2014/12/04-IR – Cambridge, Grande-Bretagne – [Recrutement de Swann Milénium, initialement Nym James] – Livraison au clair de lune

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

[Hors Rpg : Je vous laisse changer le titre je ne sais pas vraiment ce qu'il faut mettre]

Les pas de la jeune fille résonnaient sur le sol en béton de la rue. Il pleuvait. C'était quasiment toujours le cas à Cambridge à cette époque de l'année... Tout au long de l'année en fait.
Nym avançait d'un pas assuré, le regard calme, ses cheveux bruns cachés sous une casquette bleu marine. Le vent s'engouffrait dans la ruelle avec force ce qui obligeait la jeune fille à fermer les yeux.
De loin, on aurait pu la confondre aisément avec un garçon. Casquette, jean troué, t-shirt délavé trop grand, elle était l'un de ses enfants délaissés par la nature à traîner dans les rues. Mais elle avait un but, un objectif.
Elle tourna à droite, puis à gauche, puis de nouveau à droite. Elle avait fait un détour pour éviter la sortie d'un bar peu fréquentable. La rue, c'était sa maison, elle en connaissait les moindres recoins.
La nuit était tombée et la jeune fille se fondait parfaitement dans le jeu d'ombre que produisait la lune. Les livraisons se faisaient plutôt le soir. C'était moins risqué. Mais si elle tombait sur un policier, la blonde connaissait son texte par cœur.
"Je me suis perdue mon père est malade et je devais chercher un médecin". Quant au sachet de drogue dans sa poche elle l'aurait trouvé par terre.
Son frère lui avait toujours défendu d'en prendre. C'était d'ailleurs mieux comme ça. Son frère... Un homme dans la vingtaine avec des cheveux noirs comme le jais en contraste total avec ceux de sa sœur. Il lui avait appris le nom de chaque rue, chaque ruelle. Les coins fréquentables et les coins moins fréquentables.
Encore quelques mètres et elle arriverait à destination. C'était toujours amusant de voir la tête des clients lorsqu'ils découvraient une petite fille devant leur porte alors qu'ils s'attendaient à un homme dans la force de l'âge.
Au loin, on entendait une forte musique de fête et par moment des bruits de verre brisé. Des cris et des rires de gens compléments ivres. Nym avait l'habitude. Ce n'était pas la première fois qu'elle passait par là. Ses yeux gris reflétaient parfaitement la couleur du ciel.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

[HRP]Pour le titre, fais figurer un titre générique qui illustre la situation dans laquelle tu évolues. Nous nous chargerons après de le compléter avec les informations de dates et lieux.
Sinon, ne fais pas d'effets de couleurs dans ton teste et contente-toi d'écrire en noir. Seules les paroles peuvent être éventuellement d'un couleur différentes (ou certains types d'action mais il est encore bien tôt pour les utiliser).[/HRP]

Rentrant la tête dans les épaules dans une tentatives puérile de se protéger de la pluie, la fillette se rapprocher de sa destination. Même si le quartier lui était familier, c'était la première fois qu'elle faisait une livraison à cet adresse et Nym se demandait sur qui elle allait tomber cette fois. Le profil de ses clients habituels était étrangement à la fois similaire et totalement différent. Que ce soit des hommes ou des femmes, jeunes ou plus âgés, ils présentaient tous ce regard un peu perdu, ce léger tremblement lorsqu'ils faisaient l'échange (quelques billets froissés contre le petit sachet qui leur était livré).

Parfois, la gamine venait à les prendre légèrement en pitié mais très vite elle chassait de son esprit toutes ses images pour se concentrer sur le "travail" que lui avait confié son frère en échange d'une sécurité relative. La vie qu'elle menait actuellement était largement préférable à celle qui l'attendait, oubliée au fond d'un orphelinat miteux, ça Nym en était intimement persuadée.

Elle se tenait maintenant devant une petite barrière à la peinture écaillée donnant sur un jardin mal entretenu. La maison présentait une façade décrépie, coincée entre deux autres bâtiments aussi misérables. Mettant la main dans sa poche, elle s'assura de posséder encore le petit sachet que lui avait remis son frère.

Un rapide regard à droite, puis à gauche. La rue était déserte. Vérifiant une dernière fois le numéro sur la boîte aux lettres, la fillette s'assura d'être bien parvenue à destination. Pas de doute, elle était bien au bon endroit. Derrière les rideaux tirés, une lampe était allumée, signe d'une présence dans la maison. Nym allait pouvoir effectuer sa livraison.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

[HRP] Voilà j'ai changé me titre. J'espère que c'est mieux. Pour les couleurs désolée... Habitude.

Nym était désormais trempée des pieds à la tête. Quelques mèches blondes rebelles avaient décidé de prendre l'air et sortaient de sous la casquette et frisottant. L'enfant les laissa faire. La rue était déserte et quand bien même, un passant courageux s'aventurerait par ici, il ne ferait même pas attention à la jeune fille. Pluie battante oblige.

Dans son regard brillait un mélange d'excitations et de crainte. Dans ce métier, il y avait toujours un risque de tomber sur des gens peu... "Aimable". Oh bien sûr jusqu'ici la petite n'avait jamais eu de problèmes. Mais sait-on jamais.

Sur le mur, un interphone depuis longtemps hors-service laissé pendre des vestiges de ce qui devait être un circuit électrique. Elle n'avait plus le choix. Si elle ne voulait pas rentrer bredouille, elle devait avancer. D'une main qu'elle voulait assurée, la fillette poussa la barrière qui gémit sur ses gonds.
Un sourire naquit sur les lèvres de Nym. Ce décor lui faisait penser à celui d'un film d'horreur.

D'un pas rapide, elle traversa le jardin, évitant les mottes de terre, l'herbe haute lui frôlant les chevilles. Alors qu'elle donnait 3 coups sur la porte en décomposition, elle se remémora son texte et les deux scénarios envisageables chaque fois qu'elle visitait un client.

Cas numéro 1, souvent le plus fréquent, elle tombait directement sur le client. Facile à reconnaître puisque celui-ci le regard perdu, lui demandait directement la marchandise. Là, il suffisait de mettre la barre le plus haut possible et de marchander. Avec les indépendants, ce n'était jamais bien long. Tous les prix leur convenaient.

Cas numéro 2, si elle tombait sur un membre de la famille qui n'était pas au courant des affaires de leur père, époux, cousins, ... (certains cachent étonnement bien leur jeu), il faut inventer une excuse la plus valable possible. La préférée de Nym consistait à jouer les petites filles en pleines fugues qui, regrettant leur geste, cherchent déserpérement un téléphone pour appeler la maison et implorer le pardon. Cette excuse avait pour avantage de marcher à n'importe quelle heure de la journée.

Une fois la petite mise en scène remise en tête, l'enfant plongea sa main dans sa poche et sentit le contact froid et rassurant de sa bombe anti-agression. Elle pria pour ne pas avoir à s'en servir alors que des bruits se faisaient entendre à l'intérieur de la maison.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

La porte s'entrouvrit en grinçant sur une chainette de sécurité et un visage renfrogné apparut dans l'espace ainsi libéré. Le regard dur, les traits épais et ingrat, la femme avait tout de la mauvaise caricature des habitants de cette banlieue miteuse. Il ne manquait plus que la robe de chambre et les bigoudis mal attachés dans les cheveux pour parfaire le tableau.

2014/12/04-IR – Cambridge, Grande-Bretagne – [Recrutement de Swann Milénium, initialement Nym James] – Livraison au clair de lune Anne_r10

"C'est pour quoi ?"

La voix était à l'image de sa propriétaire, grinçante et hideuse. La femme ne faisait pas mine d'ouvrir davantage la porte et contemplait sans aucune amabilité la fillette qui se tenait devant elle. Visiblement dérangée au milieu d'une activité ô combien importante (78^ème retransmission de l'épisode 3268 de Dallas ou confection d'un pudding pour la prochaine réunion des dames patronnesses, le mystère restait entier), elle semblait pressée d'expédier rapidement l'importune pour pouvoir reprendre le fil de l'occupation honteusement interrompue.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

" C'est pour quoi ? ". Voilà une question qui méritait d'être méditée. Le client était normalement informé de l'heure de la livraison et savait ce que venait faire la jeune fille. Alors ce "c'est pour quoi ?" fit réprimer un mou d'agacement à Nym. La femme n'était vraisemblablement pas au courant des petites affaires de son mari (ou de son fils qui sait...). Elle n'était pas la cliente non plus : elle n'avait pas le profil d'un toxicomane. La technique de la fille en fugue ne marcherait surement pas sur la vieille pie. En temps normal, cette technique permettait à l'enfant d'entrer dans la maison. Dans le cas présent, c'était tout simplement improbable.

ADAPTATION. Voilà un mot-clé que son frère ne cessait de lui répéter. Le cerveau de Nym tournait à plein régime.

Finalement, elle opta pour un demi-mensonge. Adoptant une mine sûre d'elle, à la limite de l'insolence, elle coinça la porte de son pied et ouvrit la bouche pour dire d'un ton sérieux :

"Je suis là pour une livraison que je dois remettre en main propre. Monsieur Nash était-il là ?"

Évidemment qu'il était là. Il devait être au courant de la livraison. Il n'aurait laissé personne intercepter le paquet. Du moins, la blonde en était convaincue. Son regard vira doucement au bleu, un regard dur et décidé qui ne repartirait pas sans argent.

L'enfant était déjà rentrée bredouille. Une fois. Son frère avait mis plus d'une semaine avant de lui pardonner. Elle avait promis de ne jamais recommencer. Jamais. Elle n'était pas du genre à reculer quand un problème se présentait.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

La femme avait-elle écouté ce que Nym venait de lui dire ? À voir l'absence totale de réaction, il y aurait vraiment matière à se poser des questions. Après quelques secondes d'attente qui parurent une éternité à la fillette, le visage sembla s'animer légèrement. Les sourcils se froncèrent, durcissant encore les traits et les rendant (si cela était encore possible) un peu plus antipathique tandis qu'une lueur fugace s'alluma tout au fond du regard.

"Une livraison ? Pour qui ?" , demanda-t-elle d'un ton soupçonneux avant de poursuivre d'une voix geignarde. "Y'a pas de monsieur Nash, ici. Je vis seule avec mes fils… Monsieur Nash nous a abandonnés."

Par-dessus l'épaule de la femme, Nym pouvait apercevoir un corridor étroit, tapissé d'un papier peint vieillot aux couleurs passées suite aux affres du temps.

Au moment où la porte allait se claquer au nez de sa visiteuse indésirable, du bruit se fit entendre provenant du fond du couloir.

"Ma, c'est qui ?", demanda une première voix.

"Qui ose ainsi te déranger à une heure aussi importante ?", surenchérit le deuxième arrivant.

"On s'en occupe…", conclut le troisième lascar en apparaissant, lui-aussi, dans le chant de vision de la gamine.

En grommelant, la femme haussa les épaules et s'éloigna, pressée de retourner se vautrer dans le canapé face à un insipide programme télé. La porte s'ouvrit complètement et Nym se retrouva face à trois hommes essayant avec difficulté de se tenir côte à côte dans l'étroit couloir.

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Visiblement, ils ne s'attendaient pas à se retrouver en présence d'une fillette aussi jeune et ils marquèrent un temps d'hésitation.

"C'est pour quoi ?", demanda alors le dernier arrivé, paraphrasant ainsi sa mère de façon un peu ridicule.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

DANGER !!! Voilà quelle fut la première pensée de Nym lorsque la vieille mégère laissa place à 3 hommes dans la force de l'âge.

Sans laisser place à sa panique, avec un visage totalement calme, la jeune fille détailla ses interlocuteurs les uns après les autres. Un air de famille les unissait. Seule l'agitation de ses petites mains trahissait sa nervosité.

Si elle décidait de fuir face à ces gros bras, elle risquait de se faire rattraper en moins de deux. Et s'ils décidaient de ne pas la courser, elle rentrerait les mains vides.

Étaient-ils les clients ? Ils avaient bien le profil en tout cas.
La blonde passa rapidement ses mains dans ses poches. L'une alla effleurer le petit paquet de poudre, vérifiant une fois de plus sa présence tandis que l'autre raffermissait sa prise sur le spray anti-agression.
Sa bouille infantile prit une mine assurée et elle déclara d'un ton autoritaire :

- Comme je l'ai dit, une livraison. Mais j'ai pas la permission de minuit alors dépêchez-vous de me régler !

La menace qui planait dans sa voix couvrait le début d'inquiétude qui montait en elle. Oh bien sûr ce n'était pas sa première livraison, mais son frère évitait de l'envoyer dans les coins classés dangereux. Même s'il le montrait peu, il tenait à sa sœur. Malheureusement, celui chargé de faire la livraison avait "disparu" et la fillette était sa dernière option.

De plus, la pluie continuait de tomber et l'enfant était transite jusqu'aux os. Elle voulait en finir vite et retrouver son lit. Elle avait donc décidé que ces 3 là étaient les clients. Enfin... Son instinct lui avait soufflé. Et celui-ci ne se trompait que très rarement.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

Devant le petit bout de fille qui se trouvait devant eux, les trois hommes se regardèrent légèrement indécis. La gamine n'avait certainement pas le profil du livreur habituel et il paraissait hautement improbable qu'un bout de chou pareil puisse tremper dans d'aussi sombres combines.

"Une livraison ?", répéta le barbu en plissant les yeux. "Et si tu faisais voir la marchandise avant..."

"Mais entre d'abord...", offrit le deuxième en ouvrant la porte pour dégager le passage.

"Te régler ?", s'étonna le dernier, aux cheveux frisés. "Emerick ne se fait payer qu'en fin de mois normalement... Enfin, entre, on va voir ça..."

La porte bien ouverte maintenant donnait accès au couloirs au papier peint défraîchi. L'un des frères s'était dirigé vers une petite pièce et attendait que Nym le suive. Dehors, la pluie se mit à tomber avec un peu plus d'intensité, s'abattant sur la fillette encore sur le perron.

"Allez, ne reste pas là.", reprit l'homme d'une voix un peu plus gentille. "Entre au moins t'abriter un peu sinon tu vas être trempée..."

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

Bingo ! Ces trois lascars étaient bien les clients. Devant la mine dubitative de l'un des hommes, Nym sortit le petit paquet de poudre, une lueur de malice dans le regard. Il était totalement hermétique et la fillette s'amusa à le faire passer d'une main à l'autre avec agilité.

- C'est ça ce que vous voulez non ?

Elle examina attentivement le paquet avant de le remettre dans sa poche.

Depuis quand son frère faisait-il payer les clients en fin de mois. Elle n'en avait jamais entendu parler et trouver cette façon de faire totalement idiote. De plus, la blonde avait reçu des ordres et elle ne rentrerait pas sans argent.

- Je ne partirais pas sans argent. Et si vous payez vraiment à la fin du mois et ben, on retirera cette livraison du prix total.

La proposition de rentrer dans la maison était plus que tentante. Nym avait froid, faim et était fatiguée. Mais la règle 26 "n'entre jamais chez un client" la fit douter.

Quand l'enfant avait commencé ses livraisons, son frère avait instauré un règlement afin de la protéger. La petite avait bien envi de lui désobéir, pour une fois. Mais elle savait que dès qu'elle aurait franchi le seuil de la porte, elle serait en terrain inconnu. En effet, la rue, c'était son terrain. Elle y connaissait les règles, les astuces. Mais une fois de la maison, elle ne pourrait plus fuir si un danger se présenter.

- Je dois être de retour à 23h30 et il est 23h. Je n'ai pas vraiment le temps de venir faire la causette. Un autre jour peut-être.

De nature peu confiante, elle n'entrerait pas dans la maison. Certes, la pluie était de plus en plus fort. Mais elle préférait être trempée que morte.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

Les trois hommes semblèrent soudain hypnotisés par le petit sachet que Nym manipulait sous leurs yeux. La fillette avait vu juste : les trois frères étaient bien ses clients et attendaient avec impatience la livraison de la marchandise.

Bien que focalisé sur la poudre qui dansait devant lui, le barbu eut un bref instant de panique. La gamine était complètement inconsciente à exhiber ainsi le produit en pleine rue. Et si quelqu'un les voyait… Le trafic ne ferait aucun doute et il y aurait certainement une bonne âme pour signaler à la Police qu'il se passait des choses louches au sein de la famille Nash.

"Mais t'es folle de montrer ça comme ça…", s'effraya-t-il alors que Nym replaçait le sachet dans sa poche.

"Merde, mais entre !", surenchérit son frère en empoignant la fillette par le bras.

Malgré la résistance de cette dernière, il commença à la tirer à l'intérieur de la maison, indifférent à ses protestations. Soudain, il la lâcha et poussa un cri de douleur en portant la main à son œil alors que deux voix juvéniles retentissaient dans la rue.

Sortant de derrière la haie où ils se dissimulaient, deux jeunes garçons venaient d'apparaître, un noir vêtu d'un sweatshirt à capuche et un brun en débardeur portant des dreadlocks. Ce dernier tenait à main un lance-pierres qu'il venait d'utiliser avec une rare précision. Nym reconnut alors Jamaal et Max, deux des "hommes" de main de son frère. Inquiet pour sa petite sœur, Emerick avait dû les dépêcher pour veiller discrètement sur la gamine et s'assurer qu'elle s'acquitterait de sa mission en toute sécurité. L'attitude des trois frères avait amené les "gardes du corps" à intervenir de façon appropriée.


Jamaal	Max

"Tire-toi d'là !", commanda Djamaal en faisant un grand geste de la main à Nym.

"Rapplique !", cria Max en replaçant une pierre dans son arme, prêt à couvrir la retraite de la petite fille.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

Tout se passa tellement vite. L'un des hommes empoigna la fillette pour la forcer à entrer à l'intérieur. La petite avait de la force, certes, mais pas suffisamment pour résister à un homme ayant le double de poids et le triple de son âge. Nym avait tout cadré dans sa petite tête. D'abord résister pour prouver qu'elle ne se laisserait pas faire. Puis continuer les négociations dans la maison.
Mais deux voix que l'enfant aurait reconnues entre mille résonnèrent dans la rue. Deux garçons de la bande venaient à son secours, semant la panique parmi ses agresseurs. Un voile de déception passa sur le regard de la blonde.

Ainsi, son frère avait décidé de la faire suivre. Si cette livraison était si périlleuse, pourquoi ne pas tout simplement laisser l'un de ses deux toutous faire le boulot ?
De plus, avec bien plus d'une centaine de livraisons à son actif, elle connaissait les ficelles du métier.
Des larmes se mêlèrent au visage ruisselant de pluie de Nym.
Elle n'avait pas pour habitude d'agir sur un coup de tête, mais l'enjeu était de prouver à son frère qu'elle était capable de s'acquitter d'une mission risquée seule.
Elle était têtue et s'était promis de ne pas revenir sans argent.
Déjà un plan en cas d'échec se montait à une vitesse impressionnante dans son petit cerveau. Elle pensait déjà à la raclée qu'elle allait se prendre en rentrant. Mais elle avait besoin de prouver à son frère qu'elle n'était plus la petite fille frêle et triste qu'il avait récupéré à l'orphelinat. En environ un an, elle avait bien changé.

Elle lança un regard déterminé aux jeunes hommes dehors et entra, cette fois de son gré dans la maison, à la suite de son agresseur. Inconsciente, elle l'était. Mais qui ne l'était pas à son âge ?

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

À la grande surprise des deux membres de la bande, Nym leur lança un regard de défit avant de pénétrer dans la maison.

"Merde ! Tu joues à quoi, là ?", lança Max avec une pointe de panique dans la voix tandis que Djamaal ne perdait pas de temps et partait en courant, s'éloignant rapidement de la maison.

Ne pouvant pas croire en leur "chance", les frères Nash marquèrent une brève hésitation avant de se hâter à l'intérieur et de fermer la porte derrière eux. Guidant la fillette jusqu'au salon, les hommes semblaient de plus en plus nerveux. Parvenant d'une pièce au bout du couloir, le son d'une télévision allumée indiquait, sans l'ombre d'un doute, que l'hypothèse "programme télé" était plus probable que l'option "pâtisserie" pour décrire les occupations ô combien importantes de la mère de famille.

Une fois retranchés dans le salon, les hommes entouraient la gamine, se plaçant entre elle et la sortie.

"Et si tu nous montrais la marchandise ?", suggéra le barbu, une lueur inquiétante dans le regard.

"Ce n'est pas très prudent pour toi de faire ce genre de course toute seule...", poursuivit son frère. "Pourquoi Emerick n'a-t-il pas envoyé l'un des deux garçons qui semblaient vouloir te protéger ?"

"Mais parle-nous plutôt un peu de toi...", intervint le dernier. "On ne t'a encore jamais vu. Il y a longtemps que tu fais partie de la bande ? Où Emerick t'a-t-il trouvé ?"

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

Une fois passée l'entrée, la jeune fille regretta instantanément son acte. Elle avait réagi sous le coup de la colère, sans réfléchir aux conséquences. Non seulement, elle mettait sa vie en danger, mais aussi celle de ses protecteurs. Qui sait si les trois Hommes étaient armés.
Déjà, la correction qu'elle allait recevoir, si elle sortait vivante, trottait dans sa tête.
Mais le visage de Nym était paisible. Elle ne pouvait plus reculer, mais elle pouvait jouer le jeu. Son regard fit rapidement le tour de la pièce, évaluant toutes les possibilités de fuite.

Cette fois-ci avec prudence, la blonde sortit le paquet de sa poche, le mit devant les yeux interrogateur du client, avant de le remettre rapidement dans sa cachette. Elle en était venue à la conclusion que tant qu'elle l'avait sur elle, rien ne pouvait lui arriver.

Puis ignorant les questions, elle répéta avec aplombs :

- Je n'ai pas la permission de minuit alors j'aimerais avoir l'argent.

Puis, sans quitter la bande des yeux, elle retira sa casquette, laissant dégringoler ses cheveux dans son dos et les essora. Une petite marre d'eau se créait sous ses pieds, sur le tapis. Du moins si c'en était un.Il donnait plutôt l'air d'un drap rongé par le temps, plein de poussière, de miettes et autres éléments inidentifiables. Elle nota que toute la maison aurait eu besoin d'un nettoyage intégrale. Même le mur ne semblait pas épargné par la poisse. Et elle n'arrivait même pas à deviner la couleur originale du papier peint.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

Contrairement à la première fois, la nouvelle apparition du sachet de drogue ne suscita aucune réaction de la part des trois hommes. Manifestement, leur intérêt ne se trouvait plus dans les quelques grammes d'herbe que la gamine faisait miroiter à leurs yeux et semblaient attendre autre chose. Manifestement, voir Nym entrer de façon spontanée et totalement volontaire chez eux leur avait mis de nouvelles idées en tête.

Le regard malsain, les frères entouraient totalement leur proie réduisant considérablement ses chances de sortir rapidement de la pièce. L'homme aux cheveux frisés se tenait devant la porte tandis que son frère barbu s'était placé entre la fillette et la fenêtre. Cette dernière, fermée, donnait sur un jardinet situé à l'arrière de la maison comme en témoignait l'absence totale d'éclairage public dans ce secteur.

"Emerick ne nous avait pas dit qu'il avait des convoyeuses aussi jolies.", reprit un des hommes. "Il faudra qu'on lui tire les oreilles la prochaine fois qu'on le verra…"

"En tout cas, je comprends pourquoi il augmentait ses prix."", commenta le frisé avec un rire gras et lubrique.

"L'emballage m'a l'air beaucoup plus plaisant.", conclut le dernier en faisant en pas en avant.

Sûrs de leur force, les hommes se moquaient éperdument de l'aplomb prétendument affiché par la fillette. Après tout, c'était bien elle qui avait fait les premiers pas en acceptant leur invitation…

Esquissant un geste de la main pour lui caresser la joue, le barbu insista.

"Ne t'inquiète pas pour la permission de minuit. Nous avons tout le temps. Emerick comprendra et ne t'en voudra pas d'être restée. Il te suffit d'être gentille..."

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

L'inquiétude liée à la punition possible de son frère laissa place à de la terreur, bien que ses yeux n'exprimaient que du calme. Seul le mouvement de ses doigts les uns contre les autres témoignait de sa nervosité.
Afin de se détendre, Nym commença à natter ses cheveux avec agilité, témoignant d'une longue expérience en la matière. Elle finit par les nouer en un chignon, afin qu'ils ne la gênent pas si elle tentait de fuir.

Déjà, les trois hommes étaient autour d'elle. La détermination dans leur regard fit monter d'un cran la peur de la fillette. Elle tenta de rester concentrée sur la pièce, les failles que laissaient les clients, même si ceux-ci les avaient considérablement réduites. Avec difficulté, l'enfant essaya d'ignorer leurs paroles, même si la panique montait en elle.

Réfléchir. La blonde devait réfléchir. Sa main entra en contact avec la bombe anti-agression. Un sourire sadique apparu une demi-seconde sur son visage avant de disparaître quand elle vit la main de l'un de ses agresseurs s'approcher. Sans réfléchir, elle sortit le spray et en envoya une dose suffisante au visage de l'homme.
Puis c'est un regard empli de défi et de crainte qu'elle fixa ses frères.

- Je ne pense pas que mon frère vous approvisionne en drogue si je ne reviens pas entière.

Règle n°19 : on ne révèle pas notre lien de parenté aux clients. L'enfant avait grillé son identité dans l'espoir d'effrayer ses agresseurs. Sa bombe dans la main, elle était prête à renvoyer une dose au premier qui approchait trop près

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

L'absence de toute inquiétude visible chez la fillette enhardissait vraiment les trois hommes qui ne pouvaient voir à travers une telle attitude que le comportement d'une habituée de ce genre de situation. Derrière ce petit air de fausse innocence devait certainement se cacher une perversité remarquable pour cet âge.

"Allons, tout va bien se pass… Aie ! Merde la salope !", hurla brusquement le barbu en se jetant en arrière et en portant vivement les mains à ses yeux.

Se frottant vigoureusement les paupières pour tenter d'atténuer la brûlure, l'homme gémissait et paraissait momentanément neutralisé. Un instant interloqués, ses frères s'avancèrent, le visage dur et déformé par la colère.

"Tu fais quoi, là ?", menaça le frisé, indifférent à la bombe de gaz toujours brandie par Nym.

"Emerick ne va vraiment pas apprécier ton attitude…", annonça paisiblement l'autre avant de donner brusquement un violent coup, envoyant voler le spray à travers la pièce.

La main se rabattit aussi vite, assénant une claque terrible à la gamine qui chut à terre. Au moment où un nouveau coup allait s'abattre, la main fut retenue par le premier homme.

"Attends… Elle racontait quoi, là ?", demanda-t-il fébrilement. "C'est quoi cette histoire de frère ?"

"Elle dit n'importe quoi.", coupa le deuxième en levant de nouveau la main pour frapper encore la fillette. "Comme si Emerick allait envoyer sa propre sœur pour cette course spéciale… Ou alors c'est vraiment le roi des pourris…", conclut-il avec un rire gras.

Recroquevillée sur le tapis, un bras levé pour essayer de se protéger le visage, Nym sentait vraiment la panique l'envahir. Réalisant enfin ce que les hommes attendaient d'elle, elle se sentait paralysée, choquée à la pensée que son propre frère ait pu ainsi la livrer à ces pervers. Trop effrayée pour réussir à réfléchir rapidement, la fillette voyait son univers s'écrouler. Loin d'être le protecteur qu'elle imaginait, Emerick se révélait être un criminel de la pire espèce, n'hésitant pas à ajouter la prostitution au trafic de drogue.

Non, cela n'était pas possible. Au fond d'elle-même, Nym réfutait cette idée. D'ailleurs, maintenant qu'elle y pensait, ce n'était pas Emerick qui l'avait chargée de cette course spéciale, mais Faisal, son bras droit. Elle avait bien trouvé bizarre de ne devoir convoyer qu'un sachet aussi petit mais, ayant reçu l'assurance que ce travail lui était bien confié par son frère, elle n'avait pas cherché plus loin.

Essayant toujours de calmer sa peur, Nym releva la tête et vit les hommes penchés au-dessus d'elle.

"Assez joué maintenant !", commanda celui qui semblait être l'aîné des trois frères. "Tu vas te montrer docile…"

"Arrête Jake, y'a quelque chose de pas normal…", intervient encore le frisé avant de demander à Nym. " C'est Emerick qui t'envoie ?"

"On s'en fout !", rugit le barbu qui reprenait du poil de la bête. "Je vais la massacrer…"

Le visage déformé par la haine, ce dernier avait rejoint ses frères. Les yeux rouges et boursouflés suite à l'action du gaz irritant donnaient encore plus de crédibilité à ses menaces.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

L'air assuré que Nym tentait de montrer disparu quand la claque la fit chavirer.

Sur le sol, ce n'était plus la petite fille sûre d'elle, mais une enfant tiraillé entre terreur, panique, remord, et de la colère. De la colère envers celui qui l'avait envoyé ici.

Trop d'émotions, jumelées à la douleur du coup qu'elle avait reçu, Nym ressemblait plus à un animal apeuré à la merci de 3 brutes épaisses. Son spray était à l'autre bout de la pièce et elle n'avait pas le moyen de le récupérer. Et les menaces qui pleuvaient sur elle la paralysaient.

Bon nombre de questions passaient dans sa tête à ce moment précis. Pourquoi elle ? Pourquoi avoir accepté cette mission ? Pourquoi avoir suivi son frère ?

Les larmes lui montaient aux yeux sans qu'elle puisse les retenir. Elle aurait aimé crier toutes sortes d'insultes sur ses agresseurs, mais celles-ci ne passaient pas ses lèvres.

Elle tentait de se convaincre que Faisal était seul responsable de ses malheurs. Et alors qu'elle sanglotait, sur le sol froid, seul son nom qu'elle répétait comme pour le maudire passait ses lèvres.

Elle avait l'intime conviction que si elle ne revenait pas entière, son frère ferait justice sur ses agresseurs ainsi que sur l'homme qui l'avait poussé à se rendre ici.

Cette pensée lui redonna une légère vague de courage. Elle tenta de s'asseoir, tremblante de tous ses membres et ceintura ses jambes avec ses bras. Elle leva ses yeux remplis de larmes vers l'homme barbu, prête à encaisser un nouveau coup et murmura avec une voix qu'elle voulait assurée :

- Emerick se vengera.

Puis elle ferma les yeux, résignée sur son sort.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

Le barbu, hors de lui, levait la main pour l'abattre sur la gamine qui avait eu le culot d'essayer de lui résister lorsque sont bras fut happé par une poigne solide.

"Arrête, Francis, y'a un truc qu'est pas normal...", intervint l'homme aux cheveux frisés. "On va contacter Emerick pour tirer ça au clair."

"J'ai pas besoin d'en savoir plus.", s'énerva le dénommé Francis en essayant de se dégager. "Elle va payer, c'est tout !"

"Lotney a raison...", dit à son tour celui qui avait été désigné comme étant Jake. "Tout craint un max. On va essayer de joindre Emerick..."

"Et comment vous allez vous y prendre ?", ironisa le barbu. "On ne peut le contacter qu'en début d'après-midi..."

"On la met à l'abri jusqu'à là.", décida soudain Lotney. "Et personne n'y touche en attendant."

Toujours effondré, recroquevillée sur le tapis crasseux qui recouvrait le sol, Nym avait l'impression d'être étrangère à cette scène. Les trois frères discutaient de son cas en l'ignorant totalement, comme si son avis importait peu. La fillette avait envie de se révolter, de leur crier toute la rage qui était accumulée en elle mais elle n'en eut pas vraiment le temps.

Relevée d'une main ferme par Jake, elle se vit traînée dans le couloir jusqu'à un escalier menant à la cave. Le son étouffé d'un téléviseur allumé lui parvenait toujours à travers une porte fermée. Bousculée par l'homme, elle descendit les marches et fut conduite jusqu'à une petite pièce étroite et sale dans laquelle elle fut poussée. La porte se referma aussitôt sur elle dans un bruit de serrure qui se verrouillait. trébuchant, Nym s'étala de tout son long sur ce qui lui semblait être un tas de charbon.

La pièce était sombre et sentait le renfermé. La seule lueur provenait d'un soupirail percé contre le mur du fond, à une dizaines de centimètres au dessus de sa tête, et sécurisé par d'imposants barreaux métalliques.

Derrière la porte fermée à clé, les hommes discutèrent encore quelques secondes sans que la fillette ne puisse saisir leurs paroles. Puis, le son des voix s'éloigna progressivement pour s'éteindre complètement. Ce fut le silence. Nym était seule, enfermée dans la cave de ces hommes étranges.

Messages : 49 Date d'inscription : 04/07/2013

Comme extérieur à la scène, Nym regardait ses agresseurs se disputer sur son sort.
Puis elle fut conduite à la cave. Pendant le trajet, elle opposa une vaine résistance au certain Jake. Trop fatiguée qu'elle était pour réellement entraver la progression, l'homme la fit entrer plutôt facilement dans une pièce sombre. L'odeur nauséabonde lui fit retenir un hoquet de dégoût.

Mais une fois enfermée, elle resta un long moment étendue sur le sol à réfléchir. Les larmes continuaient à ruisseler doucement sur ses joues sans qu'elle n'esquisse le moindre geste pour les chasser. Colère ? Fatigue ? Sans doute un mélange des deux.

Quand ses yeux se furent habitués à l'obscurité, et qu'elle se fut calmée, l'enfant commença à faire le point. Elle était seule, et ce, pour un bon moment encore, sans aucun moyen de joindre l'extérieur... C'est vrai que maintenant qu'elle y pensait, quand son frère l'envoyait en mission, il lui fournissait toujours un portable. Un vieux nokia qui ne contenait qu'un seul numéro dans son répertoire. Un nokia qu'elle rendait à chaque retour de livraison et qui servait à beaucoup de livreur. Hors, cette fois, ce petit instrument ne lui avait pas été fourni. Un oubli ? La brune en doutait sérieusement.

Elle leva la tête et à travers le soupirail, elle aperçut la lune, froide, belle, libre. La fillette plongea la main dans la poche et en retira le petit sachet de drogue. Pendant un instant, elle s'imagina ouvrant le paquet et vider son contenu, oublier tous ses problèmes. Partir vers un monde de songe. Mais bien vite, elle réfuta l'idée. Avec cette poudre dans le sang, elle serait encore plus vulnérable.

Nym escalada le tas de charbon et s'approcha du soupirail dont le carreau était déjà cassé. Elle l'ouvrit et s'accrocha aux barreaux, passant sa tête entre. Où du moins son visage. Le froid et la pluie encore battante s'engouffrèrent par la petite fenêtre, mais l'enfant s'en fichait. Elle frissonna, mais ne bougea pas pour autant, sur la pointe des pieds sur le tas de charbon, les mains sur les barreaux, elle commença à chanter une berceuse espagnole que sa mère lui chantait pour l'aider à dormir. Sa voix claire et étrangement juste résonnait dans la pièce comme une plainte.

Messages : 606 Date d'inscription : 23/04/2012

Encore sous le choc des événements récents, Nym avait inspecté rapidement sa petite cellule, sans parvenir à arrêter les larmes qui coulaient sur son visage d'enfant. Cette cave étroite et malodorante avait servi autrefois de lieu de stockage pour le charbon qui devait alimentait les divers poêles de la maison et, malgré l'avènement d'une nouvelle source d'énergie, personne n'avait songé à se débarrasser des petits cubes noirs qui s'empilaient contre le mur.

Escalader ce tas fut plus aisé qu'il n'y paraissait au premier abord. L'humidité et le temps avaient aggloméré ce matériau jusqu'à le rendre bien compact et étonnamment résistant. Parvenu au sommet, la fillette leva les yeux vers la source de lumière diffuse apportée par la lune et l'éclairage blafard provenant des réverbères de la rue.

Tendant son visage à travers les barreaux du soupirail, elle laissa la pluie lui tremper les cheveux et lui laver les joues, souillées par les larmes qui venaient de couler. S'abandonnant aux éléments, elle se mit à chantonner une berceuse allemande, d'abord d'une voix étouffée et saccadée, puis, progressivement, le timbre se fit plus clair et le chant s'éleva dans la nuit. Abandonnée de tous, Nym retrouvait dans sa mémoire l'illusoire sécurité des soirées avec sa mère.

Alors que la mélodie couvrait le silence pesant, un raclement se fit entendre à l'extérieur. Une voix bien connue retentit alors.

"Nym ? c'est toi ?"

La surprise et une pointe d'incompréhension étaient nettement perceptibles dans la question posée. De l'autre côté du soupirail, apparut un visage familier, encadré par une coupe de cheveux assez caractéristique.

"Qu'est-ce que tu fous là-dedans ?", demanda Max en se baissant pour mettre sa tête à hauteur de celle de la gamine.

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Alors que le chant touchait à sa fin, une voix plus que familière arriva aux oreilles de Nym. Un visage entra dans son champ de vision. Celui de Max. La blonde n'avait jamais était aussi contente de le voir. Un sourire radieux illumina son visage enfantin. Pendant l'espace d'un instant, elle oublia où elle se trouvait. Le "qu'est-ce que tu fous là-dedans" la ramena cependant bien vite à la réalité.
Elle avait froid, faim, était fatiguée et ses yeux encore rouges après avoir pleuré fixèrent le jeune homme avec intensité.

- Moi ? Je teste les lois de la gravité sur un tas de charbon. C'est bon pour l'équilibre et ça noircit les pieds. Tu devrais essayer. Enfin pour ce qui est du noir sur les pieds...

L'enfant laissa sa phrase en suspens. Le sous-entendu était clair.
Ce n'était ni le moment, ni le lieu pour ironiser, mais après une heure passer à être tendue et terrifiée Nym avait besoin de se détendre.
Elle tendit la main pour attraper celle de Max. Ce geste lui permettait d'avoir un lien avec l'extérieur. D'être presque libre. Elle connaissait Max depuis un an. C'était un garçon avec qui on pouvait blaguer sans risquer de le mettre en colère. Toujours prêt à rire, la fillette aimait discuter avec lui. C'était l'un des premiers membres de la bande à être venu parler à l'orpheline, quand elle avait débarqué. Pas très malin, il avait tout de même aidé Nym à se distraire et à penser à autre chose qu'à ses parents. Au fond d'elle-même, elle l'aimait bien.
Puis les sous-entendus fait par ses agresseurs lui revinrent en tête. Son visage se durcit et elle demanda :

- Tu savais quel genre de livraison je faisais ? Qui vous a demandé de me surveiller ?

Même s'il était lié à tout ça, l'enfant ne voulait pas se disputer avec lui, pas maintenant. Il était, à l'instant présent, son seul soutien psychologique. Bien sûre, elle aurait pu lui demander de l'aider à sortir, comme toute personne normale. Ou du moins aller chercher de l'aide. Mais à quoi bon. Malgré la frêle carrure de Nym les barreaux étaient trop serrés et les trois brutes étaient toujours là-haut. Et puis de toute façon ses agresseurs avaient décidé de ne pas la toucher avant le lendemain. Elle avait le temps.

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Un petit soupir de soulagement s'échappa de la poitrine du garçon lorsqu'il vit que la fillette était manifestement en bonne santé malgré les conditions précaires. Il poussa même un petit sifflement admiratif devant l'apparente décontraction de Nym. Où trouvait-elle la force morale pour encore réussir à plaisanter dans une telle situation ?

Saisissant la main de la gamine, il la serra, voulant faire passer dans ce contact tout le réconfort qu'il était capable d'apporter, assorti de l'assurance muette qu'il ne l'abandonnerait pas.

"Très peu pour moi…", répondit-il avec un petit rire à l'invitation à venir se salir les pieds. "Déjà, j'vais avoir du mal à passer par les barreaux."

La suite devint plus gênante et le visage du jeune membre de la bande se crispa devant la question relative à la nature exacte des livraisons. Max connaissait au moins de réputation les frères Nash et il était surpris de voir la propre sœur du "patron" mêlée à ça. Se raclant la gorge pour masquer son embarras, le garçon grimaça.

"Euh… Tu… Tu veux dire, en général, ou ici en particulier ?", bafouilla-t-il. "Je sais que tu convoies de la dope pour Emerick mais pour des réguliers sans histoire. Les frères Nash, c'est pas pour toi. C'était Victoria ou Suzan qui s'en chargeaient normalement."

Les deux dernières citées étaient des filles de treize-quatorze ans qui faisaient déjà partie de la bande à l'arrivée de Nym. Elles avaient une apparence et un vocabulaire assez vulgaire et jouaient volontiers aux "affranchies". Si elle les connaissait de vue, la blondinette n'avait jamais vraiment eu l'occasion de discuter avec elles, se faisant le plus souvent mépriser par celles qui se prenaient pour plus grandes qu'elles n'étaient.

"Disons que le… service auprès de ces types comprenait un… euh, disons un supplément en nature…", poursuivit Max en cherchant ses mots. Il était de plus en plus gêné et se demander comment passer l'information sans choquer une fillette qui, bien qu'ayant déjà passé une partie de sa vie dans la rue, restait encore fraiche et naïve par certains côtés. "Ces salauds ont dû demander de la viande plus tendre et… Non, ce n'est pas possible quand même… Emerick t'aurait jamais envoyée, toi, sa propre sœur… C'est pas un enfant de chœur mais il n'irait pas jusque là, même pour un sacré paquet de biffetons…"

Se penchant pour détailler un peu mieux Nym, le garçon aux dreadlocks fronça les sourcils.

"Ils t'ont pas touchée au moins ?", s'enquit-il avec anxiété. "Du moins, à part t'avoir foutu sur la gueule…", ajouta-t-il en remarquant la joue tuméfiée de la fillette.

Rassuré sur ce point, il esquissa un sourire confiant.

"Euh… Avec Jamaal, on t'a vu partir à une heure bizarre pour tes livraisons habituelles. On avait rien à faire alors on a décidé de te suivre. Personne nous a envoyés…", poursuivit-il, répondant à la deuxième question. "T'en fais pas ! Jamaal est parti prévenir Emerick. Tout va bien se passer… On va attendre tranqu…"

S'interrompant, Max venait de s'apercevoir qu'un des barreaux du soupirail bougeait dans son emplacement. Le ciment s'effritait autour de lui, lui donnant un peu de jeu.

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La présence de Max, sa main chaude accrochée à la main froide de l'enfant lui redonna une bonne dose de courage. Comme à son habitude, il prit en riant la remarque de Nym. Ce rire clair et communicatif que la jeune fille connaissait si bien. Elle avait envie de se blottir dans ses bras pour oublier la soirée qu'elle avait passée, ses doutes sur ses activités, sur celles de son frère, mais la présence des barreaux rendaient cette pensée inutile. Max était l'une des rares personnes de la bande à qui Nym faisait confiance.

Puis le jeune homme entreprit de répondre aux questions de la fillette. Il semblait gêné, aussi elle décida de ne pas l'interrompre, écoutant avec attention les paroles de Max. À l'évocation de Victoria et de Suzan, elle fit une mine dégoûtée sans commenter pour autant. Ces deux filles lui tapaient sur le système à se croire supérieur. À tourner autour de son frère pour avoir plus. Et surtout, à se maquiller comme des pétasses pour avoir l'air de jeunes femmes de 17 ans. C'était pathétique, et moins elle les voyait, mieux Nym se portait.
Ce que le jeune homme bafouillait, Nym en comprenait plus ou moins le sens. Bien que le terme de "viande plus tendre" lui fit haussé un sourcils. Mais elle n'osa pas en demander d'avantage vu le mal qu'il avait à exprimer sa pensée.

Puis il la rassura sur les intentions de son frère. Jamais il ne l'aurait envoyé ici. Un sourire éclaira le visage de la petite fille. Il était donc fidèle à l'image de protecteur qu'elle se faisait. En revanche, Faisal payerait pour son acte. Et elle se promit d'avoir une discussion avec son frère. Elle n'aimait pas qu'il lui cache des choses.

Sa relation avec le second de son frère était étrange. Elle ne le détestait pas, mais ne l'adorait pas pour autant. Lui en revanche ne l'aimait pas vraiment, sentant sa place aux yeux d'Emerick menaçait par une gamine de 11 ans. De plus, l'enfant refusait de lui obéir prétextant n'obéir qu'aux ordres de son frère, ce qui rendait son autorité au près des autres membres moins crédible.

Répondant à la crainte de Max, Nym répondit :

- T'inquiètes pas, je suis entière. Je sais me défendre... Ou peut-être pas dit-elle en passant sa main sur sa joue encore rouge.

L'évocation des secours puis la vue du barreau peu solide firent monter en crescendo l'espoir dans les yeux de l'enfant. La perspective de sortir de ce trou miteux firent virer ses yeux au bleu électrique.

- Tu penses que tu peux l'enlever ?

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Accroupi devant le soupirail, Max n'hésita qu'une fraction de seconde avant de saisir le barreau à pleine main en essayant de le faire jouer.

"En tout cas, j'vais essayer.", répondit-il d'une voix narquoise. "À moins que tu sois tellement accro à l'hôtel pour y passer la nuit. J'peux t'apporter le p'tit déj' si tu préfères..."

Grimaçant, le garçon parvenait à déplacer de quelques millimètres le morceau de ferraille, provoquant une fine pluie de poussière de ciment. Les yeux levés vers lui, indifférentes à la pluie qui obscurcissait sa vision, Nym regardait les biceps de son camarades mis en valeur par ses bras nus. Ceux-ci saillaient sous l'effort. Elle n'avait jamais fait attention à ça jusqu'à présent. Le jeune délinquant était plutôt musclé pour son âge, certainement bien plus que la majorité des gamins de sa génération, pourtant elle ne l'avait jamais vu faire usage de la force sur les autres membres du gang.

La voix hachée par les efforts qu'il déployait, Max invita la fillette à faire preuve de prudence.

"Au lieu de... ouf... de me reluquer comme ça, va plutôt sur... pfff.. surveiller la porte, des fois que... aie... y'en ait un... ouf... qui revienne...", ironisa-t-il en haletant.

Au bout de quelques minutes de ce travail de sape, le garçon poussa un petit cri de triomphe. Le barreau venait de se desceller à son extrémité supérieure. La suite des opérations promettait d'être plus facile. Pouvant mettre plus d'amplitude dans le mouvement de va-et-vient, le garçon aux dreadlocks (de plus en plus détrempées pour le moment) allait rapidement réussir à tordre complètement ce morceau de ferraille.

Effectivement, le barreau céda d'un seul coup et Max put le retirer, ménageant un étroit passage, trop étriqué pour laisser entrer le garçon mais suffisant pour permettre à Nym, en se contorsionnant un peu de s'y glisser.

"Psss....", l'appela-t-il en se penchant et en tendant les mains vers le bas de la cellule. "Rapplique vite ! J'vais essayer de te tirer à moi.."

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Les minutes s'écoulaient doucement, et la fatigue qui gagnait la fillette devenait insurmontable. C'était un miracle si ses yeux étaient encore ouverts. Elle était toujours accrochée aux barreaux, sur la pointe des pieds sur le tas de charbon. Sa force la quittait doucement, mais elle ne voulait montrer aucun signe de fatigue, continuant à s'épuiser inutilement en voulant se maintenir au soupirail.

Elle regardait Max, qui faisait des efforts surhumains pour la sortir d'une situation contre laquelle il avait déjà tenté de la protéger quoi, une, deux heures plus tôt ? Elle lui en serait doublement reconnaissante. Elle avait honte de ne pas avoir obéit la première fois. Tous en ruminant ces pensées, ses yeux étaient rivés sur la musculature de son ami. Pour la première fois, elle prit conscience à quel point celle-ci était développée. Elle resta là un moment à l'observer avec fascination et un sourire involontaire se dessina sur ses lèvres.

Le jeune homme la reconnecta avec la réalité en lui demandant de faire le gué. Au fond d'elle-même, Nym savait que c'était inutile, mais elle obéit sans discuter. Elle lâcha les barreaux et se laissa glisser silencieusement le long du tas de charbon pour aller se placer devant la porte. Ses mains étaient noires tout comme ses vêtements trop grands. Une lessive ne pourrait surement pas redonner la couleur originale aux affaires. Tant pis. Elle garderait un souvenir de cette fâcheuse mésaventure.

Quand il eut fini sa besogne, Max rappela l'enfant qui escalada agilement le tas de charbon et tendit les bras pour qu'il puisse la faire sortir du trou. Elle était relativement légère et ne doutait plus de la force de l'adolescent.

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