2015/06/02-IM – La Valette, Malte – [Mission d'introduction de Gepetto Del Capone] – Une mystérieuse disparition

Allongé dans son lit, Gepetto peinait à trouver le sommeil. Les respirations de ses trois compagnons de chambres s'élevaient, régulières, et lui faisaient nettement prendre conscience qu'il ne se trouvait plus au Campus, mais dans un dortoir de l'orphelinat Sainte-Hélène du Saint-Suaire, à La Valette, où sa dernière mission venait de l'envoyer.

Concentré, il revoyait encore très nettement le dossier qu'il avait étudié attentivement, lui présentant le contexte précis de sa mission.

Citation :

** CONFIDENTIEL **

ORDRE DE MISSION DE GEPETTO DEL CAPONE

CE DOCUMENT EST ÉQUIPÉ D'UN SYSTÈME ANTIVOL INVISIBLE. TOUTE TENTATIVE DE SORTIE HORS DU CENTRE DE CONTRÔLE ALERTERA IMMÉDIATEMENT L'ÉQUIPE DE SÉCURITÉ.

NE PAS PHOTOCOPIER - NE PAS PRENDRE DE NOTES

Destination : La Valette (Malte)

Contexte :
L'île de Malte :
Malte, en forme longue la République de Malte, est un État insulaire, membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004. Elle a intégré la zone euro le 1er janvier 2008.

C'est le plus petit État de l'Union européenne, c'est aussi le pays le plus dense du monde, sans compter les cités-États.
Malte est composée de sept îles de la mer méditerranée. Seules les trois plus grandes, Malte, Gozo et Comino, sont habitées. Le faible relief rocheux comporte des falaises sur les côtes.

Située au cœur de la Méditerranée, Malte est un creuset de civilisations, dont l'histoire remonte à plusieurs millénaires. Le pays est habité depuis environ 5200 av. J.-C. et une civilisation préhistorique importante a existé sur ces îles avant l’arrivée des Phéniciens, qui ont donné à l’île principale le nom de Malat, qui signifie havre/refuge. Par la suite, pendant des siècles, Malte a été le siège de l’ordre des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean, avant de faire partie de l’empire britannique. Malte est devenue indépendante en 1964.
La langue nationale est le maltais, qui est une langue sémitique, au même titre que l'arabe. L'anglais a également rang de langue officielle et nombre de Maltais s'expriment aussi en italien.

Sa capitale est La Valette, ville du XVI^ème siècle comprenant de nombreux bâtiments de l'époque des chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

L'orphelinat Sainte-Hélène du Saint-Suaire :
Orphelinat pour garçon, il a été créé en 1857 pour accueillir les nombreux enfants qui traînaient dans les rues de La Valette. Depuis cette date, l'établissement s'est toujours acquitté de sa mission avec zèle et bienveillance et offre un refuge à ceux que la vie n'a pas épargnés. Ses portes sont ouvertes aux garçons âgés de six à seize ans. Y sont admis, pour une durée plus ou moins longue, aussi bien les malheureux orphelins que ceux que les services sociaux soustraient provisoirement à leur famille pour une raison quelconque. Il arrive également que de jeunes délinquants y passent quelques jours dans l'attente d'un transfert vers un établissement mieux adapté.

La directrice actuelle, mère Mary Stigmata, occupe ces fonctions depuis début 2015.

Régulièrement, des agents de Cherub y sont envoyés en mission de recrutement.
Le dernier agent, chargé de cette mission, était Brian Morgan, t-shirt gris, âgé de 12 ans, en place depuis un mois.

Il avait été présenté comme un jeune orphelin, trafiquant de drogue, devant séjourner à l'orphelinat pendant trois à quatre mois, en attendant qu'un arrêté judiciaire ne statue sur son sort. Le garçon devait donner des nouvelles quotidiennes à Steeve Frescot, officiellement responsable d'une agence d'import-export mais également, de façon plus officieuses, correspondant du MI 6 à La Valette.

Brian n'a pas donné signe de vie depuis 48 heures. Son silence lors de deux vacations successives a suscité l'inquiétude de son contact. L'orphelinat, interrogé à ce propos, a signalé que le garçon aurait fait une fugue, ce qui apparaît comme hautement improbable.

Mission : Retrouver Brian Morgan et découvrir ce qu'il s'est réellement passé.

Rôle de CHERUB : L'agent endossera l'identité de Nicola Spantini, récemment arrêté pour cambriolage. En attendant son premier entretien avec le juge, il aura été placé pour quelques jours au sein de l'orphelinat Sainte-Hélène du Saint-Suaire. Il devra mener une enquête discrète et rapide pour déterminer pourquoi Brian Morgan a disparu et où peut-il bien se trouver actuellement.

L'attention est portée sur la nécessité de faire vite. Bien que rien ne laisse actuellement présager un destin tragique, le silence brutal et injustifié d'un agent de Cherub est, pour le moins anormal.


NOTE : CET ORDRE DE MISSION A ETE APROUVE PAR DEUX VOIX CONTRE UNE PAR LE COMITE D'ETIQUE DE CHERUB. Cette mission est classée RISQUE MOYEN.

Le contrôleur de mission sera Steeve Frescot, correspondant local du MI 6 qui relayera toutes les informations obtenues vers le Campus.

Il est rappelé aux agents qu’ils ont le droit de refuser de prendre part à cette mission et qu'ils peuvent l’interrompre à tout moment de son déroulement.

Bien que ne connaissant pas personnellement le disparu, Gepetto était décidé à faire son possible pour retrouver rapidement sa trace, non pas par sympathie envers un "collègue" de travail mais simplement parce que le jeune Italien ne supporterait pas d'essuyer un échec. De part son expérience des milieux mafieux, il savait parfaitement que lorsqu'un enfant disparu n'était pas retrouvé dans les 24 heures, ses chance de survie étaient assez faible. Or, voilà plus de trois jours que le jeune Brian n'avait donné aucun signe de vie.

Arrivé à l'orphelinat au milieu de la nuit, Gepetto s'était rapidement couché en silence, sans réveiller les autres occupants de la chambre. Il serait bien temps, au petit matin, de faire connaissance, de régler les détails administratifs et, "accessoirement" de commencer l'enquête.

Gepetto était allongé sur son lit, le matelas était dur, il lui provoquait des démangeaisons bref il était inconfortablement installé. Certes, il avait appris à vivre dans des conditions difficiles et a dormi n'importe tout durant son programme d'entrainement initial. Toutefois le jeune homme avait gardé un gout très prononcé pour le luxe et les bonnes choses ainsi malgré ce qu'il avait enduré être dans de mauvaises conditions l'agaçait profondément, il méritait mieux !

D'autant plus que le début de la mission ainsi que la respiration de ses camarades ne l'aidait pas à trouver le sommeil. Bref, le jeune albinos se mit à repenser à la mission, après son succès au Kenya, il avait songé qu'on ne le restreindrait plus a des missions risques moyens, et pourtant il était là à faire une enquête que n'importe gamin débutant aurait pu effectuer

.À croire que la vielle chouette ne comprenait rien! Toutefois, il y avait un point positif, son personnage était un cambrioleur, certes, pas grand-chose àvoir avec la classe incarnée qu'il était lors de son ancienne vie mais l'on pourrait s'en rapprocher. Le jeune homme regarda sa montre dont les aiguilles fluorécente affichaient l'heure. Il était deux heures trente-trois du matin, et l'agent ignorait tout de cet endroit et donc de l'heure à laquelle il se lèverait. Ne pas maitriser une chose telle que cela, voilà ce qui constituait un autre motif d'agacement pour l'albinos. Toutefois, il tenta de se détendre et commença à élaborer une couverture digne de ce nom.

"Je suis né en Italie à Rome, mes parents ont très vite immigré vers l'Angleterre, quand j'avais sept ans ils sont morts, alors j'ai été placé en famille d'accueil puis j'ai navigué entre différents orphelinats, puis quand j'avais douze ans j'en ai eu marre de me taper les trois livres d'argents de poche par semaine, alors avec un pote on a commencé les cambriolages. Au début c’était rien, un distributeur de clope par ci ou encore quelques vols de porte-monnaie dans le métro, et puis un jour j'ai décidé de monter un coup en solo, je me suis pointé dans un magasin avec un flingue qu'un pote m'avait trouvé au marché noir, je l'ai braqué sur le vendeur en exigeant qu'il me donne ce qu'il avait. Il l'a fait je suis parti en courant après sauf qu'un flic était à côté du magasin alors il m'a arrêté et ils m'ont collé ici en attendant que je sois reçu par un juge".

Perfectionniste, le jeune homme aimait pouvoir maitriser sa couverture a la perfection, une heure plus tard l'adolescent était parfaitement en mesure de donner le nom de tous les établissements scolaires qu'il avait fréquentés, de la plupart de ses amis et de raconter quelques anecdotes.

Prendre tant de précaution pour une enquête qui n'allait durer qu'un jour ou deux pouvait paraître totalement inutile et cela n'était sans doute pas vraiment nécessaire. Pourtant, le perfectionnisme et la paranoïa du jeune albinos l'empêchaient de faire autrement. Une fois cette précaution prise, il se demanda comment il introduirait la question de l'agent, au bout d'un certain il décida qu'il tenterait d'analyser les garçons et de glisser cela dans les conversations si le sujet ne venait pas de lui-même.

Il fallait qu'il réussise cette mission, l'échec d'une mission aussi simple pour un agent confirmé serait honteux et synonyme d'une mise au placard. Déjà que les blancs ne pouvaient pas l'encadrer alors il ne pouvait pas se permettre d'échouer là où il prouvait sa valeur. Aux alentours de quatre heures du matin, l'ancien mafieux s'endormit. Puis au bout d'un certain temps, alors que l'astre des dieux pointait peut-être quelques rayons il fut réveillé par les voix de ses trois camarades de chambre. Il ouvrit ses yeux rouges, se préparant à être harcelé de questions.

Les chuchotements des trois occupants de la chambre finirent par tirer Gepetto de son sommeil. Les adolescents s'exprimaient en italien, langue que l'agent maîtrisait parfaitement.

"C'est qui ce type ?"

"T'as vu la tronche de vampire qu'il se tape..."

Autour du lit de Gepetto, se trouvaient trois garçons approximativement de l'âge de l'agent, l'air passablement surpris de trouver un étranger dans leur chambre. Encore en caleçons et t-shirt, les enfants semblaient disposés à perdre quelques minutes pour éclaircir ce mystère avant de replonger dans la routine quotidienne.

Jamie	Leon	Matt

Voyant que le nouveau était réveillé, une pluie de questions lui tomba dessus avant qu'il n'eut fini d'ouvrir les yeux.

"Tu fous quoi ici, toi ?", demanda le blond aux cheveux courts. "T'es arrivé comment ?"

"Tu t'appelles comment ?", s'enquit Matt, le plus vieux de la bande.

"Tu vas rester longtemps ici ?", intervint enfin le dernier comparse.

Un brouhaha montait des autres chambres tandis que l'orphelinat s'éveillait. Des bruits de pas provenant du couloir claquaient sur le parquet, rappelant à l'ordre les camarades de chambre de Gepetto.

"Merde, on va être à la bourre pour le petit-dej ! J'pense que tu peux rester au pieu, comme c'est ton premier jour, sauf si tu veux bouffer un peu. La pingouine te recevra plus tard…"

Rapidement, les trois garçons saisirent les vêtements qui traînaient en vrac au pied de leur lit, pour les enfiler rapidement, ne s'occupant plus de Gepetto pour le moment. Les horaires devaient être assez stricts dans l'établissement et personne ne semblait vouloir prendre le risque d'arriver en retard au petit-déjeuner.

[HRP]Je ne te mets les prénoms de tes camarades que pour des raisons de simplification. Tu ne les connaîtras réellement qu'une fois la conversation engagée et les politesses d'usage effectuées.[/HRP]

En entendant la vanne stupide Gepetto manqua de se lever afin de faire ravaler ses paroles au gamin qui avait dit cela. L'agent supportait déjà très mal sur son physique qu'il considérait comme géniallisme alors si en plus la personne osant lui faire un reproche de cet ordre-là ne se montrait un tant soit peu original cela ne pouvait que l'agacer. Pourtant il n'était pas sur le campus où une telle moquerie aurait eu des conséquences douloureuses pour le moqueur mais en mission. Et il se devait d'entretenir de bon rapport avec des jeunes qui pourraient peut-être le renseigner sur Brian. D'autant plus qu'il avait compris que pour l'instant, ses compagnons de chambre le croyaient encore dans les bras de Morphée.

Alors il ouvrit les yeux se redressa et après un harcèlement de question, Gepetto s'apprêtait à ouvrir la bouche afin de leur fournir les informations qu'ils désiraient. Plus vite les bases de la présentation seraient posés, plus vite il pourrait enquêter sur Brian. Certes il sentait que ses gamins allaient vite l'énerver mais l'agent ferait avec. Après tout, dans le genre agaçant il n'était pas en reste et il avait surtout connu pire que cela! Alors soudain, arrêtant l'agent dans son futur élan oratoire, des pas se firent entendre. Alors les jeunes se mirent à s'habiller avec rapidité. Après la déclaration de l'un d'eux, le jeune compris un élément essentiel. Ils avaient peur d'arriver en retard, le jeune trouvait cela tout simplement pitoyable, l'autorité n'était pas faite pour être crainte mais pour être combattu!

Encore un autre motif d'agacement pour l'albinos, il avait décidément toutes les raisons du monde de se montrer froid, méprisant et hautain. Ah si seulement il n'avait pas été en mission! Tout en prenant sur lui-même, l'agent ôta la couette qui le recouvrait révélant son corps musclé seulement couvert d’un caleçon noir et blanc. Puis, pendant qu'il prenait des vêtements dans sa valise il commença à parler. Il fit exprès d'adopter un registre de langage relâché ainsi qu'un comportement sympathique ce qui était en soi totalement contraire avec ses vrais désirs. Le seul côté positif à sa situation était probablement la langue utilisée par les gamins, l'italien, langue natale de notre jeune protagoniste. L'adolescent adorait l'utiliser, il trouvait qu'elle resplendissait de noblesse, et cela lui rappelait son enfance. Si un jour il devenait maître du monde (ce qui était selon lui certain! ) il en ferait la langue commune! L'albinos s'exprima donc lui aussi dans cette langue et avec un accent parfait.

-Je m'appelle Nicola Spantini je suis ici par ce que les flics m'ont choppé en plein cambriolage, et comme mon ancien orphelinat voulait plus de moi ils m'ont collé dans ce trou en attendant que le juge me reçoive je vais squatter ici quelques jours je pense et je crois que je vais aller bouffer j’ai la dalle ! Ils sont sévères ici .

Pendant ce temps le jeune avait pris des vêtements, il les enfila rapidement tout d’abord les chaussettes puis le jean baggy et enfin un sweet shirt noir. Il n’aimait pas ce genre d’habit et connaissant les origines du jean baggy il préférait autant ne pas en porter. Hors cela collait à son « personnage », son regard se porta rapidement sur ses camarades, ils avaient entre dix et treize ans, certes Gepetto n’était pas loin de cet âge-là du haut de ses 13 ans et demi, mais il s’en fichait. Tout le monde lui était inférieur de toute façon, les gamins semblaient encore jeunes dans leurs tetes, des jeunes esprits simples à exploiter pour l’agent…

"Salu Nicola, moi, c'est Matt.", se présenta à son tour celui qui semblait être le chef du petit groupe. "Lui, c'est Jamie. Et lui, Leon…"

Le dénommé Leon semblait comme hypnotisé par Gepetto, détournant rapidement le regard lorsque celui-ci croisait les yeux rouges de l'albinos. Le physique étrange de leur nouveau compagnon de chambre fascinait celui qui apparaissait comme étant le plus jeune de la bande.

"Un cambriolage… Putain… T'as essayé de braquer qui ?", murmura Jamie, l'air admiratif et légèrement impressionné.

"Sévères ?", répondit Matt. "Assez strict oui. Faut pas moufter mais ça doit être partout comme ça… Le risque, si on arrive à la bourre, c'est surtout de rien avoir à béqueter…"

Les quatre jeunes adolescents se mêlèrent rapidement au flot de pensionnaires, se dirigeant tous dans la même direction. Les tignasses ébouriffées et les yeux encore endormis témoignaient du réveil récent des enfants mais qui n'auraient manqué pour rien au monde la perspective d'un repas.

Après avoir emprunté d'interminables couloirs au parquet ciré et descendu trois ou quatre escaliers, Gepetto était convaincu qu'il allait lui falloir quelque temps pour se retrouver parfaitement dans le labyrinthe des passages de l'établissement. Visiblement, le réfectoire n'était pas tout à coté des dortoirs…

Débouchant enfin dans une grande salle, le jeune agent se crut plongé plus de cinquante ans en arrière, tant l'aspect de la pièce tenait du cliché ordinairement réservé aux pensionnats de l'après-guerre (celle de 39-45, bien sûr). Au fond du réfectoire, une grande table était disposée, derrière laquelle une dizaine d'adultes, entourant une religieuse au visage sévère que Gepetto reconnut comme étant la directrice de l'établissement, leur faisaient face et mangeaient en parlant entre eux à voix basse. Une vingtaine de tables, pouvant accueillir chacune dix enfants, étaient alignées sur trois colonnes. Plusieurs pensionnaires étaient déjà arrivés et dévoraient leur petit-déjeuner dans le plus grand silence.

Le brouhaha qui avait accompagné la progression dans les couloirs s'arrêta net à l'entrée dans le réfectoire où on aurait pu entendre une mouche voler. Dans le sillage de ses trois compagnons de chambre, Gepetto se glissa derrière une table à côté de Matt.

"La pingouine, c'est elle…", chuchota ce dernier, en désignant, inutilement d'ailleurs, du regard la religieuse. "T'iras surement la voir tout à l'heure. Gaffe à elle ! Elle a la baguette facile…"

"J'te garantis qu'après on a du mal à s'asseoir.", confirma Leon qui venait de prendre place en face. "J'comprends ceux qui se bar… Aie…"

Soucieux de se faire entendre de son vis-à-vis, le garçon avait machinalement élevé la voix et attiré l'attention d'un surveillant qui passait derrière lui. Saisi par l'oreille, le malheureux gamin s’interrompit net et fut contraint de se lever. L'homme prononça une phrase en maltais que Gepetto ne comprit pas, tout en traînant sa victime jusqu'à un angle du réfectoire. Penaud, Leon mit les mains sur la tête et monta sur un tabouret où il se tint, le nez contre le mur.

Gepetto songea que la discipline devait en effet être très stricte, si un jeune gosse était ainsi contraint de rester sur un tabouret face à un mur pour une simple parole cela promettait, et ça expliquait aussi la fréquence des missions de recrutement de CHERUB dans cet endroit. Il se promit qu'il ne resterait pas longtemps dans cet endroit où la discipline semblait plus stricte encore que sur le campus. Puis il plongea ses yeux rouges dans ceux de Jamie, le sentiment semblable a la peur qu'ils provoquaient chez les autres avait toujours eu le don d'amuser l'albinos. Cela l'agaçait légèrement aussi, d'un geste il se servit du lait chaud et commença répandre du chocolat dedans. Puis, il entreprit de s'exprimer en chuchotant afin de répondre aux gamins, celui répondant au prénom de Jamie semblait facilement impressionable cela allait l'aider.

- C'était un magasin de bouffe assez populaire, je suis entré j'ai braqué sur lui un flingue qu'un pote m'avait refilé grace au marché noir et j'ai ordonné au vendeur de me filer le fric de la caisse, ça aurait pu bien se terminer pour moi si je ne m'étais pas fait chopper par un flic qui n'était pas loin de la sortie

Après cela, l’adolescent porta le tasse de lait chaud à ses lèvres et commença à boire la mixture, le jeune homme préférait le café mais il n'y en avait pas sur la table, une partie de lui-même n'avait qu'une envie, aller se plaindre de la mauvaise qualité du service et de l'absence de café. Or il ne pouvait pas et doutait que du café soit disponible pour les pensionnaires. Puis il se servit du lard et des oeufs le jeune homme était le genre de personne qui mangeait énormément sans prendre en grammes. Cela lui convenait parfaitement, puis tout en consommant ce qu'il avait pris et en remarquant le gout étrange du lard il recommença à parler toujours à voix basse.

-Putain ils ont quand même l'air d'une sacrée bande de chieurs dans mon ancien foyer ce n'était pas pareil y en a beaucoup qui ont réussi à se tirer ?

Gepetto se sentit satisfait, les présentations étaient faites, ses compagnons connaissaient son histoire, il avait pris quelque peu conscience de l'endroit ou il vivait et surtout, il avait posé une question qui pouvait paraître naturelle de la part d'un jeune paraissant rebelle et avait commencé l'enquête. Les enfants qu'il côtoyait semblaient relativement bavard contrairement aux autres qui semblaient à vue d'oeil peu loquace. Il considéra la "pinguine ". Elle lui semblait en effet très autoritaire rien qu'à voir son visage austère et droit. Physiquement elle ressemblait un peu à la chouette, m'enfin elle ne battait pas les pensionnaires bien que Gepetto s'était vue infligés de sa part des punitions aussi mémorables que douloureuses.

Il se souvenait par d'exemple, d'un long mois de nettoyage de cuisine car il avait "juste" mis des bombes puantes dans une machine à lancer des balles de tennis et s'était servi de la machine sur des t-shirts blancs. Le jeune avait toujours tout fait pour défier l'ordre, il lui semblait affligeant de ne pas pouvoir le faire dans un endroit pareil. Certes les sévices corporels lui déplaisaient comme a tout enfant n’étant pas adepte de la philosophie de Mazo. Hors il avait connu pire que la simple torture physique durant le PEI et ses trois autres missions. Le calme du réfectoire semblait étrange à Gepetto, on était loin de l'ambiance conviviale du campus et des plats délicieux qu’ils servaient, même les chaises de l’orphelinat semblaient prête à rendre l’âme. Il but un verre de jus d'orange, face à l'acidité detestable de celui-ci, il n'eut vraiment qu'une envie, le recracher au visage de la directrice afin de lui montrer ce qu'il pensait de cela. Vraiment, l'enfant sentait que cette mission allait exiger qu'il change totalement de personnalité. Il s'agissait sans doute de l'un des côtés le plus detestable de l'infiltration.

Matt fit une grimace dépité en suivant des yeux Leon qui venait de se faire épingler par le surveillant. Le gamin savait pourtant qu'il était interdit de faire du bruit pendant le repas mais il s'était, encore une fois, laissé emporté par son côté impulsif.

"Bah, dans l'ensemble, ils sont pas trop vaches.", murmura le garçon en regardant Gepetto du coin de l'œil. "Faut quand même avouer qu'avec l'arrivée de la pingouine, ça a rudement serré la vis…"

"C'est clair…", confirma Jamie en s'assurant qu'aucun adulte ne passait à proximité de leur table. Se penchant un peu plus, il baissa encore la voix pour adopter un ton confidentiel. "Y'a dû y en avoir quatre ou cinq qui se sont faits la malle…"

"Oui, c'est ça…", réfléchissait Matt. "Silvio, fin janvier. Pete, deux semaines après, puis Marcello ensuite. Et, là, y'a quatre jours, c'est Luca qui a mis les bouts, et Brian le lendemain…"

Il y eu un moment de silence, pendant lequel Jamie en profita pour se resservir un grand bol de lait.

"Ils sont salauds, en tout cas, de faire ça en solo…", reprit Matt avec une pointe de rancœur. "S'ils ont trouvé une combine pour se tirer, ils auraient pu en parler aux copains…"

Un coup de sifflet retentit soudain, interrompant net le garçon. À ce signal, tous les pensionnaires se mirent aussitôt debout, se tenant bien droit, les bras le long du corps. Puis, sur un nouveau coup de sifflet, tout le monde quitta le réfectoire, toujours en silence. Au moment où Gepetto allait suivre le mouvement, avec un temps de retard, un appel sec l'immobilisa sur place.

"Le nouveau, chez la directrice ! De suite ! Leon, tu l'accompagnes !"

Cet ordre impétueux n'admettait aucune réplique. Tournant la tête vers la table de l'encadrement, le jeune Italien put voir qu'il ne restait dans la salle que Leon qui descendait, penaud, de son tabouret pour le rejoindre et le surveillant qui avait fait preuve d'autoritarisme quelques temps auparavant. Ce dernier fit un geste de la main pour congédier les deux adolescents et faire accélérer les choses qui n'allaient pas assez vite à son goût.

"Et dépêchez-vous !", ajouta l'homme. "Elle n'a pas que ça à faire…"

"Viens, suis-moi…", murmura le gamin en passant à hauteur de Gepetto.

Rapidement, les deux garçons s'éloignèrent, se dirigeant vers le secteur de l'orphelinat interdit aux pensionnaires, comme en témoignaient les pancartes indiquant "Personnel seulement" ou "Réservé Direction".

Tout en marchant au côté de son camarade de chambre, Gepetto analysait plusieurs choses en même temps, tout d'abord il gravait dans sa mémoire le chemin qui menait au bureau de la directrice tout en humant l'air ambiant, le faite d'associer ce souvenir aux odeurs faciliterait sa mémorisation. Comme il l'avait prévue, l'orphelinat était un vrai dédale de couloirs, il sentait encore la cire fraiche. Le jeune homme pensait aussi aux informations que les garçons lui avaient fournies en toute innocence. L'agent Brian n'était pas le seul à avoir disparu « Silvio, fin janvier. Pete, deux semaines après, puis Marcello ensuite. Et, là, y a quatre jours, c'est Luca qui a mis les bouts, et Brian le lendemain… ».

La cause de ses disparitions pouvaient très bien être totalement banale, oui les enfants pouvaient très bien ne pas avoir supporté l'atmosphère de l'orphelinat. Hors cinq enfants disparaissant mystérieusement en l'espace d'un mois et demi s'était louche, plus que louche même. D'autant plus que Brian n'avait aucun intérêt à quitter l'orphelinat, il s'exposait à une punition encore bien plus lourde, et si le gamin avait voulu abandonner la mission ou quitter CHERUB, il n'aurait eu qu'à passer un coup de fil au campus. Gepetto en était maintenant presque persuadé, les disparitions étaient liées et les gamins n'avaient pas fui pour fuir ils avaient peut-être même été enlevé! Toutefois, son hypothèse était encore bien mince, le jeune homme se mit à maudire son contrôleur de mission, il aurait dû lui donner un descriptif des pensionnaires.

De toute façon, l'italien demanderait des informations sur les fugueurs dès qu'il pourrait entrer en contact avec Steeve Frescot. Pour l'heure, l'albinos devait tâcher d'avoir plus d'informations sur les jeunes déserteurs, étaient-ils des rebelles ou des jeunes criminels en attente de transfert, ou des éléments lambda. Une fois cette décision prise, Gepetto songea qu'il devrait encore une fois maquiller la question, utiliser un autre chemin. Les gamins ne lui semblaient pas trop méfiants toutefois, un intérêt trop marqué pour des fugueurs pourrait éveiller des soupçons. Alors, il faudrait que l'agent se renseigne sur l'existence d'autres rebelles. Cela paraîtrait légitime, alors reprenant un vocabulaire un peu familier et la langue de ses ancêtres, Gepetto déclara

-Y en a d'autres des gens qui ont fait le même genre de connerie que moi ici ?

La question était posée, maintenant Gepetto n’avait plus qu’à attendre une réponse, d’un geste il passa la main dans ses cheveux blancs et songea qu’il aurait bien aimé prendre une douche. Il avait déjà connu des jeunes venant d’un orphelinat où les douches étaient hebdomadaires et priait toujours pour ne pas tomber sur un orphelinat de ce genre, enfin les pensionnaires ne puaient pas donc a priori les douches étaient régulières. Le jeune homme détestait le manque d’hygiène, il avait même fait des remarques désobligeantes à ce sujet à l’instructeur chef lors du PEI. Bien sûr il avait été puni mais cela ne lui avait pas cloué le bec pour autant. Pour clouer le bec d’un tel jeune homme il faudrait plus, beaucoup plus que cent jours en enfer et peut importe la nature des instructeurs.

Mémoriser les différents itinéraires au sein de l'orphelinat n'était, certes pas, un exercice aisé mais Gepetto notait rapidement les quelques indices qui pourraient lui permettre de retrouver son chemin, ou, tout du moins, de retrouver le chemin vers un lieu plus familier. Ici, une statuette de Saint-Georges en armure, lance en main et dragon à ses pieds, se tenait dans une niche à droite d'une porte qu'ils empruntèrent. Là, c'était un tableau représentant le naufrage de Saint-Paul qui aurait eu lieu, d'après les actes des Apôtres, dans la baie qui porte son nom au nord-est de l'île. Là encore, une statue de Sainte-Agathe, patronne de Malte, occupait l'angle d'un palier.

Assez rapidement toutefois, les deux garçons parvinrent devant une double-porte en bois sculpté. Sur le mur, se trouvait une plaque en laiton terni indiquant "Bureau du directeur". Le poing levé pour frapper, Leon interrompit son geste pour répondre à la question de l'albinos.

"Les mêmes conneries que toi ?", répéta le gamin en réfléchissant un instant. "Tu veux dire avec un flingue et tout ?"

Un peu surpris, le garçon tourna la tête vers Gepetto.

"Y'a souvent des types qui sont de passage, comme toi, en attendant qu'le juge décide quoi en faire. Mais, j'crois qu'c'est assez rare quand c'est si grave. Généralement, c'est plus des p'tits vols ou du deal de drogue. Y'a des mendiants aussi… Il doit y avoir une trentaine de gars dans ce cas. Mais, ils restent jamais longtemps."

Haussant les épaules, Leon conclut, avec une pointe de tristesse dans la voix.

"Sinon, les autres, c'est des mecs qu'ont plus de parents ou que les parents, ils s'occupent plus d'eux…"

Le poing termina sa course pour heurter le panneau de bois, faisant retentir trois petits coups secs. À l'invitation d'entrer, le garçon poussa la porte, non sans avoir murmuré un conseil à son camarade.

"Tiens pas tête à la pingouine. Elle peut être vache si on l'emmerde trop…"

Les enfants entrèrent dans une grande pièce, de style un peu vieillot. Assise derrière un bureau encombré de dossiers se tenait la religieuse que Gepetto reconnut sans peine. Une cheminée délivrait déjà une bonne flambée en dépit de l'heure matinale. Un des murs était décoré par différents blasons, listant les armoiries des Grands Maîtres de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au cours du temps. Quelques tableaux sombres représentaient des scènes tirées des Evangiles ou des Actes des Apôtres.

Levant la tête à l'arrivée des deux garçons, la femme brisa le silence.

"Bonjour les enfants.", dit-elle en italien d'une voix doucereuse avant de tourner la tête vers Leon. "Signore Fronti, je pensais que vous aviez compris pourtant. Non content de fouiner partout, vous vous faites remarquer encore... Allez vous mettre dans le coin, je m'occuperai de vous plus tard."

Alors que le gamin, un sourire crispé sur le visage, se plaçait un peu à l'écart, la religieuse reprit :

"Signore Spantini, je présume ?". Cette question purement rhétorique posée, elle poursuivit. "Vous allez passer quelques jours parmi nous. Je compte sur vous pour ne pas nous causer de problèmes. Si vous avez des questions, vos camarades sont là pour vous renseigner mais, en attendant, y aurait-il quelque chose que vous désireriez savoir ?"

Cette fois si le jeune homme n'avait rien appris de particulier, dommage que le gamin n'est pas fait le lien entre les "criminels " et les fugueurs, il aurait sans doute pus, bon au pire cela n'était pas grave Gepetto avait déjà d'autres idées pour obtenir des informations. Son camarade le prévint que la pinguite n'aimait pas que l'on lui tienne tete, à cela l'italien manqua d'exploser de rire. Il avait tenu à tous les instructeurs du campus qui, à ses yeux étaient bien plus redoutables qu'une veille religieuse à la tete d'un orphelinat Maltais, fûsse-t'elle ou non armé d'une baguette. Après cela ils entrèrent dans le bureau, mécaniquement il enregistra tous les objets présents dans la pièce, il lui trouvait une odeur renfermé, une odeur de vieillesse à l'image de son occupante. Celle-ci commença par s'occuper de Léon.

Gepetto nota un point intéressant, malgré la crainte que le gamin avait de directrice, il semblait qu'il s'agissait d'un petit fouineur. Hors ce genre de personnage pouvait être soit très utile, soit très dangereux pour un agent en infiltration. Pendant que la vieille femme parlait, il s'efforça de trouver un moyen d'obtenir des confidences de son camarade. Il lui semblait d'un naturel bavard cela serait probablement aisé. D'autant plus que si la religieuse "s'occupait de lui" avec une baguette Gepetto pourrait en faire devenir un rebelle, l'albinos avait toujours été charismatique cela ne lui poserait pas énormément de problèmes. La religieuse finit par lui demander ce qu'il voulait savoir.

L'italien avait plus envie de lui sortir l'une des dizaines de répliques plus ou moins insolentes, allant de la simple provocation jusqu'à l'insulte pure et simple. Dès qu'il avait vu cette femme, Gepetto l'avait détesté, contrairement à la directrice de CHERUB, elle ne dégageait aucun charisme, aucune chose permettant la confiance. L'albinos détestait ce genre d'adulte, totalement dépourvu de charisme et exerçantl'autorité car l'on leur avait simplement conféré cette fonction.

Pour s'en servir il fallait un minimum d'éloquence et de magnétisme sans quoi les troupes n'avaient pas réellement envie de suivre, et sans quoi l'autorité était volée. Bien sur, tous les talents de leader du monde n'empêcheraient pas Gepetto d'être un rebelle, toute une éducation ne pouvait pas s'effondrer en quelques années même si lors des années en question il avait vécu sur une base militaire. La dernière question de la jeune femme fut presque une colle pour lui, au fond il n'avait rien de particulier à lui demander, ou en tout cas rien ne sorte du registre dû "à quelle heure sont les douches ? ". D'autant plus que cet entretien l'agaçait sérieusement, il ne pouvait pas faire avancer sa mission, quel criminel de treize pourrait demander "Avez vous des informations concernant la disparition d'un certain Brian Morgan . " . Sans que cela n'attire les soupçons de la pinguine. Alors d'un ton froid, s'accordant à son visage l''italien déclara dans la langue de son peuple

-Je crois qu'il n'y a rien pour l'instant madame

Un feu ardant brulait en la personne de notre jeune protagoniste, celui de la rébellion et de l'insolence! Il regrettait presque de ne pas avoir saisi cette occasion d'énerver le monde même malgré la mission, ce qui le retenait était bien sur le fait qu'il doive retrouver Brian dans les plus brefs délais et qu'une punition ne manquerait pas de paralyser ses recherches. Certes, l'agent n'était pas dupe si Brian avait réellement décidé de fuir même si cela était la dernière chose que Gepetto envisageait, le retrouver n'était pas de son ressort mais de celui de la direction, un agent de CHERUB était parfaitement capable de s'enfuir et de survivre seul quelque temps par ses propres moyens. D'autant plus qu'à l'époque actuelle et en soixante douze heures il aurait pu aller loin. Et s'il avait été enlever une période aussi longue trois jours aurait très bien pus lui être fatal. Donc, il ne pouvait pas se permettre une punition chaque heure représentait une chance en moins de retrouver le fugueur et donc de réussir sa mission.

"Ma mère.", corrigea sèchement la religieuse, partlant toujours en italien. "Pas, madame…"

La femme fixait Gepetto avec intensité, comme si elle essayait de lire en lui et de déterminer quel genre de pensionnaire il allait être : un enfant modèle cherchant à se faire oublier ou, au contraire, un rebelle prompt à braver l'autorité. La raison pour laquelle le garçon était censé se trouver à l'orphelinat ne plaidait en faveur de la première solution et la mère supérieure devait déjà se dire qu'il lui faudrait avoir à l'œil ce trouble-fête potentiel.

"Vous pouvez disposer, signore Spantini., poursuivit-elle en se levant pour mettre fin à l'entretien. "Rejoignez donc vos camarades."

Alors que Gepetto quittait la pièce, Mère Mary Stigmata fit le tour du bureau en saisissant la fine baguette en osier posée à portée de sa main.

"Quant à vous, signore Fronti, avancez-vous et prenez la position."

La porte se refermait alors que Leon se plaçait devant le bureau et baissait son pantalon ainsi que son boxer, avant de poser les mains sur le meuble. À travers les panneaux de bois épais, Gepetto put entendre les gémissements étouffés du gamin, ponctuant chaque cinglement de la baguette. Une dizaine de coups furent ainsi administrés avant que la directrice n'autorise le puni à se reculotter et à sortir, non sans le mettre en garde en cas de récidive.

L'albinos qui s'était un peu éloigné de la porte pour attendre son camarade le vit apparaître, finissant d'attacher sa ceinture. Le garçon avait le masque, la mâchoire crispée et le regard dur. D'un geste rageur, il essuya les quelques larmes qui avaient coulés sur ses joues avant de remarquer Gepetto.

"T'étais pas obligé de m'attendre.", commenta-t-il d'un ton qui indiquait qu'il appréciait quand même le geste. Esquissant un pauvre sourire, il poursuivit. "J'vais t'reconduire au dortoir pour pas qu'tu t'perdes et qu'on t'accuses de fouiner."

Grimaçant, Leon boitait légèrement en se frottant machinalement les fesses par-dessus son pantalon. Le bâtiment semblait bien calme, y compris le secteur des dortoirs, déserts à cette heure. Poussant la porte de leur chambre, le gamin expliqua :

"Les autres sont tous partis en cours ou en activités. J'dois les r'joindre d'ailleurs. Toi, faut qu'tu restes ici. Un surveillant va venir t'chercher bientôt. J'pense que c't'après-midi, tu nous retrouveras. Comme on reste pas longtemps ici, on est pas obligé d'aller à l'école mais ils doivent quand même faire semblant de nous occuper. Enfin, c'est toujours mieux que d'aller en classe, comme les orphelins ou les 'sociaux'."

À en croire les gémissements que Léon avait poussés, il avait été battu et cela se confirmait quand il portait machinalement ses mains à son postérieur. Le jeune homme se souvenait d'avoir eut droit à des coups de ceintures à ses débuts dans son orphelinat. Le bourreau l'avait payé très cher quand l'albinos avait peu à peu pris le pouvoir sur les brutes. De ce fait, il compatissait presque a la douleur de Léon,même si bien sur il se considérait comme bien plus important que ce pion.

Gepetto venait de comprendre pourquoi des agents de CHERUB étaient tout le temps envoyé en mission dans cet orphelinat, ladiscipline y était extrêmement stricte, plus stricte encore que le jeune homme ne l'avait imaginé. D'autant en plus sur le campus il n'y avait pas de châtiment corporel ce qui devait donner encore plus envie aux fauteurs de troubles d'y retourner.

D'ailleurs Gepetto avait frôlé ce genre de punition à un nombre incalculable de fois. Il s'en était toujours sorti avec des punitions différentes comme par exemple des tours de piste par centaines, un "tete à tete " d'une dizaine d'heures avec un instructeur ou diverse corvées.Léon venait de soulever un autre point que Gepetto ignorait totalement, seuls certains enfants allaient en classe mais alors que faisaient réellement les enfants qui n'y allaient pas ? Allaient t'il travailler ou faisaient-t-ils de réelle activité . De toute façon le jeune homme finirait sans doute par le savoir, il lui semblait qu'il gagnait peuà peu les bonnes graces de Léon.

Cela serait doute très rapide, une fois seul dans la chambre après que son camarade lui est dit qu'un surveillant allait venir le voir, l'albinos se mit à réfléchir. Peu à peu il apprenait des choses sur l'orphelinat, il connaissait maintenant le nombre alarmant de fugueur, l'atmosphère qui régnait dedans, ce que faisaient les enfants et connaissait déjà quelques chemins. Bref il savait déjà pas mal de chose sur sa mission et en était plutôt satisfait cela compensait un peu avec l'agacement permanent qu'il ressentait. Gepetto n'avait qu'une envie, sortir fouiner et chercher des indices, pourtant il s'agissait d'un moyen évident, beaucoup trop évident de se faire prendre. La directrice l'avait vu quelques minutes auparavant, donc un surveillant devait se douter qu'il ne pouvait qu'être là. Hors s'il ne le trouvait pas dans la chambre le surveillant donnerait l'alerte et il serait automatiquement rangé dans la case "fouineur". Donc, il valait mieux qu'il prenne son mal en patience et attende l'homme; peu importe ce qu'il lui demanderait Gepetto se savait parfaitement en mesure de sortir discrètement d'une pièce. Alors, il déclara

-OK j’vais l’attendre ici merci de m’avoir racompagné on fait quoi comme genre d’activité ici ?

il commença a défaire sa valise tout en attendant la réponse du jeune garçon, il avait emporter assez de vêtement pour rester dans l’orphelinat environ une semaine. Rapidement il mit ses affaires dans un casier vide qui devait vraisemblablement appartenir à l’ancien occupant de la pièce.

De retour à la chambre, Leon ne semblait pas particulièrement pressé de rejoindre l'activité qui lui avait été assignée. Aussi le garçon traînait un peu et regardait Gepetto en train de ranger ses affaires.

"Bah, c'est rien…", protesta-t-il, continuant la conversation en italien. "Faudrait pas qu'tu t'perdes dès le premier jour non plus…"

Machinalement, le gamin s'assit sur son lit avant de se redresser d'un bond en étouffant un cri. Visiblement, la douleur était encore un peu vive est risquait de l'obliger à garder la station debout quelques temps encore.

"Le matin, on aide pour les trucs d'entretien. J'dois aller à la blanchisserie ce matin, moi., expliqua-t-il. "Comme on est que de passage pour pas longtemps, on évite l'école. Ca leur ferait faire trop de démarches pour nous inscrire et ça vaut pas le coup pour eux. Comme ça, ils ont une main d'œuvre pas trop chère qu'ils peuvent utiliser." Leon eut un petit rire désabusé. "Le bon côté, c'est que l'aprem', on est souvent assez libre même si on a pas le droit de traîner dans le dortoir. Y'a des films ou alors ils organisent des trucs de sports pour nous occuper., poursuivit-il. "Bon, je file avant que ça fasse trop longtemps. J'ai assez vu la dirlo pour aujourd'hui…"

Au moins, le garçon conservait son sens de l'humour en dépit de la punition qu'il venait de subir. Après un petit geste de la main, il quitta la chambre, abandonnant Gepetto qui n'avait rien à faire si ce n'est attendre la venue annoncée du surveillant.

Ses affaires rangées, l'Albinos alla s'étendre sur son lit, les mains croisées derrière la tête, faisant le point sur ce qu'il avait déjà découvert. Ces disparitions échelonnées survenaient à une fréquence trop élevée pour être naturelle. Mais s'agissait-il de fugues répétées ou y avait-il autre chose derrière tout cela ?

Alors que Gepetto réfléchissait, la porte s'ouvrit brusquement, laissant le passage à un homme, mal rasé, d'une trentaine d'années qui commença à lui adresser la parole en maltais.


Voyant l'incompréhension de l'agent, il poursuivit en italien.

"Spantini, c'est toi ?", demanda-t-il par pur formalisme. "Bon, c'est ton premier jour alors t'es pas encore affecté en équipe. Profites-en, tu peux rester dans ta chambre ce matin. Sinon, cet après-midi, y'a un tournoi de foot pour vous. Si t'as pas d'affaire de sport, tu t'en feras prêter ou tu joueras en caleçons, je m'en fous..."

Visiblement, l'emploi du temps ainsi livré ne souffrait d'aucune contestation possible.

"Demain, tu seras avec l'équipe de cuisine. Tu resteras sur place après le petit-déjeuner. Avant de repartir, l'homme conclut. "Bon, je te laisse t'installer. Pour le règlement intérieur, tes copains te renseigneront. Respecte déjà les zones interdites et tout ira bien… Le déjeuner est servi à 12h15 précise. Ne sois pas en retard."

Sur ces dernières paroles, le surveillant referma la porte, laissant Gepetto de nouveau seul dans la chambre. Il n'était que 09h30, le temps allait être long jusqu'au repas.

Une fois étendu sur le lit, Gepetto recommença à réfléchir, apparemment il était affecté aux cuisines, comme si lui, méritait qu'on lui réserve une telle place. Il trouvait cela scandaleux, il trouvait tout aussi ignoble d'avoir été affecté à une mission que n'importe quel autre agent aurait pu effectuer. Enfin bref, il avait tout de même appris un élément qui avait une certaine importance, les enfants étaient utilisés en guise de main-d'oeuvre, alors cela rendait probable une possible exploitation nécessitent une disparition. Ils auraient très bien pu être enlevés et donner à des pédophiles par l'orphelinat ou quelques choses de ce genre! Gepetto comptait se débrouiller pour aller fouiner dans certains bureaux de l'orphelinat, il voulait aussi aller perquisitionner le chambre de Brian en espérant que ses effets personnels s'y trouvaient toujours. Sauf que pour l'instant, ce qui l'importait était d'avoir des informations sur les fugueurs, Pete, Silvio et Marcello ainsi qu'un résumé des rapports de l'agent Brian.

Bien sur, il n'allait pas encore parler de la thèse de l'enlèvement. L'albinos avait conscience qu'une thèse pareil nécessitait des véritables preuves. Alors, toujours allongé sur son lit il regarda l'heure sur sa montre 9h34. Gepetto avait tout le temps d'appeler son contrôleur de mission puis de sortir, heureusement que Brian avait d'ailleurs mentionné son numéro de chambre et qu'il avait consulté le plan de l'orphelinat avant de partir. D'un geste il sortit son téléphone portable de sa poche. Très paranoïaque le jeune homme avait mis au point un impressionnant système de sécurité autour du gadget, tout d'abord car il ne voulait pas que tout le monde puisse accéder au contenu du portable qui comportait des données personnelles et des applications faite par ses soins qui étaient... Plus ou moins légal. L'agent commença donc par entrer un code cinq chiffres, puis il posa son pouce sur l'écran qui analysa l'emprunte.

Puis il traça un motif et enfin le téléphone se déverrouilla. Gepetto connaissait bien sûr un moyen d'urgence d'accède au portable très rapidement mais ce moyen était aussi introuvable par les autres que peu commun. Le jeune homme entra un nouveau code qui lui permit d'accéder au menu qu'il utilisait à CHERUB. Il constata qu'il avait reçu un SMS de sa responsable de formation lui demandant de rendre un devoir à son professeur de mathématiques le plus vite possible. Ce SMS l’importait peu, d’une part il était bon en math et de l’autre sur le campus il y avait toujours un intello a qui demander un devoir en échange de quelque chose…Et le jeune homme savait toujours quoi donner. Gepetto trouva le numéro de son contrôleur de mission puis il appuya sur l'option appeler. Il comptait bien demander des informations sur les fugueurs pour pouvoir commencer réellement à fouiner par la suite…

Spoiler:

Le téléphone collé à l'oreille, Gepetto entendait les sonneries retentir, croisant les doigts pour que Steeve Frescot décroche rapidement. Par chance, celui-ci était disponible et sa voix rauque se fit entendre après seulement quelques secondes.

Le jeune albinos posa aussitôt ses questions, cherchant à obtenir un résumé des rapports de Brian. Rien de bien important ne semblait ressortir des comptes-rendus quotidiens que ce dernier envoyait. La plupart d'entre eux se résumait à un programme de la journée du garçon, suivi de la mention "RAS". Le t-shirt gris semblait s'ennuyer prodigieusement et doutait de la possibilité de trouver un candidat potentiel pour Cherub parmi les pensionnaires de l'orphelinat. En fait, il n'avait signalé que deux événements sortant un peu de l'ordinaire. Il avait identifié une recrue possible en la personne d'un certain Leon Fronti, arrivé une dizaine de jours avant sa disparition. Brian décrivait Leon comme quelqu'un de curieux et de débrouillard, mais qui avait un côté inconscient et qui risquait également d'être un peu vieux pour intégrer le Campus. Enfin, il avait signalé, la veille de sa disparition, la fugue d'un gamin de 9 ans, appelé Luca Donatti, qui avait réussi à partir au beau milieu de la nuit sans que ces camarades de chambre ne remarque quoi que ce soit. Brian devait essayer d'en apprendre plus sur ce point mais n'a plus donné signe de vie depuis.

Avisé de l'existence d'autres fugueurs au cours des mois précédent, Steeve Frescot fut, lui-aussi, alarmé par cette coïncidence qu'il jugeait un peu grosse et promit de se renseigner dans les plus brefs délais. Il espérait pouvoir obtenir des premières informations dans la soirée. Iil les complèterait par la suite en cas de besoin.

Après les habituels conseils de prudence, l'homme du MI 6 coupa la communication laissant Gepetto seul dans sa chambre, en proie à ses réflexions. Soudain, sans transissions, le jeune agent se redressa et abandonna son lit. Il avait encore un peu de temps pour aller faire un tour dans la chambre qu'avait occupée Brian. Celle-ci n'était pas très éloignée et le raid ne devrait pas prendre trop de temps.

Se faufilant dans les couloirs, l'albinos parvint sans encombre à la porte de la chambre qui, à l'image de toutes celles de ce dortoir, n'était pas fermée à clé. Sans hésiter, le garçon se glissa à l'intérieur et marqua un temps d'arrêt pour observer les lieux.

La pièce était similaire en tout point avec la chambre qu'il occupait. Quatre lits étaient alignés contre le mur du fond, chacun faisant face à une armoire. Une table se trouvait sous la fenêtre. Trois des lits étaient manifestement occupés comme en témoignaient les affaires encore posées sur la chaise à leurs pieds, le quatrième, quant à lui, était libre de tout occupant, le matelas directement visible. De la même façon, les armoires placées en face des lits occupés étaient verrouillés par un solide cadenas alors que la dernière était entrouverte.

Sans perdre de temps, Gepetto commença par inspecter celle-ci, tablant sur le fait que l'emplacement libre devait être celui de l'agent disparu. Au premier coup d'œil, il ne restait absolument rien. Le ménage avait été bien fait dans l'armoire et autour du lit, ne laissant traîner aucun indice. Néanmoins, sous le matelas, Gepetto trouva un mouchoir avec les initiales "B. M." brodées dans un angle. À l’intérieur de l’armoire, sous une tablette, il dénicha également une clé, astucieusement scotchée, qui avait échappé au nettoyage des lieux.

Gepetto s'était toujours clairement défini comme athée, il ne croyait donc en aucune religion et ne vénérait aucune "prétendue divinité ", enfin il ne vénérait que sa propre personne pour être plus précis. Mais le jeune italien en vient à se demander si, des gens pratiquant une religion avaient cru en un dieu de l'agacement, et il songea que si jamais il avait cru en cette religion, il serait en train de prier pour que cette prétendue divinité arrête de s'acharner sur lui. Car depuis quelques heures tout semblait destiné a créé chez lui un sentiment d'énervement, plus jeune le garçon piquait parfois des crises de colère, puis Gepetto avait compris que cela nuisait à sa crédibilité par rapport aux autres, il avait donc appris à rester maitre de soi. Pourtant l'envie de s'énerver était bien présente en lui, enfin il aurait sans doute déjà craqué si jamais il n'avait pas trouvé des informations satisfaisantes.

Non content de disparaitre mystérieusement le tout dans un orphelinat aux matelas durs et aux bonnes soeurs strictes, Brian lui donnait encore un autre mystère à résoudre. Gepetto commença par ôter la clé de la plaque sous l'armoire en espérant que celle-ci était une chose qui lui servirait. L'agent prit donc la décision de demander à son contrôleur si Brian n'avait parlé d'une éventuelle clé lors de ses rapports. Le regard de l'agent parcouru la chambre, rien ne semblait pouvoir différencier la pièce d'une chambre habituelle et occupé par quatre jeunes enfants. L'agent commença par tout remettre en place, en respectant au détail après l'ancien placement des objets bougés, en effet l’agent de CHERUB avait déjà tout enregistré avant le début du semblant de perquisition qu'il avait entrepris en utilisant l’odeur de la pièce comme élément marquant pour la mémoire, l'italien se demanda si en fouillant la pièce, il trouverait des choses pouvant faire le rapprochement entre les disparitions.

Mais rien ne lui venait à l'esprit, non s'il voulait des vraies révélations, la pièce de choix pour y trouver des informations serait le bureau de la directrice, mais pour le fouiller il faudrait que le jeune homme soit les horaires de la mère, ou profite de la nuit, il y avait aussi le bureau du deuxième étage de l'orphelinat, il appartenait au surveillant général, peut-être que des informations sur les pensionnaires et leur éventuelle dévenir négatif y étaient stockées, bien sûr il était beaucoup, beaucoup plus probable que ce qu'il cherchait soit mis dans le bureau de la pinquine, mais il s'y faisait surprendre la mission serait plus que compromise, le jeune aimait prendre des décisions audacieuses mais il fallait qu'il y réfléchisse.

Le regard rouge de l'albinos scruta la pièce une dernière fois, pour l'instant il jugeait qu'il n'y avait rien d'utile à l'intérieur. Tout en gardant une discrétion qu’il trouvait aussi classe que celle d’un certain agent de Sa Majesté fort connu au cinéma, il amorça un retour vers sa chambre où il pourrait réfléchir tranquillement à la suite de son enquête.

Restant encore quelques secondes sur le seuil de la porte, Gepetto balaya une dernière fois du regard la chambre où avait dormi Brian. Non, décidément, il n'y avait aucun indice supplémentaire à glaner en ces lieux. De toute façon, l'albinos en était quasiment certain, l'agent disparu n'était pas du style à tenir un journal intime (d'ailleurs, existait-il un agent de Cherub qui commettrait une telle imprudence en mission ?) et il n'avait surement pas laissé un compte-rendu détaillé de ses actes derrière lui. La seule source d'information sur les événements ayant pu conduire à sa disparition résidait donc dans le compte-rendu quotidien qu'il adressait à son contrôleur de mission, qui, dans le cas d'une simple mission de recrutement, devait se borner le plus souvent à "rien à signaler". Il restait à espérer que Steeve Frescot parvienne à trouver rapidement quelques informations sur Luca Donatti ou un des autres fugueurs présumés.

Retournant vers sa chambre, Gepetto regarda machinalement les serrures des différentes portes qu'il croisait. Aucune d'entre elles n'était adaptée pour recevoir la clé soigneusement cachée dans l'armoire de Brian. Toutes ces serrures étaient vétustes et devaient s'ouvrir avec des clés à gorges alors que le modèle trouvé chez Brian était une clé plate. Le jeune Italien fronça les sourcils en essayant de se remémorer où il avait bien pu voir une serrure de ce type dans l'orphelinat. En tout cas, ce n'était pas sur la porte du bureau de la pingouine, celle-ci se verrouillant par une serrure de sécurité tubulaire.

Peut-être était-ce au rez-de-chaussée ? Il lui semblait bien que certaines portes, fermées lorsqu'il était passé devant pour aller au réfectoire, possédaient une serrure de ce type. Il lui faudrait vérifier cela en allant déjeuner.

Une fois dans sa chambre, Gepetto inspecta une dernière fois la clé trouvée pour en mémoriser parfaitement la forme. Il hésitait à prendre le risque de la garder dans la poche. Il lui faudrait certainement retirer son baggy pour se mettre en short pour la séance de sport de l'après-midi et n'importe lequel de ses "camarades" peu scrupuleux était capable de lui faire les poches, d'autant que conformément aux dires de Leon, les seuls "autorisés" à ne pas aller en cours étaient les enfants confiés temporairement à l'orphelinat, c'est-à-dire, ceux qui avaient des démêlés avec la justice.

D'ailleurs, en songeant au tournoi de foot annoncé, Gepetto alla fouiller dans son armoire à la recherche d'une tenue de sport. Il pensait le surveillant tout à fait capable de l'obliger à jouer en caleçon et il préférait éviter d'en arriver là…

Regardant machinalement sa montre, l'albinos se rendit compte que l'heure du déjeuner approchait. Il avait parfaitement mémorisé le chemin pour se rendre au réfectoire aussi cela ne lui prendrait que peu de temps pour y aller. Il lui restait encore cinq minutes pour se préparer…

Le jeune homme finit par trouver ce qu'il cherchait, un short blanc alors il prit la clé, son portable et cacha le tout sous son matelas. Il était hors de question que l'on lui les vole, puis il ôta son baggy et enfila le short blanc, il lui fallait juste espérer que le soleil ne serait pas trop présent auquel cas sa peau ultra sensible au rayonnement du soleil risquait d'en subir des conséquences plutôt douloureuses. Puis il se regarda dans le miroir, avec son short et son sweet il ressemblait presque à un jeune normal, mais son statut d'albinos le différenciait des autres, au fond il en était content. Oui car au moins il n'avait pas une tete de monsieur tout le monde, les gens se souvenaient de son visage, bien sur pour certaine mission cela lui compliquait un peu la tâche mais le jeune homme ne pouvait supporter le faite d'être oublié par quelqu'un.

Bien sur, sa maladie avait des côtés très contraignant, mais elle avait au moins ce bon côté là. En revanche, il haïssait les vêtements qu'il devait porter l'agent trouvait que cela était réservé aux bourains. Et puis cela le changeait tellement de ses vêtements habituels, jean chemise et éventuellement costume voilà ce qu'il aimait porter. Le jeune posa un regard sur sa montre, il lui restait trois minutes avant de devoir rejoindre le réfectoire. Alors après avoir jeté un dernier regard a la chambre, il sortit de la pièce, ferma la porte. Sachant que le réfectoire n'était pas à côté de sa chambre l'albinos marchait au pas de course, malgré la froideur totale que lui inspirait le fait de défier l'autorité il ne voulait pas se faire remarquer dès le premier jour.

En effet son dossier ne l'aidait pas à ne pas attirer l'attention sur lui, et s'il voulait s'introduire dans le bureau de la dirigeante de l'orphelinat sans se faire prendre il lui faudrait garder une discrétion absolue. Au bout d'un mot il croisa un flot de pensionnaire qui se dirigeait vers le réfectoire, alors il se contenta de suivre le mouvement des autres jeunes, maintenant convaincu qu'il arriverait à l'heure pour le repas Gepetto marcha à leur allure. Quelques minutes plus tard ils furent tous aux réfectoires, il était 12h30 exactement. Comme à l'heure du petit déjeuner, le brouhaha qui avait eut lieu dans tous les couloirs de l'établissement s'arrêta, comme si tout le monde s'était retrouvé plongé dans un film de Charlie Chaplin. De ses yeux rouges Gepetto chercha ses camarades de chambre, il espérait avoir l'occasion de discuter avec eux durant le repas, heure où les gens étaient en général très enclin à parler.

Dans le couloir du rez-de-chaussée, Gepetto put voir que les serrures de plusieurs portes semblaient être d'un modèle compatible avec la clé trouvée dans l'armoire de Brian. Mais le garçon n'avait pas le temps de traîner, il se vit rejoindre par les autres pensionnaires assignés à l'orphelinat. Les enfants scolarisés, quant à eux, déjeunaient à l'extérieur et ne rentreraient qu'après les cours.

Du coup, il y avait nettement moins de monde dans le réfectoire. Si la grande table de l'encadrement était toujours en place et occupée par les mêmes personnes que le matin, il n'y avait qu'une vingtaine d'enfants qui étaient attablés dans la même ambiance silencieuse.

À son arrivée dans la pièce, Gepetto fut appelé par un geste discret de la main par Leon, qui lui avait gardé une place en face de lui. Faisant bien attention de ne pas élever la voix, le gamin lui murmura dans un souffle.

"Ca roule pour toi ?", demanda-t-il. "T'as fini de t'installer ? Tu fais quoi demain ?"

Fort heureusement, cette fois, Leon sut rester suffisamment discret pour ne pas attirer l'attention d'un surveillant et parvint à entretenir un semblant de conversation. Autour d'eux, les autres pensionnaires mangeaient en silence, échangeant parfois quelques paroles à voix basse mais cela n'avait rien de comparable avec le baratin de Leon qui était curieux de tout et semblait désireux d'en connaître davantage sur Gepetto et son passé. L'agent dut constamment rester sur ses gardes pour s'en tenir à sa couverture et ne pas se couper dans ses explications.

À la fin du repas, les enfants furent tous rassemblés dans une pièce vétuste, pompeusement baptisée gymnase et l'homme qui était venu voir Gepetto constitua vaguement des équipes de cinq joueurs qui étaient censés s'affronter dans un mini tournois. L'après-midi passa assez rapidement au milieu des rires et des bousculades. La technique n'était peut-être pas au rendez-vous mais l'enthousiasme et la bonne humeur primaient. Bien sûr, quelques brutes essayaient bien de jouer de leur physique pour asseoir leur domination mais, dans l'ensemble, on ne déplora aucun incident marquant.

Un coup de sifflet énergique marqua la fin de l'activité et les sportifs furent invités à aller prendre leur douche avant l'arrivée des autres pensionnaires qui n'allaient pas tarder à revenir de l'école.

En plaisantant et chahutant toujours, la vingtaine d'enfants âgés de dix à seize ans se déshabillaient dans un vestiaire commun avant de filer dans la salle de douches collectives où dix pommeaux fixés au plafond laissaient couler une eau encore chaude. Suivant le mouvement, Gepetto se retrouvait au milieu de ses camarades où il avait été rejoint par Leon.

"Allez, tu fais quoi à traîner ?", le houspilla gentiment son camarade avant de foncer sous une douche qui venait de se libérer.

L'eau qui ruisselait sur son corps nu lui arracha une petite grimace de souffrance au moment où elle glissa sur les stries rouges qui "ornaient" ses fesses blanches. Gepetto put d'ailleurs observer que rares étaient les enfants qui ne possédaient pas de telles marques, plus ou moins anciennes, sur le postérieur. Le châtiment corporel dont avait été victime le jeune garçon dans la matinée était loin d'être un cas isolé.

Voyant qu'une douche se libérait, Gepetto se plaça en dessous puis il prit du shampoing et commença à se laver, les matchs n'avaient pas été trop épuisant, sur le campus il évitait ce genre de chose car, n'étant pas franchement brillant en la matière et compte tenu des athlètes qui s'y trouvaient il se prenait en général des raclées. Mais dans le cas présent et vue le côté amateur l'albinos avait même réussi à inscrire quelques buts chanceux.

Comme toujours, il vérifia que son corps n'avait pas pris de brulure et constata que cela n'était pas le cas. Gepetto remarqua que certains enfants, probablement des nouveaux semblaient gênés de cette scène, à la base le jeune homme était assez pudique mais comme tout agent de CHERUB le programme d'entrainement initial l'avait débarrassé de toute pudeur. Et puis, malgré la singulière blancheur de son corps il n'était pas à plaindre sur le plan physique, le jeune homme était sec et musclé. Des tablettes de chocolat pour l'instant pas trop importante étaient présentes sur son ventre, l'albinos tenait à ne pas se transformer en un espéce de mini bodybuilder comme certains faisaient sur le campus. Et puis, Gepetto savait trouver d'autres atouts pour séduire la gente féminine, et tout n'était pas basé sur la musculature, et le jeune séducteur qu'était Gepetto ne pouvait que le confirmer. En voyant les diverses marques de coups sur beaucoup d'enfants l'agent devina que Brian avait forcément du écopé une fois ou deux d'une correction...

Après quelques minutes sous l'eau chaude, Gepetto finit par se sentir propre, alors, accompagné de Léon qui avait lui aussi fini de se laver il rejoignit les vestiaires. Saisissant une serviette le jeune homme sécha son corps puis ses cheveux blancs. Puis il prit ses vêtements propres qu'il avait mis dans un sac et laissés aux vestiaires justes avant le tournoi. Tranquillement il enfila son caleçon blanc propre et les vêtements qu'il portait avant le tournoi.

Puis le jeune homme au corps d'albinos sorti avec Léon a proximité mais en suivant le mouvement des autres. Tous les gamins semblaient contents de leur après, Gepetto quant à lui n'avait pas lu à trouver d'informations particulières mais l'heure du repas; moment où il pourrait discuter avec les pensionnaires et peut-être enfin trouver d'autres informations approchait. D’ailleurs, l’estomac de Gepetto gargouillait et il espérait ne pas se retrouver à mourir presque de faim lors de cette mission contrairement à ce qui s’était passé dans sa précédente mission. Bien sur, tous les agents supportaient bien la faim mais personne ne la craignait pas du tout…

Restant en compagnie de Leon, toujours aussi volubile, Gepetto retourna au dortoir où il se retrouva en compagnie de ses autres camarades de chambre, de retour du collège. Maussades, Matt et Jamie étaient assis, côte à côte, derrière l'unique table de la pièce et faisaient leurs devoirs.

"Vous savez pas le bol que vous avez de ne pas être obligés d'aller en cours.", constata d'un air désabusé le plus âgé des deux garçons. "Au moins, vous vous faites pas chier à faire des trucs qui servent à rien."

Narquois, Leon alla s'avachir sur son lit, croisant les mains derrière sa nuque.

"Que veux-tu ?", répliqua le gamin goguenard. "On est doué ou on l'est pas..."

Ces petits pics échangés, chacun retourna à ses occupations, studieuses pour certains, beaucoup plus décontractées pour les autres. Devant observer un minimum de silence pour laisser travailler en paix leurs camarades, Leon se taisait pour une fois, ce qui convenait très bien à Gepetto qui n'était plus obligé de rester sur ses gardes.

Le garçon sentait que la faim commençait à se faire sentir, comme le lui signalait avec impatience son estomac. Pourtant, normalement dans ce genre d'établissement, le dîner était servi relativement tôt. Néanmoins, rien ne paraissait incongru car aucun des "habitués" des lieux ne manifestait d'impatience.

Brusquement, tapant dans ses mains, Matt se redressa, brisant le silence de la chambre.

"Allez les mecs ! C'est l'heure d'aller bouffer. Ça tombe bien, j'ai la dalle..."

Sortant dans le couloir où il retrouva les autres pensionnaires poussés par le même instinct grégaire, l'Albinos tomba nez-à-nez avec le surveillant mal rasé qu'il avait déjà vu.

"Spantini, tu iras manger plus tard. Y'a ton avocat qui veut te voir. Suis moi !"

Sous les commentaires curieux des autres enfants, Gepetto fut conduit dans une petite pièce du rez-de-chaussée, située à proximité du réfectoire. Entrant dans le petit bureau, il eut la surprise d'y trouver Steeve Frescot, en costume cravate, attaché-caisse à portée de main.

"Ce n'est pas très réglementaire.", commenta le surveillant. "Tâchez de faire vite..."

Sur ces paroles, l'homme ressortit, laissant le jeune agent en compagnie de son "avocat". Ce dernier fit signe à Gepetto de s'asseoir en face de lui et lui murmura rapidement quelques mots.

"Je sais... C'est contraire aux règles de sécurité aussi on fera vite mais je pense que je devais te voir. j'ai eu quelques infos sur les gamins dont tu m'as parlés. Il y a eu effectivement plusieurs disparitions depuis quelques mois, à chaque fois classées comme fugue du fautif. Outre Luca Donatti, il y a eu également Marcello Jori, Pete Johnson et Silvio Marietti comme tu me l'as signalé. Des orphelins de neuf, dix ans dont on est sans aucune nouvelle à ce jour. J'ai également trouvé la trace d'un certain Filipo Orsini, même âge que les autres, qui a disparu fin décembre. Ce qui est étrange c'est que ce Filipo a été arrêté par la police française à Nice voila trois semaines mais le MI 6 n'arrive pas à se faire communiquer le rapport de police. La coopération n'est pas idéale entre les services..."

Gepetto ressentit un sentiment de satisfaction, depuis le début le jeune albinos songeait donc à la bonne piste. Six fugues d'enfants placés temporairement à l'orphelinat ne pouvaient être que lié, et l'idée que Filipo avait attéri en France laissait supposer un trafic d'enfant à grande échelle. Les idées se mirent très vite en place en l'esprit de Gepetto, il n'avait que très peu de temps, pourtant tout ce qu'il allait dire à son contrôleur de mission était important pour la suite. Certes, l'on pouvait croire qu'en l'absence de rapport la mission était condamnée à stagner, mais Gepetto avait des idées. Alors il chuchota rapidement au contrôleur.

-Donc l'hypothèse de la fugue est à exclure, ils ont tous été enlevé, si Filipo a été retrouvé en France c'est que le trafic est sans doute à très grande échelle, Léon et lui aussi un enfant placé dans l'orphelinat temporairement, comme tous les disparus, je pense que Léon qui est arrivé peu de temps avant Brian pourrait être une cible potentielle d'autant plus qu'il a l'âge des disparus, donc lui poser une balise de localisation pourrait être un moyen de retrouver Brian et peut-être de mettre la main sur un éventuel trafic d'enfant si jamais il se fait prendre, déterminé si l'orphelinat a un lien réel ou pas avec ses disparitions me semble d'ailleurs capital j'envisage de m'introduire dans le bureau de la directrice pour regarder les dossiers de pensionnaire, il me faudrait aussi les dates précises du temps de séjour des disparus cela pourrait m'aider à déterminer des cibles potentielles, oh et j'ai trouvé une clé en perquisitionnant la chambre de Brian alors si jamais il n'a mentionné une clé dans l'un de ses rapports mais que cela ne t'a pas sauté aux yeux signale-le-moi

Les deux stratagèmes proposés par Gepetto ne manquaient pas d'audace mais pour s'introduire dans le bureau de la directrice le jeune homme comptait bien parfaitement préparer son coup a l'avance et il avait déjà plusieurs idées pour le mettre parfaitement en oeuvre, même si cela pourrait lui prendre plusieurs jours. Son idée avec Léon était, sur le plan moral très peu acceptable mais beaucoup d'espions avaient recours à ce genre de pratique, d'autant plus que si Léon était retrouvé cela l'aiderait plus qu'autre chose. Et, Gepetto n'aurait plus à supporter son bavardage permanent, non seulement cela l’agaçait compte tenu du coté juvénile qu’avait Léon contrairement à lui mais en plus cela l’obligeait à faire constamment attention. Les couvertures avaient tendance à être peu préparé à l’avance pour les missions d’infiltrations de courte durée, mais en général cela jouait en la défaveur de l’agent.

Pour donner le change, Steeve Frescot poussa un soupir exaspéré en se redressant légèrement.

"Ça se présente assez mal.", dit-il d'une voix un peu plus forte, au cas où quelqu'un les écouterait. "Si tu ne te montres pas un peu plus collaboratif, je ne pourrais rien pour toi. La police est prête a passer un marché avec toi si tu lui dis qui a commandité ce cambriolage..."

Le correspondant du MI 6 jouait à la perfection son rôle d'avocat commis d'office, oscillant entre désir d'aider l'enfant qui lui était confié et énervement d'avoir affaire à une forte tête.

Baissant à nouveau la voix, il valida partiellement les hypothèses de Gepetto.

"Ça se tient.", murmura-t-il. "À un bémol près... Aucun des autres disparus, je veux dire avant Brian, n'avait été placé là par le procureur et l'âge ne colle pas non plus, ils étaient tous un peu plus jeunes... Je n'ai trouvé aucune info sur Leon Fronti, mis à part un rapport de police de San Ġiljan qui signale son arrestation pour vol à l'étalage."

L'homme marqua un temps d'arrêt. Visiblement, il n'aimait pas être pris en défaut et l'absence de renseignements précis sur Leon, tout comme le refus de la police française de transmettre le dossier de Filipo, l'irritait au plus haut point. Il espérait néanmoins pouvoir rapidement combler ces lacunes.

"Je te procurerai une balise de localisation. Tu l'auras demain soir au plus tard.", confirma-t-il dans un souffle. "Je vais tâcher d'en savoir plus sur les disparus. Pour ta clé, je n'en sais strictement rien. Brian ne m'a rien dit sur ce sujet."

Se mettant debout, Steeve Frescot reprit à haute voix.

"Comme tu veux, monsieur Spantini... Je te laisse réfléchir. Je repasserai demain pour voir si tu es dans de meilleures dispositions..."

L'entretien était terminé et "l'avocat" allait se retirer. Aussitôt, la porte s'ouvrit et le surveillant entra. Visiblement l'homme écoutait ce qu'il se disait dans la pièce mais n'avait pas dû entendre la conversation chuchotée.

Pendant que l'agent du MI 6 quittait l'orphelinat, Gepetto fut conduit jusqu'au réfectoire. L'entretien avait duré plus longtemps que prévu car la salle était déjà déserte. Un bol de soupe froide et une assiette de potée avec un morceau de poisson étaient posés sur une table.

"Mange rapidement et rejoins ta chambre.", le prévint le surveillant. "Aucune circulation n'est autorisée dans les couloirs après 20h00..."

Sur ces paroles sèches, l'homme quitta le réfectoire, laissant Gepetto seul face à son maigre dîner.

En voyant le triste repas qui lui était réservé les sourcils de Gepetto se froncèrent, tout cela lui rappelait la nourriture qu'il avait mangé durant le programme d'entrainement. Avant d'avoir passé celui-ci, Gepetto se serait contenter de jeter l'assiette à la figure de l'adulte responsable de la nourriture puis de le rabaisser au moyen de paroles humiliantes. Mais sachant qu'ici il risquait de se faire punir et que cela compromettrait son entrée par effraction dans le bureau de la directrice. Alors, prenant son courage à deux mains il mangea ce qu'on lui servait malgré le gout atroce de la nourriture, tout en songeant qu'encore une fois, ce genre de condition de vie était indigne de lui, le jeune homme songea aux dires de son contrôleur.

L'idée que l'hypothèse qu'il avait formulée se soit avérée partiellement fausse agaçait profondément, même s'il n'avait pas vraiment pus se douter d'informations pareils en si peu de temps. Le côté positif malgré l'absence de renseignement concernant Léon et Filipo était que Steeve avait directement accepté de lui donner une balise afin de mettre en oeuvre son plan. Après avoir mangé son maigre repas Gepetto revint dans sa chambre, bien sûr l'idée d'aller dans le bureau de la directrice en profitant de sa solitude était tentante mais totalement suicidaire aujourd'hui. Il fallait tout d'abord que le jeune homme sache comment se déroulait la surveillance autour du bureau et il savait comment faire. Léon allait l'aider, commençant à connaitre le côté inconscient et bavard du jeune garçon Gepetto savait que Léon pourrait lui fournir les informations qu'il souhaitait.

D'ailleurs en pénétrant dans la chambre il avait déjà pris la décision de questionner Léon sur son passé. D'une part cela lui éviterait d'avoir encore à répondre à des questions qui était parfois fort pointu et de l'autre il pourrait déterminer si Léon était réellement du genre à l'aider, et s'il pouvait en faire une recrue. En ce moment le campus manquait cruellement de bleu ciel, alors une nouvelle recrue prête à passer directement le programme serait bénéfique pour le campus et cela ferait une appréciation positive pour Gepetto. Alors, pénétrant dans la pièce il se dirigea vers son lit si toutefois cette longue masse aussi confortable que de la pierre méritait réellement cette appellation.

Regagnant sa chambre, Gepetto était tiraillé entre deux sentiments contradictoires. Certes, il lui fallait jouer la carte de la prudence pour mettre en œuvre son plan et cela passait par l'acquisition des habitudes des lieux et l'obtention de l'équipement demandé à son contrôleur de mission. Mais tout ceci nécessiterait du temps et cette donnée était certainement ce dont l'agent manquait le plus. Cela faisait déjà quelques jours que Brian avait disparu et son profil ne correspondait pas à celui des autres "fugueurs". Sa disparition obéissait surement à une autre logique que celle ayant prévalu pour les autres enfants. Attendre plus longtemps augmentait le risque de voir le t-shirt gris connaître un destin tragique.

C'est en pensant à tout cela que le jeune albinos était retourné à son dortoir pour y retrouver ses camarades de chambrée. Alors qu'il s'approchait, il distingua une silhouette se tenant dans le renfoncement d'une fenêtre. En s'avançant légèrement, il reconnut Leon qui lui tournait le dos, un téléphone portable collé à l'oreille. Ce dernier avait l'air engagé dans une discussion animée et parlait à mi-voix laissant par moment échapper un mot un peu plus fort que les autres. La conversation se tenait dans une langue inconnue de Gepetto mais aux intonations et à la nature de certains mots, l'agent en déduit que le gamin parlait en français.

Intrigué, Gepetto resta dans l'ombre et laissa le garçon finir sa communication téléphonique et regagner la chambre. Quelques secondes plus tard, l'albinos entra à son tour dans la pièce en arborant un air innocent.

Désireux d'en savoir plus sur Leon, il alla aussitôt discuter un peu avec lui. L'interrogatoire fut plus ardu que prévu car, sous un aspect volubile et insouciant, le gamin se révélait un redoutable baratineur, ne lâchant que le minimum d'informations sur lui. Questionnant habilement en retour, il faillit à plusieurs reprises tromper la vigilance de son interlocuteur lequel dut faire appel à toutes les ficelles apprises à Cherub pour ne pas se faire piéger.

Gepetto réussit quand même à apprendre que Leon était âgé de douze ans, qu'il était né à San Giljan dans la banlieue nord de La Valette et y avait vécu avant d'être abandonné par ses parents. Il traînait dans la rue depuis déjà quatre ans où il avait, jusqu'à présent toujours échappé aux policiers. Malheureusement, il avait été arrêté voila moins de deux semaines alors qu'il tentait de voler des lecteurs MP3 dans une supérette. Après un passage rapide chez un juge, il avait été placé à l'orphelinat Sainte-Hélène-du-Saint-Suaire en attendant un procès rapide qui devrait survenir dans les jours à venir.

L'arrivée du surveillant venue signifier qu'il était l'heure de dormir vint interrompre cette discussion. Sans discuter, les trois camarades de chambres de Gepetto se déshabillèrent et, en caleçons, se glissèrent rapidement dans leur lit. La menace d'une punition devait certainement guetter les contestataires et aucun ne se sentait le courage de défier encore l'autorité.