2015/03/09-IM – Liverpool, Grande-Bretagne – [Mission d'introduction de James Clusaz] – Filature discrète

James trouvait cela injuste. Ce n'était pas de sa faute s'il y avait eu des voleurs dans le magasin. Après il avait dû répondre à tellement de questions qu'il n'avait pas pu le suivre. Il rapprocha le téléphone, pris lui-même par une crise de colère :

- VOUS croyez que c'est de MA faute si des cambrioleurs sont venus et qu'après j'ai dû répondre à tellement de questions ! Non, il ne m'a pas vu ! J'ai fait ce que j'avais à faire, vous n'avez rien a me reprocher ! Je vous donne un prénom ! Que voulez-vous que je fasse d'autre ? Un nom peut toujours être utile ! Et je tiens à vous dire que nous sommes très bien entraînés !

Il s'arrêta en attendant la réaction du contrôleur. Il était nerveux. Il avait peur, très peur. Et s'il ne pouvait plus faire de missions... À cette idée, son ventre se noua. Il avait fait une bêtise en parlant comme ça à son contrôleur de mission.

En attendant il prit le chemin du retour. Peut-être que s'il avait de la chance, il pourrait tomber sur Ronaldo ou sur Claudio. Il repassa devant le magasin et remit le jeux qu'il n'avait pas payé. Il n'en voulait pas. Et de toute façon, il devait rentrer. Il fit demi-tour en attendant toujours la réponse du contrôleur.

"Bon ! Tu vas rentrer à la piaule !", intervint plutôt sèchement le policier. "Je vais voir ce que je peux faire... Je te rappelle..."

La tonalité de fin de communication se fit entendre sans laisser à James l'opportunité de répondre ou de discuter ces nouveaux ordres. Le commander Sexton paraissait ne pas trop apprécier l'accès d'humeur du garçon et tenait à lui faire comprendre qui était le supérieur dans cette mission.

Sous le regard soupçonneux du vendeur, James put remettre le jeu à sa place et ressortir du magasin. Dans la rue, quelques policiers finissaient d'interroger les voisins et les badauds mais il n'y avait pas la moindre trace de Ronaldo ou de Claudio. Les deux garçons semblaient ne pas s'être attardés dans les environs. La présence du dispositif policier y était certainement pour quelque chose. Sils complotaient quelque chose de louche, il valait mieux faire ça hors de vue des forces de l'ordre...

James se trouvait sur le trottoir, fouillant dans sa mémoire à la recherche d'une information dont il aurait oublié de parler à son contrôleur de mission. De toute façon, il lui fallait se diriger vers la petite chambre de bonne que la police de Liverpool avait mise à sa disposition pour la durée de sa mission et dans laquelle il passait les nuits, seul, en attendant de pouvoir rentrer au Campus.

James ne voulait pas rentrer comme ça, il n'avait pas réussi la mission. Non, il fit demi-tour, retourna devant le magasin et prit la piste à droite. Peut-être que s'il avait de la chance, il pourrait tomber sur Ronaldo ou Claudio ou même encore mieux trouver les deux ensembles. À cette idée-là, il afficha un grand sourire. Mais il devait d'abord prévenir son contrôleur de mission, le commander Sexton.

Il prit son téléphone portable rentra son mot de passe et tapa :

- Je vais vous prouver que les agents de CHERUB sont très ben entraînés. Pardonnez-moi de ne pas vous écouter mais je vais essayer de le retrouver. Je pense qu'il est parti à droite. Si je me trompe, je verrais à gauche. Et si je ne le trouve pas, je rentrerais à la piaule. Ne vous fâchez pas, je veux juste essayer de vous montrer de quoi je suis capable. Je ne baisserai pas les bras.

Il relut son SMS puis l'envoya. Il tourna à droite et partit à toute vitesse...

James ne reçut aucune réponse à son SMS, l'officier de Scottland Yard estimant, sans doute, avoir mieux à faire qu'à tenter de raisonner un gamin têtu. Il devait reconnaître la touche d'amour propre et d'orgueil qui motivait la plupart des jeunes agents de Cherub, les poussant souvent à se surpasser mais les conduisant aussi régulièrement à commettre quelques dangereuses imprudences.

Le garçon partit en courant, remontant le plus vite possible la ruelle de droite, espérant apercevoir au loin la silhouette de Claudio ou celle de Ronaldo. Après quelques minutes de course, il dut se rendre à l'évidence. Si une de ses deux cibles étaient vraiment partie dans cette direction, celle-ci ne l'avait pas attendu et se trouvait hors de vue.

Sans se décourager, James retourna à la boutique, explorant les rues à gauche de la boutique cette fois, avec le même succès que précédemment. Toujours aucune silhouette familière en vue. Il semblait bien avoir totalement perdu la piste des deux jeunes Hispaniques.

Énervé à l'idée d'échouer, le jeune agent revint machinalement sur ses pas, passablement dépité. Le commander Sexton allait certainement se moquer de lui et répéter que l'entraînement du Campus était insuffisant. Pour parfaire le tout, une petite pluie fine commença à tomber. James remonta légèrement le col de son blouson pour se protéger, tout en hésitant encore à regagner sa piaule, ce qu'il prendrait comme un échec.

Mais pourquoi avait-il fallu qu'il y ait un cambriolage maladroit, justement dans la boutique où Ronaldo rencontrait Claudio ? Et comment avait-il pu être bête pour se faire accaparer ensuite par la police au point de ne pas pouvoir suivre un des deux Hispanique ?

Tout en se repassant le scénario du hold-up, James revint machinalement devant la boutique de jeux vidéos. Derrière la vitrine, le vendeur remettait un peu d'ordre dans les rayonnages malmenés. Un couple avec un jeune enfant était en train de regarder les simulations de course automobiles.

Un jeune garçon, légèrement plus vieux que James, arriva à ce moment et entra dans la boutique. Sans hésiter le moins du monde, il fit un geste au vendeur et se dirigea vers l'arrière du magasin.

Au même moment, le téléphone portable, dans la poche du pantalon de James, se mit à sonner, signalant un appel masqué.

James était en train de courir sur le chemin de droite en partant du magasin, suivant la moindre petite piste qu'il voyait. Il tournait à droite, à gauche sans jamais se perdre. En voyant qu'il n'y avait rien ni personne à droite, il faisait demi-tour jusqu'au magasin, puis partait à gauche. En voyant qu'il n'y avait toujours rien à gauche, il repartait à droit et ainsi de suite.

Il commença à abandonner. C'était décevant de ne rien trouver, ni personne. Il retourna au magasin, en pensant au commander Sexton. Il allait se moquer de lui et il ne pas supportait cette idée. Il essaya alors de déterminer par où pouvaient bien être partis Claudio et Ronaldo. Il ne pouvait pas rater sa première mission, il ne pensait qu'à ça. C'est pour ça qu'il était parti à leur recherche.

En repassant devant la vitrine, il vit une famille. Mais ce qui l'intéressait surtout, c'était le garçon qui était en train de se diriger vers l'arrière-salle du magasin. Il voulut le suivre mais, au même moment, il entendit sonner. Il fit un bond en arrière, ce n'était que son téléphone. Il se rassura, le sortit de sa poche et décrocha:

- Allo?

La voix calme et posée du commander Sexton se fit entendre, à la grande surprise de James qui ne s'attendait pas à recevoir un appel anonyme de son responsable de mission. Puis l'agent réalisa : l'appel du policier passait certainement au travers différents filtres et proxy, histoire de rendre extrêmement difficile toute tentative d'interception ou de localisation. James avait appris ça lors des cours reçus à Cherub sur les techniques de transmissions et de chiffrement.

"J'ai du nouveau pour toi !", attaqua l'homme sans prendre la peine de se présenter. "Ton Claudio s'appelle en réalité Claudio Riverra et a déjà fait l'objet d'interpellation pour détention de drogue. Nous n'avions pas encore pu faire le lien entre lui et les Diablos. Voila une bonne chose de faite..."

Il y eu un cours silence pour laisser à James le temps de digérer ces informations. Le policier ne faisait aucune allusion au dernier SMS, indiquant pourtant la volonté du gamin de braver son autorité.

"Claudio a l'habitude d'aller traîner du côté de la maison de quartier de West Derby. C'est à dix minutes à peine de la boutique où a eu lieu le cambriolage. Tu vas t'y rendre et tâcher de le retrouver. Et..."

La voix du contrôleur de mission se fit rassurante.

"J'ai pu avoir accès au rapport de police concernant le hold-up et modifier celui-ci. Toute trace de ta présence y a disparu, ce qui garantit ta couverture future. J'ai effacé les différentes photos qui avaient été prises. Je comprends mieux pourquoi les voleurs ont pu être neutralisés si facilement. C'est sûr qu'en caleçons, tu n'as pas l'air très dangereux..."

Le ton était légèrement amusé mais se voulait complice. Le commander n'irait pas crier sous les toits cet épisode de la prise d'otages.

James fut rassuré d'entendre la voix du commander Sexton qui ne montrait aucune colère. Il l'écouta sans l'interrompre. James eut un large sourire. Que des bonnes nouvelles ! Et il fut content que le commander Sexton ne parle pas du message qu'il avait envoyé. Il en aurait été très honteux. Il voulut y partir tout de suite, quand il se rappela de l'enfant qu'il avait vu dans le magasin, celui qui s'était dirigé vers l'arrière-boutique. Il ne pouvait pas le laisser partir comme ça, il devait le dire au commander Sexton. Il approcha le téléphone portable de sa bouche :

- Ok merci beaucoup. Je vois qu'il n'y a que des bonnes nouvelles. Bon, et bien je sais ce qu'il me reste à faire. Je vous envoie un SMS si je trouve quelque chose d'important. À toute alors. Ah attendez... j'ai vu une personne, un enfant, qui doit avoir un an de plus que moi. Je l'ai vu qui se dirigeait vers l'arrière-boutique. Je le suis ou je vais à West Derby?


Il attendit la réponse. Il voulait vite savoir ce qu'il devait faire. Mais il voulait vraiment suivre l'enfant qui se dirigeait vers l'arrière-boutique. Peut-être était-il en train de rejoindre Claudio ou un ami de Claudio qui, si James le suivait, pourrait le mener à Claudio. Bref, il s'emmêlait lui même... Il attendit la réponse de son contrôleur de mission...

Il y eut un blanc au bout du téléphone, le temps que le policier assimile la nouvelle information que lui livrait James.

"Je vois que tu étais bien sur la route pour rentrer au chaud…", reprit l'homme d'une voix amusée. "Bon, il serait utile d'en savoir un peu plus sur ce fameux gamin qui vient d'arriver à la boutique. D'un autre côté, savoir que Claudio fait partie du dispositif ouvre de nouvelles opportunités…"

Il y eut un nouveau silence. Le commander Sexton semblait hésiter sur la conduite à tenir.

"Tu fais ce qu'il te semble le mieux !", trancha le contrôleur de mission. "C'est toi qui es sur le terrain et qui possèdes le plus d'éléments pour savoir quoi faire. Fais quand même attention à ne pas te faire repérer en traînant trop longtemps autour de la boutique…"

Certes, cette absence de décision n'allait pas aider James mais Cherub n'était pas là pour former des robots ne faisant qu'obéir aux ordres. L'entraînement visait à leur donner une certaine autonomie, les poussant à prendre des initiatives dans l'esprit de la mission. Seul importait le résultat, les moyens d'y arriver étaient secondaires.

En fait, l'homme savait pertinemment comment lui réagirait dans une telle situation, faisant parler son instinct, mais ne voulait en aucun cas influencer le jeune agent, faisant confiance en son jugement pour agir au mieux.

James fut content et inquiet de la réponse de son contrôleur de mission. Devait-il suivre l'enfant ou aller à West Derby voir si Claudio y était ?D'un côté Claudio, lui, n'allait pas disparaître comme ça. James pourrait y aller tout à l'heure ou le lendemain. Claudio serait toujours ici. En revanche, l'enfant, lui, venait là, tout de suite. Peut-être que demain il ne le verrait plus. Et il allait surement voir une personne. Cette personne pourrait donner des informations. Il avait trouvé : il suivrait l'autre enfant. Pour Claudio, il verrait après.

- Bon, je crois que le mieux est de suivre l'autre garçon. Je vous préviens si j'ai du nouveau. À toute ! Il mit fin à la conversation.

Puis il se tourna vers le magasin et rentra dedans. Il ne pensait qu'à une chose : réussir sa mission. Elle avait failli rater. Il ne pouvait plus faire de bêtise. Il salua le vendeur d'un mouvement de la tête puis se dirigea lentement pour ne pas se faire attraper pas le vendeur. Arrivé devant la porte, il la poussa sans faire de bruit puis entra dans la pièce à toute vitesse. La porte se referma doucement derrière lui. Il commença à chercher l'autre enfant du regard.

Concentré sur ce qu'il avait l'intention de faire, James ne prêta qu'une attention distraite au vendeur. Le regard étonné de l'homme, sans doute surpris de revoir déjà le gamin, lui échappa complètement alors que le jeune agent se hâtait vers le fond du magasin.

Poussant la porte, il se glissa dans la pièce encore obscure. Dans la pénombre de l'arrière-boutique, il resta un instant immobile puis s'avança prudemment, cherchant à voir où se trouvait le garçon qu'il avait suivi jusqu'ici. Ce dernier était seul et se trouvait face à une étagère sur laquelle étaient rangés de nombreux cartons. L'un d'entre eux était ouvert et le garçon mystérieux fouillait à l'intérieur. Tournant le dos à James, il masquait par la même occasion ce qu'il était précisément en train de faire mais les mouvements accomplis laissaient supposer qu'il transférait des objets du carton jusque dans le petit sac à dos qu'il avait posé à côté.

Brusquement, la porte, que James avait pris la précaution de refermer derrière lui, s'ouvrit d'un coup, faisant sursauter le jeune agent. Se retournant vivement, il tomba nez-à-nez avec le vendeur qui avait l'air fort contrarié de trouver le gamin à cet endroit.

"Tu fous quoi ici, toi ?", demanda l'homme d'une voix menaçante en le repoussant d'une bourrade sur la poitrine. "Tu n'es qu'un petit voleur ou un sale fouineur ?"

James reconnut du premier coup d'oeil le garçon qu'il avait vu. Il voulut se cacher derrière quelque chose pour ne pas se faire remarquer mais trop tard, la porte s'ouvrit d'un coup. Ce qui le fit sursauter, mais il se retourna d'un bond pour voir à qui il avait à faire. James fut surpris de tomber sur le vendeur. Pourtant il était sûr de ne pas avoir été vu. Peut-être s'était-il trompé. Ou soit le vendeur était juste venu ici pour venir chercher quelque chose. De toute façon, il n'avait plus le temps de chercher une réponse à sa question. Il tourna la tête vers le vendeur :

- Je ne suis aucun des deux, monsieur... je croyais qu'on pouvait aller chercher des DVD ici. Je me suis surement trompé., fit-il d'un ton amusé. - Bon, alors excusez-moi, je ne voulais pas faire de bêtise. Je vais partir tout de suite. Bonne journée !

Puis il voulut passer pas la porte mais le vendeur n'allait pas le laisser partir comme ça. Voyant qu'il ne pourrait pas sortir, James courut, tête baissée, sur le vendeur.

Le vendeur regardait fixement l'intrus en prenant un air menaçant. Par contre, il ne semblait nullement surpris par la présence du garçon qui était entré avant le jeune agent. Les dénégations de James et le début d'explications qu'il commença à fournir n'amenèrent qu'un sourire narquois sur le visage de l'homme qui, visiblement, ne croyait pas un mot du baratin qui lui était servi.

Confiant dans sa force et dans son statut d'adulte, il ne se méfiait pas particulièrement et faillit se faire surprendre par la charge brutale du gamin, tête en avant. Dans un réflexe surprenant, le vendeur fit un pas de côté pour esquiver et tendit sa jambe au travers du chemin.

Emporté par son élan, James trébucha sur l'obstacle et s'étala de tout son long. Le temps de reprendre ses esprit, il sentit tout le poids de l'homme lui tomber sur le dos tandis qu'une main l'attrapait par les cheveux pour lui cogner le visage au sol. Manifestement, le vendeur se sentait nettement plus en confiance pour affronter un enfant faisant la moitié de son poids que deux hommes armés tentant de le cambrioler.

"Pas si vite !", murmura l'adulte dans l'oreille de sa victime. "Tu n'iras nulle part avant de t'être expliqué de façon plus convaincante..."

Malgré sa surprise, James essayait de se débattre, tendant de ruer et de donner des coups de pieds pour désarçonner l'homme. Maintenant sa pression sur le gamin plaqué au sol, ce dernier commanda :

"Raúl, prends la corde sur l'étagère du bas et attache-lui les chevilles !"

"Oui, monsieur Jones.", répondit le garçon ainsi interpellé. "Tout de suite..."

Sans que James n'ait vraiment l'occasion de résister, le nez toujours collé contre le sol poussiéreux de l'arrière-boutique, Raúl s'était saisi de la corde et lui lia solidement les chevilles entre elles. Les jambes de l'agent ainsi neutralisée, Marvin Jones se redressa et mit le garçon sur ses pieds en te tirant par les cheveux.

Maintenu sur la pointes des pieds par la traction qui s'exerçait sur ses cheveux, James grimaçait en saisissant instinctivement la main qui le tourmentait. Le vendeur se pencha légèrement et approcha son visage de celui de l'agent, pour l'invectiver.

"Alors ? Qui es-tu ?", lui postillonna-t-il à la figure. "Que cherches-tu en venant fouiner de la sorte ? Qui t'envoie ? Les Sharks ou les Hells ?"

Les derniers noms cités étaient ceux des deux principaux gangs de Liverpool dont les territoires étaient limitrophes de celui des Diablos. Apparemment, l'homme croyait à la probable volonté d’expansion d'une bande rivale.

Se tenant assez proche, Raúl se tenait également prêt à intervenir si James tendait le moindre geste agressif.

James fut surpris par la rapidité du vendeur et sa force. Son genou droit lui faisait un mal de chien, mais il ne le montrait pas. C'était trop tard le vendeur et le garçon qui s'appelait Raúl l'avaient eu. Mais en se parlant, ils lui avaient dévoilé beaucoup de choses. Il repassa les informations dans sa tête : deux gangs, les sharks et les Hells. L'enfant s'appelait Raúl. Il retint bien le nom. Et James croyait que le vendeur n'était pas un simple vendeur, oh non... Ça il en était même sûr ! James commençait à avoir très mal à la tête. Le vendeur le tirait par les cheveux pour le relever.

Maintenant il devait répondre à cette question mais par quoi ? Il en avait aucune idée. Il trouverait en parlant, se dit-il sans trop y croire. Il se tourna vers le vendeur:

- je vous jure, monsieur. Je ne fais partie d'aucun de ses deux gangs. Mais je veux bien vous aider à faire des choses. Je ne suis ni un espion, ni un voleur, de toute façon., fit-il d'un ton qu'il voulait amusé. Je ne peux rien vous faire. Je connais quelques techniques pour me défendre mais je ne suis pas une menace. Enfin pour vous...

Il regarda bien le vendeur en attendant la réponse...

"Tu vas changer de ton avec moi !", menaça le vendeur en exerçant une nouvelle traction sur les cheveux de James, provoquant un léger gémissement de douleur, vite contenu.

"Monsieur Jones.", intervint Raúl. "Comment il connait les Sharks ou les Hells ? Il est pas net, je vous le dis... Il doit faire partie d'un autre gang..."

"Tu as entendu ce que dit Raúl ?", reprit Marvin Jones en secouant légèrement la tête de James. "À quel groupe appartiens-tu ?"

L'homme semblait vraiment convaincu de l'appartenance de James à une des nombreuses (trop nombreuses d'après la police) bandes rivales qui s'étaient "partagées" Liverpool et voulait lui extirper le maximum d'informations.

"Tu as intérêt à parler maintenant, tant qu'il est encore temps...", menaça-t-il.

"Tu feras moins le fier quand tu seras en présence de Luciano...", murmura Raúl, une soupçon de peur dans la voix à l'évocation de ce nom. "Il sera moins gentil que nous..."

James ne savait plus quoi dire. Il ne connaissait pas tous les gangs. Il ne pouvait pas dire qu'il appartenait à un de ces gangs. Mais ce qui le rendait de plus en plus inquiet, c'était Luciano. Raúl, en disant son nom, avait eu peur. Alors déjà qu'il avait mal au genou et à la tête, il n'imaginait pas son état avec Luciano. Il se retourna vers le vendeur. Mais cette fois sa voix devient plus suppliante :

- Monsieur, je vous jure que je ne fais partie d'aucun de ses deux gangs ! Je vous l'aurais dit depuis longtemps sinon. Je n'ai pas envie de me faire taper jusqu'à recracher du sang ! Vous pouvez me poser beaucoup de questions, je ne sais rien. Soit vous me croyez, soit vous pouvez m'amener chez ce Luciano !

James finit sa phrase avec une voix tremblante. Il était très inquiet. Il ne pouvait pas neutraliser le vendeur et Raúl. Il ne pouvait pas prévenir son contrôleur de mission. Et il ne pouvait pas prouver au vendeur et à Raúl qu'il ne faisait partie d'aucun de ces gangs. En résumé, il ne pouvait rien faire. Son sort était entre les mains du vendeur...

Marvin Jones ricana devant la peur affichée par James. Le vendeur semblait se délecter du sentiment de puissance que la situation générait. Maintenant toujours sa victime sur la pointe des pieds en lui tirant les cheveux, l'homme poursuivit :

"Tant pis pour toi. Tu aurais dû parler tant que tu en avais l'occasion... Luciano décidera de ton sort !", conclut-il en projetant de nouveau James sur le sol.

Les jambes toujours entravées, le gamin tomba lourdement à plat ventre, ayant juste le temps de positionner ses mains pour amortir sa chute et éviter de heurter le plancher avec son visage.

"Mets les mains derrière ton dos !", commanda sèchement le vendeur.

Levant les yeux, le jeune agent pouvait voir Raúl qui se tenait dans son champs de vision. Le garçon se mordait les lèvres, semblant éprouver de la pitié pour le malheureux prisonnier. Comprenant qu'il n'avait aucune chance de résister, surtout avec les chevilles attachées entre elles, James obéit, croisant les poignets dans son dos. Il entendit aussitôt le bruit d'un rouleau de scotch épais qui se déroulait tout en sentait le ruban adhésif s'enrouler autour de ses poignets en plusieurs tours particulièrement bien serrés.

Ayant réduit son visiteur indésirable à l'impuissance, Marvin Jones le fouilla, lui vidant consciencieusement les poches. Prenant le mouchoir, il l'introduit de force dans la bouche de James avant de le maintenir en place par un morceau de scotch puis il brisa le téléphone portable d'un coup de talon rageur.

"J'ai bien peur qu'il te faille passer quelques temps ici. Je n'ai pas encore terminé ma journée de travail.", ricana l'homme. "Raúl, file prévenir Luciano que je lui amène un mouchard ce soir. Qu'il envoie une voiture le chercher à la boutique quand il fera nuit."

La fin de journée parut particulièrement longue à James ligoté dans l'arrière-boutique. Le gamin eut cent fois l'occasion de se maudire pour sa témérité imprudente. Certes, il risquait d'entrer en contact avec les chefs des Diablos mais à quoi cela lui servirait-il s'il ne pouvait communiquer ces informations à personne ? Pour une mission estimée sans danger... On pouvait dire que le comité d'éthique s'était bien trompé sur ce coup là...

James ne pouvait plus rien faire, les pieds et les mains tellement bien attachés qu'il commençait à avoir mal. Son genou le faisait encore affreusement souffrir. Mais il ne pensait plus trop à sa, ce qui lui faisait peur c'était Luciano. Raúl le lui avait dit d'une façon. Il montrait bien qu'il avait peur en prononcent le nom de Luciano, et James avait bien vu que Raúl avait eu pitié pour lui.

Pour passer le temps, James pensa à plein de chose: s'il ne revenait pas dans un siège roulant du séjour chez Luciano, il donnerait sa démission à CHERUB. Sans danger... Ils n'avaient pas pensé à tout ! Puis il pensa à ce qu'il y avait avant CHERUB. À la pensée de son père, les larmes lui vinrent aux yeux. Mais il se reprit vite, c'était du passé maintenant. Il devait surtout penser au présent.

Ligoté dans l'arrière-boutique, il essaya de sortir une de ses mains de la corde. Impossible, elle était beaucoup trop serrée. La même chose pour les chaussures ! Il crut entendre un bruit, surement le vendeur qui venait le chercher pour l'amener à Luciano. Il fut inquiet mais d'un autre intrigué. Qui était ce Luciano ? Il voulait absolument le rencontrer mais pas finir dans un siège roulant.

Après ce qui semblait avoir duré une éternité pour le pauvre James, la porte de l'arrière-boutique s'ouvrit à nouveau, laissant le passage à Marvin Jones qui laissa échapper un bref ricanement en regardant le gamin ligoté et bâillonné qui gisait sur le sol. L'homme s'amusait de l'inquiétude qu'il lisait au fond des yeux de sa victime et semblait décider à enfoncer un peu plus le clou.

"Alors ? Tu as été sage en mon absence ?", demanda-t-il d'une voix narquoise au garçon qui ne pouvait manifestement pas lui répondre. "J'espère que tu ne t'es pas pissé dessus car ce serait encore à moi de nettoyer tes cochonneries..."

L'absence de réaction (et pour cause) de James amena un nouveau ricanement sadique.

"Tu as de la chance...", continua l'homme. "Luciano est très intrigué par ta présence et demande à te voir au plus vite. Il ne faut pas le faire attendre..."

Se s'accroupissant, le vendeur souleva légèrement la tête du jeune agent pour la recouvrir d'un sac en toile de jute. Brutalement aveuglé, James sentit un vent de panique le gagner. Heureusement, l'air, filté par le tissu épais, parvenait encore à circuler mais rendait la respiration un peu plus difficile.

L'enfant se sentit soudain soulevé et transporté sur une courte distance avant d'être jeté dans ce qui lui sembla être le coffre d'un véhicule. Le mouvement régulier qui suivit, ainsi que l'odeur des gaz d'échappement, confirmèrent cette hypothèse. Il était en route vers le rendez-vous qu'il attendait et redoutait, tout à la fois.

Au bout d'un bon quart d'heure, la voiture s'arrêta et James fut extirpé du coffre. Porté à nouveau, il fut conduit jusqu'à une chaise sur laquelle il faut assis, tandis que ses bras, toujours attachés dans son dos, étaient passés par dessus le dossier. Terrifié, il resta là un moment, toujours plongé dans le noir par le sac qui lui recouvrait la tête. Il pouvait sentir, contre son dos et sur ses mains nues, les aspérités métalliques de l'armature du siège sur lequel il était, ce qui rendait sa position encore plus inconfortable.

Le sac fut brusquement retiré et James ferma instinctivement les yeux, ébloui un court instant par la lumière soudaine. Au bout de quelques secondes, il put enfin ouvrir les yeux et découvrir l'endroit où il se trouvait.

La pièce était petite et entièrement vide, à l'exception de la chaise sur laquelle le garçon se trouvait et de quelques palettes en bois empilées contre un mur. Une seule porte, actuellement ouverte, donnait accès à ce réduit et une simple ampoule électrique, au plafond, éclairait la scène.

Devant le jeune agent, se tenait un homme, assez jeune, au visage cruel. Un peu en retrait, se trouvaient deux autres personnes qui le regardait avec attention : Marvin Jones, son sourire narquois toujours sur le visage, et Claudio, l'air plutôt intrigué.

"Alors, comme ça, tu nous espionnais ?", demanda, d'une voix glaciale, celui qui devait être Luciano. "C'est bien toi qui étais déjà dans la boutique lors du cambriolage raté ?"

"Oui, Luciano. Je te l'ai dit.", intervint servilement le vendeur. "C'est qu'un petit mouchard des Hells, j'en suis sûr !"

"Qu'as-tu à répondre à ça ?", poursuivit Luciano, les yeux rivés dans ceux de James. "Pour qui travailles-tu ? Ça m’ennuierait de devoir massacrer une petit gueule aussi mignonne..."

James clignait encore des yeux. La lumière n'était pas très éblouissante, mais le sac n'avait laissé passer aucune lumière. Il avait été dans le noir complet. Mais il ne pensait plus à sa désormais, seul Luciano l'intriguait. Il fut surpris de trouver Claudio ici. Enfin si il s'en sortait vivant, il pourrait raconter ça à son contrôleur de mission. Ronaldo lui n'était pas là. La voix de Luciano mis fin à ses pensées. Maintenant, il devait répondre. Il se tourna vers Luciano:

- Mais, je viens de dire au vendeur, dit-il en le regardant puis il se retourna vers Luciano : - que je ne suis pas un espion et je ne connais même pas les Hells. J'ai une preuve : si je faisait parti des Hells, je vous connaîtrais., dit-il en regardant Luciano et en essayant de ne pas montrer sa peur. - Et si je vous connaissais, je n'aurais surement aucune envie de vous rencontrer. Merci, mais je n'est pas envi de finir dans un siège roulant à mon âge ! Je ne travaille pour personne, monsieur ! Il finit sa phrase en regardant Luciano droit dans les yeux.

Il s'arrêta en attendant la réaction de Luciano.

"Tu vois, Luciano.", glapit Marvin Jones. "Il se fout de nous ! Il faut le forcer à avouer !"

La réponse de James n'avait pas perturber le moins du monde le dénommé Luciano. Ses yeux froids étaient toujours rivés dans ceux du gamin, comme s'il cherchait à lire au fond de son âme. Un rictus cruel souleva brièvement les coins de ses lèvres fines.

"Tu as tord de le prendre comme ça, petit.", ricana-t-il de sa voix glaciale. "Tout serait tellement plus facile si tu nous racontais tout..."

Sortant un couteau à cran d'arrêt de sa poche, il en fit jaillir la lame et s'approcha du jeune agent. D'un geste précis, il introduisit celle-ci dans le col du t-shirt du garçon et fendit le tissu d'un geste précis. L'écartant, il découvrit la poitrine nue du prisonnier avant de se redresser, l'air surpris.

"Il ne porte aucun tatouage.", constata-t-il. "Aucune marque d'appartenance aux Sharks ou au Hells..."

Commençant à douter, l'homme fit un pas en arrière en rangeant son couteau.

[color=darkred]"Il faut tirer ça au clair..."[color], décida-t-il. "Claudio, tu restes à proximité et tu le surveilles ! Marvin, tu viens avec moi !"

Sur ces mots, il quitta la petite pièce, suivi par ses deux complices. La porte se referma, laissant James seul, toujours attaché sur sa chaise. Un léger bruit, à l'extérieur, indiquait que Claudio prenait position devant la porte pour prévenir toute tentative d'évasion.

James avait vraiment eu peur quand Luciano avait approché le couteau de lui. Mais quand il l'avait vu juste déchirer son tee-shirt, il avait été rassuré, d'autant que Luciano n'avait repéré aucune marque. Ce qui montrait qu'il ne faisait partie d'aucun gang : ni des Sharks, ni des Hells. Et surtout, il était seul enfin avec Claudio, mais il trouverait bien quelque chose pour le faire partir. C'était donc le moment d'agir pour se sauver !

Son plan était assez simple : il ferait semblant de s'étouffer. Claudio s'approcherait normalement de lui pour voir ce qui se passait. Puis James pourrait se lever et essayer de le mettre à terre. Si sa marchait, il essayerait de fuir, puis il appellerait son contrôleur de mission pour lui expliquer la situation. Mais si Claudio appelait Luciano, il lui dirait qu'il s'était étouffé avec sa salive. Luciano se moquerait surement de lui mais son excuse était crédible. James était stressé, qui était plutôt normal car il était attaché à une chaise en ne sachant ce qui allait lui arriver. Son plan était parfait. Enfin pour lui, il était parfait. Maintenant il ne restait plus qu'à le faire.

Mais d'abord, il devait libérer ses mains. Il commence à les secouer un peu sans succès. Il les tira vers sa chaise en espérant que le ruban adhésif se casse. Sans succès, mais une douleur lui traversa l'avant -bras. Il essaya de se tourner pour voir ce que c'était mais il n'y arriva pas. Alors il toucha toute la chaise avec sa main et oui, il y avait des aspérités ! C'était sa chance, il approcha le ruban adhésif de la chaise et recommença en essayant de le casser.

Serrant les dents, James essaya de tirer partie des aspérités qu'il sentait sur sa chaise pour user et déchirer le scotch qui lui immobilisait les mains dans le dos. La position était délicate car le garçon ne pouvait absolument pas voir ce qu'il était en train de faire. Méthodiquement, il commença à faire des mouvements de va-et-vient, frottant ses poignets contre les montants métalliques de sa chaise. Il espérait que les imperfections qu'il avait décelées dans le métal seraient suffisantes pour accrocher le plastique du ruban adhésif.

Les gestes étaient malaisés et, rapidement, James sentit ses muscles se tétaniser alors que la sueur coulait le long de ses tempes. Un petit gémissement de douleur lui échappait parfois lorsqu'un des éclats de métal entamait la peau de ses poignets plutôt que le scotch mais, sans se décourager, l'agent poursuivait son travail de sape, l'interrompant parfois pour s'assurer que personne n'entrait dans sa cellule.

Il sentait quelque chose lui couler le long des mains, les rendant poisseuses. Il ne savait pas s'il s'agissait de transpiration ou du sang qui coulait de ses écorchures, peut-être un peu des deux finalement, mais cela ne le ralentissait pas dans ses efforts.

Au bout de longues minutes, James sentit que le lien reliant ses poignets devenait de plus en plus lâche. Redoublant d'effort, il accéléra les frottements contre la chaise jusqu'à sentir le scotch céder brusquement, le laissant libre de ses mouvements.

Respirant profondément, le gamin fit jouer un peu ses poignets, ouvrant et refermant plusieurs fois ses doigts pour activer la circulation, puis il détacha la corde qui reliait ses chevilles, s'arrangeant pour simplement la laisser poser afin de ne pas éveiller la méfiance de celui qu'il s'apprêtait à berner.

Puis, mettant son plan en action, James commença à tousser, se raclant la gorge de plus en plus fort, faisant semblant de s'étouffer en s'agitant sur sa chaise dans une crise d'épilepsie. Tout d'abord, il ne se passa rien, le geôlier faisant la sourde oreille à la crise de son prisonnier ou ne l'entendant pas. Mais comme celle-ci se prolongeait, le jeune Hispanique dut se sentir gagner par l'inquiétude car la porte s'ouvrit et il passa la tête par l'ouverture.

"Tu fais quoi, là ? Arrête de suite !", commanda-t-il d'une voix qu'il s'efforçait de rendre menaçante.

Voyant que cela n'avait aucun effet sur le prisonnier qui continuait à tousser à fendre l'âme, Claudio s'avança vers le gamin, confiant en la solidité de ses liens, et se pencha vers lui. Aussitôt, James se détendit comme un ressort, heurtant avec son crâne la mâchoire du jeune délinquant et le faisant tomber en arrière. Profitant du moment de faiblesse de son adversaire, l'agent lui tomba dessus et lui porta un atemi sec à la gorge.

Claudio ouvrit la bouche mais ne parvint pas à crier. Ses yeux se révulsèrent et il perdit connaissance, gisant à terre. S'époussetant les genoux, James se releva lentement, tous ses sens aux aguets. Tout était calme. La brève échauffourée ne semblait pas avoir été remarquée.

James était très heureux que son plan ait marché. Sa mission n'allait peut-être pas se finir tout de suite. Maintenant, il devait prévenir son contrôleur de mission pour coincer Luciano. Mais avant ça, il avait d'abord des petits détails à régler :

il se tourna vers Claudio et regarda s'il ne s'étouffait pas avec sa langue. Non aucune alerte, tout aller bien pour lui. Puis il le mit sur la chaise où lui-même avait été ligoté et il prit le ruban adhésif pour le lui mettre sur la bouche. Après, il ramassa la corde pour lui attacher autour des poignets. Il s'assura qu'il avait assez serré pour qu'il ne s'enfuit pas. Parfait. Maintenant, James devait prévenir de suite le commander Sexton. Il fouilla Claudio à la recherche d'un téléphone portable. Il fouilla toutes ses poches, puis... Oui, c'était bien un téléphone. Il le sortit de la poche de Claudio, puis l'examina de gauche à droite. Il l'alluma. La batterie était assez chargé pour pouvoir envoyer un SMS. Mais il y avait un gros problème : le mot de passe. Le téléphone de Claudio avait un mot de passe ! Il ne manquait plus que ça...

Il réfléchit à ce qu'aimait Claudio ? Ou sinon à ce qu'il détestait ? Ou alors le chiffre était sa date de naissance. Il devait absolument trouver !

James eut un peu de mal à soulever un Claudio assommé pour l'asseoir sur la chaise et l'y attaché mais, en bandant ses muscles, le gamin réussit à trouver la force et l'énergie nécessaire pour arriver au bout de cette tâche.

Fouillant rapidement son prisonnier inconscient, il trouva facilement le smartphone ainsi que le porte-monnaie du jeune Hispanique. La joie de la découverte du moyen de communication fut courte lorsqu'il s'avéra que le téléphone était verrouillé par un code d'accès à quatre chiffres. Dommage, cela aurait été trop simple, autrement.

Songeur, James dévisagea Claudio, comme si le code utilisé allait s'inscrire en lettre d'or sur le front du garçon attaché. En plus, le temps pressait et Luciano risquait fort de revenir. Ce n'était pas la peine d'être un grand devin pour se douter de sa réaction en découvrant la scène...

Se disant que, souvent, les propriétaires d'un téléphone ne prenait pas la peine de changer le code d'origine, James pianota rapidement "0000" et grimaça lorsqu'il constata son échec. La première tentative venait d'échouer, il n'avait droit qu'à deux essais supplémentaires avant de bloquer définitivement l'appareil. Une autre solution fréquente consistait à mettre sa date de naissance.

Inspectant le porte-monnaie de Claudio, le jeune agent en sorti une carte scolaire au nom de Claudio Riverra, né le 26 mai 2001 à Liverpool, comté de Merseyside. Avec un sourire, il tapa "2001" pour voir un nouvel échec s'afficher. Plus qu'une seule tentative ! James allait-il oser continuer sur la piste de la date de naissance ? Ou allait-il plutôt réveiller Claudio pour le forcer à parler ?

Optant finalement pour la première solution (son prisonnier, une fois réanimé, préférerait certainement appeler au secours plutôt que de coopérer), l'agent saisit "2605" et faillit sauter de joie en voyant l'écran s'allumer et lui donner accès à toutes les fonctions du téléphone.

Tapant rapidement le numéro du commander Sexton (heureusement que ce dernier s'était assuré que le gamin l'avait bien appris par coeur avant de le lâcher dans la nature), James attendit fébrilement que son contact décroche. Lorsque la voix bourrue du policier se fit entendre, le garçon poussa un soupir de soulagement.

"Oui, allo ?"

James fut très rassuré d'entendre la voix de son contrôleur de mission, le commander Sexton. Mais il devait se dépêcher, il n'avait pas beaucoup de temps. Seules cinq minutes environ s'était écoulées, il devait encore avoir cinq minutes ou au mieux 10 minutes devant lui. Mais il n'avait plus le temps de réfléchir, il expliqua vite fait la situation à son contrôleur :

- Allo. Oh merci, c'est moi James. Je vais vous expliquer vite fait la situation je n'ai plus beaucoup de temps... Après avoir suivi le garçon, le vendeur m'a trouvé et ma kidnappé j'ai été attaché à une chaise et une personne nommé Luciano ainsi que le vendeur m'ont interrogé. Ce Luciano doit être le chef d'un gang d'ici. Bref après avoir vu que je ne portais pas de tatouage, il est parti parler avec le vendeur de mon cas, et Claudio est resté avec moi. J'ai réussi à le mettre ou de combat. Je lui ai ligoté les mains et mis un bout de ruban adhésif sur la bouche pour ne pas qu'il crie. Il se calma pour reprendre son souffle. - Maintenant vous pouvez m'aider si possible ?

James poussa un soupir de soulagement. Le commander Sexton était au courant de tout. Il allait venir l'aider et Claudio était ficelé sur une chaise. Il ne pouvait plus rien lui faire !