2014/11/12-IR – Whitechapel Orphenage, Londres, Grande-Bretagne – [Recrutement de José Boogie initialement Phileas Smith] – Une envie d'air frais

Phileas était prêt, il avait passé deux semaines à préparer la chose, non, le plan de l'orphelinat n'était pas tatoué sur son dos, mais il connaissait le chemin. Le plan était simple, il profiterait du moment où la sécurité était la plus faible : l'heure du thé. La plupart de l'équipe d'encadrement serait dans la salle de service, à prendre tranquillement son thé, pendant ce temps-là les enfants seraient tranquillement en train de jouer avec seulement deux accompagnateurs et il y aurait une personne à l'entrée, comme d'habitude.

Phileas avait placé un sac avec le minimum nécessaire dans le faux plafond des toilettes des garçons et une subtile cale en bois dans la serrure du placard d'entretien voisin pour que la porte ne puisse pas être fermée à clé et que l'escabeau soit accessible. La cale placé la veille n'avait pas encore dû faire les frais d'un serrurier. Il se faufilerait jusqu'à la laverie, juste à côté de la salle de service. Il avait très exactement 10 minutes pour récupérer son sac et atteindre cette pièce. Ensuite tout le staff sortirait, comme d'habitude de la salle de service, laissant la vaisselle et le rangement pour plus tard afin d'aller prestement vérifier qu'il n'y avait aucun souci dans le bâtiment. A ce moment-là, Phileas passerait par la salle de service, crochèterait la porte de service et pourrait respirer l'air frais de la liberté.

Il était prêt, il avait réussi à aller jusqu'au toilette, il s'approcha du placard d'entretien, mis sa moustache pour devenir José Boogie, et tenta d'ouvrir la porte. Il savait qu'en tant que José, rien ne pouvait lui résister !

Avant de d'entreprendre ce qui devait constituer sa cinquième tentative d'évasion, Phileas avait laissé la place à José. Gonflée à bloc par la magie opérée par la moustache d'Hercule Poirot, le gamin savait que rien de fâcheux ne pourrait lui arriver et que le succès ne pourrait qu'être au rendez-vous.

Et d'ailleurs, le début des opérations lui donnait raison.La porte du débarras s'ouvrit sans résistance lui permettant de prendre l'escabeau. Aller récupérer le sac dissimulé dans le faux plafond des toilettes fut alors un jeu d'enfant, tout comme l'accès à la laverie. Dans la pièce à côté, le bruit des conversations était nettement perceptible mais, comme l'orphelin l'avait prévu, le silence s'installa bientôt, l'équipe d'encadrement sortant pour faire la ronde habituelle.

S'étant assuré que la salle de service était bien déserte, José passa son sac à la bretelle et ouvrit la porte, se faufilant sans bruit dans la pièce. Devant lui, sur le mur en face, l'issue vers l'extérieur lui tendait les bras, dernier obstacle entre lui et la liberté. La serrure était vieille et la crocheter ne devrait pas poser trop de problème. Le tout serait d'agir rapidement en silencieusement.

Dans sa hâte d'atteindre son but, le garçon frôla un petit guéridon sur lequel était posé un plateau avec plusieurs tasses. Le meuble vacilla dangereusement et José dut se retourner rapidement pour le stabiliser et éviter une catastrophe.

Hélas, dans ce mouvement brusque, le sac s'écarta légèrement du corps de son propriétaire pour aller heurter une théière, laquelle décolla de la table basse pour aller s'éclater au sol en mille morceaux dans un bruit de verre brisé qui sembla résonner dans tout le bâtiment.

La porte, synonyme de liberté, était fermée à clé comme d'habitude. Était-ce la peur des cambriolages ou la volonté d'interdire toute sortie aux malheureux enfants ? Toujours était-il que cette porte était toujours fermée à double tour, personne n'oubliant jamais de la verrouiller après l'avoir empruntée.

Après s'être meurtri deux fois l'épaule dans une vaine tentative de défoncer rapidement le panneau de bois, José, conscient qu'il n'avait plus le temps de crocheter la serrure, se résolut à s'éclipser discrètement de la salle de service.

Au moment où il allait se glisser de nouveau dans la laverie, un des surveillants fit irruption dans la pièce qu'il venait de quitter et eut le temps de le reconnaître.

"Smith ! Viens ici immédiatement !", aboya l'homme en se lançant aux trousses du gamin.

Comprenant que toute fuite ne servait à rien, José s'immobilisa et fit face courageusement.

"Tu foutais quoi ? t'en es fier de tes conneries ?", ajouta-t-il en montrant d'un geste vague les débris de la théière.

"Et c'est quoi cet accoutrement ?", lança-t-il en arrachant la fausse moustache d'un geste rageur.

Le surveillant leva la main comme pour donner une gifle à l'impertinent provoquant un réflexe inconscient de protection, avant-bras placé en opposition, de José, redevenu Phileas en l'espace d'une seconde. Puis, l'homme poussa un soupir, semblant faire un gros effort pour se contenir. La précieuse moustache coincée entre le pouce et l'index, il l'agita sous le nez du gamin.

"File avant que je ne change d'avis et que je te donne la correction que tu mérites.", menaça-t-il. "Attends que la directrice soit au courant et ça va barder pour tes fesses..."

Pointant la porte de son autre main, il commanda sèchement.

"Retourne immédiatement au dortoir ! Quant à cette chose...", poursuivit-il en montrant le postiche. "Je la confisque ! Maintenant disparais !"

Phileas se tenait devant le surveillant, baissant la tête sous son regard furieux. Visiblement, il n'avait pas affaire à quelqu'un féru de littérature qui aurait eu l'humour d'apprécier la situation. Au lieu de ça, la moustache allait surement finir dans le bureau de l'homme, au fond du tiroir du secrétaire. Elle serait bouclée à double-tour, enfermée à clé au milieu des autres objets victimes, eux-aussi, du délit de sale gueule, tel qu'il avait été instauré par le staff de l'orphelinat. Certains de ces gadgets attendaient en captivité depuis des années, oubliés de tous, alors même que leur propriétaire avait quitté le Whitechapel Orphenage depuis longtemps.

Etant à nouveau prêt à redevenir José Boogie en cas de problème, Phileas sentait la confiance en lui revenir peu à peu. Maugréant contre le surveillant qui avait oser perpétrer un véritable sacrilège, un crime de lèse-majesté, en confisquant une innocente moustache, le gamin réfléchissait à un plan d'action pour aller la récupérer.

Il revoyait la disposition du bureau de l'homme. Face à la porte se trouvait une simple table derrière laquelle se tenait souvent le surveillant lorsqu'il recevait un pensionnaire. Sur sa droite, le fameux secrétaire était appuyé contre le mur et dans son tiroir central, soigneusement fermé à clé, dormaient des dizaines d'objets, patiemment accumulés au cours des années.

Plongé dans ses pensées, calculant les risques d'une expédition de sauvetage, il n'entendit pas arriver son visiteur et sursauta en entendant sa voix.

"Smith ! T'es attendu chez la dirlo... Tout de suite !", lança le garçon d'une voix forte. "T'as fait quoi comme connerie, encore ?"

Sans surprise, Phileas reconnut Alex Rider, un des "anciens" de l'orphelinat, un "vieux" d'au moins seize ans qui passait beaucoup de temps à traîner avec l'encadrement, servant souvent d'intermédiaire entre le staff et les enfants.

"Petit con.", fut le seul commentaire du "grand" alors que le gamin s'éloignait, faisant mine de prendre à la légère la convocation de la directrice.

Simple bravade pour frimer devant les autres ou réelle indifférence vis-à-vis du sort qui l'attendait ? Nul ne pouvait le dire à cet instant précis. Pourtant, celle qui présidait aux destinés du Whitechapel orphenage avait la réputation d'avoir la main leste et beaucoup de fonds de pantalons gardaient encore les traces de la badine dont elle se servait pour châtier les fautifs.

Sans hésiter un seul instant, Phileas se dirigeait vers l'antre de la dragonne, remontant les couloirs lambrissés de la vénérable institution. Devant la porte, il n'hésita qu'une fraction de seconde avant de frapper trois coups secs sur le panneau de bois.

Entrant dans la pièce à l'invitation de la directrice, il l'aperçut, assise derrière son bureau, qui l'observait avec sévérité.

"Monsieur Ruiz m'a rapporté que tu avais brisé une théière alors que tu te trouvais dans un local où tu n'avais aucune raison d'être.", commença-t-elle d'une voix sèche. "J'écouterai tes explications plus tard mais tu connais maintenant la procédure. En position !"

Faisant claquer la fine baguette de bois dans sa paume, la femme fit le tour du bureau et attendit que Phileas prenne la pose, le corps penché en avant, jambes légèrement écartées et mains à plat sur le meuble. Le gamin était un habitué. Il n'était pas un ange et les punitions corporelles étaient fréquentes à l'orphelinat. Ce ne serait pas la première fois qu'il en passerait par là.

Quelques coups de badines par dessus le pantalon pour sanctionner immédiatement la bêtise et le garçon pouvait ensuite plaider sa cause, quitte à voir sa peine aggravée si une plus grande culpabilité était démontrée.

S'efforçant d'apparaître indifférent à la punition qui allait le frapper, Phileas se crispa quand même légèrement dans l'attente des coups.Heureusement la directrice était quand même âgée et plus de première force. De plus, l'épaisseur du tissu du pantalon allait atténuer la douleur cuisante mais ce genre de punition gardait un côté honteux dont le gamin avait du mal à faire abstraction.

Quelques coups de badines plus tard, le garçon fut autorisé à se redresser alors que la femme refaisait le tour du bureau pour retourner s'asseoir. Alors que Phileas se frottait malgré lui le postérieur pour essayer d'atténuer la douleur, elle le fixa froidement.

"Je t'écoute maintenant.", dit-elle de sa voix sèche. "Comment expliques-tu ta présence dans la salle de service, foulant aux pieds une innocente théière ?"

L'avantage d'avoir subi la punition à titre préventif devrait l'exonérer d'un nouveau châtiment corporel mais la directrice restait tout à fait capable d'ajouter quelques sanctions, le privant de sortie ou lui infligeant des corvées supplémentaires au sein de l'orphelinat. À Phileas de se montrer convainquant, maintenant...

Avec une moue dubitative, la directrice écoutait la plaidoirie du gamin. Ainsi, tout cela ne serait qu'un banal accident, conséquence d'une volonté de jouer. Jeu assez intellectuel, il fallait bien l'avouer et bien éloigné des centres d'intérêts habituels des enfants de cet âge mais Phileas n'avait rien d'un enfant banal. Là où les autres hurlaient en se bousculant et courant après un ballon, lui préférait la tranquillité d'un livre. Son explication était tout à fait plausible. S'identifiant aux héros du roman, le jeune orphelin avait très bien pu vouloir reconstituer une scène, oubliant l'interdiction qui était faite aux pensionnaires d'aller dans certaines pièces réservées à l'encadrement.

"Tu es vraiment bizarre...", constata la femme en fixant Phileas. "Tu ne pourrais pas t'amuser comme tous ceux de ton âge ?"

Un bref sourire fendit le visage ridé.

"Allez, file ! Ça ira pour cette fois. Le prix de la théière sera retenue sur ton livret. Mais si quelqu'un te reprend à traîner là où tu n'as pas à être quelle qu'en soit la raison, la sanction sera bien plus sévère..."

D'un geste désinvolte de la main, elle invita l'orphelin à partir. Au moment où il allait franchir la porte, elle eut un dernier commentaire.

"Ne ressemble pas à John Harrison, quand même..."

Une fois dans le couloir, le gamin put pousser un soupir de soulagement. Il s'en tirait vraiment à bon compte. Que faire maintenant ? L'après-midi était bien avancé, rendant délicates ses prévisions de fugue. À cette heure, tous les surveillants devaient d'ailleurs être occupés à contrôler le travail scolaire des pensionnaires. Phileas n'avait échappé à cette étude obligatoire qu'à cause de sa convocation chez la directrice. Théoriquement, il lui faudrait d'ailleurs maintenant rejoindre ses camarades pour réviser ses leçons.

Logiquement, Phileas devait disposer d'assez de temps pour mener à bien la tâche qu'il s'était assignée. Les surveillants étaient convaincus qu'il se trouvait chez la directrice et cette dernière devait penser qu'il allait rejoindre directement la salle d'étude. La voie était donc libre...

Comme prévu, les couloirs de l'orphelinat étaient déserts et nul n'était présent pour s'étonner de la présence de l'enfant dans un secteur réservé au personnel. Parvenu devant le bureau de monsieur Ruiz, le garçon prit une profonde inspiration pour se donner du courage. Sortant la moustache de secours de sa poche, il se la colla au dessus de la lèvre supérieure, redevenant José Boogie, le héros invincible.

S'accroupissant, il commença à farfouiller dans la serrure avec les outils qu'il s'était fabriqué. Cette opération prit néanmoins quelques précieuses minutes, les gestes du "Hercule Poirot" d'emprunt n'étant pas aussi sûrs que ceux de l'original. Malgré tout, avec un "clic" salvateur, la serrure finit par céder, déverrouillant l'accès à la caverne d'Ali Baba.

Se faufilant dans la pièce, José se dirigea vers le secrétaire et essaya d'en ouvrir le tiroir central. Ce dernier était verrouillé comme de juste mais cet obstacle n'allait pas décourager l'aventurier en culottes courtes. Regardant rapidement sur le bureau principal, ce dernier se mit à chercher la clé, étendant sa prospection aux petites tiroirs voisins.

Rien, hélas, du moins rien d'utile immédiatement. Une agrafeuse, des trombones, des élastiques, un petit carnet noir, quelques stylos et des punaises, voila le maigre trésor que le gamin put récolter. Aucune trace d'une éventuelle clé. Tant pis ! Il allait devoir crocheter également le tiroir "sécurisé".

Celui-ci offrit moins de résistance que la porte d'entrée. La serrure était-elle plus rustique ou le cambrioleur commençait-il à avoir le coup de main ? Nul ne sait. Toujours est-il que le succès était au rendez-vous. Fouillant dans le bric à brac, José extirpa rapidement la fameuse moustache, injustement confisquée quelques temps auparavant. Mission accomplie !

Avant de refermer le tiroir du secrétaire, José s'offrit le luxe de jeter un coup d'oeil à son contenu, sans perdre du temps à le fouiller plus en détail. Divers objets gisaient en vrac, les uns sur les autres, présentant un intérêt inégal. Quelques cartes à collectionner, "Pokemon" ou "Magic l'Assemblée", deux téléphones portables, un paquet de boules puantes, une boite de poil à gratter, deux paquets de cigarettes entamés, un briquet à gaz, un autre à essence, deux préservatifs (sous sachet), un lance-pierre, des billes de diverses tailles et couleurs, trois sifflet, une revue pornographique, bref le genre de babioles que l'ont peut s'attendre à trouver dans une sorte d'internat regroupant des enfants, garçons et filles, âgés de six à dix-sept ans.

Ayant fait son choix et empoché son butin, le nouvel Hercule Poirot tenta de verrouiller le tiroir mais, après quelques essais infructueux, se contenta de le refermer, ainsi que celui du bureau, et inspecta une dernière fois la pièce. À première vue, il ne restait aucune trace visible de son passage et le gamin pouvait s'éclipser pour rejoindre le dortoir.

Empochant la moustache de secours, le garçon, redevenu simplement Phileas, allongea le pas dans le couloir pour ne pas traîner dans le secteur réservé au personnel encadrant. La chance semblait être avec lui car il ne croisa personne avant d'atteindre son dortoir.

Le nez devant son casier, il vida ses poches pour y planquer le fruit de son larcin lorsqu'une voix le fit sursauter. Arrivé sans bruit derrière lui, se tenait Alex qui le regardait en fronçant les sourcils.

"Tu fous quoi encore ici, Smith ? Tu sais que tu n'as pas le droit de retourner au dortoir pendant l'étude ? Ruiz va te sonner les cloches..."

Le "grand" avait-il remarqué quelque chose du manège du gamin ? Rien dans son attitude ne permettait d'en juger. En tout cas, le blond n'y faisait aucune allusion.

Plissant les yeux, Alex regardait le gamin avec suspicion, essayant, mine de rien, de regarder l'intérieur du casier par-dessus son épaule. L'excuse se tenait et le "grand" n'avait aucune raison valable de ne pas le croire.

"T'es vraiment toujours aussi tête-en-l'air.", commenta-t-il. "Tu aurais dû prendre tes affaires avant d'aller chez la directrice. Tu as de la chance que ce soit moi qui t'aies trouvé et pas un surveillant…"

Sous entendu, qu'un personnel de l'encadrement se serait peut-être montré moins compréhensif et aurait, sans doute, infligé une punition au jeune étourdi.

"Allez file ! Et ne traîne pas en route !", conclut-il d'une voix autoritaire.

Laissant là son ainé, Phileas sortit du dortoir et fit quelques pas vers la salle d'étude. Alex ne faisait pas mine de le suivre, restant tranquillement dans la chambre. Manifestement, depuis qu'il s'était vu confier quelques responsabilités dans l'encadrement de ces camarades plus jeunes, ce garçon prenait certaines libertés avec la discipline de l'établissement, ne se sentant plus vraiment concerné par les astreintes horaires auxquelles les autres devaient se plier.

[HRP]Il faudrait que tu étoffes tes différentes interventions. Le glissement est de plus en plus marqué et ton nombre de lignes est bien en dessous du minimum demandé.
Merci.[/HRP]

L'arrivée de Phileas en étude ne provoqua aucune réaction particulière. Manifestement, le surveillant avait était mis au courant de la convocation chez la directrice et s'attendait donc à un certain retard. Que ce retard ait été plus important que nécessaire n'entrait pas en ligne de compte. L'homme ne laissa apparaître aucun sentiment de suspicion et il laissa le gamin s'installer à sa place comme si de rien n'était.

L'étude se poursuivit normalement, ennuyeuse à mourir. Phileas éprouvait quelques difficultés à se concentrer sur son travail scolaire et laissait parfois ses pensées vagabonder un peu, se revoyant en train de pénétrer en fraude dans le bureau de Raoul Ruiz. L'imagination fertile de l'enfant avait déjà transformé cet épisode en élément d'une enquête menée par son héros, Hercule Poirot, nécessitant la recherche d'indices chez un suspect.

À cette étude succéda le repas puis l'autorisation, enfin, de retourner au dortoir. Dans un brouhaha habituel, les enfants regagnèrent leur chambre. Dans le règlement de l'orphelinat, ils bénéficieraient encore d'une petite heure pour vaquer à leurs occupations avant l'extinction des feux.

Phileas laissa passer devant lui les trois garçons de son âge, avec qui il partageait la chambre, pour rejoindre à son tour son lit. Alors qu'il allait ouvrir son casier pour y prendre ses affaires de toilettes, il marqua un temps d'arrêt. Il était persuadé l'avoir fermé à clé avant de rejoindre l'étude, un peu plus tôt dans la soirée. Or là, la porte était entrouverte baillant légèrement.

Myka	Rio	Thomas

[HRP]Oui, je sais, désolé, j'avoue que sur le dernier post come j'avais dit plusieurs fois que j'allais en étude, je ne savais vraiment pas quoi dire (même s'il y avait encore plein de possibilités de conneries à faire) :/ d'où le post lapidaire.[/HRP]

Phileas avait passé la majorité de son étude ailleurs. Il fallait l'avouer, si les cours de langue lui plaisaient à peu près et que toute leçon impliquant de vrais livres racontant des histoires était digne d'intérêt, dès qu'il s'agissait de faire des mathématiques ou du sport, la chose perdait sérieusement en intérêt pour le jeune garçon. Aussi les devoirs pour ces matières étaient-ils souvent remplacés par une rêverie quelconque au sujet de quelques enquêtes que l'incroyable José Boogie pourrait mener aux côtés de son héros : Hercule Poirot, les deux moustachus ensembles contre le crime. Son incursion dans le bureau de son tortionnaire n'était pas passée aperçue aux yeux du personnage d'Agatha Christie qui le félicitait d'avoir pu récupérer des preuves flagrantes de la fourberie de cette homme qui avait pillé les trésors de nombreux enfants pendant si longtemps. Il faudrait maintenant pouvoir démanteler cette sombre affaire...

Après la classique étude venait la sobriété du repas puis le moment tant attendu du temps libre dont une partie était happée par la toilette du soir. Malgré le temps additionnel fournit par le repas, ni José Boogie, ni l'inspecteur Poirot n'avaient pu trouver de solution légale recevable. Tout à coup, Phileas fut tiré de sa rêverie par un nouvel élément de l'enquête : la porte de son placard n'était pas dans le même état que lorsqu'il était parti. Le surveillant avait il forcé tout ça ? Non, il fallait vérifier auparavant. Le jeune garçon ouvrit son placard une fois les occupants de sa chambre partis et commença à vérifier le contenu de son casier, à commencer par l'intégrité de son butin caché là plus tôt dans l'après-midi. En fonction de ça, il était potentiellement dans des embrouilles d'un niveau supérieur à ce qu'il pensait. Soit les surveillants, soit Alex, soit les deux. Peut-être qu'il allait vraiment sentir la punition passer cette fois-ci...

Afin de laisser à ses camarades le temps de sortir pour le traditionnel brossage de dents du soir, Phileas fit semblant de vaquer à diverses activités, préparant son lit pour la nuit ou arrangeant pour la cinquième fois la serviette de toilette qui reposait sur le dossier d'une chaise, le tout sans perdre du regard la porte de son armoire, indûment entrebâillée. Dès qu'il fut seul, le détective en herbe se précipita vers son casier, afin de vérifier si l’inquiétude qu'il éprouvait était bien fondée.

Hélas pour lui, la distance ne changea pas la donne et il eut confirmation de ce qu'il craignait. La porte de son coffre secret était bien ouverte, le cadenas consciencieusement posé sur la planche intermédiaire. Avait-il oublié de le verrouiller en repartant ou quelqu'un s'était-il amusé à le forcer ? Le gamin n'avait aucune certitude en la matière, surtout qu'aucune trace d'effraction ne se voyait sur le cadenas.

Un examen plus approfondi lui apprit que le contenu du casier avait été fouillé, les affaires n'étant plus exactement disposées de la même façon. De plus, comble de l'horreur, il manquait une partie du butin dérobé, peu de temps avant, dans le bureau du surveillant.

Où était donc passé le lance-pierre et l'étrange petit carré de plastique au contenu non moins mystérieux ? Heureusement, la boite contenant les moustaches de rechange était toujours là, le voleur ne s'étant pas rendu compte de l'importance que ces postiches avaient. Cette erreur lui serait certainement fatale car, suite à cet oubli, Phileas possédait encore le moyen de se métamorphoser en José, l’enquêteur implacable à qui nul énigme ne résistait.

Cherchant un indice, il examina attentivement son casier. Le larcin était-il le fruit d'Alex, le "grand" trop souvent présent dans leur chambre, de monsieur Ruiz, le surveillant fourbe, ou d'un autre de ses "camarades" peu délicat ?

[HRP : Damned, je savais même pas que j'avais une pochette au contenu mystérieux !]

Seul, enfin seul, Phileas allait pouvoir confirmer ses plus grandes craintes. Les enfants qui partageaient sa chambre étaient partis brosser leurs dents comme le leur avait appris la petite souris, c'était donc l'heure de faire le rat.

Le gamin confirmant rapidement l'ouverture de son casier commença farfouiller. Tout n'était pas parti, mais certains éléments du butin avaient été récupérés. Mince. Il ramassa les dernier et décida d'éliminer quelques preuves rapidement. Il lui fallait un plan intelligent. Un plan qui lui permette de brouiller complètement les pistes, et surtout découvrir ce qu'il était advenu du lance-pierre et de l'étrange objet qui avaient été subtilisés. Il prit le briquet et les deux cartes Magic, ouvrit la fenêtre, les enflamma et les posa ensuite sur le rebord extérieur de la fenêtre avant de la refermer. Il rangea ensuite le briquet dans le sac qu'il avait prévu dans le cas où il s'échapperait. Ensuite, il empocha le préservatif et le sifflet. Il les jetterai sur le chemin.

Le chemin pour où ? Phileas réfléchit un instant. Les choix étaient multiples. Il était peut probable qu'un inconnu se soit donné la peine de crocheter le cadenas du jeune garçon, surtout sachant que laisser le cadenas dans un aussi bon état relevait du tour de force et que la plupart de l'orphelinat devait être en étude. Restait Alex et Kick-Ruiz le bad-ass. Ruiz devait être entre l'étude et le braquage de son bureau, mais surtout, au vu de son caractère, il aurait confisqué la boîte entière de moustaches. Voilà qui éliminait l'affreux surveillant. Fine déduction mon cher Phileas. Je dirais même plus, voilà l'affreux surveillant hors de l'équation.

Alex était le suspect n°1, et Phileas en avait un peu marre de le voir rôder autour de lui. Il était temps de confronter l'individu. Aurait-il le courage ? Il prit deux moustache avec lui, au cas où, vérifia que le sifflet et préservatif étaient bien dans sa poche, ferma le placard et sauta sa toilette pour aller voir le garçon. Sur le chemin il tenterait de se débarasser, dans une poubelle, un placard ou par une fenêtre des deux pièces à conviction qu'il transportait sur lui.