2015/05/04-M – Saint-Hélier, Ile de Jersey – [Mission d'Hazel Curtis, de Zachary Johnson et Bryn Wright] – Opération Jersey

Alors que Bryn commençait à tirer Daniel sur le sol pour dissimuler le cadavre jeune garçon inanimé, Zachary se pencha pour lui donner un coup de main. Les efforts conjugués des deux "frères" parvinrent à trainer le corps jusque dans les toilettes.

Aussitôt, le Gallois entreprit de fouiller leur victime, lui retournant rapidement les poches. Il extirpa un morceau de papier chiffonné mentionnant le renvoi de Daniel pendant trois jours pour "insolence", un trousseau de clés, un téléphone portable (verrouillé par un mot de code d'accès), un paquet de chewing-gums entamé et un porte-monnaie contenant une dizaine de livres ainsi qu'une carte scolaire établie la semaine précédente au nom de Daniel Lefranc, né le 17 septembre 2002 à Rouen (France). Le sac de cours du gamin contenait des affaires scolaires – une trousse renfermant plusieurs stylos, un compas, des trombones et une gomme, divers classeurs et bouquins, une carte de Saint-Hélier ainsi qu'une bombe de peinture noire et une petite clé USB, similaire à celle que Bryn avait perdue lors de son opération de vandalisme.

Pendant que les agents faisaient les poches de leur "camarade", Hazel entendit la sonnerie de son téléphone, identifiant immédiatement, à la mélodie choisie, un appel de leur contrôleur de mission. La voix était hachée et coupée par instant par le souffle du vent. Visiblement, Sarah passait cette communication depuis l'extérieur de la maison.

"Ne me réponds surtout pas !", commanda aussitôt la femme dès que l’Écossaise eut décroché. "Tu avais raison, j'ai trouvé un micro dans le salon. Vous ne rentrez pas à la maison ! On se retrouve à l'aéroport, ce soir 23h30, grille d'accès du frêt !"

Puis, sans attendre de réponse, elle coupa la conversation laissant le "bip-bip" déprimant de fin de communication résonner aux oreilles d'Hazel.

Et vas-y que Zack prenait la défense de son pote. Quoi que c'était un peu trop virulent pour être innocent. L'écossaise gratifia le requin d'un plissement des yeux et d'une expression d'agacement, avant de revenir à son air indifférent quand le coup fut porté. Et un de moins! Malgré ses bons réflexes, Daniel n'a pas pu résister. Pendant que Bryn, après juron, traînait le corps inanimé avec l'aide de Zack, Hazel préféra jeter un coup d'œil autour d'eux. Personne ne pointa le bout de son nez et c'était tant mieux. Une fois dans les toilettes, elle ferma la porte derrière eux et tâcha de la bloquer.

Sa curiosité quant au contenu des poches de l'inconscient tourna court quand son portable se mît à sonner. L'écossaise décrocha fissa et, suivant l'ordre, ne répondit même pas. Pourquoi aucune d'entre eux n'y avait pensé plus tôt, c'était un mystère.Hazel fit une drôle de tête en réalisant que c'était très certainement leur négligence qui avait coûté la vie à Bornson. Elle raccrocha l'appareil sur le bip peu plaisant de la tonalité.

"Changement de plan, la maison était sur écoute. On a rendez-vous à 23h30, grilles d'accès du fret."

Quittant son portable du regard, elle en revint à Daniel qui se faisait faire les poches. Son regard s'arrêta sur le téléphone.

"Essaye un truc genre Rosbeef, pour voir. Daniel va devoir s'expliquer, on a du temps. Quelqu'un a de quoi l'attacher?"

Elle s'appuya dos à la porte, tendant l'oreille. Hazel ajouta, l'air pensive.

"On peut vraiment faire confiance à personne."

Bryn avait pris la bonne initiative, et le trajet jusqu'aux toilettes se fut plutôt sécurisé grâce à la collaboration de tous. Ils commençèrent à fouiller les poches de Daniel. Bryn doutait quand même de la culpabilité du jeune homme avec qui il sentait naître une profonde amitié.

Jusqu'à ce que hazel reçoive un coup de fil de Sarah... apparemment ça craignait du pâté en croûte cette histoire, ils auraient été sur écoute?... Des agents secrets indétectables sur écoute?

- sur écoute? c'est quoi ce beans?

Du coup tout se bouscula dans la tête du Gallois. Son "ami" était le seul qui avait pu poser le micro ou l'appareil. Il était le seul à être entré chez eux. Il fallait qu'il en est le coeur net. C'était à lui de le faire. Après tout c'est plus ou moins sa faiblesse qui avait conduit Daniel chez eux. Et s'il était le traître, il s'en voudrait à mort. Avoir la mort d'un agent sur la conscience c'était difficilement supportable.

- Laisse moi faire! dit il d'un ton agacé...

Bryn prit le portable de Daniel et entreprit de fouiller dans son répertoire, et dans son journal d'appel et ses SMS. Il en aurait le coeur net.Verrouillé ou pas, dans le meilleur des cas c'était sans mot de passe, et au pire, c'était peut être un déverrouillage par signes dont il pourrait voir la trace en contre jour.

Une chose était certaine, le téléphone de Daniel n'était pas verrouillé par un simple système numérique. Un clavier complet apparaissait lors de sa tentative d'activation demandant la saisie d'un mot de passe.

Le Gallois, sur la suggestion d'Hazel, essaya le mot "Rosbeef" mais sans succès. Avant de faire une autre tentative, il inclina l'appareil pour essayer de distinguer à contre jour des traces de doigts pour le guider. Devant le nombre de marques figurant sur l'écran, il secoua la tête, légèrement découragé. Rien ne lui venait à l'esprit pour relier les lettres entre elle. Tenter le coup au hasard risquait de bloquer définitivement le smartphone.

Le petit stratagème semblait avoir marché et Daniel ne s'attendait visiblement pas au coup qu'il reçut. D'un autre côté, de la méfiance aurait été étrange pour quelqu'un qui devait être leur ami. Même Hazel semblait avoir marché pendant un instant. Comme si Zachary ne pouvait pas mettre de côté ce genre de remarque quand la situation était critique comme celle-là. Il avait bien d'autres choses à penser qu'à rentrer dans le groin de la fille.

Bryn et lui déplacèrent le corps du garçon jusqu'aux toilettes et son sac fut fouillé. Non seulement ils retrouvèrent la clé USB perdue, mais en plus Hazel leur apprit que leur maison avait bien été mise sur écoutes.

" Quel enfoiré... " ne put se retenir de lâcher le garçon.

L'intérêt se porta finalement sur le smartphone de Daniel et les agents ne parvinrent pas à le déverrouiller.

" On s'en fout, on verra plus tard une fois rentré. Du moment qu'il l'a pas en sa possession, il peut pas prévenir rapidement quelqu'un. Surtout si on l'enferme ici. On le fera analyser au retour."

Zachary prit le portable et enleva sans précaution la batterie et la carte sim, avant de donner à chacun de ses camarades un des trois éléments le composant.

" Je suggère qu'on se tire à l'aéroport tout de suite non ? On y sera plus en sécurité. Comment on peut y aller ? Je suis pas sûr que le père Langlois ait envie de nous emmener. Et la famille Le Sueur, la mère pourrait p'têtre mais c'est risqué. Au pire y'a le bus. "

En parlant, Zack commença à vérifier sur son smartphone quelle ligne leur permettrait d'atteindre l'aéroport rapidement. Lui n'avait aucune envie d'interroger des heures Daniel. La fin des cours risquait d'arriver, et ils ne pourraient pas bloquer l'accès aux sanitaires...

Le garçon restait malgré tout déçu de voir que Daniel était bien responsable. Une soirée sympa entre amis ne pouvait jamais rien cacher et être sincère dans leur vie d'agent, tant dans un sens que dans l'autre...

Zachary put, sans difficulté aucune, décortiquer le téléphone de Daniel et en distribuer les pièces à ses camarades. Impatient de quitter rapidement les lieux, le requin craignait de se voir surprendre dans une situation compromettante. Certes, il restait encore du temps avant la fin des cours de la journée mais la sonnerie de l'inter-cours ne devrait pas tarder à retentir, rendant plus difficile leur exfiltration.

Comme un fait exprès, la cloche retentit à ce moment précis, surprenant Hazel, toujours dans le hall, devant la porte des toilettes pour hommes et Bryn et Zachary, coincés dans ces mêmes toilettes en compagnie de Daniel toujours inconscient.

Il était trop tard pour fuir. Le brouhaha précurseur du lâcher de collégiens à l'assaut de leur nouvelle salle de cours se fit entendre et de nombreux élèves affluèrent dans le hall et le traversèrent, ne prêtant qu'une attention distraite à l’Écossaise.

Deux garçons de douze ou treize ans s'arrêtèrent malgré tout et se dirigèrent vers les toilettes. Arrivés au niveau d'Hazel qui leur bloquait l'accès à la porte, il voulurent la contourner pour accéder au local.

"Pardon, on a pas beaucoup de temps...", dit le plus grand d'une voix impatiente.

Dommage. Il leur faudra décortiquer l'appareil avec le bon matériel. Hazel ne se sentait pas rassurée pour autant. Peut-être que l'appareil renfermait des indices qui auraient pu servir pour filer des infos fraîches et exploitables. Maintenant que Langlois savait pour Bornson, elle était prête à parier qu'il avait soit déplacé l'armement pour prendre la fuite, soit décidé de précipiter les opérations. Dans un cas comme dans l'autre ils risquaient de voir tout leur boulot de ces deniers jours tomber aux oubliettes. Frustrant.

Tout autant que l'agacement de Bryn. Forcément, faire copain-copain et découvrir qu'on s'est fait avoir, c'était pas très agréable. En même temps, c'était pas comme si elle lui avait jamais fait comprendre que les sentiments étaient une grosse arnaque. Mais mine de rien, quelque part, ça lui faisait de la peine. Enfournant sa partie du téléphone dans la poche de son jeans, l'écossaise en était à se demander si il ne serait pas pertinent de mettre la tête de Daniel dans une cuvette et de tirer la chasse pour voir à quel point le gosse s'était fait manipuler. Soit il était bien impliqué et ils auraient des détails utiles sur ce qui se passait, soit il n'était qu'une marionnette et Bryn pourrait en tirer un semblant de soulagement. Seulement les garçons l'ignorèrent pour le coup. Fonce à l'aéroport était une option, mais pas la plus sécuritaire à ses yeux. Les grilles du fret, bien que probablement sous surveillance, pouvait cacher quelques membres du groupe de Langlois. Contrôler les points d'accès d'une île était un bon moyen d'assurer ses arrières, et elle était prête à parier que le père de Daniel travaillant aux docks devait décharger plus que des patates. Quant à la suggestion du transport Langlois ou Le Sueurs... Bon sang, l'expérience Daniel ne leur suffisait pas? Elle allait d'ailleurs leur dire sa façon de penser quand la cloche retentit. Et comme un problème ne vient jamais seul, il était inévitable que des garçons ait besoin des toilettes pendant la pause.

"Désolée, mais ça va pas être possible."

Hazel se déplaça de façon à empêcher le garçon de la contourner.

"Problème de tuyauterie, ça refoule. Le concierge m'a dit de laisser entrer personne pendant qu'il allait chercher les panneaux. Allez aux toilettes de l'étage."

Et pendant ce temps, elle priait pour que Bryn ou Zack ait la bonne idée de mettre Daniel dans une cabine, de trouver un moyen de fermer la porte, de l'intérieur, et de sortir l'air de rien.

Maintenant, Zachary aurait aimé déguerpir et rester en sécurité relative à l'aéroport, mais certainement pas ici où chaque personne qu'ils croisaient était peut être quelqu'un qui leur voulait du mal. Mais comme il s'y était attendu avec les minutes qui défilaient, la récréation sonna et un flux d'élèves arrivait, comme en témoignait le brouhaha généralisé provenant des couloirs.

Hazel sortit, probablement pour prévenir les problèmes, tandis qu'avec Bryn, ils devaient à présent bloquer Daniel autant que possible, ou du moins empêcher qu'on ne le retrouve rapidement. Zachary se saisit alors d'une feuille blanche provenant de son sac et marqua au gros marqueur noir : "Out of order" (hors service). Il accrocha ensuite avec le scotch la feuille sur la porte du wc de l'assommé.

" T'as une idée pour bloquer la porte ? " interrogea le requin pour Bryn en chuchotant alors qu'il la rabattait.

" Vaut mieux attendre là que la récré soit terminée pour être sûr que personne débarque... "

Si Hazel faisait correctement son boulot, ils seraient peinards pour le moment.

La récréation venait de retentir.
Branle bas de combat, il fallait qu'ils réagissent, finit le plan facile de rallier l'aéroport tranquille. Les élèves commençaient dejà à s'approcher des chiottes. Le brouhaha se fit de plus en plus fort, signe que le nombre de d'élèves grandissait.

Hazel eut la brillante idée de sortir pour leur faire gagner un peu de temps. Zachary inscrivait un truc sur une feuille de papier "out of order"... Ca allait pas chier loin cette histoire, Bryn avait une meilleur idée. Il prit Daniel par les épaules sollicitant un peu d'aide à Zach pour qu'il soit assis sur les toilettes.

- Laisse tomber ta feuille j'ai une meilleur idée, dit il en repoussant le requin des Wc.

Daniel était assis, inconscient. Bryn verrouilla la porte derrière Zach et ensuite profita de sa petite taille, pour se glisser sous l'espace de la pote des toilettes afin de se retrouver de l'autre côté comme si de rien n'était. Le genre d'exercice qu'il avait dejà fait plusieurs fois avant, comme un vieux souvenir.

Maugréant contre ce putain de bahut qui tombait en ruine, les collégiens n'insistèrent pas et obéirent aux instructions d'Hazel, quittant le hall pour trouver des toilettes en état. Pendant ce temps, Bryn et Zachary réussirent sans difficulté à enfermer Daniel dans un des WC, l'abandonnant sans remord, le Gallois faisant d'ailleurs une belle démonstration de sa souplesse en se faufilant facilement sous la porte.

La tête reposant contre sa poitrine, Daniel était assis sur le siège, le dos appuyé contre la paroi. Un oeuf de pigeon grossissait sur le côté de son crâne, là où le coup précis du requin l'avait atteint. Toujours inconscient, il respirait calmement et ne leur poserait certainement pas de problème dans l'immédiat. Il allait surement se réveiller avec un sérieux mal de tête mais c'était bien là le cadet des soucis des deux agents.

Le brouhaha résultant du changement de classe des nouveaux élèves s'apaisait et Zachary et Bryn purent sortir des toilettes pour rejoindre leur "soeur". Sans perdre de temps, les trois enfants quittèrent rapidement l'établissement pour essayer de se mettre à l'abri.

Il leur fallait rejoindre l'aéroport avant que la situation ne se complique. Cela représentait quand même une marche d'environ six kilomètres pour l'atteindre. Un jeu d'enfant pour des agents entraînés, à moins que la paresse naturelle des adolescents ne les pousse à emprunter une des lignes de bus assurant le trajet. De toute façon, ils avaient quelques heures à tuer avant le rendez-vous fixé par leur contrôleur de mission.

Zachary ne s'était pas attendu à ce que Bryn passe sous la porte. Lui-même n'avait plus réellement le gabarit pour ce genre de choses.

" Te trainer parterre dans des chiottes, t'as peur de rien... " fit remarquer l'agent à l'autre.

Il allait se retrouver avec une grosse tâche d'urine dans le dos, bien odorante. On les retrouverait à l'odeur ! La fin de la récré était arrivée et la voie était libre.

Une fois à l'extérieur, ils n'avaient plus qu'à rejoindre l'aéroport. Seules solutions : en bus ou à pied. De toute évidence, ils seraient plus libres de bouger sans être coincé dans un véhicule.

" Bon. Go à pattes ? On a du temps à tuer et on sera plus flexibles sur le chemin à prendre. Un petit footing fera du bien. T'as pris un peu de bide Hazel... "

C'était gratuit, mais le garçon disait autant ça pour se détendre que pour essayer de retrouver un semblant de quotidien classique, dans cette situation qui n'en avait rien.

Et des troubles-fêtes en moins! Les garçons s'éloignèrent sous le regard attentif d'Hazel qui se trouvait subitement comme des faux airs de videurs de boîte de nuit. Fixe à son poste même quand les couloirs furent désertés, l'écossaise attendit à son poste que les garçons aient fini. Dommage pour ce pauvre Daniel. En même temps, qu'elle idée de se griller en arrivant comme une fleur à un moment aussi parfaitement choisi? Tant pis pour sa pomme.

Suivant ses "frères" jusqu'à l'extérieur, la seule solution applicable était celle de mettre les voiles. A défaut de quêter des infos en tirant les vers du nez à Daniel, autant se tirer soi-même pour ne pas filer des munitions à l'adversaire. La suggestion un peu plus tôt de Zack de faire appel à un chauffeur fut balayée des pensées de l'écossaise. Ne restait que le bus ou à pied. L'avantage du bus était les autres usagers. Seulement elle doutait que des types prêts à faire un coup d'état hésitent à agir dangereusement en publique. Plus il y aurait de spectacle, mieux ce serait pour leurs affaires. A pieds était encore la meilleure méthode. Et seulement à pied. Sans un commentaire supplémentaire inutile. Franchement, ça lui avait pas suffit à lui quand son contrôleur, via la directrice, lui avait fait cette même remarque? Elle s'en foutait pas mal de l'intérêt que Zack pouvait y trouver. Plissant les yeux, elle jeta un regard limite méprisant au requin.

"C'est plus fort que toi, hein? Tu seras jamais capable de t'en empêcher."

Ouais, elle le prenait pas. Mais pas parce qu'il prétendait qu'elle aurait grossit. Hazel avait bien saisit l'humour. Mais franchement, le faire sur son dos à la moindre occasion, c'était même plus amusant, ou rassurant, c'était à ses yeux juste... Lourd. Et bien au-delà que son pseudo-bide. Réajustant son sac sur l'épaule, elle fut prête à se mettre en marche. Mais en fermant sa gueule. Elle n'avait pas franchement envie de continuer sur ce genre de lancée dans leur situation.

Bryn, tout fier de lui accusa la vanne à deux livres de Zach.. Mais il pouffa intérieurement. Il était tellement content d'avoir eu "la bonne idée" que c'était pas grave.

- t'inquiètes! On avait choisi les plus propres de toutes façons...

Et puis ils décidèrent de partir à pattes. la meilleure solution pour disperser les éventuels poursuivants qui surveilleraient sans doute les bus, trams et autres moyens de transport. Sans parler des taxis.

Bryn n'avait pas relevé plus que cela la retrouvaille avec sa clé USB et pourtant, c'était un signe. Le garçon l'avait sur lui alors... C'était bien le signe qu'il était avec eux. Lui qui l'avait pris pour quelqu'un de triste et de malheureux, et qui fut un temps avait eu envie de le sortir de son monde triste. On peut dire qu'il s'était bien gourré sur la ligne.

Il revint à lui alors que les grands se vannaient entre eux. Ils pouvaient pas s'en empêcher. Qui étaient les grands et qui étaient les petits parfois on se le demandait.

- Hé ho stop! Temps mort! Vous croyez que c'est le moment!

Dit il a l'intention des deux. Avant que chacun ne parte d'un air décidé à rejoindre l'aéroport.

Suivant les consignes données par le contrôleur de mission, les anticipant même quelque peu au niveau des horaires, les trois enfants se mirent en route vers l'aéroport, effrayés par cette situation qui les dépassait. Pour s'assurer un semblant de sécurité, ils avaient décidé de faire le trajet à pied, espérant ainsi éviter toute mauvaise surprise ou, tout du moins, s'offrir une marge de sécurité relative pour réagir face à l'imprévu.

Histoire de ne pas trop traîner en route, ils se mirent à trottiner, évitant d'emprunter le chemin le plus direct. Certes, cela rallongeait le trajet mais le sécurisait également. De plus, ils avaient largement le temps d'arriver à l'heure prévu…

La nécessité de contrôler sa respiration pour courir eut au moins le mérite d'instaurer le silence dans le groupe, dispensant Hazel d'entendre les plaisanteries plus ou moins drôles de Zachary et évitant surement un accrochage entre les deux agents. Certes, le requin essayait d'exorciser sa propre peur en taquinant sa camarade mais leur situation était tellement précaire que l'Ecossaise perdait un peu de son flegme habituel. Pris entre deux feux, Bryn essayait bien de désamorcer la tension croissante mais sans réel succès. Il était vraiment temps de se mettre en sécurité…

Après une petite heure de course, le trio parvint enfin en vue de l'aéroport. Au lieu de se diriger directement vers le portail de la zone de fret, ils commencèrent par longer le grillage et trouvèrent une cachette sommaire pour observer un peu les lieux en restant à couvert. Une agitation exceptionnelle régnait sur le tarmac où tout semblait mis en œuvre pour attendre l'arrivée d'un appareil. Outre le personnel habituel de la zone de transit, se trouvaient de nombreux policiers équipés d'armes automatiques et de gilets pare-balles.

Vers 19h30, à la tombée de la nuit, un avion de transport de la RAF atterrit et s'immobilisa entre les hangars. Depuis leur cachette, les trois agents virent sortir de la soute deux véhicules légèrement blindés ainsi qu'une trentaine d'hommes en treillis de combat, lourdement armés. Une unité des SAS venait d'être acheminée en urgence sur place pour traiter le problème. Sortant d'un des bâtiments, les enfants reconnurent la silhouette de Sarah Freston qui vint s'entretenir quelques minutes avec le chef du commando.

Sans perdre de temps, les hommes des troupes d'élite embarquèrent dans les différents véhicules mis à leur disposition et, sous le regard du contrôleur de mission restant sur place, se mirent en route vers Saint-Hélier, se dirigeant très certainement vers les docks. Un calme relatif s'installa alors dans la zone aéroportuaire.

Pff. Société Hazel, transport de balais dans le cul depuis 1927. Qu'est-ce qu'elle était chiante à vivre ! Elle en ratait jamais une pour jouer les rabats-joie même dans les pires situations. Et Bryn qui en rajoutait comme si Zack était le responsable. Encore mieux ! Elle aurait pu se contenter de sourire, ou mieux : lui lancer une vacherie en réponse. Ce serait tellement plus simple si elle arrêtait de se vexer pour un rien cette cruche. Rentrer dans le même jeu que lui garantirait un capital respect déjà plus élevé que le sous-sol et peut être même que leurs relations s'en trouveraient améliorées...

La course vers l'aéroport se passa donc en silence. Le requin ruminait cette situation en ignorant autant que c'était nécessaire la pimbêche qui lui avait servi de soeur trop longtemps durant cette mission, et savourait déjà l'agréable moment où il rentrerait au Campus retrouver des gens agréables comme Max ou Lindsey.

Finalement, ils arrivèrent sans soucis près des pistes et se cachèrent près des grillages pour observer l'agitation. Un petit sourire en coin, le garçon observa les militaires arriver avec des véhicules blindés.

" Ils vont prendre cher les terroristes... " commenta-t-il plus pour lui que pour les autres.

C'était au moins satisfaisant sur ce point, songea-t-il ensuite. La mission n'était pas un échec, même si leur réussite pour démasquer les véritables responsables avait causé la mort d'un homme, laissant un goût particulièrement amer en bouche. Sans parler de la trahison de Daniel que Bryn avait eu l'air d'apprécier. Zachary n'était pas du genre à trop s'attacher en mission avec ses amis d'un jour. Il oubliait le Japon rapidement quand ça l'arrangeait, mais Lucy, c'était différent. Il savait bien qu'il lui avait plu réellement, sans arrière pensée. Il en était sûr.

Chassant ces idées de son esprit, le garçon remarqua que leur mère était dans la place et gérait l'arrivée des militaires. Le requin plaça ses bras derrière sa tête et se laissa tomber en arrière dans l'herbe en regardant le ciel. Ils avaient encore quelques heures à attendre. Alors autant en profiter pour se reposer un peu.

Bon la situation ne pouvait pas être pire. Ils avaient été espionnés, surveillés, fliqués, contraints de neutraliser quelqu'un qu'il considérait comme un pote, qui en dehors de tout soupçon était en fait un traitre.

On était vraiment dans un scénario à la James Bond pensa Bryn. Il manquait plus que le docteur no et sa base à St Helier. Même parmi les héros, il y avait de l'animosité, comme dans tous les bons films. Ces deux là devaient s'aimer en fait se dit Bryn intérieurement en rigolant comme un chancre dans son pull.

Mais bon...

Le reste du voyage vers l'aéroport ne s'était pas passé de la meilleur façon qui soit. Ils avaient couru, couru et c'était tout... Pas une parole échangée, à croire que Zach et Hazel lui en voulaient aussi. Au moins une fois sur place ils purent découvrir que tout était sécurisé. Ils squattèrent une zone grillagée de l'aéroport et un peu de temps après purent constater l'arrivée des SAS. Les troupes d'élites du renseignement britannique.

- ouais! bien fait pour eux! dit Bryn en réponse à Zach.

Le requin s'allongea ensuite comme si de rien n'était alors qu'on voyait une femme qui était sans aucun doute leur contrôleur de mission au loin, près des troupes. Bryn tenta un hoho!! assez sonore pour attirer son attention.

Pour toute réponse à Bryn, Hazel ne lui avait jeté qu'un regard vague avant de se détourner. Elle ne voulait pas entrer en conflit, en aucune manière. Elle voulait juste la paix. C'était impossible de réfléchir posément avec un type qui balançait des vannes à tout va dans l'espoir futile de détendre l'atmosphère ou juste d'avoir l'air drôle. Si c'était là le talent dont devait faire preuve un agent, elle n'était pas prête de faire ses preuves. Le silence qui s'installa au court de leur déplacement fut la bienvenue. Non seulement parce qu'enfin le requin ne prononçait plus le moindre mot, mais aussi parce qu'en étant plus forcée de balancer quoi que ce soit, elle pouvait se concentrer sur sa respiration et ainsi fournir les efforts qu'elle n'aurait pas pu donner en débattant verbalement.
Mais n'empêche, il lui restait toujours un sale goût d'inachevé. Bornson mort, eux grillés, il était plus que clair que Langlois, pour peu qu'il soit malin - et il devait l'être pour ne pas être déjà derrière les barreaux - ait déjà choisi de remballer, ou d'accélérer ses opérations.

Arrivés finalement à l'aéroport, elle ne trouva qu'un maigre soulagement à la vue du déploiement de force dont était capable le gouvernement britannique. Non pas qu'elle pense que le matériel fourni soit insuffisant, mais ils étaient en territoire ennemi. Un endroit où Langlois avait eu tout le temps nécessaire pour préparer ses sales coups. Avec Bornson grillé, l'écossaise était prête à parier que Langlois avait fait de son mieux pour modifier toute informations que l'agent aurait pu transmettre, comme le lieu de stockage de l'armement, des éventuels plans d'attaque pour un coup d'état, ou autre. Agenouillée au sol, une main accrochée au grillage et le souffle encore court, elle se contenta de pincer les lèvres à l'affirmation de Zack. Ouais, ils allaient prendre cher, c'était clair. Mais avant ou après avoir provoqué des dégâts auprès de la population de Jersey? Et Bryn avec sa relance... Relâchant la grille, Hazel sortit sans un mot son téléphone portable et tapa un message à l'intention de leur contrôleur de mission certainement trop occupé à calibrer les forces spéciales pour se déplacer jusqu'à eux.

"Langlois et son artillerie sont repérés avec certitude? Nous avons le portable de Daniel avec nous. Peut-être qu'un numéro dans ses contacts permettrait de localiser un autre membre de leur groupe."

Sans même un mot de plus, elle pressa la touche "envoyé" et patienta.

Sous les regards ravis des garçons, appréciant particulièrement le déploiement de force militaire, et celui, plus mitigé d'Hazel, craignant des retombées négatives, les forces spéciales venaient de disparaître en direction de leur objectif. Avec le calme et la sérénité des "vieilles troupes", Zachary s'allongea et ferma les yeux. Quitte à attendre l'heure du rendez-vous, autant le faire dans des conditions optimales.

Moins patients, Bryn essayait en vainc d'attirer l'attention de Sarah en l'interpellant depuis leur cachette (la voix était sans doute encore trop fluette) tandis que l’Écossaise choisit de lui envoyer un texto. Sentant son téléphone vibrer dans sa poche, le contrôleur de mission sursauta avant de consulter son message. Intriguée par la teneur de celui-ci, elle balaya du regard les fourrés proches du grillage et finit par remarquer le manège du Gallois. D'un geste de la main, elle fit signe à la petite troupe de la rejoindre immédiatement tout en s'écartant de l'avion et des hommes qui le gardaient.

Rapidement, la femme vint à la rencontre du trio, veillant à se positionner dans un coin obscur, de façon à rester dans l'ombre pour les militaires postés sur place.

"Vous êtes en avance...", grommela-t-elle d'un air mécontent, avant d'afficher un sourire soulagé. "Enfin, vous êtes sains et saufs, c'est l'essentiel..."

Sans leur laisser le temps de parler, elle sortit de son sac trois sweats avec capuche et les donna aux agents.

"Enfilez ça et veillez à cacher vos visages. Ne parlez pas en présence d'étrangers, personne ne doit connaître votre existence..."

Avant de retourner à proximité de l'avion, Sarah tenta de les rassurer un peu.

"Bornson a eu le temps d'envoyer un message de confirmation avant qu'on ne perde le contact avec lui. Le GPS de son téléphone indique bien la position du hangar. C'est vers lui que les commandos viennent de partir."

À ce moment, des coups de feux se firent entendre au loin, tirs sporadiques d'armes de poing auxquels répondaient des rafales d'armes automatiques. Prêtant l'oreille, le contrôleur de mission fronça les sourcils.

"Le contact a été établi, semble-t-il. J'espère que la zone aura pu être sécurisée avant... Venez !"

Sur ces mots, la femme ramena le petit groupe vers l'avion et fit monter les agents à bord, sous les regards attentifs et peut-être surpris des soldats présents devant les silhouettes des enfants dont le gabarit était plutôt inhabituel. Une fois dans la carlingue, l'attente reprit, portant les nerfs à rude épreuve. Il n'y a rien de pire que de rester sans rien faire lorsque d'autres sont dans l'action. Mais, respectant les consignes (pour une fois ?), aucun des jeunes agents ne rompit le silence, attendant des informations qui finiraient bien par arriver.

Au bout d'un moment, il entendirent le retour d'un véhicule et captèrent des brides d'une conversation animée entre un homme et leur contrôleur de mission. Il semblerait que les SAS soient arrivés en plein déménagement, troublant les plans des indépendantistes. Dans l'échange de coups de feux qui s'en suivit, deux militaires avaient été blessés et un terroriste tué. Deux avaient néanmoins pu être interpellés et seraient donc évacués sur Londres.

Menottés et sous bonne garde, deux hommes, dont le visage était totalement inconnu des agents, montèrent à ce moment dans l'avion, suivis par les brancards sur lesquels étaient les blessés. Sarah arriva à son tour et alla s'asseoir à côté des enfants. Pendant que la porte arrière de l'appareil se relevait, la jeune femme donna des explications, à mi-voix.

"La situation est sous contrôle.", affirma-t-elle. "Le reste de la section des SAS reste sur place pour sécuriser le secteur. Nous en avons terminé ici. J'espère que l'interrogatoire de ces types donnera quelque chose... Vous les reconnaissez ?"

Levant sa lampe électrique, elle éclaira brièvement le visage des terroristes capturés.

Après une petite heure de vol, l'avion se posa sur un aéroport militaire de la banlieue londonienne. Un véhicule attendait les quatre agents de Cherub pour les ramener discrètement au Campus où ils pourraient se remettre de leurs émotions.


[HRP]Votre mission est maintenant terminée. J'espère que vous avez pris autant de plaisir à la jouer que moi à vous la faire vivre. Il reste encore de nombreuses zones d'ombre à éclaircir mais tout viendra en son temps... L'épilogue vous donnera quelques informations supplémentaires.

Vous pouvez rajouter chacun quatre points à votre barème. Il pourrait être judicieux pour Zach de faire effort vers les langues étrangères car son ancienneté au Campus s'accommode mal de cette lacune (et la directrice va veiller à le lui faire remarquer)...

Vous pouvez encore réagir une dernière fois au sujet avant que je ne le verrouille.[/HRP]

Allongé, Zachary n'ouvrit qu'un oeil devant Bryn qui faisait le pitre pour attirer l'attention de Sarah. Il allait juste se faire engueuler pour ne pas respecter l'heure de rendez-vous, mais si ça l'amusait... Le pire, c'est que pour une raison qui lui échappait, il était parvenu à être vu ou entendu ! Les autres se déplaçaient. Le requin poussa un grognement de mécontentement. Ils pouvaient pas simplement attendre et profiter du repos des guerriers ?

A contre-coeur, il se leva à son tour et suivit le groupe pour rejoindre leur contrôleur. Sans surprise elle les rabroua un instant mais sourit finalement. Elle en était donc capable ? Ce n'était pas une légende ? Zachary n'avait pas eu le temps de sortir son téléphone pour prendre une photo malheureusement. Personne ne voudrait le croire !

Le garçon récupéra un des sweat et l'enfila. Rabattant la capuche, il écouta les informations données indiquant que l'assaut était mené vers le hangar où Bornson avait été lors de sa dernière communication. Des coups de feu retentirent soudainement, preuve que démarrait la prise de contact musclée.

Puis il partirent vers l'avion sous les consignes de Sarah afin d'y patienter pendant que les militaires faisaient leur travail. L'herbe était quand même plus agréable que le métal de l'avion. Zachary s'appuya des deux mains pour maintenir sa tête inclinée vers le sol, les yeux presque fermés. Il ne savait pas du tout combien de temps il faudrait attendre.

Sans réagir, le requin capta une discussion au loin avec des militaires qui revenaient du front. Evidemment, les indépendantistes tentaient de quitter le navire. Comme c'était surprenant. Sans relever le visage, il continua à fixer le sol pendant que les terroristes arrêtés et les blessés montaient dans l'appareil. Du coin de l'oeil, il avait néanmoins réussi à voir rapidement le visage de leurs ennemis qui lui étaient totalement inconnus. En même temps, il n'avait pas forcément rencontré assez de monde pour pouvoir connaître n'importe qui sur cette île.

Sarah vint confirmer la situation, qui était sous contrôle. L'appareil allait décoller d'un instant à l'autre. Le contrôleur demanda si les terroristes qui venaient de monter étaient connus de l'un d'eux.

" Pas moi. " répondit simplement le garçon.

Peut être que l'un des autres avait déjà eu l'occasion de les repérer quelque part. Mais ce n'était pas son cas.

L'avion décolla et les guida durant une longue heure vers leur aéroport de retour pour rejoindre ensuite le Campus. Zachary en profita pour piquer un petit somme, faute d'avoir pu le démarrer dans l'herbe. Il rêvait de retrouver sa chambre et plus particulièrement son lit, sans oublier ses amis.

[Merci pour la mission o/ ]

Un sms pouvait parfois être plus repérable qu'une série de gesticulations. Hazel fit ce qu'il y avait à faire pour rester discrète. Leur présence ici en tant qu'agent ne devait être connue de personne si ce n'était leur contrôleur de mission et la hiérarchie de cherub. Alors que Freston faisait son grommellement qui cachait pourtant son soulagement, l'écossaise jetait de fréquents coups d'oeil en direction de l'appareil. Quand elle enfila le sweat, Hazel veilla scrupuleusement à planquer ses cheveux dans le col pour rabattre le capuchon afin de cacher son visage autant que possible. Les explications plus poussée de leur contrôleur ne la rassurait pas vraiment. Le temps de mettre en place toute l'organisation nécessaire pour une attaque, des terroristes avaient largement le temps de protéger ce à quoi ils tenaient le plus, que ce soit une arme ou une personne. Avant même que n'éclatent les premières détonations, la fillette savait déjà que Langlois ne ferait ni partie des victime, ni des prisonniers. Jetant un dernier regard vers la source des tirs, Hazel monta dans l'appareil en tâchant de ne pas croiser le regard d'un des soldats.

S'installant aussi confortablement que possible, Hazel croisa es bras et inclina la tête en avant pour garder son visage dissimulé. Vu de l'extérieur, on aurait presque pu croire à un moment qu'elle avait franchement piqué du nez. Mais au lieu de ça, elle fixait ses genoux croisés en se faisant un sang d'encre sur ce qui se passait au loin. Des tirs, donc très certainement des blessés, peut-être même des morts. Tant que ça restait dans le camp des terroristes, ça lui allait. Elle ne bougea à nouveau que lorsque le moteur d'un véhicule proche fut audible. Tendant l'oreille, Hazel grinça des dents. Deux blessés chez les soldats, c'était deux de trop. Quant au terroriste tué, à moins qu'il ne s'agisse de Langlois, il était clair que leur mission était un fiasco. Décidément, le job en équipe ne lui réussissait pas. L'écossaise releva sensiblement la tête quand les hommes menottés entrèrent à leur tour dans la carlingue. Deux illustres inconnus. Les têtes pensantes avaient mis les voiles.

A la première affirmation de leur contrôleur, Hazel lui jeta un regard clairement sceptique. Elle le voyait où son contrôle? Dans le fait qu'aucun civil n'ait été blessé ou tué? Si c'était ça le contrôle, elle attendait de voir ce qu'allait donner la prochaine frasque des indépendantistes. Eux libre, rien n'était sous contrôle dans cette affaire. Elle jeta ensuite un nouveau regard aux terroristes éclairés par l'agent Freston et secoua simplement la tête en guise de réponse. Avant que l'avion ne décolle, la fillette se pencha et observa un instant les brancards avant de reprendre sa position initiale quand l'avion prit la direction de la piste de décollage.

Pour une fois elle enviait Zack. Incapable de dormir pendant l'heure de vol, Hazel se repassait en boucle chaque jour de leur mission, repérant failles après failles. Déjà le fait qu'elle ait perdu 24 précieuses heures qui auraient pu rapidement innocenter les Le Sueurs, ensuite le fait qu'elle ne se soit pas plis que ça intéressée à Daniel pourtant si prompt à "se laisser" inviter à dîner, enfin le fait qu'à quatre dans une demeure il y avait immanquablement plus de distraction et moins de surveillance quant à leur propre environnement. Il lui faudrait élaborer un système pour repérer ce qui n'est pas habituel avec plus d'aisance. Et aussi commencer à envisager sérieusement de fouiller régulièrement sa propre planque. Fallait vraiment être parano dans ce boulot!


[Merci ô MJ!!]

Il avait reussi à attirer l'attention de Sarah... Ouf... Il s'était donné du mal, il vit ensuite le requin qui se levait à contre coeur... Il devrait être heureux ils avaient reussi à rentre à bon port. Sarah souria ce qui fut un événement, finalement cette contrôleuse finissait sur un presque dernier geste sympathique.

Le garçon fit attention à être discret en rabattant son tee-shirt sur son crâne pour éviter que l'on ne voit trop sa tronche. L'assaut était visiblement en cours et des coups de feu retentirent, preuve que l'interpellation était en cours. Le sentiment de la mission accomplie, même si une lourde perte était à déclarer, envahi Bryn.

Sarah distribua ses consignes et Bryn se contenta de suivre le requin, qui malgré son côté cabochard se révêlait être un agent expérimenté, qui méritait son tee-shirt bleu marine. Il s'en voulait de sa position il n'arrivait pas à voir la tête des gus qui leur avait donné tant de mal, il finit par les voir juste avant que les portes ne se lèvent. Bryn ne les connaissaient pas et lorsque Sarah vint leur demander s'ils les connaissaient. Il répondit négativement de la tête.

- Jamais vus.

Visiblement aucun d'entre eux ne les avait dejà vu. Après tout dans une grosse organisation certains pouvaient ne pas être visibles.

Ensuite ce fut le décollage. Bryn vit Zach qui s'endormit facilement, Hazel restait concentrée comme à son habitude. Bryn ne savait trop que faire. Il n'était pas réellement fatigué. il aurait voulu un debriefing comme dans les romand d'Agatha Christie quand on nous dévoile tout à la fin, mais il ne vint pas. Il finit donc par somnoler de pensées assez agitées.

[Merci grand MJ ce fut très plaisant!]

Épilogue

Les hommes arrêtés par les forces spéciales lors de l'intervention sur les docks de Saint-Hélier n'étaient que des comparses sans intérêt. Leur interrogatoire permit néanmoins de faire la lumière sur la mort de Matthew Bornson. L'agent du MI 5 avait été repéré dans le hangar alors qu'il s'apprêtait à envoyer un message et avait essayé de se défendre au moment où les terroristes tentaient de le capturer. Il avait été abattu pendant sa fuite. Le hasard, seul, était responsable de cette issue. À aucun moment, la couverture de l'homme n'avait été mise en doute jusqu'au moment où, repéré, il avait sorti une arme pour tenter de fuir.

Les deux malfrats n'avaient aucune information concernant une surveillance à laquelle aurait été soumise une famille nouvellement arrivée sur l'île mais une telle chose leur semblait hautement improbable.

Les armes volées à l'escadron du Royal Wessex Yeomanry, à l'exception de trois lance-missiles sol-air portatifs, furent retrouvées. Savoir ce type d'armement entre les mains de criminels provoqua une véritable crise au sein du gouvernement britannique et l'ensemble des services de renseignement fut mis sur l'affaire, sans succès notable pour le moment.

Martin Langlois a été identifié comme étant le véritable cerveau de cette opération. Son lien avec le SQUID, organisation criminelle internationale possédant de nombreux "secteurs d'activité", est fortement soupçonné mais aucune preuve concrète ne vient étayer cette théorie. Malheureusement, l'homme réussit à échapper aux commandos et fait actuellement l'objet d'un mandat d'arrêt international. Le reste de la famille Langlois avait quitté Jersey avant l'intervention des SAS. Après avoir été aperçus dans le ferry à destination de la France, leur trace s'est perdue assez rapidement. Lorsqu'elle écoute les derniers succès de Matthew Grimland, Maira doit encore avoir un brin de nostalgie en pensant au spectacle qu'elle aurait pu avoir si ce mystérieux garçon, fort en maths, avait eu le courage d'aller au bout de ses actes.

Patrick Le Sueurs fut rapidement mis hors de cause. L'homme était certes un indépendantiste convaincu mais il entendait bien parvenir à ses fins par des moyens légaux et démocratiques. Les activités de son second lui étaient totalement inconnues. Marie se demanda pendant quelques semaines où était passée la jeune fille avec laquelle elle s'était si bien entendue puis elle finit par l'oublier complètement.

La police rechercha activement un certain Jacques Lefranc, père d'un dénommé Daniel et éphémère docker, mais sans aucun succès. L'homme et son fils paraissaient s'être évaporés dans la nature.

Quant à la petite bande d'adolescents, trois de ses membres, Bryn, Max et Daniel, ayant disparu, un troisième, Marc, surveillé de trop près par ses parents pour pouvoir être aussi livré à lui-même qu'avant, et privée des directives de Martin Langlois, elle abandonna ses activités militantes et finit par se dissoudre d'elle-même. Joseph regretta longtemps le départ de Maira mais finit par passer à autre chose et Duncan oublia bien vite toute cette histoire pour se replonger dans des études qu'il n'aurait jamais dû négliger.

[Heureux que ça vous ait plu ]