrait, elle ne se contenta que de glisser en silence sur le bord du banc pour se rapprocher de l'allée centrale histoire d'être sur le chemin du retour de Maxence pour le saluer.

Quels sentiments pouvaient bien passer par la tête de Maxence à ce moment précis ? Quel cheminement pouvait donc bien prendre ses réflexions ? Il serait difficile de trouver quelqu'un capable de déceler un fil conducteur dans ce flot de pensées, le principal intéressé n'étant, par ailleurs, d'aucune utilité dans cette démarche, passant d'un sujet à un autre sans réelle cohérence. Pèle mêle se retrouvaient la joie passée de la virée entre potes au bowling, la frustration de ne pas avoir était retenu pour affronter le SQUID, l'énervement face à ce p#%7!§ de devoir sur lequel il ne parvenait pas à ce concentrer, pour revenir sur le petit paquet déposé innocemment sur son bureau par Hazel, Hazel qui justement se trouvait là, à deux pas derrière lui, mais qu'il se sentait gêné d'aller trouver, bien qu'il ne soit pour rien dans son éviction de la soirée donnée pour son anniversaire, puis, sans que l'on y comprenne grand-chose, les pensées volèrent vers une petite brunette, entre-aperçue à la cafétéria du campus et qui méritait certainement que l'on s'intéressât à elle.

Se relevant lentement, le garçon hésita une seconde avant de s'asseoir en se penchant légèrement en avant, la tête plongée dans les mains et les coudes appuyés sur les genoux. Il resta encore quelques minutes dans cette position, laissant encore vagabonder ses pensées, repoussant encore et encore le moment où il lui faudrait bien retourner dans sa chambre. En dépit du passage par la chapelle, il ne fallait tout de même pas espérer de miracle et le devoir n'allait pas avancer tout seul. Aucun ange ne serait envoyé pour, ne serait-ce qu'esquisser l'ombre d'un plan.

Allez ! Un peu de courage ! Avec un petit soupir, Maxence se mit debout et se signa, puis, après une dernière génuflexion, fit demi-tour pour remonter l'allée et rejoindre sa chambre et la page blanche qui l'attendait sur son bureau. Apercevant Hazel qui s'était volontairement placée dans son champ de vision, il marqua une brève seconde d'hésitation mais, là où se trouvait actuellement la jeune fille, il ne pouvait pas feindre de ne pas l'avoir vue. De plus, une telle attitude n'aurait pas été vraiment honnête et le Québécois préférait jouer franc jeu, du moins envers ses camarades. Pour les professeurs ou l'encadrement de CHERUB, c'était, bien sûr, une autre histoire mais ce n'est pas le sujet.

Un sourire timide se forma sur le visage du garçon alors qu'il s'approchait de l’Écossaise. Arrivée à sa hauteur, il inclina légèrement la tête pour la saluer et lui glissa quelques mots à voix basse pour ne pas troubler l'atmosphère de recueillement du lieu où ils se trouvaient (le fait qu'ils ne soient que deux dans la chapelle ne changeait rien au caractère sacré de l'endroit qui faisait qu'on se s'y interpellait pas comme si on se trouvait sur le marché au centre du village).

"Allo Hazel.", chuchota-t-il. "Et merci pour ton cadeau. Il est crissement fun !"

Contraste amusant entre l'attitude recueillie et respectueuse de Maxence et son vocabulaire imagé, utilisant facilement les fameux "sacres" transformant en juron les mots les plus religieux.

Ah, le recueillement était terminé. En percevant le mouvement de Max, son regard quitta instantanément l'autel pour accrocher le canadien qui fit la gestuelle de circonstances avant de se diriger le plus simplement du monde dans l'allée centrale. Allait-il mal prendre le fait qu'elle tape l'incruste de manière si peu subtile? Après tout, Hazel ne connaissait pas grand chose à l'application de la religion pour être elle-même assez peu portée sur le sujet. Il était bien probable qu'il soit très inconvenant de parler dans une chapelle, étant donné le silence pieux qui y régnait quasiment toujours.

Mais là n'était pas le seul soucis. En vérité, elle se demandait aussi si elle n'avait pas été un peu trop loin en se permettant d'entrer dans la chambre de Max pour y déposer son cadeau. Le laisser derrière la porte ne lui paraissait pas franchement très sûr, et le lui remettre le lendemain du jour de son anniversaire avait été tout simplement hors de question. l'alternative qu'elle avait choisi était tout de même suffisamment intrusive pour être mal prise, d'autant plus qu'elle était une fille qui était entrée sans invitation dans la chambre d'un garçon. Sacrilège!!

Perplexe, elle observa Max s'approcher, guettant sans doute un signe qu'elle ne vit pas. Elle eut même droit à un salut! Ah, alors ce devait être bon dans ce cas. Le chuchotement de Max lui confirma cette première déduction. Elle lui répondit, sur le même ton bas.

"Salut! Je suis contente qu'il t'aie plu alors. Désolée d'avoir dû te le déposer comme ça."

Elle jeta un rapide coup d'oeil en direction de l'autel. Il n'y avait toujours personne, mais il ne lui semblait pas pour autant correct de tailler une bavette comme ça par ici. Elle se leva donc, mais ne bougea pas encore vers l'allée centrale.

"J'espère que ça ne t'a pas trop dérangé que je sois entrée."

Le visage ravi de Maxence montrait assez combien il avait été touché par le cadeau, fait sans contrepartie ni calcul et ce, alors que l’Écossaise n'était même pas invitée à la petite soirée organisée pour fêter cet anniversaire.

"Non, non. Pantoute.", commença-t-il à protester devant les excuses d'Hazel pour être entrée dans sa chambre. "C'est pas grav...", avant de s'interrompre brusquement, réalisant enfin le sens des propos tenus.

Tout en rougissant brusquement, le garçon venait de se rendre compte des implications possibles de la présence d'une fille dans sa chambre. La pièce était-elle rangée à ce moment là ou y régnait-il le bazar habituel d'une chambre d'adolescent "presque" ordinaire. Les sous-vêtements sales gisaient-ils déjà (ou plutôt encore) sous le lit ou Maxence avait-il, miraculeusement, pris la peine de les mettre dans la corbeille de linge sale ? Et qu'en était-il du magazine "éducatif" que lui avait prêté Zachary ? Pourvu que celui-ci ne se trouvât pas encore ouvert sur le lit, à côté de la boîte de kleenex...

Heureusement, l'obscurité de la chapelle masquait partiellement la subite rougeur qu'avaient pris les joues du Québécois. S'efforçant de reprendre contenance, de dernier jeta un regard soupçonneux à Hazel, essayant de déceler une trace d'ironie derrière l'impassibilité apparente du visage.

"Euh, non, non ça va.", se reprit-il. 'Y'a rien là..."

L’Écossaise s'était levée, signe qu'elle allait certainement emboîter le pas à Maxence pour quitter la chapelle à son tour et poursuivre cette conversation à l'extérieur.

"Il était crissement écoeurant ton dictionnaire.", poursuivit-il en ralentissant le pas pour lui permettre de sortir avec lui. "J'étais crampé en le lisant..."

Bon, maintenir la conversation sur un sujet neutre pour éviter de la voir s'orienter vers quelque chose de trop gênant, voila le soucis que connaissait actuellement Maxence...

L'interruption de Max fut apparaître un air d'étonnement sur les traits d'Hazel. Peut-être n'avait-il pas encore réalisé qu'une fille (bon, vu ses attributs inexistant, le terme restait discutable) était entrée dans sa chambre, sans qu'il ne s'y attende, et avec la possibilité d'accéder à tous ses petits secrets plus ou moins honteux. Mais toute bonne foi assurée, l'écossaise n'avait absolument rien prit le temps de regarder. Déjà parce que ça ne la concernait pas, et ensuite parce qu'elle doutait d'y trouver quoi que ce soit à exploiter pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas encore prévu à moyen ou long terme de faire chanter le canadien. Mais peut-être serait-il temps qu'il se montre un peu plus prudent, savait-on jamais...

En essayant de ne pas faire trop de bruit, et bien que ça lui semblait absurde d'ailleurs, Hazel s'extirpa finalement de la rangée pour se placer sur l'allée centrale. Max ne décela rien de suspect sur le visage de l'innocente écossaise. Elle ne chercha pas à le mettre mal à l'aise, bien qu'il lui tendait une perche mémorable. Au fait... N'avait-il pas rougit? Cool! Un mec de plus à mettre sur sa liste! Elle emboita le pas au canadien alors qu'il se reprenait pour parler du cadeau. Ah bon, c'était écoeurant? A ce point? Hazel haussa un sourcil intriguée, avant d'en déduire à la suite de ses commentaires, qu'en fait, c'était une remarque positive. Elle ne s'était donc pas trop planté. Pourtant, un dictionnaire... Ce n'était pas vraiment un cadeau. Sauf peut-être pour quelqu'un pour elle. C'était d'ailleurs bien pour ça qu'aucune définition qui s'y trouvait n'était décrite de façon sérieuse. Et puis en plus, elle avait pu apprendre la réelle signification de pas mal d'expressions souvent insaisissables.

"Contente que ça t'aie plu. J'en ai d'autres si tu es intéressé, mais je ne voulais pas toutes les mettre, pour pas que la lecture devienne trop chiante."

Elle haussa les épaules et poussa simplement la lourde porte pour la tenir ouverte.

Au moins, CHERUB pouvait se targuer d'être à la pointe du progrès dans le domaine de l'égalité homme-femme. La preuve : n'était-ce pas Hazel qui ouvrait la porte et s'effaçait pour laisser sortir Maxence ? La plus élémentaire galanterie aurait voulu que ce soit l'inverse qui se produise mais, au sein du campus, il n'y avait aucune trace du moindre sexisme et les filles – si, si, en regardant bien, on pouvait se rendre compte que l’Écossaise faisait bien partie du genre féminin – mettaient souvent un point d'honneur à agir en "vrais mecs".

Précédant donc sa camarade, le jeune Québécois sortit de la chapelle. Une fois dehors, il se tourna vers elle pour poursuivre la conversation sur un ton plus normal, ne se sentant plus obligé de chuchoter.

"C'est pas plate à lire., protesta-t-il. "Au contraire, y'a une couple de définitions qu'sont trop fun…"

D'autant que le pittoresque de certaines expressions était mis en valeur par des explications et des exemples bien choisis, accentuant l'effet comique des mots (par exemple, Maxence avait bien ri en lisant "Zachary branlait dans le manche. Devait-il se pogner le bacon ou fourrer le chien ?" qui illustrait l'incertitude d'un adolescent face à deux options : ne rien faire ou ne pas faire grand-chose…).

"J'veux bien qu'tu montres les autres.", poursuivit-il. "Mais par exemple, faut pas l'montrer à Pierre, Jean, Jacques… Sinon, y vont tout comprendre quand j'va parler et ça s'ra moins trippant…"

Changeant de sujet, le garçon aborda les prochains départs en mission de ses camarades. Il était toujours un peu mortifié de ne pas avoir été convoqué pour une semblable chose mais il se disait que son heure viendrait bientôt.

"Vous êtes trop luckés, vous autres, d'aller chercher les missiles.", commenta-t-il. "C'est-tu pour quand le départ ?"

À croire que les secrets les mieux gardés – comme les missions en cours ou imminentes – ne parviendraient jamais à échapper aux bruits de couloirs, cette fameuse "radio Campus" propre à propager aussi bien les rumeurs les plus folles que les informations les plus pertinentes (ne prétendait-on pas, par exemple, que le retrait d'Oksana de la mission ukrainienne n'avait pour but que de lui faire subir une opération de chirurgie esthétique pour qu'elle puisse changer son apparence qui commençait à être trop connue…).

Hazel finit par emboiter le pas de Max et sortit à son tour, veillant par un réflexe non pensé à ce que la porte se referme correctement et sans trop de bruit par respect pour... Le saint esprit? Peu importait. Elle se retourna face au canadien en enfonçant les mains dans ses poches. C'était définitif, elle avait trouvé au moins un cadeau divertissant. Elle ne connaissait pas bien Max, comme elle ne connaissait pas bien grand monde au final sur le campus. Mais il fallait croire que l'amitié avec un grand "A" n'était pas nécessaire pour faire plaisir. Comme quoi... Voilà qui la rassura sur sa façon de considérer les autres.

"On va éviter de prendre des risques. Je les mets de côté et ferai un volume deux pour Noël."

Voilà, au cas où, elle avait déjà un cadeau. Et sinon elle pourrait toujours lui envoyer le tout par mail. Néanmoins quelque chose souleva son intérêt dans la remarque de Maxence. L'agent était un petit malin. Ce n'était définitivement pas un manque de pratique du bon anglais, juste un plaisir malsain de semer le doute et l'incompréhension chez les autres. Dire qu'elle se trouvait tordu... Elle n'était apparemment pas la pire sur le campus.

"Je le savais... Tu le fais exprès. T'es beaucoup plus vicieux que je croyais!"

Elle avait presque (seulement presque) eu comme une pointe d'admiration dans la voix. Déjà Max changeait de sujet. Ah ouais, les missions. Super. Elle qui espérait bêtement pouvoir ne pas y penser... Bon au moins ça avait été le cas pendant... Presque deux minutes! En revanche, le secret des missions était assez mal entretenu. Sa première pensée fut de se dire que Bryn avait ouvert la bouche, évidemment. Mais tout bien considéré, il était encore plus probable que le théorique meilleur ami se soit fait un plaisir de tout balancer sans doute pour se vanter d'être renvoyer sur le terrain en envoyant pour contre-balancer la bonne dose de bienséance en évoquant de prétendues inquiétudes quant à la sécurité de sa groupie numéro une. Mais dans le doute...

"Qui t'a parlé de la mission?"

Elle haussa un sourcil suspicieux à l'égard de Max. Dira-t-il la vérité ou pas? Si ça se trouvait, ses premières pensées mesquines étaient totalement fausses.

"On part demain. Normalement."

Voila maintenant qu'Hazel le soupçonnait (voire l'accusait même carrément) de choisir exprès les expressions les plus impénétrables possibles par pur vice. C'était, bien entendu, complètement faux. Jamais il ne serait venu à l'idée de Maxence de vouloir embrouiller volontairement un de ses camarades quoiqu'il fût parfois (souvent ?) amusant de contempler un regard d'incompréhension face à une tournure de phrase un peu particulière. Le Québécois imaginait sans peine tous les rouages du cerveau qui devaient s'être mis en marche pour tenter de décrypter une expression. Et lorsque l'interlocuteur tapait à côté, voyant le plus souvent une allusion grivoise là où il n'y avait qu'une remarque innocente, le gamin devait se retenir pour ne pas éclater de rire. Il fallait quand même avouer que les Anglais en général, et un jeune t-shirt bleu marine en particulier, avaient les idées bien mal placées…

"J'fais pas vraiment exprès.", protesta Maxence dans un anglais pratiquement sans accent. "Mais y'a une couple de fois que j'exagère un peu. Avoue qu'c'est souvent bien l'fun…"

Ah… Le garçon aurait dû s'en douter. Parler des missions à venir allait forcément amener des questions sur l'origine des fuites. Soucieux de ne trahir personne, Maxence préféra rester plutôt évasif sur ses sources.

"Bah, chû l'meilleurs pour erconifler, tu l'sais ben. Pas b'soin qu'j'enmieute pour trouver une info. En plus, y'en avait qui étaient sur la brosse, hier au soir, après s'être taper une broue…", plaisanta-t-il en accentuant de nouveau son accent québécois.

Retrouvant une intonation de voix presque normale, il poursuivit.

"Tu sais ben qu'icitte, tout se sait tôt ou tard. L'plus dur est d'faire la différence entre un fake et la vérité… Et Pierre, Jean, Jacques, y sait qu'les missiles, ils ont pas été retrouvés et même qu'la chouette, elle garde un air de bœuf depuis qu'vous êtes revenus d'Jersey. J'gage qu'elle veut amancher les affaires."

"En tout cas, ça ne s'ra pas d'la p'tite bière quand même. Prends soin de toi…", reprit-il avec une pointe d'inquiétude dans la voix. "J'voudrais trop v'nir avec vous-autres mais non, rien pour le moment. J'ai même pas moyen d'loafer les cours en partant en mission…"

Le simple fait d'entendre Max protester avec un accent discret conforta Hazel dans son opinion première. Oh, il ne manipulait pas tout son monde à chaque syllabe qui sortait de sa bouche, mais il était plus que clair que son air innocent alors qu'il sortait des monstruosités surchargées de double-sens n'était définitivement pas le fruit du hasard. Au lieu de se concentrer sur le sens réel de ses commentaires troubles, Hazel nota pour elle-même qu'elle ferait mieux de se concentrer sur les réactions des autres et en tirer un divertissement bienvenu.

"Ouais, c'est assez marrant."

Même très. Et ça avait l'avantage d'en dire long sur les pensées premières bien simple de leurs camarades. Même si dans le fond, ça n'avait rien de très mystérieux. Ah, les hormones... C'était sans doute ça aussi qui poussaient certains gosses à se taper des cuites juste parce que la bière, c'était décidément trop cool. Hazel ne cacha pas une expression de pure dédain.

"Donc pour résumer, y'en qui sont pas fichus de tenir leur langue... C'est rassurant. Ça donne vraiment envie de bosser en équipe... J'espère au moins que ceux-là avaient vraiment bu pour au moins avoir une excuse, aussi mauvaise soit-elle."

Attention, la sale tronche au balai dans le cul était de retour. Il fallait cependant qu'elle admette qu'en effet, les secrets ne demeuraient pas longtemps des secrets sur le campus. La faute sans doute à leur nature d'enfant? la grande majorité d'entre eux avaient cet irrépressible besoin de partager les choses, de simplement avoir des amis. Nouvelle moue de l'intellectuelle de service. Moue qui se transforma en vague air interrogateur. Prendre soi d'elle? Mouais. Prendre soin de la bien-aimée groupie et du bleu de service serait plus à propos. Au final, qui viendrait dire un mot sympa si son nom venait s'ajouter à ceux des quelques rares "héros" morts en mission? Hazel ne se leurrait pas et s'en fichait pas mal en fait.

"On sait jamais, peut-être que tu partiras en mission. Il n'y a pas que des histoires de gros calibres dans l'affaire."

Tournure vicelarde volontaire à son tour? Elle n'en laissa rien transparaître. Après tout, elle avait eu droit à un petit détour dans le bureau de la directrice concernant cette histoire de concurrence. Elle doutait que la chouette, vu son perfectionnisme pour les missiles, laisse ce détail de côté.

"Au moins tu manque moins de cours... C'est quand même pas mal, surtout pour les retours de mission, quand il faut rattraper des trucs."

Aie ! Maxence se mordit les lèvres en réalisant qu'il venait, maladroitement, de faire une allusion à la soirée de la veille, soirée à laquelle Hazel n'était pas invitée. Heureusement, l'Ecossaise ne parut pas faire le rapprochement ou, du moins, ne montra pas qu'elle avait compris à quelle occasion la consommation d'alcool avait eu lieu.

Réaliser que des enfants pouvaient ne pas savoir tenir leur langue lorsqu'ils se trouvaient dans un climat de confiance semblait nettement plus important aux yeux de celle qui tenait vraiment à passer pour une rabat-joie. Un peu gêné malgré tout d'avoir indirectement dénoncé ses camarades, le Québécois essaya de minimiser les choses.

"Y'a pas que là qu'ça parle. J'lis aussi les news.", poursuivit-il. "Et j'sais bien ajouter deux et deux, quand même. Donc, c'est normal que la chouette, elle veut récupérer les missiles avant que des niaiseux les utilisent. On a commencé l'affaire, c'est à nous de la clairer et pas au MI 6 !"

Chauvinisme peut-être mal placé mais Maxence n'en avait cure. Même s'il était totalement extérieur à l'opération, il aurait vu d'un très mauvais œil que la mission repasse entre les mains des autres services de renseignement. Le dossier était entre les mains des espions en culottes courtes donc c'était à eux de le mener à bien quelle qu'en soient les difficultés.

Rompant avec l'image austère qu'elle donnait d'elle-même, Hazel eut même un petit mot gentil à l'intention du gamin frustré de rester sur la touche, insufflant une lueur d'espoir pour une mission imminente.

Esquissant un sourire, Maxence hocha la tête avant de faire une nouvelle grimace. Il n'y avait donc que le travail qui comptait pour la grosse tête du Campus ? Le garçon s'en moquait pas mal de prendre du retard dans ses études, du moment qu'il puisse participer à une action sur le terrain à l'autre bout du monde.

"Bof…", répliqua-t-il prudemment. "D't'façon, on a bien assez de cours icitte…"

S'interrompant, il venait de ce souvenir de ce devoir sur le terrorisme écologique qui traînait déjà depuis quelques jours et dont il remettait toujours la rédaction au lendemain, ne sachant pas trop bien comment aborder ce sujet. Il avait bien demandé un coup de main à Zachary mais son complice habituel était également en retard et, pour le coup, il avait déjà profité de la mission imminente pour se faire exempter de ce travail. Mais Hazel… Elle était bien trop studieuse pour utiliser un pareil subterfuge. Il était même quasiment certain que le dit-devoir était intégralement rédigé.

"En plus, faut que j'm'en retourne en chambre. J'dois tirer la plog avec le dossier sur l'terrorisme.", annonça-t-il gêné. "J'arrive même pas à faire le plan…"

Laissant sa phrase en suspend, Maxence lança un mini regard interrogatif à sa camarade, espérant visiblement que celle-ci saisisse la perche et lui propose son aide. Après tout, ce serait la moindre des choses, au lendemain de l'anniversaire du gamin, de remonter le moral de celui qui semblait condamner à subir les cours du Campus pendant que certains heureux élus auraient la chance de partir en mission…

Evidemment qu'un rapport avait été fait. C'était bien pour ça qu'elle avait pu profiter de l'absence de Max pour aller lui glisser son cadeau dans sa chambre. Si elle avait ignoré la soirée, elle n'aurait pas prit le risque de forcer la porte de son camarade alors qu'il aurait pu revenir à tout moment. Le canadien se défendit en parlant de son bon sens d'agent, peut-être pour se faire mousser, ou par crainte de ne révéler la petite sauterie organisée et purement orchestrée pour le bien-être de sa sérénissime seigneurie Zachary. Quand on faisait une fête d'aniversaire pour un ami, son meilleur amis qui plus était, on invitait un maximum de gens qui aimait le roi de la soirée ne serait-ce que pour qu'il reçoive un maximum de cadeau. Mais non, dans son altruisme digne du meilleur des t-shirt bleu marine, sous le ouvert de l'anniversaire de Max, Zack n'avait invité que SES amis. Hazel avait grincé des dents. Non pas qu'elle regrette de ne pas avoir été invitée, elle ne s'attendait pas à se faire invitée à la moindre fête, mais bon... Quand on voyait ce que la "crème" des agents avait comme vision de l'amitié, ça ne donnait clairement pas envie à Hazel de se faire de vrais amis. De vagues potes à la rigueur, histoire qu'on ne la prenne pas pour une désaxée associale.

"Ouais. C'est à nous de la terminer, je suis d'accord là-dessus. Mais pour ça, il faudrait déjà que des agents qui veulent aller jusqu'au bout ne se mettent pas à évoquer même indirectement leur mission. Je parie qu'il n'y avait pas que de la bière au bowling en plus."

Elle agrémenta sa supposition d'un "tss" dédaigneux. Non vraiment, on ne pouvait compter sur personne. Et il allait falloir qu'elle remette le couvert. Après cette prochaine mission il allait sérieusement falloir qu'elle aille parler à la chouette pour qu'elle l'exclue de tout travail d'équipe. Elle ne fit que hausser vaguement des épaules à la réponse de Max sur les cours. L'écossaise ne se faisait pas d'illusion, il n'y avait qu'elle pour regretter l'absences de leçons au profit de certaines missions. Non pas qu'elle n'aime pas aller sur le terrain, bien au contraire, mais quand on voulait avoir de bonnes notes, participer en classe était quand même un facteur non négligeable de réussite. Dommage que sa vision soit bien trop studieuse pour être acceptée de ses camarades.

L'évocation subtile du devoir à rendre - déjà rendu évidemment pour Hazel - était justement glissé dans la continuité des mots du canadien avec la demande implicite bien moins subtile, elle, d'un hypothétique coup de main. L'écossaise ne manqua pas de remarquer le petit air interrogateur qui ne s'accordait pas le moins du monde avec son affirmation. La perche était tellement tendue qu'à ce stade, Hazel la perçut comme une poutre en plein dans la tronche. Elle roula des yeux malgré elle.

"Je ne te laisserai pas pomper sur mon devoir..."

Elle suspendit sa phrase un court instant.

"Mais ce n'est pas ce que tu allais me demander n'est-ce pas? Je veux bien t'aider à poser ton plan si tu veux. Après... T'auras pas besoin de moi, le reste est facile à faire dès que tu as la structure du texte."

Maxence n'avait évidemment pas pensé un seul instant à pomper intégralement le devoir d'Hazel, ou alors juste un petit peu… Mais uniquement dans un but de gagner du temps pour des activités bien plus intéressantes. Désolé qu'un tel soupçon ait pu germer ainsi dans l'esprit de l’Écossaise, le garçon afficha une parfaite mimique d'innocence outragée, mimique qui ne signifiait absolument rien, bien entendu, lorsqu'on connaissait le talent certain qu'avait les agents de CHERUB pour jouer la comédie.

De plus, si par le plus grand des hasards, le jeune Québécois parvenait à se procurer un exemplaire corrigé de l'exercice à rendre, ce ne serait assurément pas pour le garder pour lui. De nature généreuse, il l'aurait largement partagé avec ses camarades (avec Zachary en priorité même si son meilleur ami aurait très certainement décliné cette offre, en raison de son prochain départ en mission qui le dispensait de devoirs pendant cette période) et c'est ainsi que la moitié (au moins) du Campus aurait certainement proposé une copie identique, attirant immanquablement l'attention des professeurs…

"Hein ? Non, non, j'm'en veux pas tout copier…", protesta-t-il avec (presque) des accents de sincérité dans la voix. "C'est juste que… J'ai pas eu le temps encore… Et faut l'rendre bientôt…"

Heureusement, la suite de la conversation offrait une planche de salut. Hazel lui proposait un coup de main pour l'aider à établir le plan. Hochant vigoureusement la tête, le gamin montra sa totale adhésion à une telle solution.

"Oui, oui, voila !", approuva-t-il rapidement. "Je suis mal pris… Mais c'est juste d'un plan que j'ai besoin… Euh… On va travailler dans ma chambre ou dans la tienne ?"

Cette dernière question posée en toute innocence, bien sûr… Quoique, si le travail se faisait sur l'ordinateur d'Hazel, il serait peut-être possible au Québécois de pirater discrètement le devoir en question, pour peu qu'il parvienne à détourner l'attention de la jeune fille, trop souvent suspicieuse…

Non, bien sûr qu'il ne voulait pas pomper sur son devoir... La bonne plaisanterie. Quoiqu'elle n'en était pas certaine, mais dans le doute, mieux valait partir du principe que la loi du moindre effort restait la première applicable dans ce type de cas de figure. C'était une bonne chose qu'elle ait directement mis les points sur les "i". Inutile de donner de faux espoirs. Quand Hazel aidait, elle aidait. Elle ne laissait pas quelqu'un se conforter à une situation d'échec. Sauf quand elle cherchait à emmerder quelqu'un. Mais là, elle donnait un devoir à pomper qui était bien évidemment faux.

"Bien bien, parfait alors. Faisons en sorte que ce devoir soit fait à 90% avant que je parte en mission dans ce cas."

Quant à la question de savoir où travailler... La réponse parut évidente à l'écossaise, mais certainement pas pour des raisons pratique. L'idée que Max puisse essayer de s'immiscer de manière cavalière dans ses documents ne l'effleura même pas. Non en fait, la première chose qui lui traversa l'esprit fut plutôt le fiasco rencontré en ayant laissé Nigel entrer dans sa chambre. Non pas qu'elle pense que ça puisse être pareil avec Max, il était clair que non. Mais vu la poisse que ça lui avait apporté, elle n'était pas prête de retenter l'expérience avec qui que ce soit. Dorénavant, elle serait plus tatillonne sur les personnes à laisser entrer dans son petit monde privé et impersonnel.

"Ta chambre. Que je voie déjà ce que tu as pris comme note. Si ça se trouve, il y a déjà de bonnes bases dans un brouillon."

Quant à ce qu'elle pourrait bien lui demander en retour, ça resterait encore à voir. Déjà, avant de placer un marché, elle préférait maintenant s'assurer qu'elle avait bien quelque chose d'efficace à proposer.


  chambre de Max

Si Maxence fut déçu de ne pas se voir inviter dans la chambre de l’Écossaise, cela ne se vit pas. Le gamin possédait assez de self-contrôle, accentué d'ailleurs par des heures d'entraînement au sein du Campus, pour masquer ses sentiments réels ou, au contraire, faire apparaître des émotions qu'il était loin de ressentir. Maudite formation d'espion qui amenait à devoir se méfier de chacun et, surtout, à ne rien croire des expressions trop "lisibles" qui se formaient sur le visage d'un camarade. Néanmoins, dans le cas présent, le garçon fronça légèrement les sourcils, semblant se plonger rapidement dans ses pensées.

Avait-il bien rangé sa chambre avant de la quitter quelques minutes plus tôt ? Bon, s'il n'y avait que le lit encore en bataille, cela n'était pas trop grave au fond. Les sous-vêtements sales ne devaient pas être trop en évidence, cachés partiellement sous le lit ou abandonnés dans la salle de bain. Quant à des possessions plus "garçonnières", généralement l'agent s'arrangeait pour qu'elles ne soient pas exposées à la vue de tous. Non, finalement, il n'y avait aucun risque à laisser une fille entrer dans son refuge...


"C'est correct, je baque...", approuva le Québécois en hochant la tête. "C'est parti..."

Accompagné par Hazel, Maxence se dirigea tranquillement vers le bâtiment des agents, jetant quand même quelques regards inquiets autour de lui. Après tout, il avait une réputation à tenir et, être vu en compagnie de l'intello de CHERUB n'était pas très bon pour l'image de marque. Le pire serait de croiser Zachary...

  Chambre de Maxence