IM – Corby, Grande-Bretagne – [Mission d'introduction de Candice Dyns] – L'étoile pendante

Toute vêtue de noir, Candice tenait la main de son père, habillé en tenue militaire britannique de cérémonie. Sur le palier de la porte de la famille Anderson, Paul appuya sur la sonnette. Quelques secondes plus tard, une femme vêtue également de noir ouvrit, les yeux rougis par les larmes.

" Hazel. Je te présente mes condoléances. "

La femme sourit faiblement.

" Merci Paul... J'ignorais que tu avais une fille... " déclara-t-elle en souriant doucement à Candice.  

Elle le laissa entrer en compagnie de sa fille. Pénétrant dans le hall central de la maison, Candice se remémora à nouveau l'ordre de mission, pour être certaine de ne rien oublier.

Citation :

** CONFIDENTIEL **


ORDRE DE MISSION DE CANDICE DYNS

CE DOCUMENT EST ÉQUIPÉ D'UN SYSTÈME ANTIVOL INVISIBLE. TOUTE TENTATIVE DE SORTIE HORS DU CENTRE DE CONTRÔLE ALERTERA IMMÉDIATEMENT L'ÉQUIPE DE SÉCURITÉ.

NE PAS PHOTOCOPIER - NE PAS PRENDRE DE NOTES

Destination : Corby (Royaume-Uni)

Contexte : Adam Collins est un agent du MI6 ayant participé à de nombreuses missions avec succès à travers le monde, notamment en Moyen-Orient et en Russie. Malheureusement, durant sa dernière mission dont le lieu est tenu secret, il a été touché par balle lors de sa fuite, poursuivi par la milice locale. Quelques heures plus tard, il décéda de sa blessure malgré l'arrivée des secouristes. Son corps a été rapatrié quelques jours plus tard auprès de sa famille.

Officiellement, Adam Collins se nomme Philip Anderson. Il est marié et a un garçon de 12 ans, Will. Sa famille vit à Corby en Grande-Bretagne sans se douter de ses activités secrètes. Auprès d'eux, il est un officier de l'armée britannique ce qui justifie ses nombreuses absences. Sa dernière mission se serait déroulée en Afghanistan, lieu annoncé de sa mort suite à un guet-apens.

Les dernières informations recueillies par Adam Collins se trouvent dans une médaille qu'il gagna lors de sa mission précédente, attachée à sa dépouille lors du rapatriement. Cependant, celle-ci a disparue depuis que sa famille a reçu le corps. Nous suspectons l'un des membres d'avoir retiré la médaille pour la mettre en lieu sûr, mais Hazel Anderson, son épouse, nie avoir touché la médaille depuis l'arrivée du corps.

Mission : L'objectif de la mission est de retrouver la médaille à tout prix. Elle comporte de nombreuses informations permettant probablement de résoudre en grande partie la mission dans laquelle l'agent a trouvé la mort, ou au moins à mieux comprendre les circonstances de celle-ci.

Rôle de CHERUB : Il est impossible de fouiller officiellement le domicile ou de le cambrioler pour des raisons morales évidentes, ou par le biais d'un mandat. Pour cette raison, un agent fourni par le département Cherub devra pénétrer dans la demeure des Anderson et enquêter sur la disparition de la médaille.

Pour cela, l'agent prendra le rôle de l'enfant de Paul Douglas, un autre agent du MI6 jouant un militaire ami de Philip Anderson. Il est connu de la famille en tant qu'ami du défunt.

NOTE : CET ORDRE DE MISSION A ETE APROUVE A L’UNANIMITE PAR LE COMITE D'ETIQUE DE CHERUB. Cette mission est classée RISQUE FAIBLE.

Il est rappelé à l'agent qu'il peut refuser la mission ou arrêter celle-ci à tout moment de son déroulement.

Après avoir quitté son manteau, Candice observa autour d'elle. Des personnes étaient réunies par groupes dans le salon, ainsi que dans la cuisine, mais également dehors dans le jardin à l'arrière de la maison. Dans le salon, une photo de Philip Anderson dont le cadre était entouré d'un bandeau noir était positionnée sur une table également décorée de fleurs et de bougies.

Paul passa un bras affectueux autour des épaules de l'agent de Cherub en s'approchant de la table, et resta silencieux en observant la photo. L'émotion semblait étrangement réelle dans le regard de l'homme, si bien qu'on aurait pu se demander s'il jouait réellement un rôle. Baissant finalement le regard sur sa fille, le faux militaire annonça :

" Tu sais ce que tu dois faire... "

Observant à nouveau la maison, Candice reconnut quelques personnes. D'abord, il y avait Will dans un coin du salon que des grandes personnes allaient voir régulièrement pour lui dire deux mots, avant de le quitter. La peine et la douleur se lisaient sur son visage. Il avait les mêmes yeux rougis que sa mère. Celle-ci, Hazel Anderson, était celle qui leur avait ouvert. Elle se trouvait à présent dans le jardin et qui discutait avec quelques personnes. D'autres groupes étaient formés dans la cuisine.

La maison semblait avoir un étage si on en croyait un grand escalier qui montait. Quelques pièces étaient fermées à partir du salon, empêchant de connaître précisément leurs rôles.

Will Anderson (12 ans)	Hazel Anderson (43 ans)

Candice avait reçu enfin une convocation au bureau d'Eleutheria Moore et allait enfin participer à une mission. Cela faisait un mois qu'elle attendait ça avec une impatiente non dissimulée. Par conséquent, si elle avait essayé de se contenir et de paraître professionnelle, la petite fille bouillait de joie en son fort intérieur. Elle avait enfilé des vêtements sombres et tenait maintenant la main de son faux père. Elle avait eu du mal à faire ce geste, qu'elle avait autrefois réservé à sa mère, surtout que maintenant qu'elle avait fait son PEI, tenir un adulte par la main... bah pour elle c'était déplacé et assez gamin. Une dame vêtue de noir, Hazel Anderson vint leur ouvrir. Les yeux rougis par les larmes, la femme d'Adam Collins était âgé de 43 ans.  L'enfant se souvint qu'elle avait déclaré ne pas avoir manipuler la médaille.

La petite était légèrement stressée. En effet, il lui semblait que sa mission était très importante. Du coup, le poids de la responsabilité pesait lourd sur ses épaules enfantines. Mais foi d'agent de CHERUB, elle allait faire honneur au campus et la retrouver! Finalement, Paul Douglas, l'agent du MI6 qui jouait le rôle de son paternel présenta ses sentiments à la veuve. L'émotion semblait réelle et forte de les yeux du faux militaire. Candice donna un sourire de circonstance en réponse au triste sourire de cette mère éplorée.

"Bonsoir madame Anderson. Je suis désolée pour votre mari."

Ensuite, elle baissa timidement les yeux et sa tête et sembla regarder un instant le bout de ses chaussures. Finalement, la quadragénaire les laissa entrer. La brune déposa son manteau à l'endroit prévu à cet effet et se dirigea en même temps que Paul vers le salon. La première chose qu'elle repéra fut la photo du défunt, posée sur une table et éclairée par de nombreuses fleurs et bougies. Son faux père passage avec affection son bras sur son épaule et ils cheminèrent alors vers ce portrait. Après un instant dans le silence, alors que l'émotion brillait dans les yeux de l'espion travaillant pour le gouvernement britannique, ce dernier lui adressa une phrase l'encourageant à faire son boulot. Ben oui, elle était venue pour ça, pas pour rendre hommage à la mémoire de quelqu'un qu'elle ne connaissais pas.

Finalement, elle explora la maison du regard. Hazel était dans le jardin et les invités discutaient par petits groupes. Candice remarqua Will, dans le salon. Tout le monde lui adressait quelques mots de circonstance avant de partir vers les autres adultes. La petite fille fut touchée par ses traits et se rappela ce qu'elle avait ressentit lorsqu'elle avait perdu sa mère. Se rappelant son travail, l'enfant rompue aux techniques d'espionnage savait que sa technique pour retrouver la médaille varierai selon le comportement du garçon. Si l'adolescent se montrait incapable de communiquer, ce serait plus compliqué de retrouver l'objet si important car il lui faudrait trouver des excuses élaborées si quelqu'un lui demandait ce qu'elle faisait dans la maison. Elle arriva alors à hauteur du jeune garçon.

[i]"Salut. Je suis désolée pour ton père. Tu l'aimais beaucoup non?"

Elle posa alors une main amicale sur l'épaule de l'autre enfant en attendant sa réaction.

Candice put s'approcher de Will qui la regarda en la dévisageant un instant. Il ne la reconnaissait pas. Il la salua néanmoins à son tour, par politesse. Tout le monde était désolé pour son père. Machinalement, presque par réflexe, le garçon lâcha un "merci" à peine convaincu. Ce n'était pas la première fois qu'il entendait ce genre de phrase.

Le contact de sa main de la fille sur son épaule sembla néanmoins le surprendre, tout autant que la question au sujet de l'affection que le garçon portait à son père. Celle-ci laissa d'ailleurs un rictus de douleur sur son visage qu'il tenta de maîtriser.

" Il était pas souvent à la maison, mais j'attendais toujours avec impatience son retour...  Il devait rentrer dans deux semaines... en vie..."

Un vieux couple arriva alors, probablement de la famille, et commença à parler à l'enfant sans s'occuper de Candice.

" Mon pauvre petit. " lança la femme âgée en tentant de se baisser légèrement pour enlacer l'enfant.

Ce dernier termina le geste pour éviter à la dame de se briser le dos. Elle sentait fort le parfum et Candice remarqua Will faire une éphémère grimace durant l'étreinte. L'homme, quant à lui, tapota ensuite virilement sur l'épaule du garçon.

" T'en fais pas va, d'où il est, ton père veille sur toi ! C'est un héros."

Ils s'en allèrent ensuite rejoindre d'autres gens. Will ne semblait pas du tout mieux se porter après la tentative de réconfort du couple. Rapidement, il s'intéressa à nouveau à Candice comme si les deux vieux n'étaient qu'un interlude nous désiré.

" Tu... Tu le connaissais ? " se résolut-il finalement à demander directement pour corriger ce qu'il prenait pour un dysfonctionnement de sa mémoire. Peut être qu'il connaissait Candice en réalité ?

Tout d'abord, Will ne sembla pas vouloir continuer la conversation, ce qui déçu un peu la petite fille... qui n'avait pourtant pas l'intention de s'en aller tout de suite. Le garçon pourrait lui donner des informations précieuses au sujet de la médaille, s'il l'avait remarquée. Puis, elle remarqua un petit rictus de douleur sur son visage déjà triste. Cela serra un peu le coeur de Candice qui se souvenait alors de ce qu'elle avait ressentie à la mort de sa chère mère. D'un autre côté, c'était déjà une réaction plus expressive que les vagues "merci" que Will avait lâché quelques secondes auparavant. Ce qui était effrayant, c'était qu'il semblait vouloir maîtriser ses sentiments, sans succès pourtant. Mais dans une situation de deuil, Candice trouvait ça triste de vouloir se maîtriser tout le temps.

Juste après la réponse de Will, un couple de vieux arriva. La veille femme sentait très fort le parfum. Les deux étaient courbés, ce qui était sûrement du à la vieillesse. L'ancienne essaya d'enlacer Will et se pencha un petit peu... C'est d'ailleurs Will qui finit par se lever. L'homme lui fit une simple tape sur l'épaule de garçon, avec des paroles... très réconfortante. Dire à un enfant que ses parents veillaient sur lui, c'était pas vraiment la meilleure chose à faire dans ce cas. Surtout qu'on s'en fout, nous, de penser qu'ils nous regardent. Ce qu'on veut, même si les parents nous ont embêté, c'est de les avoir avec nous...

Ensuite ils repartirent. Candice se demandait si l'arrivée des deux ancêtres n'allait pas freiner Will dans leur échange tout juste commencé. Le garçon n'avait pas l'air tellement réconforté. Ensuite, il se retourna vers la petite fille et reprit leur conversation, comme si l'arrivée des deux vieillard avait été un petit entracte.

"Il me semble que mon père ait invité le tien il y a longtemps... Je devais être toute petite. Par contre, il parlait très souvent de lui. Ils connaissaient entre militaires. Apparemment, il avait eu de nombreuses médaille. Il te racontait parfois comment il les avait gagnées?"

Candice avait l'impression d'avoir bien répondu parce qu'elle avait essayé d'incruster les médaille dans la conversation. Peut-être que Will avait remarqué la disparition de la dernière récompense de son paternel.

Candice sembla allumer une lueur dans le regard du garçon quand elle lui indiqua que son propre père parlait de celui du garçon régulièrement.

" Ha ? Il racontait quoi ? " demanda-t-il sans détour, soudainement très curieux.

Puis la jeune fille aborda le sujet des médailles ce qui sembla ravir l'enfant :

" Ouai, il en a eu carrément plein ! Presque tous les deux ou trois ans, il en avait une nouvelle... Là il en a eu une à titre... posthume. "

Le dernier mot avait été cherché quelques secondes, ne paraissant pas vraiment naturel dans le langage du garçon.

" C'était un super soldat mon papa. Il était en Afghanistan et beaucoup au Moyen-Orient. C'est super loin... " précisa-t-il un peu amèrement.

" Et toi ? Il en a eu plein aussi ? Il est où ton père ? " demanda-t-il pour essayer de vérifier s'il le connaissait.

Il jeta un rapide regard derrière Candice avant de se reporter sur elle pour avoir un indice. A ce moment là, le contrôleur était dans le jardin, et discutait avec un autre homme, près d'un buffet.

Candice était contente d'avoir réussie à lancer Will sur un sujet. Il semblait être déridé et se transformait presque en... moulin  à paroles. La réussite des parents était un sujet que tous les enfants prenaient à coeur.

"Il disait que c'était quelqu'un de courageux et de fidèle et qu'il y en avait pas beaucoup dans les militaires. Il était très enthousiaste! Il était présent lorsqu'il était chez toi, ton père, ou il était toujours un peu pris par le travail?"

Candice essayait de montrer une candeur enfantine mais elle avait l'impression de se montrer un peu trop mature pour son âge. Du coup, lorsque Will fit la mention de "posthume", bien que Candice sache ce que voulait dire ce mot, elle le jugea trop compliqué pour un enfant de son âge et afficha une incompréhension.

 "Posthume?"  dit-elle en basculant la tête sur le côté, complétant l'interrogation.

Candice craignait tout de même que devoir expliquer se mot attriste Will et ne bloque un peu la conversation. Tant pis, elle ne pouvait pas revenir en arrière.

 "Le mien aussi allait en Afghanistan quelque fois! Mais ne me disait pas ce qu'il avait vu ou ce qu'il avait fait... A coup sûr, il pense que je suis trop jeune pour le savoir! Et toi, ton père, il te disait ce qu'il avait vu? Il avait le temps de prendre quelques photos parfois?

 Ensuite, Candice se retourna et parcourut la pièce du regard, notant l'évolution de quelques personnages. Peu à peu, elle plissa légèrement les yeux et concentra son regard vers le jardin des Anderson. Elle repéra presque immédiatement le contrôleur mais chercha encore un peu pour la forme. Ensuite, elle désigna le buffet d'un geste de la main.

"Il m'a dit qu'il allait par-là. Je crois qu'il est ici.Candice précisa alors un peu son geste avant de repartir dans le sujet des médailles. Oui, il en a eu quelques unes aussi! On fêtait ça à chaque fois. Il les portait sur lui ses médailles, ton père?

[Je te présente mes excuses pour le délais de réponse. Ca ne se reproduira plus ]

Willy sembla apprécier que son père soit aimé, comme en témoigna un petit sourire satisfait en rupture avec son regard encore humide. Parler de son père semblait faire plaisir à l'enfant, malgré les circonstances.

" Il était pas beaucoup là non, mais quand il passait un peu de temps à la maison, on jouait tout le temps ensemble. On allait au zoo, à la salle d'arcade, au cinéma, on jouait au baseball dans le parc... On essayait de rattraper le temps perdu. J'attendais plus son retour que Noël à chaque fois. Mais il ne restait jamais plus que quelques jours. " rajouta-t-il un peu déçu.

Le garçon expliqua la signification du mot "posthume" simplement, sans paraître s'attrister davantage. Le terme "mort" était malheureusement monnaie courante pour lui ces jours-ci. Il écouta ensuite attentivement Candice lui parler de son propre père. Il confirma :

" C'est pas drôle la guerre. Il me disait que ça changeait un homme mais il ne me racontait jamais en détail ce qu'il faisait. Il me parlait des régions où il était allé sans me dire pourquoi ils y étaient, et des coutumes de là-bas. Mais il ne prenait jamais de photos. Il disait qu'avec le sable, les appareils se cassaient rapidement. Et ça faisait cher à force. "

Willy observa avec curiosité la personne ciblée par Candice sans néanmoins paraitre reconnaitre l'homme, puis la jeune fille aborda le sujet des médailles :

" C'est cool les médailles..." confia le gamin avec un petit sourire.

" On fêtait ça aussi. Je les trouve trop belles à chaque fois. Il les portait que pour les cérémonies mais j'aimais bien quand il me les montrait. La dernière qu'il a eue est trop belle ! " affirma-t-il ravi.

" Tu veux manger un truc au buffet ? " demanda-t-il en passant du coq à l'âne alors qu'il se relevait.