2015/0/09-IM – Rochester, Grande Bretagne - [Mission d'introduction de Leo Sparrow] - Intrusion chez BAE Systems

Leo ne vit qu'un fond très coloré, peut-être Fruit Ninja, mais il n'avait pas joué beaucoup à ce jeu et n'était pas sûr de l'avoir reconnu. En tout cas, ça ressemblait parfaitement à un jeu vidéo banal, le peu qu'il en avait vu. Quand au pantalon du garçon, le smartphone sortit, il ne présentait rien de suspect. L'agent pensa que de toute façon, c'était assez logique. Finalement il entendit Dylan parler d'un rapport. Ouais, ce serait logique qu'il réponde qu'il en avait un à faire, tout en ayant l'air de se plaindre.

-Oui, j'ai aussi un rapport... Punaise, j'ai manqué les trois quart de la visite... Garde moi un siège dans le bus, tu me raconteras grosso-modo ce qui s'est passé, et je ferais mon rapport à la va vite. J'vais pas me pointer en racontant que le montage des chaînes de radio LINK 16 quand même.

Puis le regard du gamin blond se dirigea vers son téléphone. Le mystère allait bientôt être levé. Si Dylan ne lui mentait pas. En attendant, Leo pensa qu'il n'avait toujours pas repéré son hackeur, et il se demanda comment il allait faire, d'autant plus que la visite touchait à sa fin. Peut-être qu'il pourrait éventuellement jeter un oeil aux caméras de sécurité, mais il était certain de ne pas avoir le temps de réussir à le faire.

Après la réponse de Dylan, l'agent fut surpris du fait qu'il n'avait pas vu Dylan dans le groupe, lorsqu'il était sorti du hangar.

-Bah je te cherchais pour t'aider, mais je t'ai pas vu en route et j'ai demandé au garde, tu sais celui qui nous a fait éteindre nos téléphones, s'il t'avait vu. Il m'a répondu par la négative et m'a indiquer la porte D5 pour suivre le circuit. Mais je lui ai posé une question à propos du scientifique qui t'as bousculé, et du coup, je suis arrivé trop tard et j'étais enfermé. Après, je voulais pas déranger l'autre, alors j'ai demandé à un employé qui m'a ouvert à son badge. Après j'me suis gouré et je vous ai pas retrouvé. T'as passé tout ce temps avec Ruth, Nasser, Olivia et Eloïse?

Leo n'était pas convaincu de son mensonge, mais il n'eut pas le temps d'y penser beaucoup, parce qu'il lui sembla que Dylan ne connaissais pas Matthew Grimland, alors que tous les enfants anglais l'adulaient ou bien avaient téléchargé un jeu permettant de foutre des claques à ce gamin de douze ans. A moins que Dylan n'était britannique.

-Ouais bah c'est ça, c'est Matthew Grimland. Tu viens d'où pour pas avoir entendu au moins une fois le nom de cette enflure?

Puis la coincée intervint en prévenant qu'il était possible de monter dans le bus. Par la baie vitrée du poste de surveillance, il aperçu un type face à la porte un d'autres qui regardaient les films retransmis par les caméras. Leo se souvint que parfois, les baies vitrées étaient des portes fenêtres. Il se rapprocha petit à petit, sans quitter un air naturel, pour voir si cette baie vitrée pouvait s'ouvrir, et si oui, avec quel mécanisme.

Rappeler qu'il avait été absent une bonne partie de la visite n'était pas forcément une très bonne idée. Alors qu'il semblait avoir oublié ce point, Dylan plissa les yeux avec curiosité.

"Mais t'étais passé où en fait ? T'es pas malade au moins ?", demanda-t-il d'une voix légèrement inquiète. "Ouais, ouais, sinon, je peux essayer de te dire ce que j'ai retenu de la visite mais t'auras intérêt à broder autour car y'aura pas grand-chose…"

Tout en parlant, les enfants passaient devant "l'aquarium" qui servait de poste de sécurité. Les larges panneaux vitrés permettant au gardien de voir l'extérieur et de filtrer les entrées comportait juste une sorte de petite chatière par laquelle il donnait un badge d'accès au site en échange des papiers d'identité des visiteurs éventuels. La porte d'accès à ce local se trouvait sur l'arrière du bâtiment. Les images projetées sur les écrans de contrôle montraient la situation actuelle. Pour avoir un historique des divers mouvements sur le site, il faudrait visionner les enregistrements, ce que Leo pouvait difficilement faire en ce moment.

[color)lightseagreen]"On a dû se croiser sans se voir dans le hangar."[/color], conclut Dylan sans paraître accorder beaucoup d'importance à la chose. "Ouais, j'ai rejoins les autres après mais bon, Nasser avait la langue qui touchait presque le sol quand il parlait à Ruth et les deux autres jacassaient sans cesse sur ce chanteur à la con."

Devant l'étonnement de l'agent de CHERUB, le blondinet se reprit très vite.

"Ah, oui, oui, j'avais pas capté le nom… Si, si je connais, hélas. Ma sœur me casse les oreilles toute la journée avec ses chansons à la cons…"

Montant dans le bus, le garçon alla se coincer contre une fenêtre, laissant Leo s'asseoir à côté de lui. Les autres élèves s'installèrent à leur tour en continuant les bavardages qui n'avaient que peu de rapport avec la visite effectuée. Toujours flanqué de l'inévitable Nasser, Ruth avait pris place sur la banquette située juste devant les deux garçons. À la grimace de la jeune fille, on sentait qu'elle commençait à fatiguer des avances maladroites de son voisin. Se tournant légèrement, elle tenta d'intégrer Leo et Dylan à la conversation.

"Vous étiez passés où, les gars ?", demanda-t-elle naïvement. "Le centre de simulation était vraiment trop impressionnant. Y'avait des ordinateurs partout et des écrans géants. On se serait cru en plein milieu d'un jeu, c'était trop fort…"

"C'est sûr que le guidage du vol des missiles est vachement pointu.", surenchérit le petit blond. "Faut tester un max de paramètres pour avoir une trajectoire idéale…"

"T'as vu ça où ?", le coupa Nasser, visiblement irrité d'avoir de nouveau de la concurrence auprès de sa voisine. "T'as loupé une bonne partie de la visite quand t'as dû aller aux chiottes avec ta copine…"

Au regard appuyé que lui lança le garçon à ce moment, Leo comprit bien vite à qui s'adressait le qualificatif de "copine". Visiblement, son interlocuteur n'avait toujours pas digéré la façon dont ils s'étaient séparés dans l'atelier de montage du poste LINK 16.

Pendant que les enfants échangeaient ces "amabilités", le bus s'était mis en route et roulait maintenant dans la campagne anglaise en direction de Londres. D'ici quelques minutes, il atteindrait les faubourgs de la capitale et ses passagers pourraient goûter au charme des embouteillages.

Leo se rendit compte de son erreur lorsque Dylan, avec une voix où il y avait l'évocation de l'inquiétude, lui re-demanda où il était passé, et surtout s'il n'était pas malade. L'agent put conclure en voyant le poste de sécurité que cela ne servirait à rien qu'il tente de s'introduire à l'intérieur. Il ferait par de ses inquiétudes à CHERUB et ils auraient bien plus facilement l'accès à l'historique des caméras que lui. Il se résigna à suivre les autres adolescents et à monter dans le bus, une fois qu'il serait devant.

-Nan t'inquiète, j'suis pas malade. J'ai pas de gastro si ça peut te rassurer. Leo avait mis un peu d'amusement dans sa voix. Bah ça a pas vraiment d'importance, j'ai pas vraiment réussi à me repérer, je peux juste te dire que j'ai dû faire un tour dans le vide parce que je suis retombé sur l'espèce de cube métallique. Vous l'avez visité?

Puis le blondinet sembla se souvenir du chanteur idolâtré et exprima son dégoût au sujet du "bébé-star", car Leo songeait au fait que les nouveaux gris de l'organisation secrète étaient passé par bien plus d'épreuve que ce gamin qui avait acquis une notoriété... A coup de chansons inaudibles.

-Ah t'as pas de chance! Qu'est-ce que les filles peuvent lui trouver? Je parie qu'elle a pas plus de onze ans mais elle est déjà gaga de ce gosse! D'ailleurs, je suis sûr que c'est une stratégie pour te faire apprendre les chansons par coeur? Tu connais quelques titres maintenant?

Eclatant d'un rire de façade, Leo entra dans le bus et s'assit à côté de Dylan, qui avait la fenêtre pour lui. Au fur et à mesure que les élèves rentraient, Leo put apprécier l'odeur de transpiration de quelques collégiens. Après, Ruth, avec Nasser toujours pendu à son coup, s'assit juste devant les deux garçons. Elle semblait en avoir marre des tentatives amoureuses de son camarade et grimaçait. Le blondinet, Nasser et elle échangèrent quelques phrase sur la visite avant que leur camarade n'agisse comme un jeune loup cherchant à garder une femelle pour lui.

-Bah, tu peux parler! T'as sûrement jamais réussi à embrasser une fille...

Leo soupira et détourna la tête, comme s'il considérait son "camarade de visite" comme inférieur à lui et indigne d'intérêt et remarqua que le bus allait sûrement ralentir dans les minutes qui viendrait, la capitale étant souvent dans les embouteillages.

En riant, Dylan confirma son soulagement en apprenant que Leo n'était pas malade.

"Ben heureusement que t'as pas la gastro, alors. Manquerait plus qu'tu refiles un truc comme ça…", s'exclama-t-il avant de poursuivre. "Le cube métallique ? Ah ouais, la construction bizarre qu'est au milieu. Non, non, ça se visite pas qu'il paraît. Tout est Top-Secret qu'elle nous a dit la coincée. Comme si on allait piquer des secrets d'état…"

Le visage du blondinet était neutre pourtant le jeune agent crut déceler une lueur ironique dans son regard. Etait-ce la paranoïa de l'agent qui reprenait le dessus ou juste le fruit de son imagination ?

Secouant la tête en véhémence, Dylan tint à démentir toute rumeur qui risquait de l'associer à Matthew Grimland.

"Non, non. Je s'rai bien incapable de te citer la moindre parole de ses chansons bien que la frangine les braille à tue-tête dans la maison. Et pourtant, elle n'a pas onze ans mais quinze. Tu voudras qu'j'te la présente à l'occasion ? Vous pourrez chanter en duo…"

Un sourire hilare fendait le visage du gamin d'une oreille à l'autre qui semblait enclin à chambrer allégrement son nouveau camarade. Une fois dans le bus, l'intervention de Nasser lui fit froncer les sourcils et il se redressa à moitié dans son siège comme pour aller châtier l'impudent mais la réplique ironique de Leo arriva à temps pour calmer les débats.

Vexé, Nasser haussa les épaules en se rasseyant correctement, tournant à nouveau le dos à Leo et Dylan. Ruth l'ignorant également, l'humeur du garçon ne s'améliora vraiment pas pendant le trajet mais son soudain mutisme eut l'heur de plaire à son entourage…

Pendant le trajet de retour, Leo bavarda un peu avec son voisin, menant un discret interrogatoire pour tenter d'infirmer ou de confirmer les doutes qu'il avait eu durant la visite. Rien dans l'attitude du blondinet n'était de nature à éveiller le moindre soupçon. Le garçon paraissait être quelqu'un de jovial, plaisantant facilement et doté d'un sens certain de la répartie avec un talent redoutable pour retourner les questions qui lui étaient posées. L'agent dut mettre en œuvre toute son expérience pour répondre de façon neutre et éviter de se faire piéger par des propos anodins en apparence.

Puis, progressivement, la conversation déclina d'elle-même et chacun des deux garçons se plongea dans ses pensées, se faisant bercer par le car. L'arrêt complet du véhicule, allié au soudain brouhaha des élèves qui se levaient pour sortir, tira Leo de sa somnolence. Ils étaient arrivés à destination et déjà, les premiers collégiens s'éloignaient après avoir pris congé de leur accompagnant.

"Allez, salut mec !", lui dit Dylan en lui donnant une bourrade amicale sur l'épaule. "Rentre bien et bon courage pour la suite…"

Il marqua un temps d'arrêt avant de reprendre dans un éclat de rire.

"Au fait, t'as jamais pensé à étriper le créateur qu'a eu l'idée de votre uniforme ?"

A la réponse de Dylan, Leo crut déceler une lueur ironique dans le regard du blondinet. D'un autre côté, l'agent lui-même aimait bien ce genre d'humour et n'hésitait pas à s'en servir. Ou c'était pareil pour le collégien, ou il devenait un peu parano. La situation n'était pas très agréable pour le jeune espion. Puis, celui qui avait baptisé leur guide "Miss Coincée" protesta avec sincérité contre sa connaissance de Matthew Grimland.

-Plutôt mourir! 

S'esclaffant également, l'agent poussa amicalement le blond qui avait un sourire jusqu'au oreilles. Puis après, lorsque Nasser se retourna, blessé dans son amour propre, la conversation entre Leo et Dylan continua. L'agent camoufla son enquête tout en parlant avec son camarade d'un jour. L'espion trouva que le blondinet avait un excellent sens de la réplique et renvoyait bien souvent les questions à son envoyeur. Faisant appel à son expérience, Leo pensa avoir réussi à ne pas se faire piéger. Dylan ne paraissait pas vraiment suspect, et être quelqu'un ayant tendance à plaisanter. Rien d'étrange, en somme.

Par la suite, la conversation s'arrêta d'elle-même, se laissant bouger au rythme du bus. Les remous étaient berçant et le bus était silencieux, comme si tout le monde s'était endormi. Contre le dossier de la chaise, Leo partit dans le voyage de ses pensées, jusqu'à ce que le véhicule s'immobilise totalement.

Du coup, l'agent se retrouva au milieu du flot des élèves, qui se précipitaient vers la sortie. Plus calmement, Leo mis ses mains des ses poches, sentant à la fois son smartphone et sa clé contenant les précieux documents. 

L'adolescent qui, à raison d'état, n'existait pas, sourit à la bourrade gentillette de Dylan.

-Ça va pas recommencer!

Puis, lorsque le blondinet eut calmé son rire, Leo sembla également prendre congé de celui qui avait été son voisin pendant le trajet du retour.

-Bon, allez bon courage à toi aussi avec ta soeur qui chante Grimland... On se reverra l'année prochaine, au prochain rassemblement!

Puis partant également dans un éclat de rire, Leo fit mine de s'éloigner.

Alors que Leo lançait son invitation pour des retrouvailles l'année suivante lors d'une hypothétique nouvelle excursion organisée par leur école respective, il lui sembla voir naître de nouveau dans le regard du blondinet, le petit éclair ironique qui avait déjà attiré son attention.

De façon totalement naturelle, ce dernier répliqua d'ailleurs aussitôt à l'agent.

"J'espère que le bahut s'inscrira encore dans ce genre de programme car cette visite était vraiment très intéressante et m'a appris plein de trucs. Y compris sur les photocopieurs en service au secrétariat…", conclut-il d'un un nouvel éclat de rire. "En tout cas, si tu es encore dans la même boîte, je te verrais arriver de loin et te reconnaîtrais à coup sûr…"

Il ne restait déjà presque personne à proximité du bus. Voyant Leo s'en éloigner à son tour, Dylan lui adressa un dernier signe de la main et signala, lui-aussi, son départ à leur accompagnant avant de partir également.

Sans se retourner, le gamin hâta le pas, visiblement pressé de rentrer chez lui après cette journée très instructive. Une petite pluie fine, typiquement britannique, commençait à tomber sur la City et le garçon remonta instinctivement le col de son blouson tout en rentrant la tête dans les épaules.

À une centaine de mètres de là, une bouche de métro était visible. Marchant d'un pas rapide, Dylan se dirigea vers elle et dévala aussitôt les marches de l'escalier disparaissant sous terre.

Il ne fut pas difficile à Leo de suivre à distance respectable Dylan sans se faire repérer. La pluie était devenue l'alliée du jeune agent en obligeant celui qu'il avait pris en filature à hâter le pas pour ne pas se faire trop mouillé. De plus, la chevelure blonde du gamin se détachait assez nettement, telle un phare dans la foule, et lui permettait de ne pas perdre de vue sa cible.

En bas des marches, le blondinet valida son pass et marcha rapidement dans les couloirs, obligeant Leo à accélérer le pas pour ne pas se laisser distancer. Au moment de franchir un coude, l'agent connut une légère frayeur en voyant Dylan arrêté à moins de dix mètres de lui, occupé apparemment à lire une affiche. Se rejetant rapidement en arrière, Leo s'arrêta un moment de respirer en se demandant s'il avait été repéré. Fébrilement, il essaya d'imaginer une explication plausible si son camarade d'un jour venait à l'interpeller mais aucun appel amusé ne vint troubler le silence.

Après quelques secondes, Leo jeta un nouveau coup d'oeil dans le couloir. La tignasse blonde s'était déjà éloignée, ne semblant se douter de rien. Remettant la main dans sa poche, le garçon vérifia une fois de plus la présence rassurante de la clé USB, symbole de la fragilité de la sécurité chez BAES. Tout en tripotant machinalement l'appareil, il se remit en route, se demandant si cette filature était bien utile au fond. Dylan avait tout de l'écolier britannique classique, pressé de rentrer chez lui après une journée fatigante.

Arrivé sur le quai, il vit le gamin aller en queue de station et s'immobiliser, semblant attendre son train. À l'arrivée de la rame, l'attention de l'agent fut attirée par un détail insignifiant. Une des voyageuse attendant là, fit brusquement demi-tour et passa à proximité du blondinet.

Au moment où les deux se croisaient, Leo crut voir les mains des deux personnes se toucher et un petit objet passer de l'une à l'autre. Tout avait été très rapide et le garçon n'était pas certain d'avoir bien vu. Peut-être était-ce le simple fruit de son imagination...

À l'arrêt du train, les portes s'ouvrirent et des passagers descendirent. Alors que Dylan montait dans la voiture arrêtée devant lui, la femme s'engouffra dans un couloir voulant certainement rejoindre une correspondance.

Leo remarqua avec satisfaction que la chevelure blonde de Dylan était parfaitement visible parmi la foule et regarda le gamin mettre son pass et s'engager dans des couloirs. Puis lorsqu'il franchit un coude, l'adolescent en uniforme voyant coupa un instant sa respiration en voyant Dylan, immobile, contemplant visiblement une affiche quelconque, comme on en voyait partout, dans toutes les villes. D'un geste vif, l'agent se jeta en arrière pour échapper à la vue du garçon.

Il réfléchit alors rapidement à une excuse mais apparemment, l'autre ne l'avait pas remarqué. Sentant son coeur revenir à un rythme normal, Leo s'engouffra alors dans le couloir et remit sa main dans la poche, tout en se disant que s'il gardait encore une semaine cette clé, il deviendrait comme Gollum et cracherait "mon préciiiieux" à chaque instant. 

Après un instant de découragement en pensant que Dylan n'avait rien d'anormal, Leo regarda tout de même discrètement Dylan attendre son train, et sûrement pour peu de temps. Puis en regardant l'entourage, il remarqua quelque chose d'étrange : un femme fit demi-tour, juste pour passer sous le nez, presque devant son condisciple invité à BAES.

Leo crut voir un objet, de petite tailler changer de main lorsque celle des deux personnes se touchèrent. Vu l'âge de la voyageuse, elle aurait pu être la mère de Dylan, mais beaucoup de choses ne coïncidaient pas. Si elle se trouvait dans le métro, pourquoi n'aurait-elle pas cherché directement le collégien? L'adolescent rejeta cette hypothèse. Et si c'était une parfaite inconnue, elle n'aurait pas eu ce comportement et ce serait sûrement excusée.

Puis, lorsque Dylan s'engouffrai dans le wagon du métro, la femme ne fit pas la même chose, preuve qu'elle attendait le jeune garçon, sûrement pour qu'il lui remette quelque chose. C'était sûrement sans rapport avec BAES mais Leo décida de la suivre, considérant que monter dans la même voiture que le blondinet serait inutile.

L'avertissement sonore de fermeture des portes précéda de peu le départ de la rame. Leo n'y prêtait déjà plus attention, les yeux fixés sur la femme à laquelle il emboîta le pas. Alors que la voiture dans laquelle était monté Dylan passa à son niveau, il aperçut, dans un éclair, le visage du blondinet tourné vers lui, ne manifestant aucun signe de surprise.

L'esprit ailleurs, l'agent était déjà lancé sur les traces de la femme au pull-over blanc. Cette dernière marchait d'un bon pas, sachant manifestement où elle allait, et se dirigeait vers un autre quai. Fendant rapidement la foule, elle s'arrêta brusquement et plongea la main dans son sac pour en sortir un téléphone portable.

Tout en parlant, elle tournait la tête dans toutes les directions, semblant chercher quelque chose. En partie dissimulé derrière un mini-échafaudage, Leo s'était, lui-aussi, immobilisé et ne perdait rien de la scène.

Après deux ou trois minutes, la femme rangea le téléphone et repartit, un peu plus rapidement semblait-il. Assez rapidement, elle parvint sur un nouveau quai qu'elle remonta pour se placer en tête de rame. À l'arrivée du train, elle monta sans hésiter dans la voiture devant elle, non sans lancer un rapide coup d'oeil vers l'arrière, là où se trouvait Leo.

Leo essaya de suivre la femme au pull blanc le plus naturellement possible, et pour cela, cessa de tripoter sa clé USB. Lorsqu'il finit par marcher, il crut voir le visage de Dylan, juste avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision, emporté par la vitesse du métro. Mais la femme qu'il suivait avait un pas allant, comme si elle savait exactement où elle allait, ce qui limitait les chances que ce soit une simple touriste perdues dans les boulevards souterrains.

Puis elle s'arrêta, après avoir fendu la foule, tel un aileron d'espadon. Ou d'un autre poisson, l'agent ne savais pas pas vraiment ça... Il demanderait à Raven, à l'occasion, s'il y repensait. Elle sortit alors... Un téléphone portable! Rien d'étonnant que cet objet soit en sa possession. 

Elle tournait la tête de gauche à droite, de la manière qu'on faisait lorsqu'on était perdu ou qu'on cherchait quelque chose... ou quelqu'un. Finalement, elle était peut-être venue là juste pour appeler un ami qui pouvait l'aider à se diriger. Ou bien quelqu'un l'avertissait de quelque chose d'étrange.

Leo ne put saisir aucun mot de cette conversation, courte, d'une durée n'excédant pas les trois minutes. Toujours est-il qu'elle sembla accélérer légèrement l'allure avant d'arriver sur un nouveau quai. Pour ne pas s'attirer des soupçons, il ne monta pas jusqu'en haut de la rame et resta au milieu, proche du quai.

Lorsque le train s'arrêta, elle monta dans la voiture. Au lieu d'emprunter le même wagon qu'elle, Leo, en voyant l’œillade dans sa direction pensa s'être fait remarquer, alors il monta dans la voiture qui était un peu plus à sa gauche et pris un siège, décidant de descendre à la prochaine station.

La femme resta debout dans le wagon, l'air apparemment absent, ne fixant rien en particulier mais Leo la vit bien tourner subrepticement la tête à plusieurs reprises dans sa direction, comme pour s'assurer de sa position.

Négligemment installé sur un siège, l'agent hésitait sur la conduite à tenir. L'attitude de la femme qu'il avait pris en filature était pour le moins suspecte et il brûlait de savoir si elle avait un quelconque lien avec Dylan. Certes, le blondinet avait agi, au cours de cette visite, comme n'importe quel garçon de son âge mais certains détails restaient néanmoins étranges, entre sa disparition soudaine et le mouvement qu'il avait cru discerner dans la station de métro ensuite.

Les regards appuyés que la femme lui lançaient convainquirent vite Leo qu'il avait été repéré. Le fait de fixer le garçon avec autant d'insistance ne pouvait avoir que deux explications : soit la femme avait quelque chose à se reprocher et elle se méfiait de lui, soit, au contraire, il était tombé sur une couguar à qui il avait tapé dans l'oeil. Dans un cas comme dans l'autre, la meilleure attitude à adopter était de rompre de contact, ce que l'agent se décida à faire dès la station suivante.

À l'arrêt du train, Leo attendit tranquillement, semblant penser à autre chose. Puis, au moment où le signal sonore retentit, il se leva rapidement, comme s'il venait de réaliser qu'il descendait ici, et sortit à toute vitesse de la voiture juste avant la fermeture des portes. La rame repartit aussitôt, emportant avec elle la femme. Sur le quai, l'agent la vit tourner la tête vers lui et le fixer du regard jusqu'à ce que son wagon disparaisse dans le tunnel. Il ne lui restait plus qu'à rebrousser chemin et regagner le Campus pour rédiger son rapport.

[HRP]Voila qui termine ta mission t'introduction. j'ai pris beaucoup de plaisir à te la faire vivre et te remercie de ta réactivité et de la qualité de tes interventions.

Tu peux ajouter, dès à présent, 4 points à ton barème de compétence et es autorisé à poster dans l'enceinte du Campus.

Félicitation pour ton t-shirt bleu marine, maintenant officialisé.
Tu peux, si tu le souhaites, réagir une dernière fois à ce sujet.[/HRP]

Épilogue

Le compte-rendu de Leo fit l'effet d'une bombe au sein du gouvernement britannique qui ne pensait pas que la sécurité se soit autant relâchée dans ce genre de site sensible. Les responsables de BAE Systems reçurent un rappel à l'ordre les sommant de prendre les mesures appropriées pour revenir à un niveau approprié de protection. Dashon, à l'instar de ses collègues, reçut un avertissement qui fut inscrit dans son dossier.

Lorsque Leo rapporta à Eric Taylor ses soupçons au sujet d'une fuite d'informations, le contrôleur de mission prit l'affaire tout à fait au sérieux et, moins d'une heure après, un hommes mandaté par les services de renseignements se présentait à Rochester pour réquisitionner les bandes vidéos de surveillance. Celles-ci allaient, en priorité, être analysées par les services compétents du Campus.
Leur visionnage permit de mettre en évidence le comportement suspect de Dylan, observé en train de pénétrer dans le centre de test, badgeant tranquillement à l'entrée principale du cube, puis en ressortant une dizaine de minutes plus tard. Leo avait été également filmé au moment où il empruntait l'issue de secours bloquée par le cendrier mais cette dernière information fut effacée par Eric avant qu'il ne remette l'enregistrement au MI 5.

Les descriptions faites par Leo de la femme suivie dans le métro permirent d'identifier Claire Marchal, agent connu de la DGSE, service de renseignements français, œuvrant principalement à l'extérieur des frontières.

Quelques mois plus tard, un groupe industriel français, travaillant au profit de la défense, développa un système de télécommunication présentant de nombreuses similitudes avec celui mis au point par BAE Systems.

Parallèlement à ça, le MI 6 détecta la mise en production de postes radios se basant sur la même technologie dans deux pays du Moyen-Orient.

De retour au Campus, Leo trouva au fond d'une poche de son blaser un petit mot froissé comportant juste quelques mots et un numéro de téléphone. Sensible au charme de l'agent, Ruth espérait vivement garder le contact avec le garçon mais n'avait pas osé le dire devant le reste du groupe.

Nasser était encore jeune, il aura certainement d'autres occasions pour se mettre en valeur devant une jeune fille. Quant à Olivia et Éloïse, elles allaient rester à l'affût de la moindre information concernant Matthew Grimland, espérant pouvoir entrer en contact avec leur idole.