2015/06/02-IM – La Valette, Malte – [Mission d'introduction de Gepetto Del Capone] – Une mystérieuse disparition

Les insomnies étaient une chose que Gepetto côtoyait fréquemment et depuis toujours des fois il n'arrivait pas à en identifier la raison et cela l'agaçait prodigieusement. Mais dans le cas présent il en connaissait les raisons, tout d'abord l'inconfort, ensuite venait la présence de ses camarades, ils respiraient bruyamment mais il y avait une raison bien plus importante que les autres. Tout ce qu'il venait d'apprendre durant cette journée était important mais il était loin d'avoir retrouvé Brian et l'agent était donc porter disparu depuis quatre jours ce qui lui avait laissé amplement le temps de se faire torturer ou tuer. Mais, ce qui troublait le plus Gepetto était le fait d'avoir vu Leon s'exprimer dans la langue de Molière. Un Maltais orphelin ne parlait pas français, et encore moins au téléphone. Si jamais Léon était arrivé depuis quelques mois son lien avec les fugues aurait été tout simplement évident à établir. Pourtant, il n'était à l'orphelinat que depuis une dizaine de jours.

Gepetto gardait toutefois en tete l'idée que Brian n'avait pas vu qu'il y avait anguille sous roche, Léon n'était pas un orphelin comme tous les autres mais il faudrait encore qu'il trouve un moyen de trouver en quoi il différait. Tout en tournant et en se retournant dans son lit l'albinos était proie à l'hésitation, il devait agir et vite mais aller dans le bureau de la directrice alors qu'il ne connaissait pas encore bien le chemin pour s'y rendre et qu'il ignorait encore si les surveillants faisaient des rondes nocturnes tenaient tout simplement du suicide. Mais le jeune homme prit la décision de porter particulièrement attention à ce genre de détail le lendemain et d'aller faire la perquisition le soir même. Il espérait aussi que son contrôleur de mission se procurerait vite l'émetteur.

Bien sûr si Léo était réellement en lien avec le trafic il y avait peu de chance pour qu'il se fasse capturer, mais il valait mieux prévenir que guérir. A priori il verrait son contrôleur le lendemain et il tacherait donc de lui communiquer ce qu'il avait découvert sur Léon. Le jeune homme passa pas mal de temps à écouter ce qu'il pouvait entendre histoire de savoir s'il entendait ou non des pas qui lui indiqueraient une éventuelle ronde de surveillant. Puis, il songea à comment se déroulerait une éventuelle introduction, le lendemain Gepetto s'arrangerait pour savoir si des rondes avaient lieu puis il mémoriserait encore plus les différents couloirs puis quand tous ses camarades dormiraient il irait dans le bureau de la directrice, armé d'une lampe et de son pistolet à aiguille et chercherait un peu partout dans les dossiers des pensionnaires. Mais il faudrait aussi qu'il pose l'émetteur sur Léon de manière discrète, il se voyait mal comment justifier la pose d'un tel engin si jamais on le surprenait. Puis, au fur et à mesure des heures les yeux rouges de l'albinos se fermèrent et il s'endormit.

Allongé sur son lit, Gepetto conservait les yeux ouverts, attentif à saisir le moindre bruit et à analyser celui-ci. Les respirations lentes et mesurées de ses camarades de dortoir l'irritaient au plus haut point et lui faisait regretter l'intimité de sa chambre du Campus. Mis à part ce léger désagrément, la nuit était paisible, troublée seulement à deux reprises, à moins d'une heure d'intervalle, par le passage d'un surveillant venant s'assurer que tout allait bien. À partir d'une heure du matin, plus aucun bruit n'était venu troubler la quiétude de l'endroit, signe que tout le monde était parti se coucher.

Au petit matin, le jeune Albinos se réveilla, l'esprit reposé mais toujours troublé par les différents éléments qu'il n'arrivait pas encore à relier entre eux. Comme la veille, il se leva et s'habilla rapidement et gagna le réfectoire. Mine de rien, pendant le trajet, il posa quelques questions innocentes et put ainsi repérer les meilleurs itinéraires pour gagner le secteur réservé à l'encadrement où se trouvait, entre autre, le bureau de la directrice.

À l'issu du petit-déjeuner, Gepetto fut incorporé comme prévu à l'équipe de cuisine, chargée de nettoyer le réfectoire et de faire la vaisselle. Il se trouvait en compagnie de trois autres garçons, plutôt taciturnes, qu'il avait déjà aperçus la veille lors du tournoi de football. Ne s'exprimant que par monosyllabes, ces garçons s'efforçaient de jouer les "durs", fort de leur (tout relatif) passé de petits délinquants, revendant de la drogue devant les établissements scolaires.

La suite de la journée fut d'une banalité affligeante. L'après-midi, un club de théâtre tenta bien d'occuper les pensionnaires mais le manque d'enthousiasme affiché rendit ridicule toutes les tentatives de restitutions de scénettes. Gepetto put esquiver une partie de cette activité car il fut de nouveau appelé au parloir pour y retrouver son "avocat".

Steeve Frescot avait légèrement progressé dans sa collecte d'informations. Il n'avait pas encore eu le temps de se pencher sur Leon Fonti mais il avait réussi à trouver la balise de localisation demandée. Les cinq disparus identifiés étaient tous des enfants sans aucune famille connue, âgés de neuf ou dix ans et baladés de foyer d'accueil en foyer d'accueil jusqu'à leur arrivée à l'orphelinat Sainte-Hélène-du-Saint-Suaire. Ils y avaient effectué un séjour d'une durée variable, entre trois et sept mois, avant de disparaître sans laisser de trace. Malgré son insistance, le contrôleur de mission n'avait pas avancé sur le dossier "Filipo Orsini" qui était, soi-disant, classifié par la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur), service de renseignement français pouvant s'apparenter au MI 5.

Au cours de la soirée, Gepetto n'apprit rien de plus en discutant avec ses camarades. De retour au dortoir, il parvint, au moment de la toilette, à glisser la balise au fond de la poche arrière gauche du jean de Leon que ce dernier avait abandonné sur son lit pour aller se doucher. Sauf malchance extrême, l'équipement devrait passer inaperçu, caché à cet endroit.

De nouveau dans son lit, l'albinos gardait les yeux ouverts, décidé à ne pas s'endormir avant de mettre son plan à exécution. Rapidement, les respirations régulières de ses camarades l'informèrent que ceux-ci s'étaient assoupis. Tranquillement, l'agent feignit, lui-aussi, le sommeil, lors des deux rondes du surveillant puis, à l'heure prévue, il sortit de son lit en silence.

Enfin le moment que Gepetto appréciait le plus lors des missions d'infiltrations, le fameux moment où il agissait réellement comme dans les films d'espionnage, le moment ou l'adrénaline courait dans ses veines. Silencieusement tel le serpent le jeune homme se faufilait dans les couloirs tout en se remémorant le plan qu'il avait appris par coeur ainsi que les informations glanées dans la journée. L'exercice était au fond assez simple, durant le programme d'entrainement initial il avait dû s'orienter en Alaska dans un gigantesque désert de glace ou le jour ne durait pas plus de cinq heures quand il avait passé le PEI. Alors en comparaison s'orienter dans l'orphelinat n'était pas si compliqué de cela, et ici il ne faisait pas -18 degrés celsius.

C'était là la force des agents de CHERUB, Gepetto violait impunément les règles d'un orphelinat strict, s'il se faisait surprendre il risquait au mieux de recevoir des coups, au pire de faire échouer la mission en perdant quelques précieux jours et de causer la mort d'un agent de CHERUB. Mais pourtant, il gardait la tete froide sachant qu'il avait connu pire. Le jeune homme n'était d'ailleurs pas très porté sur la culpabilité, toutefois il avait tué un homme lors de sa mission au Kenya et même si tuer quelqu'un lui avait semblé moins dur à assumer qu'il ne se l'était imaginé, il n'avait pas envie de revivre cette expérience si cela ne lui sauvait pas la vie.

D'autant plus que même s'il avait le t-shirt bleu marine et de bons résultats à l'entrainement on lui donnait souvent des missions peu risquées, alors s'il échouait a ce genre de mission ou la vie d’un agent reposait, jeune homme allait passer le reste de sa carrière cantonné aux missions de débutants. Au bout de quelques minutes de marche silencieuse il finit par accéder àl'étage du bureau de la directrice. Éclairant les portes de sa lampe torche, il finit par apercevoir la porte qu’il cherchait, celle ou était indiqué "bureau du directeur".

Tout d'abord il colla son oreille à la porte et attendit quelques angoissantes minutes mais aucun son distinct ne sorti de la pièce, tout était toujours désert, heureusement pour lui d’ailleurs. Alors d’un geste précis il sortit de sa poche son pistolet à aiguille et l'inséra dans la serrure, comme tous les agents il savait parfaitement crocheter une serrure, et avec un pistolet à aiguille l'exercice était plutôt aisé....

Tout en s'habillant rapidement pour sa petite expédition, Gepetto avait eu un dernier regard vers ses camarades, vérifiant une dernière fois s'ils étaient bien endormis. Leur respiration profonde et régulière le rassura et c'est donc l'esprit plus confiant que l'agent, lampe de poche et pistolet à aiguilles en main, se glissa hors de la chambre pour rejoindre le bureau de la directrice.

Veillant à se faire léger sur le parquet des couloirs, il avançait le plus rapidement possible, toujours attentif au moindre bruit. Il sursauta à plusieurs reprises en entendant des craquements suspects derrière lui mais il avait beau s'immobiliser pour écouter, seul le silence était perceptible. Ces vieilles maisons étaient pleines de courants d'air et les lattes de bois des parquets avaient tendance à jouer entre elles, provoquant ces bruits inquiétants mais certainement sans réel danger.

Parvenu devant le bureau de la mère supérieure, Gepetto ne perdit pas de temps inutile à contempler la porte. Le pistolet à aiguille joua son rôle et un bruit sourd l'informa que la serrure était déverrouillée. Une fois dans la pièce, il alluma brièvement sa lampe de poche pour s'orienter et, posant le pistolet à aiguilles sur lemeuble, s'installa derrière le bureau de la directrice pour commencer à en fouiller les tiroirs.

Il tomba tout d'abord sur un plan complet de l'orphelinat, décrivant chaque recoin du bâtiment depuis les caves et souterrains jusqu'au grenier, auquel il jeta un regard rapide avant de le poser devant lui. Son premier objectif était de trouver les dossiers des pensionnaires pour y chercher des annotations particulières ou tout autre détail troublant.

Fort heureusement, Mère Mary Stigmata semblait réfractaire au progrès et aucun ordinateur, dont il aurait fallu forcer l'accès, ne se trouvait sur le bureau. Après quelques minutes, Gepetto finit par ouvrir un caisson à dossiers suspendus dans lequel se trouvaient des fiches cartonnées, reprenant des informations succinctes sur les pensionnaires de l'orphelinat.

Le classement semblait assez basique. D'un côté les enfants accueillis de façon "permanente" par l'établissement, vrais orphelins ou enfants placés par les services sociaux en attente de famille d'accueil, de l'autre les "temporaires", jeunes délinquants en transit simple qui attendaient une convocation du juge pour être fixés sur le sort. Sans surprise aucune, Gepetto trouva sa propre fiche dans ce dernier classement, ainsi que celle de Brian ou de Leon.

Consultant un peu plus sérieusement les fiches des "vrais" orphelins, il s'étonna de leur mode de classement qui n'était pas alphabétique. Certaines fiches avaient été mises à part et comportaient des annotations, nom et photos entourés à l'encre rouge. Elles concernaient toutes des enfants de neuf ou dix ans. Une dizaines de fiches cartonnées, parmi lesquelles celles de Filipo Orsini, Marcello Jori, Pete Johnson et Silvio Marietti, avaient les deux coins supérieurs déchirés. Celle de Luca Donatti n'avait qu'un seul angle manquant et était la seule de ce type. Dans cette "sélection", Gepetto vit encore quatre ou cinq fiches intactes concernant des pensionnaires, toujours âgés d'une dizaine d'années, qu'il avait eu l'occasion de croiser ou d'apercevoir depuis le début de son séjour.

À ce moment, pris d'une intuition, l'albinos releva vivement la tête. La porte du bureau, qu'il était pourtant persuadé avoir refermée derrière lui (pas à clé il est vrai), venait de s'entrebâiller légèrement. Puis le calme s'instaura. Que s'était-il passé ? Était-ce un simple courant d'air qui jouait avec cette porte ou cela cachait-il autre chose ?

Le stress, sentiment très connu des agents de CHERUB, et Gepetto le ressentait particulièrement en ce moment précis. Certes, si l’on le surprenait il ne risquait directement qu’une correction, mais indirectement il pourrait causer la mort d’un agent et perdre de vue un possible gros trafic d’enfants. Ainsi donc le jeune homme sorti de sa poche un torchon blanc, puis il prit le pistolet à aiguille et l’enroula dedans, si l’on le surprenait il valait mieux que personne ne voit qu’il fût en possession de ce genre de chose.

Bien sur pour un jeune délinquant il était presque normal qu’il est cette arme en sa possession. Pourtant, il était censé ne plus avoir accès à ce genre de chose sur lui et le justifier serait compliqué. De plus, perdre un équipement d’agent de CHERUB serait très peu apprécié par la direction. Alors après avoir passé quelques minutes à attendre un autre bruit, le regard fixé vers l’entrée, le poing levé pour assommer un éventuel surveillant si jamais il arrivait Gepetto décida de reprendre ses fouilles, de finir rapidement de retourner se coucher. Pour commencer il prit en photo le plan de l’orphelinat avec son portable et plaça la photo dans un dossier codé évidemment. Puis il recommença sa réflexion. Les annotations sur les fiches des disparus évoquaient un lien tout simplement évident avec les disparitions, ainsi donc Gepetto pouvait être en mesure de supposer que l’orphelinat supervisait les disparitions et que les enfants se retrouvaient peut-être en France.

Mais un mystère restait très important, aucune annotation n’était présente sur la fiche de Brian alors pourquoi et comment avait-il disparu ? Le mystère restait entier pour le plus grand agacement du jeune homme. Gepetto prit quelques clichés des fiches annotés. Cela lui permettrait d’étudier les fiches tranquillement dans sa chambre grace à la bonne qualité de photo. Puis il photographia avec application la fiche de Léo, il comptait l’étudier avec application elle aussi. Le jeune garçon pouvait très bien avoir des relations en France et celle-ci était peut-être citée dans sa fiche, mais il y avait une chance pour que Léo serve de rabatteur ; peut-être avait-il repéré des choses suspectes chez Brian puis fait ordonner son enlèvement.

Encore une piste qu’il devrait creuser, il aurait beaucoup de choses à raconter à son contrôleur le lendemain. Puis, après avoir scrupuleusement tout remis en place, Gepetto plaça son portable dans sa poche après l’avoir verrouillé. Puis, silencieusement et lampe de poche a la main il alla jusqu'à la porte, priant pour qu’il n’y est personne derrière…

Avant de quitter le bureau de la directrice, Gepetto s'arrêta un instant sur le seuil pour observer la pièce et s'assurer qu'il ne laissait aucune trace de son passage derrière lui. Tout semblait parfaitement en place et conforme à ce qu'il avait trouvé en arrivant. Nul ne devrait se douter du passage de l'agent dans ces lieux. Il lui fallait maintenant regagner son dortoir en espérant trouver le chemin aussi désert.

Une fois dans le couloir, l'albinos s'accroupit devant la porte en ressortant son pistolet à aiguilles. Il fallait effacer les dernières traces en reverrouillant la serrure, opération bien plus difficile que de la crocheter mais que les agents étaient entraînés à faire.

Concentré, Gepetto essayait de faire jouer les goupilles et la gorge afin de libérer le pêne et, ainsi, bloquer de nouveau la porte. Soudain, le garçon s'immobilisa, les sens aux aguets. Il lui avait semblé noter un mouvement suspect. Rapidement, il braqua la torche dans la direction incriminée. Le faisceau lumineux se porta en plein sur un visage que l'agent reconnut aussitôt. Pieds nus et en caleçon, un t-shirt "Bart Simson" sur le dos, Leon se tenait là, un main levée devant les yeux pour se prémunir de l'éblouissement.

"Merde, Nicola ?", demanda le gamin en italien, veillant malgré tout à parler à voix basse. "Tu fous quoi ici ?"

À ce moment, le garçon cligna des paupières à plusieurs reprise et porta son regard sur le pistolet à aiguilles que Gepetto essayait de dissimuler. Un éclair de surprise traversa ses yeux tandis que son visage s'illuminait dans un soulagement visible. Baissant sa garde, il s'avança vers l'Albinos en lui lançant une longue phrase en français où la surprise et le mode interrogatif étaient nettement perceptibles, accompagnés d'une pointe de rancœur désabusée.

Gepetto ressentait un mélange de soulagement et d'agacement, au moins Léo ne pouvait pas le balancer sans quoi il aurait lui aussi du mal a expliqué pourquoi il était lui aussi dans les couloirs.Suite aux déclarations du petit garçon qui lui faisait face, les éléments s'assemblèrent vite dans l'esprit de l'agent, si Léon avait paru soulagé en le voyant avec un pistolet aiguille et qu'il lui avait parlé en français c'était qu'il pensait que Gepetto faisait partie de la même chose que lui. Il fallait donc que l'albinos sache ce que se qu’était que cette chose, toutefois un problème subsistait, le jeune homme ne parlait un mot de français alors il pouvait difficilement faire croire à Léon qu'il faisait partie de son groupe sans en parler la langue. Alors comment lui faire avouer ? La chose s'avérait compliquée, si jamais il disait à Léon qu'il ne parlait pas français le jeune garçon comprendrait que Gepetto n'était pas l'un des leurs, et lui faire croire qu'il faisait partie du groupe en question sans s'en parler la langue pourrait le trahir très vite. Alors, il décida de ne rien tenter de particulier pour le moment. Rangeant son pistolet à aiguille dans sa poche il déclara en italien

-Et toi tu fous quoi ici ?

Le jeune s'était efforcé de se comporter comme s'il n'avait pas compris ou entendu la question de Léon, pour l'heure il espérait surtout que cela fonctionnerait et que Léon lui ferait une confidence, il comptait bien trouver à quel groupe appartenait Léon et pour cela peu lui importaient les moyens qu'il serait poussé à utiliser. Au fond, Léon n'était pour lui qu'un simple pion, il fallait plus de temps à l'albinos pour s'attacher aux gens, ainsi donc il admettait parfaitement la théorie de l'omelette et s'il fallait qu'il fasse brutalement la cuisine il le ferait, après tout quand on avait tué un homme certaines choses semblaient plus facile a faire…

Devant l'absence de réaction de Gepetto, Leon s'arrêta en fonçant les sourcils. Regardant la poche dans laquelle il avait vu l'albinos ranger le pistolet à aiguilles, il semblait réfléchir rapidement. Visiblement, les éléments du puzzle ne se mettaient pas en place comme le gamin l'avait supposé. L'attitude de son camarade était vraiment étrange et semblait l'alarmer.

"Moi ? J'te suivais.", déclara sans complexe le garçon ainsi interpellé en retour, revenant à l'italien pour se faire comprendre. "J't'ai entendu sortir de la piaule et je voulais voir ce qu'il se passait. Mais bon, j'ai pas eu trop le temps de m'habiller sinon tu risquais de me semer. Ça craint..."

Voila qui expliquait les bruits entendus par Gepetto pendant son excursion nocturne, les grincements de parquets qu'il avait mis sur le compte de la vieillesse du bois ou la porte s'entrouvrant sous l'action d'un courant d'air imaginaire. Reportant encore une fois les yeux vers la poche de l'albinos, Leon reprit en italien, visiblement sur ses gardes.

"T'as trouvé où ce que tu caches dans ta poche ? T'es pas envoyé pour m'aider ?"

D'un coup, le regard de Leon s'éclaira légèrement comme s'il venait d'avoir un éclair de génie. Lentement, cherchant ses mots, il essaya de poursuivre en anglais, avec un accent atroce, baissant encore la voix avec un air de conspirateur.

"Tu es... anglais ? CHERUB ? Tu es... là... pour quoi ?"

Gepetto considéra le mur, il se demanda si se taper la tete contre lui permettrait d'oublier cela d'une part il s'était laissé suivre par un gamin ce qui l'agaçait à un point lui faisant friser l'apoplexie. D'autant plus comment diantre Léon pouvait connaitre l'existence de CHERUB ? Peut-être qu'il avait surpris Brian et l'avait balancé! Peut-être que s'était à cause de lui si l'agent avait disparu! Ah! Quand il aurait Brian sous la main il s'occuperait personnellementde lui monter à quel point son attitude avait été idiote, et il espérait que le t-shirt gris se ferait renvoyer de l'organisation pour son incompétence. Encore une fois un dilemme se posait au jeune albinos, si Léon connaissait l'existence de CHERUB démentir ne servirait à rien, il devait convaincre Léon de lui dire tout ce qu'il savait, étant charismatique Gepetto décida de tenter le tout pour le tout afin de savoir. Après tout le temps pressait et laisser en liberté un jeune garçon susceptible de révéler l'existence de CHERUB au monde et sachant peut-être ou était passé Brian, alors il déclara en italien

-Oui, je suis anglais et je fais partie de CHERUB et je peux t'aider Léon, je pourrai faire beaucoup plus pour toi que tu ne le pense, je peux t'expliquer le motif de ma présence ici mais les confidences sont à double sens, il faut que tu me dises comment tu a découvert l'existence de l'organisation avant toute chose, après cela je répondrais à tes questions

Le visage de Gepetto était confiant, tout comme le ton qu'il avait employé, il semblait parfaitement calme, rien n'aurait pu trahir toute la colère qu'il ressentait en l'instant présent. Ses mains étaient ouvertes, son regard calme et déterminé, il avait l'habitude de convaincre les gens, le jeune homme n'hésiterait pas à entrainer Léon au sous-sol et ont utilisé les grands moyens pour lui faire tout avouer, il savait que son contrôleur le tolérerait, compte tenu de l'ampleur de ce qu'il avait découvert. Brian avait probablement permis de découvrir un éventuel trafic d’enfant , chose qui avait réjoui Gepetto au début de la mission mais il avait aussi menacé toute la sécurité de l'organisation, une faute pareil lui vaudrait l'exclusion il en était plus que certain.

Et maintenant si l'adolescent n'arrivait pas a réparé la monstrueuse faute de Brian, ce n'était plus sa carrière qui était compromise mais tout simplement l'existence même de l'organisation. Si jamais Léon avait des réelles preuves et qu'il les divulguait CHERUB serait très probablement dissous! Frissonnant à cette idée Gepetto attendit la réponse de Léon.

À cette révélation, le visage de Leon se détendit un peu tandis qu'un éclair de triomphe naquit dans son regard. Les renseignements ainsi obtenus venaient conforter les hypothèses que le garçons avait échafaudés. Il semblait enclin à faire confiance à Gepetto même si une certaine méfiance restait tout de même palpable.

"Je... J'en savais rien, en fait...", avoua-t-il, visiblement ravi du scoop qu'il était en train de se voir révélé. "Enfin, on en parle souvent chez nous et les paris vont bon train. Y'en a qui prétendaient même que vous aviez été dissous après la guerre... J'vois qu'il n'en est rien..."

L'air décidé, Leon changea de sujet, pressé de savoir ce que l'albinos pourrait lui apprendre.

"Mais CHERUB a quoi à voir avec l'orphelinat Sainte-Hélène du Saint-Suaire ? Me dis pas que les Anglais sont dans le coup pour le trafic d'orphelins sur Nice ?"

Frissonnant dans sa tenue plutôt légère pour affronter la fraîcheur de la nuit, même à Malte, Leon marqua un temps d'arrêt.

"T'as trouvé quoi dans le bureau de la Pingouine ?", reprit-il. "Y'a des preuves que le trafic part d'ici ?"

Avec un soupir désabusé et une candeur touchante, le garçon avoua sans complexe.

"J'me suis fait chopper à chaque fois que j'ai essayé de venir le fouiller. J'ai la peau des fesses renforcée mais, à force, je commençais à en avoir un peu marre..."

Regardant autour de lui comme s'il craignait de voir arriver quelqu'un, Leon poursuivit.

"Faut pas qu'on reste ici, on va se faire repérer. On va se planquer, on met nos infos en commun et on fait équipe ?", proposa le gamin en tendant la main à Gepetto dans une attitude un peu trop solennelle.

Gepetto considéra le mur, il n'avait qu'une envie se jeter dessus jusqu'à cette mission disparaisse de son esprit de et sa vie. Oui vraiment des orphelins au courant de l'existence de CHERUB cela n'avait ni queue ni tete. Pourtant Léon était là avec son sourire plein d'insouciance, il ne comprenait vraiment pas le problème dans lequelle il était fourré cela était attérant. Gepetto prit donc deux décisions, avertir les responsables de CHERUB qu'il y avait des fuites, et continuer de collaborer avec Léon. De toute façon au point où il en était cela ne pourrait en rien être pire. puis il songea qu'en fin de mission il pourrait toujours mettre totalement en doute les convictions de Léon. Oui il pourrait lui faire croire que tout cela n'avait été qu'un vaste canular, peu à peu son discours de fin de mission se mit en place dans son esprit retor.

"Tu me fais marrer Léon! Tout ce temps passé avec moi et tu ne te serais douté de rien, tu t'es pas dit qu'une organisation telle que CHERUB n'avait pas pu survivre à la guerre, tu ne t'es pas dit que je pouvais m'être procuré le pistolet au marché noir, tu n'as pas pensé que si je voulais en savoir sur le trafic c'est car je fais partie du McKenzie gang qui n'apprécie pas que l'on empiète sur son territoire, tu n'as pas pensé que j'ai compris que tu voulais faire le bien et que donc j'ai fait comme si je le défendais en une phrase tu n'es qu'un petit con fouineur et trop stupide".

Le tout assorti d'une bonne correction devrait lui permettre de convaincre Léon que n'existait pas. Et puis sinon il y avait toujours l'hypothèse du recrutement. enfin tout cela dépendrait de la réaction de ses supérieures faces aux fuites. Alors il serra la main de Léon puis déclara

-Les Anglais sont sur le coup en effet, et n'ai pas trouvé grand-chosedans le bureau de la Pingouine, juste des annotations étranges sur les dossiers de certains disparus, tu sais quoi exactement sur le trafic. Et tu as un endroit où on pourrait se planquer ou alors on retourneà la piaule ?

Puis il commença à marcher entrainant le gamin avec lui, passant et repassant en boucle ce qui aurait pu amener les orphelins à connaitre l'existence de CHERUB avec un certain agacement. Il espérait que Léon avait au moins des choses interessantes a lui communiquer.

Tout en serrant avec enthousiasme la main de Gepetto, Leon avait l'air particulièrement heureux de la collaboration qui s'annonçait.

"j'comprends pas ce que vous avez à voir là-dedans. Filippo a été retrouvé en France.", murmura-t-il, intrigué quand même par la présence des Anglais sur le terrain. "C'est la DCRI qui a fait appel au MI 6 ? Comme si on n'était pas capable d'assurer le coup tout seul…"

La fin de la phrase avait était prononcé avec une pointe d'amertume comme si le gamin semblait déçu de constater qu'on ne le jugeait pas capable de s'en sortir seul sur le terrain.

Faisant un signe de la main au jeune albinos, il l'entraîna à sa suite pour quitter le secteur réservé au personnel encadrant de l'orphelinat. Discrètement, il retourna au rez-de-chaussée à proximité du réfectoire en s'efforçant d'atténuer le bruit que faisaient ses pieds nus en claquant sur le parquet.

Entrant dans une pièce devant servir de réserve, il s'immobilisa au milieu des étagères remplies de boites de conserve et de provisions diverses. La lumière parvenait, tamisée, au travers d'étroites ouvertures sous le plafond. Regardant Gepetto dans les yeux, Leon sembla hésiter une fraction de seconde avant de reprendre la parole.

"Putain, j'suis vraiment pas en tenue pour faire le con dans les couloirs.", constata-t-il, une nouvelle fois, en considérant le peu de vêtements qu'il portait sur le dos. "fait pas chaud en plus mais bon… On peut pas aller discuter dans la piaule. Matt et Jamie sont vraiment pensionnaires de l'orphelinat. Ils sont au courant de rien…"

Esquissant un sourire amusé en pensant à leurs camarades de chambrée qui ignoraient toute la vérité, Leon poursuivit.

"Tout ce que je sais sur le trafic, c'est que l'interrogatoire de Filipo nous a fait remonter la piste jusqu'ici. La DCRI a pensé qu'on pourrait sans mal se mettre sous couverture ici et vérifier l'information. J'ai été envoyé pour ça mais j'savais pas qu'ils associeraient les Anglais dans mon dos…"

Le gamin marqua un nouveau temps de silence comme s'il n'avait toujours pas digéré le manque de confiance de ses "employeurs".

"Bref ! j'ai établi un profil type de ceux qui ont disparu ici depuis quelques mois et tout colle. Neuf-dix ans, sans aucune famille qui risquerait de les réclamer. La disparition de Luca m'a conforté dans mes certitudes que tout démarre ici mais j'ai rien trouvé de concret encore. Enfin, non, y'a un truc bizarre quand même. Brian qui disparait, lui aussi. Là, ça ne colle plus du tout… Il est trop vieux par rapport aux autres et sa disparition est bien trop proche de celle de Luca."

Leon eut un léger rire avant d'émettre une hypothèse.

"À moins que lui, il se soit vraiment fait la malle tout seul… Enfin un qui réussit à fuguer… Sinon, j'ai fouiné un peu partout sans trop de succès mais j'ai pas encore exploré les caves. T'as quoi de ton côté ?"

S'interrompant, le garçon attendait, en retour, quelques éléments concrets de la part de son nouvel allié

Tout commençait enfin à trouver un sens logique et un temps soit peu réaliste. Ainsi donc Léon avait été envoyé par les services français, tout cela expliquait le fait qu'il parle français et qu'il soit si fouineur. Bien sûr Gepetto n'aurait jamais pus supposer tout cela par simple esprit de déduction, mais deux problèmes restaient très présents. D'une part Léon ignorait que CHERUB et la DCRI n'étaient pas associés mais plutôt rivaux sur cette affaire. De l'autre si jamais une organisation similaire à CHERUB existait en France cela rendait tout recrutement impossible et l'exécution de son "discours" peu réalisable.Pourtant Gepetto décida qu'il aviserait avec son contrôleur de mission. Pour l'heure il devait continuer de collaborer avec Léon, il décida de donc de lui dire que Brian était un agent de CHERUB et que l'organisation ne souhaitait que le retrouver. Oui car cela permettrait de crédibiliser son discours de fin de mission, il lui expliquerait d'avoir aussi été envoyé a la recherche d'un membre du gang disparu.

-Je vois, eh bien nous sommes à peu après au même point, les annotations peuvent laisser penser que le trafic part effectivement d'ici, et quant à Brian et bien je sais qu'il n'a pas fuger c'est un agent de CHERUB et il n'avait donc aucune raison de le faire, je suis ici en priorité pour le retrouver et donc aussi pour tenter de démanteler le trafic, donc pour l'instant je ne vois pas trop ce qui aurait pu causer sa disparition, d'autant plus que sa fiche n'était pas annotée, je pense qu'on pourrait trouver d'autres infos intéressantes dans les caves

Soudain une autre hypothèse traversa l'esprit de Gepetto, et si jamais Brian n'avait pas été enlevé comme son âge et l'absence d'annotation le supposait mais emprisonné dans les caves pour x raison . Il aurait très bien pus se faire surprendre en pleine conversation avec un contrôleur et être jugé dangereux. Cette hypothèse valait la peine d'etre vérifié!il sortit donc son portable et accéda rapidement au plan tout en vérifiant que Léon ne pouvait pas voir l'écran durant l'accès. Puis il le lui montra.

-C'est le plan, je sais exactement comment aller jusqu'aux caves, il vaudrait mieux qu'on vérifie maintenant comme ça se sera fait

Puis l'albinos attendit calmement la réponse de son "partenaire", si jamais Brian était enfermé aux caves il fallait faire vite...

Devant les révélations de Gepetto, Leon lâcha un petit sifflement médusé. Ainsi, l'albinos aurait bien été envoyé en renfort sur Malte, mais il était un renfort venu découvrir ce qu'il était arrivé à l'agent en poste avant lui sur les lieux. Jamais, il n'aurait soupçonné Brian d'être un agent secret tant le garçon savait s'attacher à parfaire sa couverture. Du coup, effectivement, le cadre de la mission évoluait quelque peu. Non seulement, il s'agissait de démanteler ce trafic d'êtres humains vers la France mais également de secourir un "collègue de travail" en difficulté.

Voila des renseignements que Leon se promit de transmettre à ses supérieurs lors de son prochain compte-rendu mais plus tard. Pour le moment, le jeune Français n'était pas mécontent d'agir à sa guise. L'aventure lui plaisait et il ne tenait pas à essuyer un refus s'il demandait officiellement l'autorisation de la continuer. En agissant de la sorte, il ne désobéissait pas formellement aux ordres mais il ne se conformait pas tout à fait aux habituelle mesures de sécurité ou de prudence qu'il était censé respecter.

Regardant avec attention le plan qui apparaissait sur l'écran du téléphone de Gepetto, Leon suivit un tracé du doigt avant de commenter.

"OK, je vois où se trouve la porte qui permet de descendre au sous-sol. On va y jeter un coup d'œil !"

Ressortant de la réserve de nourriture, les deux enfants remontèrent un long couloir pour se retrouver devant une porte verrouillée. D'après le plan, celle-ci devait donner sur un escalier qui s'enfonçait sous terre et qui desservait un mini-labyrinthe de couloirs et de pièces obscures.

Au moment d'ouvrir, Gepetto tiqua en regardant le type de serrure. Une fine fente permettait d'introduire la clé mais ce modèle était récent et pratiquement impossible à ouvrir avec les outils à sa disposition. Même le fameux pistolet à aiguilles risquait de ne pas pouvoir surmonter cette difficulté.

Gepetto était agacé, il détestait que les choses ne se déroulent pas comme il l'avait prévu et dans cette mission rien ne se passait comme il le souhaitait ce qu'il trouvait prodigieusement énervant. Même sachant qu'il avait peu de chances de réussir à crocheter la serrure il décida d'essayer tout en parlant à Léon. Certes il était rassuré de savoir que lui seul était au courant de l'existence du campus mais dans les heures à venir cela pourrait prendre une tout autre proportion. Alors le jeune homme devait aussi savoir pour qui Léon travaillait, peut-être qu'il faisait partie d'une organisation d'espionnage pour enfants situé en France. Une collaboration entre les deux organisations pourrait s'avérer très intéressante.

-C'est agaçant je doute que le pistolet puisse suffire pour ce genre de serrure...

Puis, continuant son opération il continua sur un ton moins éxaspéré , mais parfaitement concentré.

-Et donc, toi tu fais partie d'une organisation similaire à CHERUB je suppose ?
En vérité le terme supposition ne collait pas, le jeune homme était sur de ce qui l'avançait, cela expliquait le fait que le dossier de Filipo soit classé secret défense, et aussi le terme "on" que Léo avait utilisé pour dire qu'il connaissait l'existence de CHERUB. Cela sous-entendait le fait qu'ils étaient plusieurs à être espions. Cette perspective était troublante, cela allait probablement changer la façon de penser des t-shirts blancs en effet savoir qu'il y avait d'autres agents mineurs allait exiger encore plus de méfiance de la part des agents de CHERUB. Et puis si les deux organisations ne parvenaient pas à s'entendre car elles n'avaient pas les mêmes principes il faudrait que CHERUB prenne en compte une éventuelle concurrence.

Bref, ce qui était à la base une petite mission s'avérait être une mission qui allait apporter beaucoup plus d'informations que prévues si Gepetto la menait à bien. L'albinos songea tout de même qu'il était dommage que CHERUB ne puisse avoir Léon dans ses rangs, il aurait fait une très bonne recrue ce qui expliquait d'ailleurs le fait qu'il soit à l'orphelinat en tant qu'agent secret lui aussi. L'italien songea que Brian allait probablement être surpris quand il rentrerait sur le campus, puis soudain Gepetto songea à autre chose, et si jamais la fameuse clé trouvée sous le matelas de Brian était celle des caves ? Les chances étaient minces mais cela valait la peine d'essayer si jamais Gepetto n’arrivait pas à crocheter la serrure.

Légèrement en retrait, Leon tenait la lampe de poche allumée pour éclairer Gepetto dans sa tentative de crochetage de la serrure. À la question "innocente", le jeune Français se crispa légèrement comme en témoigna le tremblement du faisceau lumineux qui s'écarta un bref instant pour revenir à sa position initiale.

"Euh oui, enfin non, je sais pas…", bafouilla le gamin, soudain gêné et, manifestement, beaucoup moins sûr de lui. "On… On s'racontera nos souvenirs une fois ton copain sorti de là…"

Malgré tous ses efforts, l'albinos ne parvenait pas à manœuvre la serrure, ce qui lui arrachait quelques soupirs excédés de voir quelque chose lui résister. Heureux de changer de sujet, Leon proposa son aide et l'agent de CHERUB, après une légère hésitation, lui céda la place. Le maniement du pistolet à aiguilles semblait aussi familier au Français qu'il ne l'était au t-shirt bleu marine, preuve que le nouveau camarade de Gepetto avait déjà eu l'occasion d'utiliser un tel matériel, d'ordinaire réservé aux seuls services de renseignements.

"Merde, non ! Y'a pas moyen !", pesta Leon dont l'échec était comme un baume appliqué rafraîchissant sur l'orgueil de Gepetto qui aurait fort mal vécu voir le Français réussir là où lui échouait. "Y'avait pas une clé de ce modèle dans le bureau de la Pingouine ?"

En s'écartant de la porte, le gamin rendit son matériel au jeune albinos, l'air vraiment désolé de ne pas être parvenu à déverrouiller cette maudite serrure.

Plus l'heure tournait plus Gepetto avait l'impression que la situation lui glissait des mains tel le sable et il avait horreur de cela, tout ce qui n’était parfait lui déplaisait. D'abord il y avait cette maudite serrure qui refusait de céder au pistolet a aiguille, puis il y avait Léon, Léon qui ne semblait guère disposé à lui donner l'information dont il avait besoin. Il enroula son pistolet dans le tissu et le rangea dans sa poche. Toujours aussi exaspéré il déclara d'un ton propre à montrer son intense agacement mais tout en gardant une discrétion obligatoire
-C'est vraiment chiant!

L'attention de l'albinos se fixa sur la serrure, il mémorisa rapidement l'apparence de celle-ci tout en l'assimilant au contact de tissu.
-Bon on va aller refouiller le bureau de la Pingouine, elle doit bien garder la clé quelque part
Ils repartirent discrètement, pendant la marche Gepetto songea que le jeune Maltais s'imaginait peut-être pouvoir quitter l'orphelinat sans divulguer le nom de l'organisation. Il était vraiment naïf pour un agent secret, et cela risquait de le compromettre. L'idée que deux organisations d'espionnage réservé aux enfants existent était stupéfiante. Cela allait changer beaucoup de choses dans les années à venir et le jeune italien ne comptait pas passer à côté d'une information pareil.

Léon en avait trop dit pour l'albinos pense qu'il était un espion solitaire, dommage pour lui et son agence. Enfin, surtout pour lui car Gepetto comptait lui faire avouer pour qui il travaillait par tous les moyens possibles peu importe leurs légalités. Une fois arrivé devant le bureau de la directrice, le t-shirt bleu marine recommença à forcer la serrure tout en se disant que cette mission d'infiltration ne devait vraiment pas être un cadeau pour ce pauvre Léon en songeant à tous les coups qu'il avait dû recevoir. Enfin, pour lui non plus cela n'était pas un cadeau cette fois si jamais il se ratait il risquait de faire tuer Brian, de laisser un espion français connaitre l'existence de CHERUB et bien sur d'être renvoyé dans un orphelinat italien l’organisation ne faisait pas de cadeaux aux jeunes renvoyés car ils avaient commis des fautes. Tout cela était évidemment hors de question! Après tout il avait déjàréussi une opération plus complexe encore que celle-là ! De cliquetis en cliquetis l'opération avança peu à peu. La situation était ironique, se retrouver à reforcer une serrure pour la seconde fois car l’on n'avait pas réussi à en forcer une autre, c’était risible pour un espion confirmé.

Devant leur incapacité à crocheter la serrure de la porte menant aux caves (en dépit de l'utilisation du pistolet à aiguilles), les deux enfants, sous la conduite de Gepetto, se décidèrent à revenir sur leurs pas pour trouver la fameuse clé dans le bureau de la directrice.

Pendant que Leon faisait le guet, l'albinos ouvrit sans difficulté la porte et alla inspecter rapidement les différents tiroirs. À moins que la directrice ne gardât les clés sur elle en permanence, un trousseau devait forcément se trouver quelque part dans la pièce, à un endroit normalement accessible rapidement.

En effet, après quelques minutes d'une fouille active, Gepetto finit par mettre la main sur un assortiment de clés dont une semblait pouvoir particulièrement s'adapter à la serrure conduisant au sous-sol. D'ailleurs, à regarder cette clé de plus près, sa forme était étrangement familière à l'agent de CHERUB, lui rappelant bizarrement celle qu'il avait trouvée, cachée dans l'armoire de Brian. Se pouvait-il que son camarade disparu ait eu un doute sur ce qu'il se tramait dans les caves de l'orphelinat au point de mettre la main sur le moyen d'y aller faire un tour ? Mais, visiblement, la suite des événements l'avait empêché de mener son plan à bien...

Pressé par Leon qui voyait d'un mauvais œil, tout à la fois, le temps filer, les risques augmenter de se voir surpris et la fraîcheur de la température qui lui faisait regretter de ne pas avoir pris le temps de se couvrir un peu mieux, Gepetto veilla à effacer, une nouvelle fois, toute trace de son passage avant de quitter le bureau en brandissant le Sésame vers la "terre promise".

Rapidement, les deux complices d'un soir rejoignirent la porte de la cave et parvinrent, sans difficultés, à en faire jouer la serrure, se retrouvant face à un escalier en béton, plongeant vers les entrailles du bâtiment. Descendant avec précaution les marches, les garçons débouchèrent dans un couloirs, bordé de chaque côté par de lourdes portes en bois, au centre des quelles se trouvait une trappe métallique, qui fermaient de petites pièces bien encombrées de caisses et cartons divers.

Sans prendre vraiment le temps d'inspecter ces débarras, Gepetto et Leon poursuivaient leur exploration, voulant à tout prix tout inspecter pour vérifier la présence ou l'absence de Brian. Tout au bout du couloir, ils tombèrent sur deux portes fermées par un gros cadenas. Dans chacune de ses petites cellules se trouvait un gamin endormi et, allongé sur une vulgaire paillasse qui l'isolait, bien mal, de la terre battue qui constituait le sol de la pièce.

Regardant par le judas de la porte, Gepetto identifia sans peine Brian mais un Brian amaigri, au visage sale et aux vêtements déchirés, qui n'avait même pas réagi au bruit de l'ouverture de la trappe. Dans la cellule voisine, Leon reconnut Luca dont les joues poussiéreuses portaient encore les traces des larmes qui avaient coulé.

D'un geste de la main, le Français confirma l'identité du prisonnier devant lui et encouragea son nouveau "collègue" à se dépêcher un peu...

Pour la première fois depuis le début de la mission Gepetto était réellement content, oui il avait retrouvé Brian sain et sauf. Bon cette réussite était ponctuée d'un gout amer car aller chercher la clé dans le bureau de la directrice n'avait servi à rien compte tenu du faite que la clé de Brian aurait pu ouvrir la porte. L'italien était aussi assez fier d'avoir réuni en une journée autant voir plus d'informations que son collègue français. L'albinos supposait que les témoignages de Brian et Luca pourraient apporter encore plus d'informations sur le trafic. Le seul problème réel qu'il leur restait résidait en la personne de Léon, le t-shirt bleu marine trouvait invraisemblable que le bavard ne comprenne pas quelle pouvait être les influences de ce qu'ils savaient tous les deux.

Oui il était assez naïf, sa seule chance de survivre en tant qu'agent secret était qu'il perde cette naïveté enfantine sans quoi il ne ferait pas long feu chez des espions. Il fallait toujours un certain temps à notre jeune protagoniste pour qu'il s'attache aux gens, pourtant il trouverait presque dommage d'utiliser la violence pour faire parler Léon, il était quand même sympa. Et s'il était vraiment intelligent il céderait de suite, enfin cela semblerait incongru de la part d'un espion qui venait d'accumuler les racler au nom de sa mission et donc de son organisation. Enfin tout de même il ne devait pas etre très discret ou très chanceux pour s'etre fait surprendre tant de fois. Une nouvelle fois l'italien sort de sa poche son pistolet à aiguille. Les cadenas étaient moins complexes à déverrouiller que les serrures et avec un peu de chance, son compatriote serait libre d'ici quelques minutes. Il avait plus qu'intérêt à être réactifs aux questions et à écouter les ordres, tout allait se jouer dans les prochaines heures le t-shirt bleu marine en était intimement persuadé.

Tout en s'adressant des félicitations intérieures pour avoir retrouvé Brian, le narcissique songea qu'au fond sans Léon il aurait retrouvé Brian. Oui, pour le naïf tout aurait pu être différent, les deux agents auraient pu se croiser sans se soupçonner mutuellement, en fait Gepetto songeait qu'un croisement des deux organisations avait dû déjà arrivé, sauf que soit les agents ne s'en étaient pas rendu compte, soit les informations n'avaient jamais été rendue publique et cela était conservé au plus profond des archives des deux organisations. Si Léon connaissait l'existence de CHERUB, peut-être que les organisations avaient un lien, CHERUB avait été fondé a la fin des années 1940 par Charles Henderson qui avait compris a quelle point les agents mineurs pouvaient aider. Et, en cours d'histoire on leurs avaient dit qu'au début certains agents étaient français.Peut-être que l'un d'eux s'en était inspiré pour créer sa propre organisation ou peut-être que l'inverse avait eut lieu. Curieux le jeune homme ferait tout pour le savoir.

Assez facilement, Gepetto parvint à crocheter le cadenas fermant la cellule de Brian. Confiant provisoirement son pistolet à aiguilles à Leon pour qu'il agisse de même avec le cachot voisin, l'albinos ouvrit la porte. Alors que cette dernière tournait sur ses gonds, un grincement réveilla en sursaut le gamin qui gisait sur la paillasse. Se redressant vivement, le garçon se blottit contre le mur, levant un bras devant sa figure comme pour se protéger d'un coup éventuel.

"Non, non, laissez-moi...", gémit-il d'une voix plaintive et effrayée avant de reconnaître le visage de celui qui venait d'ouvrir la porte.

Une lueur incrédule et pleine d'espoir se forma dans le regard du prisonnier alors qu'il tentait de se mettre debout.

"Gepetto ? Tu fous quoi ici ? Faut prévenir Steeve, y'a des trucs pas nets qui se pass..."

Le jeune agent s'interrompit net en se mordant les lèvres. Il venait d'apercevoir Leon qui, un bras passé autour des épaules du petit Luca, venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte. L'attitude neutre du Français ne permettait pas de déterminer s'il avait remarqué quelque chose de louche dans les propos du prisonnier mais, dans le doute, il fallait mieux essayer de faire preuve d'une certaine discrétion.

"Faut qu'on sorte d'ici ! Et vite !", commanda le jeune garçon, sans réaliser qu'il énonçait une évidence. "Je déclenche le plan d'alerte. On sera mis en sécurité dès qu'on quittera le bâtiment..."

Aussitôt, Leon sortit le téléphone portable qu'il avait réussi à coincer dans l'élastique de son caleçon et pianota rapidement sur l'écran, effectuant une manœuvre complexe pour le déverrouiller. Bien qu'essayant de regarder, Gepetto ne parvint pas à voir la séquence de touches activées pour effectuer cette manipulation. Tout au plus, put-il noter qu'à la photo banale d'un paysage se substituait un étrange logo, lequel disparut aussi vite alors que l'écran s'éteignit lorsque le Français pressa sur une icone déterminée.

"Vite !", répéta Leon en pressant Gepetto. "Je vais voir si la voie est libre. Tu me suis avec les deux autres..."

Gepetto donna l'accolade à Brian comme s'il était absolument ravi de le retrouver, il déclara très discrètement et anglais
-Ici c'est Nicolas et je suis venu te sortir de là, on va prévenir Steeve mais on a un autre problème Léon et un agent secret français mais je ne sais pour qui il travaille, lui en revanche connaissait l'existence de notre organisation avant de venir ici donc on a intérêt à ce qu'il nous dise pour qui il travaille et à se tirer d'ici

Les "retrouvailles " n'avaient pas duré plus d'une minute, attrapant Luca par les épaules et surveillant Brian il fit avancer les deux anciens fugueurs. Ils devaient quitter le bâtiment le jeune italien en était certain, en revanche si le "plan d'alerte" de Léon constituait à les mettre tous aux mains de français Gepetto doutait que cela soit positif pour lui et son compatriote. En songeant au français, notre jeune protagoniste pensa au fameux logo présent sur le téléphone de Léon. Il avait reconnu le nom et l'apparence du fameux personnage de Victor Hugo, Gavroche gamin des rues de Paris et révolutionnaire qui était mort en chantant ses fameuses paroles.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...

Peut-être que Gavroche avait un rapport direct avec Léon, après tous les deux étaient des gamins, mais pourquoi garder une telle photo en fond d'écran de portable. *Gavroche, c'est un gamin français tout comme Léon mais c'est aussi un symbole, mais symbole seulement de la Révolution française ou d'autre chose . *. Gepetto avait lu le fameux livre, Les misérables à l'orphelinat lors de crises d'insomnies. Il avait beaucoup apprécié ce livre malgré sa longueur et l’ennuie qu’il pût parfois procurer. Rapidement le quatuor progressa dans le bâtiment, Gepetto ne pouvait qu'espérer qu'ils n'allaient pas se faire surprendre sans quoi ils risquaient de retourner dans la cave et d'y rester un certain temps. L’italien ne comptait surement pas se faire prendre, un agent de CHERUB qui tombe dans le panneau et disparaît c’était déjà problématique, deux cela devenait carrément grave, la chouette serait probablement obligé d’en avertir des plus hautes autorités ce qui serait encore plus problématique pour l’organisation. Déjà qu’avec un éventuel rival française le travail allait être encore plus compliqué, pas la peine de leur rajouter une peine en plus. D’ailleurs, notre jeune protagoniste espérait que personne ne verrait l’absence des prisonniers avant un certain temps.

Devant ces révélations surprenante, Brian avait ouvert des yeux ronds, interloqués, alors qu'il se mit à fixer Leon. L'expression d'ahurissement complet affichée par le jeune Anglais montrait bien qu'il ne s'était douté de rien venant de la part de celui qu'il avait même un temps envisagé de recruter pour CHERUB. On peut dire qu'ils auraient été dans le beau drap si cela avait été mis en pratique...

Profitant de la relative sécurité que leur procurait la nuit, les quatre enfants se déplacèrent rapidement dans le bâtiment. Brian récupérait vite et la sensation d'être bientôt à l'abri semblait lui donner des ailes. Seul, Luca paraissait assez effrayé et tremblait en restant collé aux deux agents anglais.

Quelques mètres devant, Leon ouvrait la progression, s'arrêtant par moment pour écouter et faire de grands signes pour indiquer que la voie était libre. Se glissant à travers le réfectoire, le quatuor parvint aux cuisines, puis, de là, put atteindre une entrée de service, utilisée par les fournisseurs.

Alors que Gepetto sortait une nouvelle fois le pistolet à aiguilles pour crocheter la serrure, dernier obstacle entre eux et la liberté, le jeune Français était allé se poster à quelques pas pour faire le guet. Attentif, Brian avait posé une main rassurante sur l'épaule de Luca et piaffait d'impatience, trouvant sans doute que l'albinos prenait beaucoup de temps pour ouvrir la porte.

Au moment où un petit clic se fit entendre, indiquant le déverrouillage de la serrure, un bruit de pas résonna, provenant de la salle à manger. Sursautant, Leon passa la tête par la porte et aperçut un des surveillant qui se dirigeait vers eux.

Sentant la panique le gagner, le garçon se ressaisit rapidement et improvisa une parade. Rapidement, il donna quelques consignes à Gepetto avant de s'éloigner de ses trois camarades pour éviter qu'ils ne soient repérés.

"Barrez-vous vite !", chuchotta-t-il d'une voix pressante. "Je vais faire diversion. Vous viendrez me chercher plus tard."

Aussitôt, le Français se mit à ouvrir un placard, faisant juste un peu plus de bruit que nécessaire. Le stratagème sembla fonctionner et le visiteur indésirable se dirigea aussitôt vers la source du vacarme.

"Qui est là ?", demanda l'homme en s'approchant. "Encore toi, Leon ? Tu fous quoi ici ? T'en as jamais assez ou quoi ?"

"Euh, rien monsieur...", protesta la voix de Leon, mimant la crainte de s'être fait surprendre. "Je... Je voulais juste prendre un peu à manger... Dites rien, pitié..."

À quelques pas de là, Gepetto et les deux autres garçons virent l'homme s'éloigner d'eux. Focalisé sur Leon qui osait encore braver le couvre-feu, il n'avait pas remarqué leur présence. Tendu, l'albinos sentit le petit Luca lui saisir le bras en serrant assez fort, exprimant la peur la plus vive.

Si Léon avait de la chance le surveillant le reconduirait à la chambre sans rien dire et plein de pitié, dans le cas contraire il risquait de l'emmener chez la directrice ou celui-ci écoperait d'une raclée. Pas de chance songea Gepetto, mais pour l'heure Léon n'était plus la priorité. Il ouvrit discrètement la porte puis posa son bras sur le dos de Luca afin de le pousser à sortir. Puis il encouragea Brian à sortir, lança un dernier regard vers Léon et sortit. Ils étaient donc de nouveau en pleine rue, libre ou presque. Le trio mené par l'albinos traversa la route et se cacha derrière un abribus. Gepetto en était certain, la mission touchait à sa fin mais il fallait que l'albinos sache où Léon travaillait, et comment et pourquoi Brian avait été capturé. L'agent commença donc par rassurer Luca en lui assurant que tout allait bien se passer qu'ils seraient bientôt pris en charge, en réalité il se fichait du sort du petit garçon. Pourtant il était nécessaire d'éviter une éventuelle crise de larmes, puis après

-Raconte-moi tout, que s'est-il passé ? Et comment tu as eu la clé du sous-sol ?

L'idée de Gavroche lui trottait dans la tête lui et Léon étaient liés il devait y avoir une symbolique cachée chez Gavroche, d'accord Gavroche incarnait le petit gamin parisien, d'ailleurs le jeune homme se souvint d'une fameuse phrase de Victor Hugo "la gaminerie parisienne est presque une caste" en sachant que Gavroche en faisait partie la gaminerie, le logo de Gavroche, Léon est français peut-être parisien, la gaminerie signifierait un rassemblement d'enfant pas comme les autres où il serait difficile d'entrée, c'est peut-être ça son organisation, Gavroche!*. Bien sûr, il faudrait une confirmation de Léon pour en être sûr mais pour l'instant il n'y avait rien de mieux à exploiter.

L'albinos sorti son téléphone portable effectua une manoeuvre de déverrouillage puis se prépara à envoyer u n texto à Steeve, il lui fallait toutes les informations et pour cela le récit de Brian était obligatoire, et une confirmation de Léon ne serait pas du luxe. L'anglais avait déjà décidé de le prendre à son propre piège. Très fier de maitriser enfin la situation, l'agent de CHERUB s'adressa les plus vives félicitations intérieures, il n'était pas t-shirt bleu marine pour rien.l'avoir assis a l'écart il s'adressa à Brian en anglais. Impatient de savoir ; Gepetto ne quitta pas Brian du regard.

Abandonnant Leon à son sort, les trois enfants sortirent rapidement et en silence de l'orphelinat. Encadrant un Luca visiblement terrorisé, les agents de CHERUB avaient retrouvé leur sang froid, fruit d'un entraînement long et exigent, pour aborder avec davantage de sérénité la suite des événements.

Partiellement dissimulés derrière l'abribus, Gepetto lança un dernier regard vers la porte, vérifiant ainsi que leur fuite était passée inaperçue, puis il se tourna vers Brian pour obtenir quelques informations supplémentaires. Passant à l'anglais, langue que Luca, petit orphelin maltais, ne devait pas maîtriser parfaitement, les deux agents firent un rapidement point de situation.

"Ben, comme tu dois le savoir, j'étais juste là pour une mission de recrutement.", commença l'ancien prisonnier. "Mais j'ai vu rapidement que y'avait un truc louche qui se passait, avec beaucoup trop de fugues et concernant toutes des gamins vraiment trop jeunes pour faire ce genre de truc. À la disparition de Luca, j'ai voulu enquêter un peu plus en allant fouiller le bureau de la pingouine. Mais j'me suis fait chopper dedans et tu te doutes de la suite..."

Brian marqua une courte pause avant de reprendre.

"Pour la clé, je l'ai piqué dans la poche d'un surveillant. Je savais qu'elle ouvrait la porte de la cave mais j'ai pas eu l'occasion de l'util..."

Brusquement, une voix bourrue, s'élevant dans leur dos, fit sursauter les enfants. L'homme s'exprimait en français mais, voyant l'incompréhension de ses interlocuteurs passa au maltais, puis à l'italien.

"Ça va ? Vous êtes en sécurité maintenant... Mais où est Leon ? Et, qui es-tu, toi ?"

Luca et Brian ayant été, visiblement, reconnus, cette dernière question s'adressait à Gepetto dont l'homme venait de découvrir le visage. Rapidement, l'albinos rangea son téléphone dans sa poche sans avoir eu le temps d'envoyer le texto et se redressa pour faire face à l'inconnu.

C'était une boucle, chaque fois que Gepetto pensait maitriser quelque chose, la situation lui échappait encore plus. Voilà maintenant que les Français étaient arrivé, enfin LE français, et cela allait considérablement lui compliquer la vie. Bon au fond il n'avait plus grand-chose à faire ici, mais s'il devait fuir se serait pour fuir comment et où ? Il lui fallait le temps de trouver une stratégie digne de ce nom pour qu'il s'échappe sans oublier Brian. Mais pour l'heure il devait se justifier, chose difficile quand était un agent secret anglais face à un agent secret français qui ignore votre identité. Si, le fait qu'il soit un agent secret n'avait pas gêné Léon, il doutait que se soit pareil pour l'adulte

-Tout va bien pour nous, Léon a dû rester dans l'orphelinat, on était sur le point de sortir quand un surveillant est arrivé, donc il a fait diversion et nous sommes sortis, quant à moi je suis Nicola Spantini et je voulais voler quelques trucs dans le bureau de la directrice, Léon m'a surpris et proposer de l'aider a fouiller les caves en échange de son silence, et donc on a libéré Brian et Luca

Au fond c'était la vérité, enfin c'était presque la vérité, maintenant il fallait espéré que cela allait satisfaire l'homme et trouver une façon de s'échapper. L'heure n'était plus à la recherche mais tout simplement au sauvetage de peau. De toute façon, ils avaient assez d'informations comme ça, alors Gepetto enchaina sur un ton évoquant son courage.

-Brian et moi comptions d'ailleurs aller le chercher, il doit avoir été remonté dans la chambre a l'heure qu'il est, et cette fois si on sait exactement comment procédé donc on prendra moins de temps et on arrivera à fuir.
Bien sur, ce n'était pas du tout ce que les agents de CHERUB allaient faire, ils allaient retourner à l'orphelinat puis trouver un autre moyen de sortir et prévenir leur contrôleur afin qu'ils se tirent d'ici. Pauvre Léon il n'avait sans doute pas fini de galérer, il aurait probablement du mal à expliquer que Gepetto et Brian étaient des agents de CHERUB sans aucune preuve valable.Gepetto lui était pratiquement sur de connaitre le nom et le logo de son organisation alors que CHERUB était censé avoir été dissous après la guerre pour les grenouilles. Espérant que sa stratégie marcherait, l’albinos attendit la réponse de l’homme avec une angoisse parfaitement dissimulée.