2015/05/04-M – Saint-Hélier, Ile de Jersey – [Mission d'Hazel Curtis, de Zachary Johnson et Bryn Wright] – Opération Jersey

Zachary éclata de rire en se prenant le torchon dans la figure et le retira rapidement. La réponse de leur mère de substitution amusa le garçon qui s'indigna faussement du ton qu'elle prenait.

" Je suis pas un morfal hein ! "

Le requin ignorait d'où venait cette réputation qu'elle venait d'inventer probablement, et ce qui l'avait poussé à le penser. Si on pouvait même plus se détendre après le travail, où allait-on ? C'était vraiment une pète-sec du même rang qu'Hazel décidément... Heureusement que Bryn était encore influençable, Zack s'ennuierait moins grâce à lui. Parce qu'être coincé avec les deux filles n'allait vraiment pas être amusant au quotidien...

L'après cours avec Maira et Isabella arriva finalement et les deux filles étaient très loin d'avoir oublié. Zachary se fit donc embarquer et pénétra dans la maison de la première. Le garçon observa rapidement les tracts en passant et l'hôte confirma rapidement l'objet de ceux-ci.

" C'est cool ce que fait ton père en tout cas. C'est important d'informer les gens ! Y'a beaucoup de monde qui travaille sur ça avec lui ? C'est pour quand la campagne ? " s'intéressa le garçon en s'asseyant à la table et en sortant ses affaires de math.

Sa clé USB était toujours dans sa poche, le programme caché au fin fond de dossiers d'un jeu pc. Il avait également téléchargé l'intégral de Matthew Grimland et placé le tout à la racine de son support de stockage. Le micro et la caméra miniature étaient elles dans son sac, dans la poche à portable intérieure incrustée aux rangements, que personne n'utilisait, puisque le sien était dans sa poche. Les deux outils d'espionnage étaient dans une petite boite à bijoux, type bague, sous le morceau de mousse.

L'air de rien, après avoir ouvert son livre d'exercices, Zachary demanda :

" Au fait, vous connaissez Matthew Grimland ? "

Les premiers debriefing étaient ce qu'ils étaient mais toujours est il qu'ils avaient encore du mal à ce faire passer pour une vrai famille. Même si en apparence cela en prenait le chemin c'était encore couci couça. Mais bon la guerre entre Zach et la contrôleuse semblait être toujours d'actualité, celle ci semblait avoir des problèmes pour gérer le tempérament de son coéquipier.

Malgré son côté rebel qui était un peu déplaisant pour Bryn, lui même éduqué dans un cadre assez carré, il était sympathique et il avait besoin de sa proximité pour son expérience et sa joie habituelle.

Bryn se tourna vers hazel toujours un peu rouge pivoine.

- Merci Hazel, ça va beaucoup m'aider oui...


Bryn s'était équipé cette journée d'un kit micro-caméra qu'il avait planqué dans son sac à dos. Prenant exemple sur son "frère" il l'avait planqué dans un double fond qui lui permettait de prendre deux trois trucs et d'être sur que son sac résiste au fouillage de base. Il avait sur lui une clé usb avec des trucs divers, et au milieu de tout cela un crack et deux trois outils d'analyses planqués au milieu d'autres logiciels de crack plus généralistes.

Marc paraissait en retrait et lui s'entendait bien avec Daniel qui était fier du coup qu'il lui avait mis. Interceptant le regard de Marc, Bryn lui fit un signe complice, pour le relancer sur l'aide qu'il lui avait promis en espérant que celui ci comprenne le message.

Joseph lui causa du challenge qui lui avait été posé.
Bryn plongea sa main dans son sac et sortit un sac plastique contenant une culotte et une brassière assortie d'Hazel qu'il leva triomphalement en l'air.

- Et hop! Portée du jour et subtilisée quand elle était sous la douche!

Il tendit ensuite le sac à Joseph avec un grand sourire.

Ignorant le petit jeu de Zack avec leur contrôleur, et après un hochement de tête à l'égard de Bryn - toujours aussi rouge qu'une tomate, le pauvre - et de Sarah - parce qu'après tout, donner des sous-vêtements n'était pas franchement un sacrifice - Hazel alla simplement dans sa chambre pour s'empresser de faire les devoirs scolaire, et tant qu'à faire, tâcher de prendre un peu d'avance sur la semaine, histoire de pouvoir se consacrer à Marie autant que possible.




Le lendemain, l'écossaise s'empressa de quitter sa classe pour rejoindre la jumelle, satisfaite de voir l'enchantement de la fillette. Bien que particulièrement brillante, Marie n'était pourtant typiquement pas le genre de fille qu'Hazel chercherait à fréquenter au naturel. Il fallait dire que le talent, sous couvert de la prétention excessive, ne l'intéressait pas. Etrangement.
L'agent gratifia Madame Le Sueurs de son meilleur sourire et de ses salutations les plus standard d'une fille de bonne famille. Au cours du déplacement, elle repassa rapidement en mémoire ce qu'elle avait emporté avec elle. Dans la poche arrière de son jeans, un téléphone portable, sous silencieux, avec appareil photo intégré et touche rapide d'appel indiquant droit "maman", au cas où. Planqué à sa cheville, dans le bord d'une bottine et isolé par sa chaussette pour que ce ne soit pas trop inconfortable, un petit couteau suisse. La dernière expérience ayant servi, elle s'était attaché les cheveux en veillant à y laisser quelques épingles, des fois que. Elle n'avait pas prit de pistolet à aiguille. Déjà parce que si ce manège ressemblait é ceux qu'elle avait connu à New Delhi ou au centre équestre de sa grand-mère, les serrures seraient pour la plupart plus massives et plus anciennes que celles qu'on plaçait dans la plupart des habitations purement citadines. Ensuite, il fallait rationner un peu l'espace. Elle avait piégé son propre sac à dos en incluant une caméra espion dissimulée parmi les quelques décorations purement féminines (strass, brillants, petites étoiles, etc) de son cartable afin de prendre quelques images des lieux à observer plus en détails par la suite depuis son domicile avec leur contrôleur, et au cas où, un petit micro était planqué dans sa trousses d'école, dans un petit double-fond de son taille-crayon.

Arrivée sur place, elle observa attentivement les lieux. En fait, si une bande de terroristes devaient se retrouver pour parler sombre complot, un lieu à l'extérieur de la ville serait pas mal. Un centre équestre pouvait regorger de petites planques pas mal, allant d'un sous-sol dissimulé sous les écuries à une grange en hauteur. Bref, les opportunités ne manquaient pas. Seulement il fallait donner le change alors après avoir laissé Marie s'occuper de son cheval pour le cours, elle avait tout naturellement été bombarder la directrice de questions. A savoir avant tout les tarifs, quels jours avaient lieux les cours et pour quels niveaux, s'il y avait un professeur de voltige, si le centre participait aux compétitions locales, s'il restait des places disponibles, si il restait des chevaux disponibles, parce que certains manèges ne donnaient des cours qu'aux cavaliers possédant leur propre monture, et ainsi de suite. Elle agissait comme la fillette intéressée qu'elle était.

"Veuillez me pardonner si je me montre trop envahissante, mais votre centre m'a l'air tellement plus moderne et en meilleur état que celui où je montais que j'ai de la peine à calmer mon enthousiasme. Est-il possible de visiter où je tombe à un moment trop peu propice pour ça?"

Owi madame la directrice! Laissez-moi me promener toute seule dans ce beau domaine!

Haras du bon air, Saint-Laurent

Munie de toute la documentation nécessaire, Hazel reçut l'autorisation de se promener librement dans le centre à condition de ne pas déranger le personnel dans son travail. Laissant madame Le Sueurs admirer les évolutions de sa fiche, l’Écossaise fureta un peu partout mais sans rien remarquer de suspect.

De guerre lasse, elle revint au bord du manège et se tint à proximité de la mère de sa nouvelle copine, feignant de s'intéresser, elle-aussi, aux exercices effectuées par Marie.

"Alors, Hazel, c'est ça n'est-ce pas ?", demanda la femme. "Tu as trouvé ce que tu étais venue chercher ? Tu te plais à Saint-Hélier ?"

Domicile de Maira Langlois

Affichant une moue pour marquer son ignorance, Maira s'intéressait très peu aux manœuvres politiciennes de son père et n'était au courant de rien dans ce domaine. Par contre, l'allusion à la nouvelle étoile montante de la chanson pop pour midinettes hystériques éveilla son intérêt.

"Oh, tu connais Matthew Grimland ?", s'exclama-t-elle d'une voix exitée. "Il est trop mignon…"

"Et il chante trop, trop bien en plus…", surenchérit Isabella en portant ses points fermés à hauteur de sa bouche dans un geste, à deux doigts de hurler un "Matthew, je t'aime…" d'une voix suraigüe.

Les exercices de maths semblaient oubliés pour quelques instants tant une manifestation de l'exaltation des groupies devenait prioritaire sur n'importe quel travail scolaire.

La porte de la salle à manger s'ouvrit et deux hommes entrèrent, jetant à peine un regard aux trois adolescents attablés.

"Ça va, chérie ?", demanda machinalement le barbu en se dirigeant vers les piles de tracts.

"Oui, oui, papa. On travaille.", le rassura Maira. "Y'a Zack qui est venu nous aider pour les devoirs. Il est trop fort en maths et en plus il connait Mattew Grimland…"

Comme si connaître un adolescent boutonneux qui émettait des sons sur une piste en se trémoussant pouvait être d'une quelconque utilité dans la résolution d'un exercice de mathématique…

Par contre, Zachary eut l'attention attirée par l'homme accompagnant celui qui devait être Martin Langlois, le père de Maira. L'agent identifia sans peine Matthew Bornson, l'homme du MI5 dont il avait vu une photographie au centre de contrôle mais, impassible, le garçon ne broncha pas, regardant les deux hommes d'un air neutre.

Arrière cour du collège

Triomphant, Bryn venait de brandir les sous-vêtements, soi-disant dérobés à Hazel. À leur vue, les garçons ricanèrent bêtement en se poussant du coude et Joseph manifesta bruyamment sa satisfaction.

"Y'a pas à dire, t'assure comme un chef ! Declan a eu le nez creux à t'amenant jusqu'à nous…"

Rougissant, Marc s'était emparé du sac plastique et observait son contenu avant de le passer à un de ses camarades.

"Ça a pas été trop difficile ?", s'enquit-il, timidement. "T'as assuré comme un chef !"

"Ça, c'est clair !", approuva Daniel à son tour, ponctuant son intervention d'une bourrade amicale. "Je sens qu'on va bien s'amuser avec toi."

Le Gallois avait, bel et bien, réussit cette épreuve d'initiation, rite de passage obligé pour être incorporé à la petite bande. Il allait pouvoir participer aux activités de celle-ci et d'ailleurs Joseph commençait à donner ses instructions.

"Bon, les mecs.", commença-t-il. "Ce soir, on a une petite mission à faire. Rien de très méchant, ni de dangereux, mais ça fera un coup de pub pour la campagne."

Concentrés, les membres de la petite bande écoutaient leur chef dans un silence quasi-religieux. Les garçons étaient fébriles à l'annonce qu'n peu d'action allait briser la monotonie de la soirée.

"Le père de Max nous a demandé d'entrer en douce dans la Chambre des États et de taguer un slogan hostile sur un des murs de leur salle de conférence. 'Roastbeefs, rentrez chez vous !' devrait faire l'affaire."

À cette idée, un sourire éclaira le visage des gamins et quelques rires se firent entendre.

"Daniel, tu sais comment entrer quelque part sans te faire chopper. Tu nous ouvriras donc le chemin. Marc et Bryn, vous entrerez ensuite par l'accès qu'aura dégagé Daniel et vous tagguerez le mur. Les autres, on fera le gué. À cette heure, le bâtiment est fermé et il ne passe jamais personne dans le coin."

Les ordres reçus, chacun se mit en route, Joseph, Max et Declan avaient l'air plutôt détendu, ne prenant pas particulièrement de risque. Daniel, lui, arborait un petit sourire amusé à l'idée de pénétrer par effraction dans la bâtisse et ne paraissait pas inquiet le moins du monde, à la différence de Marc, plus nerveux, tremblant à l'idée de se faire prendre mais n'osant pas se dégonfler devant ses camarades.

Après quelques minutes de marche, les six garçons arrivèrent en vue du bâtiment officiel.

Avec un clin d'œil, Daniel fit signe aux autres de rester sur place et se dirigea vers l'arrière, progressant de façon discrète. Assez rapidement, un mouvement fut visible derrière une fenêtre du rez-de-chaussée qui s'ouvrit, laissant le passage au visage réjouis du cambrioleur en culottes courtes.

"Un jeu d'enfant.", affirma-t-il à voix basse. "Il n'y a personne. On va pouvoir y aller tranquillement."

Rien d'exploitable. Du moins à première vue. C'en était à la fois rassurant et déprimant. Ce n'était pas sur le décor qu'elle trouverait des informations percutantes à ramener à sa "mère". Il lui faudrait prendre le temps de dépouiller séquence après séquence chaque image que sa caméra a pu prendre depuis sont cartable. Peut-être n'y aurait-il rien, ou peut-être remarquera-t-elle quelque chose qu'il ne lui a pas été donné d'observer assez bien en ne faisant que visiter. Elle ne dérangea personne, mais chercha tout de même à compter le nombre d'employés, pour se faire une idée générale sur les allées et venues du centre.

Il lui restait plus que l'aspect humain de l'enquête à présent. Marie, et Madame Le Sueurs. Sur le bord du manège, Hazel s'approcha de celle-ci, contre le panneau isolant la sciure de l'espace pour les spectateur et posa son sac au sol, caméra dirigée vers les allées et venues des passants, en tre la barrière et ses jambes. Son intérêt n'était pas totalement feint, quand elle observait Marie. Elle cherchait à jauger non seulement les compétences de cavalière de la jumelle, mais aussi la stabilité de la foulée de la monture. Elle s'égara quelques secondes malgré elle. Le domaine de sa grand-mère lui manquait. Elle avait toujours aimé passer du temps avec les animaux, mais les chevaux en Ecosse lui avait fait découvrir une autre dimension que le zoo à New Delhi. Elle chassa ces pensées en se reportant sur la mère de Marie, avec un sourire angélique.

"Oui, c'est ça, Hazel!"

Encore fallait-il déterminer si Madame Le Sueurs surfait sur la même vague patriotique que son mari, ou tout du moins son fils.

"Je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Maman me laissera certainement reprendre l'équitation ici."

Après tout, sa mère lui laissait à elle et ses "frères" un peu trop de liberté pour dire non à une activité encadrée par d'autres adultes.

"J'aime beaucoup Saint-Hélier. C'est si... Différent de Kingston."

Elle prit un air un peu lointain en se reportant sur les mouvements de Marie avant d'en revenir à la mère de famille.

"En plus, Jersey possède vraiment une histoire passionnante! Vous saviez que culturellement et historiquement, l'île de Jersey se rapprochait plus de la Normandie que d'une influence britannique? C'est certainement pour ça que Saint-Hélier est bien plus paisible et civilisée que la grande majorité des villes de Grande-Bretagne."

L'écossaise avait pourtant lancé cette remarque sur le ton de la fillette qui se passionnait pour son nouveau lieu de vie. Pourtant, elle restait très attentive aux changements d'attitude de Madame Le Sueurs.

Ils se trouvaient toujours à l'arrière cour du collège, les garçons ricanèrent bêtement en se poussant du coude quand il exposa les sous-vêtements de sa soeur. Il reçut des compliments de la part de toute la bande qui se passèrent le sac de main en main pour en observer le précieux contenu, admiratifs, à commencer par Marc.

Répondant aux deux garçons, avec un soutien particulier pour Marc.

- Bah j'ai flippé qu'elle me prenne la main dans le sac, j'avais bricolé une ou deux excuses à trois francs au cas où...

Joseph commençait à donner des instructions à tout le monde, il faisait désormais parti du groupe.
Bryn écouta attentivement le speech de Joseph.

- Ouah cool... Lâcha discrètement Bryn pour faire comme s'il était dans le truc aux yeux des autres.
Les rires de tout le monde se firent entendre.

Leur mission était simple, Bryn, Marc avaient les rôles importants. Il entrait dans le vif du sujet de la mission, son rapport du soir serait une avancée dans leur mission. Voyant Marc peu assuré, Bryn s'approcha de lui pour le rassurer, en lui faisant une tape amicale dans le dos, discrètement pour que les autres ne voient pas cela, histoire qu'ils ne focalisent pas sur l'attitude "inquiète" de Marc.

- T'inquiètes Marc ça va bien se passer... On se surveillera mutuellement les abatis tous les deux...

Bryn savait qu'il allait marquer des points. Il n'avait pas eu d'occasion d'envoyer un sms à sa contrôleuse ou quoique ce soit d'autres. Mais ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas dramatique non plus. Advienne qui pourra se dit il en voyant que la voie était libre.

Matthew Grimland était un thème qui semblait particulièrement intéresser les deux filles. Zack avait eu du nez !

" Ouai, il est classe et ses chansons sont cools ! " confirma-t-il pour aller dans le sens de ses deux camarades.

Jugeant le moment propice, le requin abattit une carte :

" J'ai tous ses albums sur ma clé USB et sur mon lecteur MP3 ! "

Alors que les filles piaffaient sur place, Zachary observa les deux hommes entrer dans la pièce et reconnut immédiatement l'agent du MI5. L'autre était visiblement le père de Maira. Son visage semblait assez dur. Peut être le mélange de la barbe et le regard sévère.

Lorsque la fille présenta, le garçon se leva tout de suite et tendit la main vers l'homme :

" Bonjour monsieur. Je suis Zachary [Nom que le MJ ne nous a pas donné ]. On vient d'emménager avec ma mère, elle venait souvent ici quand elle était plus jeune ! Ravi de vous rencontrer. "

Prenant un tract dans la main et y jetant un nouveau coup d'oeil, il demanda en jouant un intérêt pour la chose :

" Votre campagne se passe bien ? "

Haras du Bon Air, Saint-Laurent

La caméra continuait de tourner, enregistrant de longues minutes de films qu'il faudrait ensuite prendre le temps de visionner plusieurs fois de suite, patiemment, pour être sûr de ne louper aucun détail. Des heures de travails en perspective mais qui n'inquiétaient pas spécialement Hazel, habituée à s'investir totalement dans une mission. Certes, tous les agents de Cherub savaient se plonger entièrement dans leur travail mais chacun le faisait selon son caractère. À l'instinct un peu fou de Zachary ou de Maxence, l'Ecossaise opposait une réflexion tranquille, faite de froide analyse.

Discutant avec la mère de sa nouvelle amie, Hazel tenta d'orienter le sujet vers les activités politiques de Patrick Le Sueurs Aux remarques historiques de l'agent, la femme afficha une moue d'ignorance.

"Je n'y connais pas grand-chose à tout ça.", avoua-t-elle. "Tu devrais bien t'entendre avec mon mari. Il nous rabâche les oreilles à longueur de temps avec ce sujet et il est désespéré en voyant que ni Marie, ni moi, n'avons l'air particulièrement intéressé. Tu savais qu'il avait même été jusqu'à fondé un parti politique pour réclamer le rattachement de l'île à la France ?"

À force de bavardages, la leçon d'équitation de Marie touchait à sa fin et la fillette, après avoir conduit sa monture dans son box et s'être occupée d'elle, les rejoignit bientôt, la bombe toujours fixée sur la tête.

"On peut rentrer maintenant.", dit-elle avec un sourire. "C'est bon, Hazel, tu as eu les renseignements que tu voulais ? Tu voudras rester boire un chocolat chaud en rentrant ? T'es d'accord, hein maman ?"

Amusée, madame Le Sueurs approuva l'invitation de sa fille et attendit de savoir si l'Ecossaise pouvait ce joindre à eux.

Domicile des Langlois, Saint-Hélier

Machinalement, Martin Langlois serra la main de Zachary avec un air distrait.

"Enchanté, jeune homme.", répondit-il. "Oui, oui, tout est bien organisé pour la campagne."

Soudain, soupçonneux, il fixa sa fille.

"Tu lui as raconté quoi encore ?", demanda-t-il. "La politique n'intéresse pas les jeunes de son âge…"

"Max et ses copains s'y intéressent bien, eux.", protesta Maira. "Mais Zack est plus cool que ça. Il connait Matthew Grimland, lui au moins, pas comme mon demeuré de frère… Et il a toutes ses chansons !"

Argument massue, s'il en était ! Zachary avait accompli un véritable exploit en piratant et sauvegardant les trois chansons produites jusqu'à présent par la coqueluche des midinettes.

Discret, dans le dos de Martin Langlois, Matthew Bornson observait avec attention le jeune Anglais, comme pour mémoriser ses traits. L'agent du MI5 devait se confectionner un album des sympathisants éventuels de cette cause. L'implication du jeune Max Langlois dans les affaires de son père méritait de garder un œil sur les activités de la petite bande. Et Zachary avait le profil idéal pour faire un suspect acceptable...

Chambre des Etats, Saint-Hélier

La fenêtre ouverte par Daniel, Marc se glissa à l'intérieur, bientôt suivi par Bryn. Les trois garçons se faufilèrent dans le bâtiment silencieux jusqu'à la salle de conférence. Daniel avait l'air vraiment à son affaire dans cette opération. À croire que pénétrer par effraction dans les édifices publics était un passe-temps habituel pour ce jeune garçon.

"Tu sais où on va exactement ?", demanda Marc, un peu trop fort peut-être.

"Chut !", intervint immédiatement Daniel en mettant un doigt sur ses lèvres. "Il y a quand même un gardien dans le bâtiment. Normalement, il se trouve dans la salle de contrôle, près de l'entrée. On risque rien mais faut pas faire de bruit."

Arrivée dans la pièce circulaire utilisée pour les conférences, le garçon sortit des bombes de peinture d'un petit sac qu'il portait en bandoulière et en donna une à chacun de ses camarades.

"Allez, chacun son mur !", commanda-t-il. "Y'en a pas pour longtemps…"

Laissant Marc et Bryn œuvrer de leur côté, le petit blond agita la bombe de peinture qu'il avait en main et commença à tracer un "B" rouge sang sur le mur blanc de la pièce.

Ils se glissèrent à l'intérieur de l'édifice, Marc en premier, puis Bryn et enfin Daniel avec qui la symbiose commençait à s'opérer avec le jeune Gallois.

Ce dernier semblait dans son jus à l'idée de faire une connerie. Ce qui ne surprennait pas vraiment Bryn. C'est comme qui dirait qu'il avait l'air d'avoir l'habitude de pénétrer les édifices publics de nuit pour faire des "tags". Cela, outre l'aspect ludique que cela pouvait procurer et le côté "bravons l'interdit" de l'action, n'était pas vraiment du goût de Bryn qui avait été élévé dans le respect des édifices publics.

Marc montrait son stress. Pas un problème pour Bryn qui se montra rassurant avec lui pendant que Daniel lui faisait un rappel sur leur action.

- soyons discrets les amis...

Ils arrivèrent dans la pièce choisie. Daniel dispatcha les rôles de chacun.

- Si tu commences par faire un B, c'est que je dois faire le 'Ros' ici... Lui dit Bryn avec un clin d'oeil.

- Entames la suite Marc!

Bryn ne manqua pas de garder ses oreilles bien ouvertes pour le cas où le gardien eut envie de se dégourdir les jambes.

Mauvaise pioche. Madame Le Sueurs semblait aussi responsable des activités douteuses de son mari qu'un mauvais chanteur l'était de la pluie. Ou alors elle cachait bien son jeu. Hazel se reporta pensivement sur les chevaux, considérant d'autres options. Bryn ferait certainement bien plus d'avance de son côté avec le jumeau. Elle, par contre... Tout au plus pourrait-elle donner ce qu'il faudrait à Sarah pour innocenter l'épouse et faire en sorte que si prison il y a, les enfants ne seraient au moins pas privés de leurs deux parents en même temps. A part ça...

Elle revint sur la mère de Marie avec u air étonné quand elle s'aventura un peu plus loin sur les révélations pas si surprenantes que ça concernant son époux.

"Ah bon? Carrément? Bon... Je n'y connais pas grand chose en politique. Mais j'aime bien l'histoire, et surtout celle des endroits où je vais. L'île de Jersey est bien plus intéressante que Londres."

La leçon de Marie venait de se terminer et la jumelle finit par leur revenir. L'écossaise hocha la tête avec un sourire à sa question. Oui, elle avait les renseignements qu'il lui fallait. Pas nécessairement ceux qu'elle aurait voulu, mais on ne pouvait pas tout avoir. En revanche, elle ne s'attendait pas à s'être attiré autant la sympathie de la fillette. Se faire inviter dans la demeure même des Le Sueurs tenait d'un coup de chance inespéré.

"Oui, bien volontiers! Je fais juste savoir à ma mère, au cas où, pour éviter qu'elle s'inquiète."

Prête à suivre la mère et la fille, Hazel dégaina son téléphone portable et écrivit rapidement un simple message qu'elle destina dans le répertoire à "maman".

"Je vais rentrer un peu plus tard, Marie m'invite à prendre un chocolat chez elle. Sa maman est avec nous. A ce soir! Je t'aime!"

Une bonne chose de faite!

Le père de Maira confirmait distraitement que tout se passait bien pour la campagne et interrogea sa fille, comme si elle en savait trop et aurait pu trahir volontairement ou non son père. D'après ce qu'elle avait d'ailleurs dit, Max était son frère et il s'intéressait à la politique. Il fallait surement comprendre théories indépendantistes au travers du terme "politique".

Zachary décida de répondre à l'homme :

" Je trouve ça intéressant. Et puis c'est juste réclamer ce que les rosbeef ont volé. Y'a rien de mal à faire justice soit même, surtout par des voies politiques ! C'est responsable ! "

Il avait tenté d'employer un ton convaincu puis se retourna vers Maira qui ne devait pas être écartée pour autant. Il lui sourit, puis se rassit à sa place.

" On fait rapidement les exercices, et après on va écouter de la musique ? " proposa-t-il à ses deux amies.

Domicile des Le Sueurs, Saint-Hélier

Ayant bien évidemment reçu la permission de sa mère pour ne pas rentrer directement (assortie quand même pour la forme d'un "Ne traîne pas trop, tu as des devoirs."), Hazel accompagna sa nouvelle amie au domicile de cette dernière. Marie semblait assez intéressée de lier connaissance avec quelqu'un qui partageait certains points communs. Pendant que sa mère leur préparait un goûter dans la cuisine, la jeune fille bavardait, racontant les derniers potins du collège, parlant du programme scolaire qui devenait plus difficile, pour preuve les derniers exercices de maths quasi-infaisables, de ses amies Maira et Isabella, sympas mais sans plus, qui avaient l'air trop ridicules en plus à tenter de faire les yeux doux à Zachary, de son idiot de frère qui enchaînait bêtises sur bêtises avec sa bande de crétins, mais qui bénéficiait de l'indulgence de son père pour ça, et de mille autres sujets tout aussi passionnants.

"Et toi ?", s'enquit-elle enfin. "Comment trouves-tu Saint-Hélier ?"

"Allez les filles ! C'est servi !", les interrompit madame Le Sueurs en déposant deux bols de chocolat encore fumant sur la table. "Vous voulez de la brioche également ?"

"J'espère que tu n'as rien contre le chocolat chaud ?", s'inquiéta Marie. "Je sais que les Anglais préfèrent prendre du thé mais papa trouve que c'est ridicule comme manie..."

Écoutant discrètement, Hazel essayait de reconstituer le plan de la maison d'après ce qu'elle en avait vu en rejoignant la cuisine. L'escalier montant à l'étage devait certainement desservir les chambres des enfants. Au rez-de-chaussée, outre la cuisine où elles goûtaient ensembles, devait se trouver la salle à manger ainsi que deux autres pièces (chambre de parents et bureau vraisemblablement).

Domicile des Langlois, Saint-Hélier

Cette fois, Martin Langlois regarda Zachary avec un peu plus d'intérêt. Cette famille nouvellement installée à Jersey allait certainement venir grossir les rangs des sympathisants de son mouvement car le gamin ne pouvait pas imaginer de telles paroles tout seul, il les avait surement entendues prononcer chez lui.

"Tu ne t'imagines pas combien tu peux avoir raison.", approuva l'homme. "Ces traîtres d'Anglais n'ont même pas respecté les termes du traité faisant passer la Normandie sous le contrôle du Royaume de France. Toute la Normandie était concernée par ce traité et pas uniquement sa partie continentale..."

Passionné par son sujet, il commençait à s'emballer.

"Le temps est venu de chasser les Godons d'ici ! Les minutes leur sont comptées...", prédit-il. "Faudra que tu fasses la connaissance de mon fils Max et de ses amis. Tu pourrais peut-être t'amuser avec eux."

Réalisant soudain qu'il n'était pas venu dans la salle à manger pour parler politique avec un enfant, Martin Langlois conclut.

"On en reparlera une autre fois, je n'ai pas trop le temps ce soir. On doit livrer ces tracts."

Rangeant les prospectus dans des sacoches en cuir, les deux hommes prirent rapidement congé des trois adolescents. Enfin seules avec Zack, les deux filles approuvèrent sans réserve le programme proposé, excitées à l'idée de rester avec le garçon. Qui sait, avec un peu de chance, ce dernier allait leur interpréter lui-même une des chansons de leur idole. C'est que Zachary était presque aussi mignon que Matthew Grimland...

Chambre des Etats, Saint-Hélier

Devant la réplique de Bryn, Daniel réalisa qu'il était mal parti pour écrire ce qui était prévu.

"Tu as raison.", rigola-t-il. "J'étais un peu dans la lune et j'aillais écrire 'British' et pas 'Rosbeef'... Heureusement que t'es là..."

Agitant une nouvelle fois la bombe, le garçon alla corriger son texte, plaçant le 'ROS' avant le 'B'.

"Occupez-vous des autres murs, on ira plus vite...", commanda-t-il.

Marc était déjà "au travail", taguant allègrement le bureau du président de séance d’obscénités diverses. Le gamin rougissait un peu en écrivant ces cochonneries mais il pensait qu'un tel acte le ferait passer pour un petit dur et lui amènerait davantage de respect de la part de ses camarades.

le "Rosbeefs, dehors !" inscrit en rouge vif sur le mur, Daniel était venu voir ce que faisait Marc. Jetant un coup d'oeil par dessus son épaule, il pouffa en découvrant la nature des propos.

"Eh beh... T'en as un drôle de vocabulaire quand tu veux...", s'amusa-t-il.

Soudain, une voix bourrue rompit le silence, faisant s'accroupir les deux garçons derrière le bureau. Bryn, quant à lui, se plaqua contre le mur, en essayant de s'éloigner discrètement de la porte.

"Que faites-vous ici ? Comment êtes-vous entrés ? Approchez que je vous vois..."

À l'entrée de la salle, le gardien venait d'arriver les prenant par surprise. Il s'avança, essayant de discerner les deux gamins qui se cachaient devant lui, à l'opposé de la pièce. L'attention focalisé sur eux, il ne remarquait pas la présence du jeune Gallois, pourtant juste derrière lui, à quelques mètres à peine.

Son ami corrigea sa phrase, qui sous l'inattention était mal débutée. Bryn pouffa pour attester la gêne de son ami.

- Dans le pire des cas c'était pareil... L'essentiel c'est le message non? Alors British ou Rosbeef c'est du pareil au même... Ah moins qu'il y ait un code là dessous?

Daniel se concentra sur sa tâche tandis que Bryn et Marc se jetèrent sur les autres murs vierges. Une action coordonnée, c'était beau à voir. Même si Bryn avait toujours ce même sentiment de malaise à l'égard de ce qu'il faisait.

Marc était un peu rouge, comme timide, sous l'action, mais vu l'état du garçon cela semblait normal aux yeux de Bryn. Il rigolait tout seul de sa propre phrase placée sur le mur.

Soudain, une voix bourrue rompit le silence, faisant s'accroupir les deux garçons derrière le bureau. Le gardien du lieu venait d'arriver à l'entrée de la salle en les prenant par surprise. Il s'avança, ayant du mal à discerner les deux gamins qui se cachaient devant lui. Il essayait d'ajuster sa vision.

Mais il ne remarquait pas Bryn posté à quelques mètres de lui. Bryn passa en revue ce qu'il devait faire, sentant au fur et à mesure de ces longues secondes le stress monter. Puis il décida de passer à l'action, cela à défaut d'être correct envers le gardien, resserrait son emprise sur le petit groupe de vandale en passant si tout se passait bien pour un héros.

Se faisant le plus discret possible il se positionna derrière le gardien, concentré sur les deux autres. Avant de passer à l’exécution d'une "Chicago" améliorée vue sa taille. Normalement il aurait besoin d'un complice plus grand pour apposer un papier journal voilant la vue de son objectif pendant que lui, s'occuperait de lui ceinturait les genoux pour le plaquer au sol sans forcer.

Mais il n'avait pas de quelqu'un plus grand.

Il décida donc de frapper, en portant son poids derrière les genoux du gardien qui ne s'y attendrait pas. Il avait souvent fait cela à l'école pour faire tomber des potes. C'était la Chicago améliorée. D'autant que le Gardien ne s'attendrait pas à ça et serait moins souple que ces anciens potes.

Il passa à l'action en criant au moment de l'impact:

- Barrons nous!

Faire plus ample connaissance avec Marie n'était pas si embêtant que ça. Outre un goût pour un chanteur douteux (à moins qu'il ne s'agisse surtout de l'effet de mode motivé par ses copines), la jumelle n'était pas si éloignée que ça d'Hazel. Parce que bon, il fallait reconnaître que ce n'était pas très glorieux pour des filles, même comme Maira et sa binôme, d'afficher un regard de merlan frit face à un autre être humain quel qu'il soit - et encore moins de Zack, mais ça c'était une opinion aussi personnelle qu'hors sujet. En revanche, elle fut plus intriguée par les "bêtises" faite par le gagn local de culottes courtes. Probablement que Bryn pourra apporter tout un tas de détails plus palpitants une fois qu'ils feraient leur débriefing, mais tout ça ne concernait absolument pas Marie ou Madame Le Sueurs.

"J'aime beaucoup Saint-Hélier! C'est très différent de Londres quand même. Mais je suis mieux ici que là-bas. Même si je connais encore mal la ville."

Madame Le Sueurs les interrompit, ce qui 'était pas pour lui déplaire. L'odeur du chocolat lui chatouilla délicieusement les narines. Chose étrange, bien qu'elle adorait ça, Hazel en buvait très rarement. Ses mains vinrent entourer la tasse alors qu'un sourire effleurait ses lèvres. Elle releva les yeux sur la mère de Marie.

"Je ne voudrais pas abuser, Madame. C'est déjà très gentil de nous préparer le chocolat!"

Oui, parce que bon, il fallait dire que depuis la mort de papa, maman se laissait un peu trop aller et le goûté était bien moins chaleureux, la faute au deuil, toussa toussa. Elle en revint à Marie.

"En fait, pour être honnête... J'ai toujours préféré le chocolat!"

Elle fit une petite moue faussement honteuse à cette révélation qui aurait scandalisé un britannique pure souche. Et puis bon, honnêtement, même si le thé anglais était délicieux, il n'avait jamais rien eu de comparable aux boissons qu'Hazel dégustait autrefois à New Delhi. Pensive, elle reconsidéra plus sérieusement l'espace. Il était difficile de se faire un plan précis de la maison, mais selon toute vraisemblance, la caverne aux merveilles, à savoir le bureau de Le Sueurs père, devait se trouver non loin d'elle. Mais trouver une opportunité d'y venir tenait de l'ordre du trop peu possible.

"Vous avez vraiment une belle maison! Tu as toujours habité ici, Marie?"

Ce n'était surtout que pour lancer la conversation, et appuyer le fait qu'elle était vraiment une nouvelle venue connaissant trop peu l'histoire locale et présente. Mentalement, elle tâcha de situer plus précisément si le bureau pourrait se trouver entre la cuisine et une éventuelle salle de bain ou toilettes. Des fois qu'elle s'ouvre d'autres opportunités par la suite....

Zachary venait d'appâter Martin Langlois sans avoir de difficultés particulières. L'homme était habité par sa cause ! Et son fils Max serait peut être un élément par lequel il pourrait en apprendre davantage ? Il nota dans un coin de sa tête que l'homme serait absent en soirée pour "livrer des tracts". S'il n'avait pas l'occasion de poser des micros durant cette journée, il pourrait toujours repasser en toute discrétion si Maira était seule, à moins qu'il se fasse inviter à dîner, l'air de rien. C'était une piste à creuser.

" Ta mère travaille ? Je l'ai pas vue..." interrogea soudainement Zachary en se demandant si elle serait à prendre en compte dans l'équation.

Si Maira était seule en fin de journée, ça arrangerait naturellement assez l'agent... Quelques instants plus tard, après avoir tout de même avancé les exercices, il demanda :

" Ta chambre est à l'étage ? T'as un ordi ou faudra aller dans le bureau ? "

Prochaine étape : terminer les exercices !

Domicile des Le Sueurs, Saint-Hélier

Savourant leur bol de chocolat chaud, les deux filles bavardaient tranquillement dans la cuisine, leur caractère similaire leur permettant de voir en chacune d'elle une copine que l'autre aurait toujours connu.

"Cela va bientôt faire cinq ans que nous vivons ici.", répondit Marie en soufflant délicatement sur le liquide dans sa tasse. "Papa a eu une opportunité et nous avons dû déménager. Nous vivions en France avant. C'était différent d'ici mais tellement agréable…"

Intervenant avec un sourire, madame le Sueurs houspilla gentiment sa fille qui semblait faire preuve d'un certain relâchement.

"Allons Marie, je crois que tu as encore du travail à faire pour demain. Je suis certaine que ton amie est dans le même cas. Tu ne voudrais pas la mettre en retard quand même ?"

"On pourrait travailler ensemble, maman, si tu le veux bien ? Dis, Hazel, tu serais d'accord pour qu'on fasse nos devoirs ensembles ?"

Devant l'enthousiasme de sa fille, madame Le Sueurs leva les yeux au ciel et eut un petit sourire avant de donner son accord.

Les différentes portes qu'Hazel avait aperçues en gagnant la cuisine étaient fermées et offraient peu d'indication sur la pièce qui se trouvait derrière. Il y avait fort à parier que le bureau du maître de maison se trouvât au rez-de-chaussée, ainsi que vraisemblablement des toilettes.

Domicile des Langlois, Saint-Hélier

"Non, non.", répondit Maira après le départ de son père. "Mais elle devait sortir pour voir une amie ce soir. Je ne sais pas à quelle heure elle doit rentrer."

Mais l'heure était venue de se plonger dans les devoirs. Ce n'était pas tout de trouver un prétexte pour rendre visite à la jeune fille, il fallait maintenant assurer et prouver ses compétences en mathématiques. Heureusement pour Zachary, cette partie du programme portait sur un aspect maintes fois rabâché au campus et le jeune agent maîtrisait relativement bien ce sujet (moins qu'Hazel, bien évidemment mais y-avait-il un sujet que cette dernière ne maîtrisait pas à la perfection ?).

Surprise par la question directe de l'Anglais, Maira releva la tête dans un regard interrogatif.

"Ma chambre ?", demanda-t-elle. "Euh oui, elle est en haut. Mais pourquoi demandes-tu ça ? Ce ne serait pas convenable d'y aller…"

Rougissante en apparence, la jeune fille minaudait en lançant des regards en coin à son amie Isabella. Dans toutes familles "bien sous tous les rapports", une demoiselle ne laissait pas un garçon venir dans sa chambre, surtout lorsque ses parents n'étaient pas à la maison. Réalisant soudain l'objectif de la question, elle reprit très vite.

"Ah, c'est pour l'ordi… Pour écouter Matthew Grimland ? Oui, oui, je vais aller le chercher. Il ne faut pas aller mette du bazar dans le bureau de mon père…"

Semblant pressée de sortir de la salle, Maira fit signe à son amie et les deux jeunes filles quittèrent ensembles la pièce en pouffant nerveusement, laissant Zachary seul devant les cahiers ouverts.

Chambre des états, Saint-Hélier

Bousculé par Bryn, le gardien poussa un cri de surprise avant de trébucher et de tomber lourdement au sol. Dans sa chute, il battit des bras pour tenter d'empoigner son agresseur. Sa main essaya bien de saisir le jeune Gallois mais un geste vif de ce dernier le dégageant laissant l'homme tomber lourdement au sol.

"Bien joué !", s'exclama Daniel en sortant de sa cachette. "On se casse ! Vite !"

Poussant devant lui un Marc trop effrayé pour agir par lui-même, le jeune casse-cou arriva au niveau de Bryn. S'accroupissant rapidement, il plaqua, le nez contre le sol, le gardien qui tentait de se relever, l'empêchant de discerner vraiment ce qu'il se passait.

Filant aussitôt, les trois garçons quittèrent les lieux, abandonnant sur place le matériels de vandalisme mais heureux de s'en sortir à si bon compte. Dehors, ils rejoignirent leurs trois complices, intrigués par le remue-ménage entendu dans le bâtiment officiel.

"Ca a été ?", demanda Joseph d'une voix inquiète.

"Nickel !", assura Daniel, semblant s'amuser beaucoup. "On a failli se faire coincer par un gardien mais Bryn a assuré comme un malade. Le type n'a même pas eu le temps de savoir à qui il avait affaire…"

Appuyé contre un mur, Marc était plutôt pâle, tremblant d'une frayeur rétrospective. Bryn profita de ce moment de calme pour vérifier qu'il avait encore son sac sur lui. Tout allait bien de ce côté mais le jeune garçon se figea soudain. Il avait beau palper ses différentes poches, il ne parvenait pas à retrouver la clé USB qu'il avait emportée avec lui au cas où il aurait fallu cracker un système informatique.

Le plan avait fonctionné, Bryn avait réussi a faire chuter le gardien qui ne l'avait pas vu venir du tout. Celui ci n'avait pas réussi à le saisir par la suite. Les trois garçons avaient réussi à fuir les lieux sans trop d'encombres vis à vis de leur "identité". Ils avaient néanmoins du abandonner le matos qu'ils avaient avec eux.

Daniel fit passer Bryn pour un héros auprès de Joseph alors que Marc était blanc comme un linge albinos....

"Mince...."

Se dit il en tâtant ses poches.
Il paniquait un peu vite, sans doute les effets de la première mission.

"Put**** de clé usb..." ne put il s'empêcher de lâcher...

En se rendant compte qu'il avait parlé tout haut. Il se mit à rougir un peu.
Normalement il n'y avait rien dans la clé d'alarmant, il avait pris soin d'éviter de mettre des trucs de cours ou des conneries dans le genre. Elle contenait beaucoup de crack de logiciel parmi lesquels étaient noyés ses logiciels de cherub, tels que xways ou encase forensic.

Non le plus alarmant c'était ses empreintes dessus.

C'était dans ce genre de situation que le terme "soir" restait assez vague. Sa mère serait-elle absente jusque tard, ou jusqu'en début de soirée ? Dans tous les cas, il fallait espérait qu'il n'aurait pas de raison de s'introduire le soir dans la maison pour mettre sur écoute le bureau du père. Si Zachary parvenait à le faire dans son moment de présence prévue, ce serait aussi bien !

Maira sembla surprise de la question sur sa chambre, et comprit immédiatement que l'objectif était de s'y rendre. Evidemment, elle jouait les filles de bonne famille. Il pouvait à la limite comprendre que ça la gêne si c'était en bazar, ou si elle laissait traîner ses (sous-)vêtements un peu partout, mais le garçon n'était pas du genre à être gêné de montrer sa chambre. D'autant qu'à Cherub, elles étaient toutes plus ou moins identiques au final, quoiqu'un peu personnalisées.

Les deux filles semblèrent soudainement très pressées d'aller chercher l'ordinateur pour écouter de la musique. Ce Matthew semblait avoir éclipsé leur volonté de faire des exercices supplémentaires, ce qui n'était dans le fond pas pour déplaire au garçon. Tandis que les filles se levaient, Zachary s'était rapidement saisi de son sac pour commencer à en ouvrir la poche contenant le boitier à bague. Il récupéra rapidement un micro qu'il plaça dans sa poche alors qu'elles sortaient de la salle, puis il s'élança en toute discrétion dans la direction par laquelle le père était arrivé, tout en vérifiant que les filles étaient bien entrain de monter.

A pas de loup, Zack passa devant l'escalier à la recherche de la salle qu'il pensait être le bureau. Il fallait espérer que la porte serait ouverte. Avec la chance qu'il avait, ça ne le surprendrait que partiellement que cette pièce soit verrouillée... La repérer sera au moins une première phase. Ils n'étaient pas forcés de tout faire pendant cette journée. Idéalement, son objectif était de placer un micro dans l'environnement du bureau, dissimulé dans une zone qu'on manipule peu, voire pas, sans pour autant perdre de la qualité d'écoute, tels que sous le bureau ou derrière un bibelot.

Cinq ans sur place? Le mouvement en lui-même n'était référencé que depuis environ un an, du moins d'après le résumé de l'ordre de mission. Pour l'enfant qu'était malgré tout Hazel, les quatre ans qui avaient donc précédé la reconnaissance du mouvement, c'était... Long. Soit le movement en lui-même avait commencé à exister de manière implicite déjà avant qu'il soit reconnaissable, soit quelque chose avait donné un déclic. Imitant Marie, elle chassa d'un petit souffle un nuage de vapeur chocolaté. Elle remarqua, spontanément.

"On dirait que ça te manque, la France. Tu devais avoir pas mal d'amis là-bas, non?"

Ce devait aussi être ça, le plus dur. Dire adieu à une vie agréable. Il restait encore à déterminer l'opportunité. Une meilleure place de travail semblait être l'option la plus classique et la plus probable. Mais de passer d'un employé à un cambrioleur de caserne et monter une éventuelle révolution à Jersey... Madame Le Sueurs, en bonne mère, rappelait à des considérations plus responsables qu'un bavardage entre filles, et là... Difficile de ne pas sauter sur l'occasion!

"Oui! En plus, ma mère sera contente que j'aie fait mes devoirs. Et puis c'est plus sympathique à faire quand on est deux!"

Elle agrémenta sa dernière remarque d'un chaleureux sourire amicale à l'intention de Marie. Sous réserve de quelques différences, Hazel appréciait de plus en plus la jumelle. Elle prit du bout des lèvres une gorgée de chocolat chaud en veillant à ne pas se brûler et jeta un coup d'oeil à son sac. Madame Le Sueurs était d'accord, ne restait qu'à voir pour le lieu exacte.

"Dis, Marie, tu fais tes devoirs dans la cuisine ou dans ta chambre d'habitude?"

Fallait-il déballer le cartable ici-même ou pas?

"Mais avant... Est-ce que je peux utiliser vos toilettes?"

Elle fit une petite moue gênée à cette question toujours un peu embarrassante pour une adolescente de bonne éducation.

Domicile des Le Sueurs, Saint-Hélier

Un sourire radieux aux lèvres, Marie semblait ravie de pouvoir passer un moment avec sa nouvelle amie. De plus, cette dernière présentait toutes les garanties d'un sérieux que la fille Le Sueurs appréciait particulièrement. La preuve, Hazel semblait enthousiaste à l'idée de se mettre au travail ensemble pour s'avancer dans les devoirs.

"Oui, c'est bien plus intéressant de faire ça à plusieurs.", approuva la jeune fille. "Généralement je les fais dans ma chambre, mais on va aller dans la salle à manger. Hein, maman ? T'es d'accord ?"

"Oui bien sûr.", accepta la mère de famille. "Va chercher tes affaires ma chérie et reviens vite."

Alors que Marie, après un nouveau signe de la main, sortait de la cuisine, madame Le Sueurs, devant la demande d'Hazel, eut un petit sourire entendu et compréhensif et hocha la tête.

"Bien sûr, c'est dans le couloir sur la droite. La deuxième porte."

Ramassant sur la table les bols vides, la femme se tourna pour les mettre dans l'évier, laissant Hazel sortir dans le couloir pour satisfaire un besoin naturel.

Chambre des états, Saint-Hélier

Surpris par le juron poussé par Bryn, Joseph le fixa du regard.

"Il se passe quoi mec ?", demanda-t-il perplexe.

"C'est le type qui t'a fait mal ?", intervint Daniel avec une grimace.

La petite bande faisait cercle autour du jeune Gallois et s'alarmait devant l'inquiétude manifestée par leur camarade. Le malaise de Marc semblait encore croître et son visage semblait pâlir encore si cela avait été possible.

"Allez, les gars... Faut se tirer d'ici ! Et vite !", insista-t-il d'une voix tremblante. "On va se faire chopper si on reste trop longtemps ici..."

Comme pour illustrer ces propos, une voiture banalisée arriva à toute allure pour s'arrêter dans un grand crissement de freins devant le bâtiment officiel. Les portières s'ouvrirent et quatre hommes, en uniforme de police, en sortirent, casquette vissée sur la tête.

Domicile des Langlois, Saint-Hélier

Profitant d'être seul, Zachary bondit hors de la salle à manger pour essayer de trouver rapidement le bureau de Martin Langlois. Gardant un oeil vers l'escalier menant aux chambres, l'agent essaya d'ouvrir les différentes portes du couloir. Après avoir découvert la cuisine et les WC, l'anglais tomba sur une porte verrouillée. Avec une grimace de dépit, le garçon continua sa recherche. Pourvue que rien d'essentiel ne se cachât derrière cette barrière...

Tant qu'il n'y avait aucun mouvement suspect en provenance de l'étage, Zachary pouvait poursuivre son exploration. La porte suivante s'ouvrit avec un léger grincement. Bingo ! Cette pièce ressemblait diablement à un bureau.

Sans perdre de temps, le jeune agent alla fixer son micro sous le bureau, le dissimulant du mieux possible. Avant de ressortir, il jeta un coup d'oeil sur les différents document qui traînaient. À première vue, rien de bien important n'apparaissait. À côté d'un ordinateur portable éteint, quelques papiers étaient éparpillés : factures diverses (eau, électricité, location de véhicule), plan de Saint-Hélier avec un grand cercle tracé à la main autour de la zone portuaire, enveloppes vierges, tracts divers et variés.

A proximité de la Chambre des états, Saint-Hélier. Tout le monde ou presque avait rivé leurs yeux sur lui suite à son juron.

- Pas grand chose.. J'ai paumé une clé usb... En y réfléchissant j'ai que des conneries de cracks de jeu diverses et variés et de mémoires j'ai pas dessus de choses pouvant m'identifier genre des devoirs... Donc ça ira.

La bande de Saint Helier s'était mise en cercle autour de Bryn.

- C'est rien quoi!... J'ai du la perdre à cause du gardien... On fait pas d'omelette sans casser des oeufs, hein?.

Dit il en regardant ses nouveaux amis et en esquissant un sourire qui se voulait le plus détendu possible envers Marc. Il avait lu que c'était une expression souvent utilisée par les frenchies.

- Ouais carrément! A croire qu'ils t'ont entendu, les voilà... Viens avec moi Marc.

Bryn prit Marc par la main, il fallait qu'il provoque l'amitié histoire de réussir sa mission. Il commença à prendre une des direction opposée de l'arrivée de la patrouille non pas sans avoir fait un clin d'oeil à Daniel pour qu'il vienne avec eux. Bryn ne risquait pas grand chose, mais les autres c'était autre chose, et ils avaient une mission à remplir.

Pendant quelques instants, le requin se dit qu'il allait faire chou blanc. Les WCs puis la cuisine, on ne pouvait pas vraiment dire que c'était là un joli butin. Heureusement, la pièce qui avait tout d'un bureau était bel et bien devant lui cette fois !

Pénétrant dans le lieu à pas de loup, Zachary analysa rapidement la pièce et détermina que le meilleur lieu pour placer le micro était bien sous le bureau en lui même. Une fois l'objet positionné, il jeta par réflexe un oeil rapide à ce qui se trouvait sur le bureau.

Sortant en vitesse son portable, il remarqua la location de voiture ! C'était justement ce genre de chose qu'ils recherchaient. Sans attendre, le garçon prit deux rapides photos de la feuille avec son téléphone, en prenant soin que soient bien visibles le numéro de la plaque d'immatriculation et le modèle du véhicule tout en le mémorisant également au cas où, et photographia également à toute allure la carte du port en centrant sur le cercle, avant de ranger son portable.

En quelques secondes, il avait peut être résolu toute l'affaire à lui seul. Un vrai champion ! Hazel serait verte, c'était sûr ! Et Bryn serait impressionné de la vélocité et l'admirerait !

Rapidement, le garçon ressortit aussi discrètement qu'il était entré après s'être assuré d'avoir replacé les feuilles parfaitement comme elles étaient à son arrivée et avoir soigneusement refermé la porte. Il écouta ensuite un éventuel mouvement provenant de l'étage. Il pourrait toujours aller rapidement aux WCs pour tirer la chasse, et faire semblant d'en sortir si jamais il ne parvenait pas à retourner à temps dans la salle à manger.

Rien de mieux que de faire des devoirs dans une pièce au rez-de-chaussée, là où les entrées et sorties dans la maison étaient plus facilement perceptible. Pour appuyer la demande de Marie, Hazel lança un sourire enjoué à la mère de famille qui accepta. Après tout, elle avait avec elle deux fillettes tout à fait studieuses! Pourquoi leur refuser des devoirs scolaires? De fait, quel parents digne de ce nom ne souhaiterait pas que son enfant manifeste de l'enthousiasme à l'idée de faire ses devoirs?
tout sourire, l'écossaise regarda sa camarade d'école sortir de la pièce avant d'en revenir à Madame Le Sueurs. Cette famille présentait vraiment l'image idéale. Fille studieuse, mère soucieuse et présente, père travailleur... Les seuls ombres au tableau résidaient en un père potentiellement terroriste et un fiston un peu trop casse-cou pour ne pas commettre des actes répréhensibles.

"Merci madame."

Téléphone portable en poche, Hazel poussa son sac un peu plus sous la table pour que personne ne se prenne les pieds dedans (et accessoirement ne le touche et remarque quoi que ce soit), et quitta la cuisine pour aller dans le couloir. Couloir à droite et deuxième porte, hein? Que pouvait bien renfermer la première? Au passage, Hazel s'immobilisa quelques instants et porta l'oreille contre le battant. Si aucun son ne se faisait entendre, elle se risquerait avec prudence à tenter d'ouvrir la porte le plus naturellement du monde, ne serait-ce que pour jeter un coup d'oeil.

Domicile des Le Sueurs, Saint-Hélier

Sortant de la cuisine après Marie, Hazel eut le temps d'apercevoir sa camarade gravir l'escalier conduisant certainement aux chambres à l'étage. Madame Le Sueurs était occupée à faire le brin de vaisselle et sa fille éloignée pour quelques secondes. Aucune des deux ne semblait nourrir une quelconque suspicion envers le jeune agent ; c'était très certainement le moment d'en profiter. Et, dans le pire des cas, la jeune fille pourrait toujours prétendre s'être trompée si elle se voyait surprise en train d'ouvrir une porte qui n'était pas la bonne.

Après avoir écouté attentivement et rassurée par l'absence de tout bruit, Hazel essaya prudemment d'actionner la poignée. Hélas, elle eut beau pousser le battant, ce dernier lui résistait, fermé à clé. Respirant profondément, l’Écossaise regarda encore une fois autour d'elle pour s'assurer que personne n'arrivait et s'accroupit tout en retirant une épingle de ses cheveux. Après quelques tentatives, un petit clic salvateur récompensa ses efforts.

Bon, la maison était toujours aussi calme. Ouvrant prudemment la porte, Hazel passa la tête et découvrit ce qui ressemblait fort à un bureau. Le plan de travail était propre et rangé. Aucun papier ne traînait. L'écran plat d'un ordinateur était posé sur l'unité centrale, en mode veille.

Chambre des états, Saint-Hélier

Entraînant Marc, Bryn était parti en courant, veillant à s'éloigner du lieu de leur récent méfait. Les deux garçons furent bientôt rejoints par le reste de la petite bande qui n'avait pas attendu longtemps pour prendre la décision de leur emboîter le pas. Après une petite course à travers les ruelles étroites, les apprentis voyous ralentirent le rythme, s'estimant à l'abri de toute surprise.

"Super les mecs ! On dirait que les culs rouges sont en alerte maintenant.", déclara Joseph avec un sourire ravi. "Au moins ils savent qu'on peut agir partout et quand on le veut !"

L'air de toujours s'amuser autant, Daniel fit un clin d'oeil à Bryn.

"Alors ? t'en penses quoi ? On se marre bien, non ?"

Avisant Marc qui n'avait toujours pas l'air dans son assiette et semblait regretter son geste, Joseph intervint de nouveau.

"Si on allait boire un coup pour fêter ça ?", proposa-t-il. "Max, ça gêne pas si on va chez toi ?"

Après approbation de l'intéressé, la petite bande se remit en route, veillant à emprunter des chemins détournés pour rejoindre la maison des Langlois.

Domicile des Langlois, Saint-Hélier

Fier de lui, Zachary venait de collecter différentes informations. Dans l'esprit de l'agent, l'affaire était bel et bien résolue. Même en l'absence de toute preuve, la culpabilité de Martin Langlois ne faisait aucun doute et le contrôleur de mission ne pourrait faire autrement que de reconnaître la supériorité du jeune agent lequel ne manquerait que se voir récompensé par le t-shirt noir, suite à un tel exploit.

Attentif surtout à essayer de situer ce que faisaient les filles à l'étage et plongé dans ses rêves de remise de décoration devant le front des troupes, Zack faillit se faire surprendre par le bruit à la porte d'entrée. Il n'eut que le temps de bondir jusqu'aux WC pour tirer la chasse d'eau lorsque la porte s'ouvrit sur un jeune garçon, derrière lequel se pressaient plusieurs de ses camarades, parmi lesquels l'agent reconnut son "frère" ainsi que le jeune Marc et le fameux Daniel dont il avait fait connaissance quelques jours plus tôt.

"Ben... Qui es-tu ?", demanda le premier garçon, surpris, en découvrant le jeune Anglais. "Tu fais quoi chez moi ? Où est ma soeur ? Mon père est pas là ?"

Bryn avait réagi au quart de tour, entraînant Marc dans sa fuite, enchainant les passages dans les ruelles de la bourgade. Les autres membres de la fine équipe étaient tous derrière eux ou avec eux, il ne savait pas très bien. Jusqu'à qu'ils fassent stop et que leur chef prenne la parole.

- Ouais! cria Bryn comme beaucoup d'autres membres de la bande en réponse à la provocation du chef.

Bryn se tourna vers son nouvel ami.

- C'est l'éclate tu veux dire! Il le pensait vraiment et c'était presque flippant. Heureusement une fois la mission finie il pourrait reprendre une vie plus saine et quitter se rôle de délinquant qui bien qu'attirant, était pas son style.

Alors que tout le monde acquiesçait pour aller boire un coup chez Max, Bryn s'approcha de Marc pour prendre la température, il n'oubliait pas qu'il devait sympatiser avec lui à l'origine même si sa partie de la mission était plutôt en bonne voie.

- Tu es sûr que ça va Marc? lui demanda t il d'un air innocent. Bryn sentait bien que le jeune homme n'était pas dans son assiette. Lui même doutait un peu après la perte de sa clé USB, il enverrait un SMS rapidement à leur contrôleuse pour lui expliquer la situation dès que tout le monde serait occupé à autre chose.